de William Sachs. 1977. U.S.A. 1h26. Avec Alex Rebar, Burr DeBenning, Myron Healey, Michael Alldredge, Ann Sweeny, Lisle Wilson, Jonathan Demme.
Sortie salles France: 18 Mars 1981. U.S: 9 Décembre 1977
FILMOGRAPHIE: William Sachs est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 16 Octobre 1942 à New-York. 1971: South of Hell Mountain. 1974: There is no 13. 1976: Secrets of the Gods (documentaire). 1977: Le Monstre qui vient de l'espace. 1978: The Force Beyond (documentaire). 1979: Van Nuys Blvd. 1980: Galaxina. 1985: Hot Chili. 1991: The Last Hour. 1992: Judgement. 2002: Spooky House.
Responsable du sympathique space-opéra (pour rire) Galaxina, Le Monstre qui vient de l’espace doit une partie de sa réputation culte à l’attrait grand-guignolesque de sa rutilante jaquette, que nombre de cinéphiles se sont empressés de louer au vidéoclub du coin. En prime, pour rameuter le chaland et flatter l’instinct racoleur, la mention "interdit aux moins de 18 ans" fut apposée en bas de l’affiche ! Une aberration aussi lucrative que mensongère, tant le réalisateur abuse du hors-champ pour suggérer les effets gores escomptés.
Le pitch : à la suite d’une expédition spatiale près de Saturne, l’unique survivant, Steve West, revient parmi les siens dans un état de putréfaction avancée. Fortement irradié et mutilé, il est soigné dans le centre hospitalier du médecin Ted Nelson. À son réveil, Steve découvre son visage bandé. Pris de panique, il arrache les pansements et se retrouve face à son faciès tuméfié, truffé de pustules suppurantes. En désespoir de cause, il s’évade de l’hôpital… et sème derrière lui une vague de crimes sauvages, comme un cri de rage désincarné.
Observer les exactions erratiques d’un monstre à tête de rhubarbe déambulant dans la campagne ou rôdant autour de paisibles demeures s’avère délicieusement facétieux, tant l’aspect involontairement parodique de sa mise en scène — aussi bricolée qu’attentionnée — amuse plus qu’il ne terrifie. À cela s’ajoute la cocasserie permanente de dialogues crétins, l’apparence putrescente de la créature se liquéfiant à chaque pas, et une galerie de personnages tous plus empotés ou inconséquents les uns que les autres : le couple en ébat, le trio d’enfants fumeurs, le médecin et le général castrateur, les beaux-parents retraités, ou encore le photographe lubrique et son modèle concupiscent !
Et ce, malgré un cheminement narratif redondant, sans surprise, dont on aurait pu retrancher un bon quart d’heure. Mais grâce à l’aspect auto-parodique des situations de stress, aux suspense languissants et aux altercations horrifiques en carton-pâte, Le Monstre qui vient de l’espace divertit modestement, sans jamais trop se prendre au sérieux. Le final, campant l’ultime course de la créature — à tête de pizza fondue — dans un entrepôt industriel, n’est pas avare de fantaisies, alimenté par des flics décervelés à la gâchette facile.
Il faut également saluer les maquillages artisanaux, bien cracras, de Rick Baker, qui préfigurent les outrances cartoonesques de Street Trash ou du Toxic Avenger, tant cette créature irradiée, impressionnante autant que grotesque, suinte une horreur gluante et faussement terrifiante. Avec une naïveté attendrissante, le réalisateur tente même un regain d’empathie via un humanisme bancal — et pourtant touchant. Réduit à l’état de charpie, le monstre agonise sous nos yeux… et l’on ne peut s’empêcher d’en éprouver une forme de perplexité. D’autant qu’il vient de sauver le médecin d’une mort certaine, comme une ultime rédemption teintée d’amitié. La disparition brutale de ce dernier, probable relan de dramaturgie forcée, achève de troubler la tonalité d’un récit brinquebalant.
Les ruptures de ton donnent parfois le tournis : entre humour et horreur, on tangue, on vacille, mais avec une maladresse si sincère qu’elle en devient presque émouvante. L’exemple le plus flagrant de ce comique assumé ? Ce couple de retraités conviés à souper chez leur fille, s’aventurant sur une route bucolique patibulaire… pour aller chaparder des citrons !
Tout à fait fréquentable pour les nostalgiques de l’époque, Le Monstre qui vient de l’espace demeure un plaisir innocent et gentiment crétin, dans son hommage ubuesque aux films de monstres des années 50. Il en conserve, en filigrane, la peur sourde des effets dévastateurs de la radioactivité sur l’homme — fruit pourri de ses conquêtes stellaires trop orgueilleuses (!?).
*Bruno
26.06.20. 4èx
03.08.13. 93 v
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