jeudi 12 mars 2020

La Belle Epoque. César du Meilleur Scénario.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicolas Bedos. 2019. France. 1h55. Avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier, Fanny Ardant, Pierre Arditi, Denis Podalydès, Michaël Cohen, Jeanne Arènes.

Sortie salles France: 6 Novembre 2019

FILMOGRAPHIENicolas Bedos est un dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, acteur et humoriste français, né le 21 avril 1979 à Neuilly-sur-Seine. 2017: Monsieur et Madame Adelman. 2019: La Belle Époque. 2021: OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire.


Prenez bien soin de tous vos souvenirs car vous ne pourrez pas les revivre.
Feu d'artifices d'émotions hybrides à travers sa mosaïque de tendresse, de romance, d'humour, de mélancolie et de gravité, La Belle Epoque est une bulle de champagne se dégustant avec délectation eu égard de l'incroyable brio de Nicolas Bedos jouant l'alchimiste par le biais de la mise en abyme. Tant et si bien que fiction et réalité ne cessent de s'entrecroiser avec parfois le sentiment trouble de ne plus pouvoir distinguer le vrai du faux. Les acteurs se confondant aux vrais personnages avec une conviction à la fois fougueuse et expansive de manière à crédibiliser leur univers programmé, truffé d'artifices et de figurants costumés. Brillant à tous niveaux, tant auprès des dialogues ciselés émaillés de calembours, de sa mise en scène constamment inventive réinventant à elle seul le cinéma le plus vibrant, de ses sonorités et refrains rétros, du jeu criant de vérité des acteurs bouleversants d'élégie sentimentale (mention spéciale à l'incroyable numéro final de Fanny Ardant - plus belle que jamais - transperçant l'écran de par ses expressions aussi bien fébriles que subtilement meurtries), que de l'originalité du scénario (César non usurpé) en dépit du concept improbable. Ainsi donc, grâce à l'intelligence de Nicolas Bedos maniant comme jamais une palette d'émotions contradictoires JAMAIS PROGRAMMES (si bien que nos larmes coulent de manière naturelle sans pouvoir les retenir); La Belle Epoque nous fait basculer dans une nouvelle dimension.


Si bien que l'on s'immerge sans modération dans l'introspection vertigineuse de Daniel Auteuil tentant de retrouver son amour d'antan à un moment propice des années 70. Car comment peut-on oublier une première rencontre amoureuse destinée à perdurer au risque de s'effriter avec le temps ? Comment omettre chaque détail d'une situation mémorable conçue pour nous faire chavirer dans l'improvisation la plus totale ? Hymne à la vie et à l'amour imparfait puisque impossible à contrôler et à dompter, La Belle Epoque nous remémore nos propres souvenirs à travers le regret du temps révolu. Cette amertume de se contempler dans la glace pour y déceler de nouvelles rides, cette appréhension de ne plus pouvoir autant séduire au fil des années, cette nostalgie de se remémorer la beauté de nos jeunes conquêtes ivres d'émancipation, d'audaces et d'insolence. Voilà de quoi traite cette belle époque que chaque génération incarne en elle à travers le thème si délicat de la vieillesse que Nicolas Bedos illustre avec déférence et espièglerie afin de se dégager de l'ombre du pathos ou de l'émotion triviale. C'est dire si cette romcom tour à tour sémillante et enivrante nous balade d'un endroit à un autre avec une fulgurante émotion que les acteurs si impliqués expriment à travers une véracité extrêmement communicative. Ainsi, sans jamais vulgariser une nostalgie plombante (aucune époque ne sera meilleure qu'une autre semble finalement nous suggérer Bedos en dépit d'un modernisme technologique humainement préjudiciable), la Belle Epoque nous invite à ranimer notre motivation, à affronter ceux qui nous entourent. Dans la mesure d'y fréquenter les relations humaines les plus fructueuses, aussi imparfaites et différentes soient-elles, et ce avec attention et soupçon de tendresse au gré des différences caractérielles.


Le souvenir est le parfum de l'âme.
Histoire d'amour rocambolesque renouant avec la jeunesse d'esprit à travers son hymne aux souvenirs et au savoir-vivre, La Belle Epoque nous revigore pour nous ranimer le désir d'aimer et d'embrasser son prochain afin d'y transcender la fuite du temps. A moins qu'une inconnue d'un soir abordée au coin d'un bistrot ne nous bouleverse à jamais notre destin, pour le meilleur et pour le pire... Féerie de chaque instant, ce lumineux chant d'amour, d'espoir et de réconciliations nous transperce l'âme et le coeur avec une maîtrise irrationnelle confinant au génie. 

*Bruno

César 2020:
Meilleur scénario original : Nicolas Bedos
Meilleure actrice dans un second rôle : Fanny Ardant
Meilleurs décors : Stéphane Rozenbaum

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