Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Richard Stanley. 2019. U.S.A. 1h50. Avec Nicolas Cage, Q'orianka Kilcher, Joely Richardson, Tommy Chong, Madeleine Arthur, Brendan Meyer.
Sortie salles France: ?. U.S: 24 Janvier 2020
FILMOGRAPHIE: Richard Stanley est un cinéaste sud-africain né à Fish Hoek le 22 novembre 1966. 1991 : Hardware. 1992 : Le Souffle du démon. 2012 : The Theatre Bizarre (segment "The Mother Of Toads"). 2019 : Color Out of Space.
"La peur est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité."
Cinéaste sud-africain révélé à l'orée des années 90 auprès des singuliers Hardware et Le Souffle du Démon; Richard Stanley refait subitement surface avec son 3è long, Color out of Space d'après une nouvelle de H. P. Lovecraft (La Couleur tombée du ciel éditée en 1927). Et on peut avouer sans rougir que le bonhomme nous revient plus roboratif que jamais à travers son anticipation horrifique littéralement hypnotique (doux euphémisme si j'ose dire !). Tant et si bien qu'il réinvente le genre hybride avec une maestria terriblement inspirée eu égard de l'angoisse puis de la terreur exponentielle saisissant le spectateur au fil des vicissitudes d'une paisible famille en proie au plus indicible des cauchemars. Car isolé dans leur vaste demeure au coeur d'une paisible forêt, la famille Gardner voit sa vie bouleverser lorsqu'une météorite de couleur rose (!?) s'écrase sur leur terrain en pleine nuit étoilée (l'onirisme, crépusculaire puis étrangement féerique, régnera en maître durant tout le métrage !). Si bien que peu à peu, d'étranges incidents inexpliqués vont intenter à leur tranquillité au moment même où le temps semble se distordre afin de les désorienter. Ainsi donc, ils feront face à leurs démons intimement infiltrés en eux, de par la lâcheté de l'entité à la fois délétère et goulue. Chacun d'eux épousant un comportement à la fois irascible, ambigu et imprévisible au point d'y scarifier leur corps ou de se laisser muter par la "chose".
Digne des meilleures prods des années 80 auquel Color out of Space y voue une véritable affectation (il s'agit donc bien ici d'horreur "à l'ancienne"), tant auprès de ses références (The Thing, Poltergeist - pour la caractérisation de la famille assez décomplexée et de leurs incidents surnaturels subtilement instillés en 1er acte - , Creepshow, From Beyond et même E.T) que dans sa manière raffinée de suggérer l'étrange sans trop en dévoiler (ou alors si peu), Richard Stanley s'alloue d'une implacable structure narrative pour tourmenter le spectateur impliqué dans un maelstrom d'images cauchemardesques inusitées. Car on a beau se remémorer certaines des meilleures séquences chocs de nos classiques précités, Color out of Space existe par lui même dans sa ferme détermination de nous foutre les pétoches de manière aussi bien insidieuse que perfide. Et ce parmi le témoignage de protagonistes habités par la peur de l'inexplicable. Car en y saturant l'image de fulgurances esthétisantes proche des effets hallucinogènes d'un psychotrope chimique (l'acide ou le LSD), Color out of space enivre nos sens, triture nos nerfs avec une démesure irréfragable. Tant et si bien qu'au fil des évènements dramatiques davantage éprouvants (nous ne sommes pas prêts d'oublier Spoil ! le sort escarpé réservé à l'épouse et au fils cadet ! fin du Spoil), le spectateur subit un malaise méphitique sous l'impulsion de visions cauchemardesques faisant office de bad trip pailleté ! Les protagonistes s'efforçant de repousser ces forces visuelles avec une appréhension davantage dépressive, de manière à nous impliquer dans leur désarroi expressif comme si nous faisions partis de leur famille. C'est dire si le récit cauchemardesque, davantage pesant et orageux, joue avec nos nerfs, nos peurs et nos émotions de par sa saisissante alchimie d'y confondre fiction et vérisme au point d'y omettre sa nature cinégénique.
Une expérience monstrueuse, une fascination répulsive avec la peur.
Tour à tour angoissant, anxiogène et dépressif, de par la tournure des évènements toujours plus effrayants, Color out of Space parvient à relever la gageure de réinventer la peur, répulsive, viscérale, organique, cérébrale, avec un brio technique factuel. Tant auprès de sa première partie où tout ou presque y est lestement suggéré, que de son second acte autrement mortifère, hallucinogène et ténébreux faisant exploser une palette de couleurs sensuelles infiniment insidieuses. Déjà culte si j'ose dire, Color out of Space risque bien d'inspirer d'autres cinéastes, intègres ou margoulins, afin d'exploiter une nouvelle peur à l'écran sous la mainmise du monstre sacré H. P. Lovecraft.
*Bruno
Récompense: Film School Rejects' Fall Awards 2019 : Mention honorable pour Nicolas Cage
Ci-joint l'avis du journaliste Jean-Marc Micciche:
Séance découverte avec Color out of space....dieu que ça fait du bien de voir un vrai monsters movie aussi déjanté visuellement que puissament anxiogène....à l'issue du film, Color balaie tous les monsters movies de ces derniers années (même les plus chouettes genre Life, Underwater), carrément le meilleur film du genre depuis le tétanisant The Mist....Mieux que la première version du livre (aka The farm pour les plus anciens, très chouette), Color échappe pour le coup à une interprétation clair du récit...non pas que le film à la vague récente du post Horror, trés expérimental et parfois hermétique, Color est un vraie série b de SF horrifique comme on pouvait en voir dans les années 80 (cf les Xtro, The kindred, et autres Mutants / Forbidden World) à ceci prés que le film est entièrement remodelé par le regard allumé de Richard Stanley, aussi trash que pouvait être Hardware et aussi goro mystique que l'oublié le Souffle du démon....du coup la nature du 'Mal' échappe à toute interprétation direct et claires tant le réal parvient avec beaucoup de force à décrire le basculement d'une espace (géographique, familiale) qui plonge l'horreur le plus impalpable, le plus indéfinissable...Bref un grand film pas forcément du niveau de The thing, La mouche ou Alien, mais vraiment pas très loin...on regrettera pour la forme que la réal ne l'a pas réalisé le film dans les années 80 à l'époque où les grands génies du makeup up se bousculait. Imaginez ce que Rob Bottin, Stant Winston, Chris Wallas aurait pu accomplir avec un tel sujet (attention içi les efx reste performant et d'une grande force graphique). On peut aussi regretter que la carrière en dent de çi du réal, car à ne pas douter on a surement louper à émergence d'une grand cinéaste de genre..pour le reste, le film te marque durablement et laisse ton cerveau tourner à plein régime pour saisir ce qu'on a vu...
Bien placé pour être dans mon top 1 de l'année....
En salle, l'expérience est encore plus immersive !
RépondreSupprimerJe ne peux pas en douter !
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