Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Trey Edward Shults. 2020. U.S.A. 2h16. Avec Kelvin Harrison Jr., Lucas Hedges, Taylor Russell, Alexa Demie, Sterling K. Brown.
Sortie salles France: 29 Janvier 2020. U.S: 17 Janvier 2020
FILMOGRAPHIE: Trey Edward Shults, plus connu sous le nom de Trey Shults, est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1988 à Houston, aux États-Unis. 2016 : Krisha. 2017 : It Comes at Night. 2019 : Waves.
"Demander pardon n'est pas adressée à quelqu'un, c'est une demande à soi-même. Trouver cette souplesse où l'on peut demander pardon, c'est voir clairement ce qui nous limite."
Uppercut émotionnel d'une intensité dramatique à fleur de peau, Waves nous laisse dans un état de flottement mélancolique sitôt le générique écoulé. Car traitant des thèmes délicats du deuil, de l'avortement, des rapports amoureux discordants, du pardon, de l'expiation et de la cohésion familiale, Waves n'y va pas par 4 chemins pour nous bouleverser avec un réalisme aussi onirique qu'expérimental. Tant auprès du parti-pris du réalisateur d'opter pour différents formats d'écran (16/9, 4/3, 1.85) d'après une trajectoire d'initiation morale, que de sa nature solaire exaltante auquel le vent y caresse tantôt certains visages atones désireux d'évasion. Le format 4/3 (le plus redouté) insufflant un climat de claustration depuis l'épicentre tragique de l'intrigue d'une cruauté si inouïe qu'on n'ose croire à la véracité des faits exposés. Comme si, à l'instar de la douleur intrinsèque du coupable dénué de repères, nous nous exposions intimement à son cauchemar moral dénué d'échappatoire. C'est dire si l'identification du spectateur bat à plein régime lorsqu'il s'agit de nous exposer une vibrante et authentique romance à travers une intimité soudainement orageuse lorsqu'on se délite pour un enjeu d'avortement.
Mais pour autant débordant de tendresse à travers ces lumineux regards à la fois démunis et sentencieux des victimes tentant de transcender leur fêlure morale avec une résilience fébrile, Waves milite pour l'espoir et l'optimisme lorsque l'on tente de s'y reconstruire grâce à l'unique valeur de l'amour. Et si le présumé coupable empli de culpabilité s'avoue vaincu dans son opiniâtre détermination d'y expier sa faute au péril de sa vie, les membres familiaux vont tenter de renouer leurs liens (autrefois soudés) à travers la communication, le pardon, le réconfort et la confiance. Même auprès des plus préjudiciables (pour ne pas dire des plus impardonnables) lorsque, en fin de vie, un père est sur le point de déclarer sa flamme à son propre fils qu'il a maltraité durant toute son adolescence. C'est dire si Waves table sur la rédemption, la fraternité et l'humanisme le plus candide afin d'y évacuer haine et colère que tout être extériorise faute d'un sentiment d'injustice inéquitable. Quant au cast plutôt méconnu, on reste ébloui par leur performance dramatique de par leur évidente sobriété de ne pas s'entacher de misérabilisme ou de sinistrose que l'intrigue ne cesse pourtant d'irriguer à travers les esprits torturés pleins de désagrément. Ainsi, à travers l'éternel conflit parents / enfants, Waves brille de 1000 feux pour nous exposer avec une sensibilité écorchée vive un fulgurant poème d'amour universel à travers ces rapports humains inscrits dans la réserve et le mutisme (notamment faute des préjugés de réseaux sociaux réprobateurs), mais en quête ultime d'une main secourable.
Une expérience de cinéma onirique et épurée parvenant à exorciser nos démons à travers un vortex d'émotions capiteuses de par la dichotomie d'y opposer sentiments de tendresse et d'amour après la colère et la cruauté. Déchirant car d'une infinie tristesse, mais aussi beau à en chialer.
*Bruno
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