mercredi 17 juin 2020

Bluebird

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"A Bluebird in My Heart" de Jérémie Guez. 2018. Belgique/france. 1h29. Avec Roland Møller, Lola Le Lann, Veerle Baetens, Lubna Azabal

Sortie France, Vod: 16 Juin 2020. Festival de Sundance: 10 Mars 2018

FILMOGRAPHIEJérémie Guez est un écrivain auteur de romans policiers, scénariste et réalisateur français, né le 17 mai 1988. 2018 : Bluebird. 2020 : The Sound of Philadelphia.


"L'amour paternel est peut-être le sentiment le plus élevé du don."
Production Franco-belge réalisée par le néophyte Jérémie Guez, Bluebird rend hommage au polar du samedi soir sous couvert d'une série B aussi efficace que charmante. Si bien que l'on a beau connaître l'intrigue par coeur à travers ses clichés éculés, Jérémie Guez parvient à les transcender de par la sincérité indéfectible de ces attachants personnages et d'une mise en scène carrée dénuée de fioriture. Chaque plan faisant preuve d'un esthétisme cinégénique à travers un tableau urbain aussi flegme et restreint qu'inscrit dans la réserve. Car au-delà de quelques rares scènes d'action militants pour la vendetta, Bluebird bénéficie d'une atmosphère langoureuse agréablement perméable. Ces séquences intimistes inscrites dans la banalité d'un quotidien morose insufflant un doucereux climat feutré sous l'impulsion d'une mélodie aussi discrète qu'envoûtante. Le réalisateur prend donc son temps à nous dépeindre son univers blafard auquel y évolue une poignée de protagonistes à l'humanisme torturé.


Tant auprès de la mère escomptant scrupuleusement ses prochaines retrouvailles avec son époux taulard, de sa fille paumée fragilisée par l'absence paternelle, que de l'étranger (Danny) en semi-liberté qu'elles accueillent en guise de travail au noir avant de s'unifier. Et bien que l'on se surprenne de la dramaturgie cinglante de l'épicentre narratif (pourquoi tant de haine nonsensique ?), Bluebird continue de captiver de par les agissements en porte-à-faux du taulard au grand coeur que Roland Møller campe avec un charisme viril grisonnant. Celui-ci suscitant des expressions de pudeur et de modestie d'être aimablement accueilli par une famille démunie escomptant la rédemption. Outre la sobriété placide de l'actrice Veerle Baetens lui partageant la vedette entre soupçon de méfiance puis de clémence, on reste impressionné par le naturel spontané de l'étonnante Lola Le Lann en junkie fantasque en quête désespérée d'amour et de tendresse. Ainsi, à travers ses nouveaux rapports avec Danny en père de substitution, on ne peut s'empêcher de songer à Léon de Luc Besson à travers leur chaude complicité amicale de se prémunir contre un danger davantage létal.


Pour l'amour d'un père déchu. 
Perfectible assurément (n'oublions pas qu'il s'agit d'un 1er métrage) et parfois un tantinet moins convaincant lors des règlements de compte aussi concis que timorés, Bluebird gagne néanmoins le coeur du spectateur à travers l'humanisme chétif de ces marginaux au grand coeur évoluant dans un cadre urbain imprégné d'onirisme désenchanté. Une imagerie harmonieuse assortie d'une partition délicatement capiteuse. Ainsi, et sous sa discrète allure de conte existentiel, l'émotion des personnages perce jusqu'au bouleversant point d'orgue d'une limpide retrouvaille aussi fortuite qu'escomptée. 

*Bruno

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