jeudi 3 décembre 2020

THX 1138

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de George Lucas. 1971. U.S.A. 1h28. Avec Robert Duvall, Donald Pleasence, Maggie McOmie, Don Pedro Colley, Ian Wolfe. 

Sortie salles France: 3 Novembre 1971. U.S: 11 Mars 1971

FILMOGRAPHIE: George Walton Lucas, Junior est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 14 Mai 1944 à Modesto, en Californie. 1971: THX 1138. 1973: American Graffiti. 1977: La Guerre des Etoiles. 1999: La menace Fantôme. 2002: L'Attaque des Clones. 2008: La Revanche des Siths.

A contre-emploi de sa machinerie stellaire à dollars, Georges Lucas réalise en 71 son chef-d'oeuvre visionnaire d'une ébouriffante modernité funèbre. 
Quand on estime que THX 1138 fut réalisé en 1971 tient d'une véritable prouesse à la fois technique et formelle tant la dystopie de George Lucas demeure d'une effarante modernité (je pèse mes mots !). Car plus d'un demi-siècle plus tard, THX 1138 reste une claque visuelle et émotionnelle sans précédent de par l'acuité de ces images cauchemardesques retraçant avec souci de réalisme futuriste la condition soumise de ces milliers d'ouvriers confinés dans des sous-sols afin d'exercer leur tâche sans relâche au gré de drogues synthétiques. Visionnaire s'il en est, et plus qu'actuel à travers ses thématiques de la religion (véreuse), de l'asservissement, du totalitarisme, du confinement, de la police de la pensée, du capitalisme (pubard), du rigorisme, de la censure, des violences policières, de la dépression (on peut d'ailleurs rappeler que nous sommes les champions d'Europe en terme de consommation d'anti-dépresseur), faute de nos privations (davantage drastiques) de liberté, THX 1138 parvient à cristalliser un univers monochrome résolument étouffant au sein d'une scénographie faussement rassurante. Dans la mesure où la couleur symbolique du blanc perce l'écran afin que ses détenus lobotomisés puissent éprouver une certaine quiétude à travers leur condition de vie aliénante. 


Car c'est bien connu, à opérer les mêmes actions quotidiennes 24h/24 tend à nous converger vers la démence sous l'impulsion de narcotiques aux effets secondaires fatalement addictifs. Outre son incroyable illustration technologique où les voix de synthèse fusent tous azimuts afin d'orienter ses ouvriers semi-comateux dans la meilleure trajectoire morale et professionnelle, on reste dérangé par les postures atones de ceux-ci incapables de se rebeller contre des flics humanoïdes faussement diplomates. A l'exception de THX 1138 (épaulés de 2/3 comparses en perte de conscience et de repères) depuis que celui-ci éprouve une attirance sentimentale pour sa compagne LUH 3417. Outre les forces d'expression moralement dérangés des seconds-rôles réduits à l'état végétatif (notamment la composition subtilement hystérisée de Donald Pleasance en détenu couard), Robert Duvall insuffle un intonation impassible progressivement humaniste lors de son initiation à l'amour, la résilience et la rébellion. En parvenant lestement à nous susciter ses nouvelles émotions clairsemées au fil de son enjeu de survie où plane une éventuelle lueur d'espoir (quel plan final symbolique !). Ce qui nous vaut d'ailleurs un final autrement barré et spectaculaire (mais aussi baroque avec l'intrusion impromptue de ses animaux mutants !) à travers une course automobile littéralement vertigineuse (on reste plaqué à son fauteuil par la vitesse ressentie sans fard). Ainsi, et après avoir témoigné durant la projo du soin alloué à ses (discrets) effets-spéciaux, on se dit que Georges Lucas est parvenu à les utiliser efficacement de par leur vérisme fréquemment probant. 


L'important c'est d'aimer.
Pierre angulaire de la science-fiction cérébrale, chef-d'oeuvre visionnaire s'il en est, en espérant ne jamais subir pareille dystopie funeste, THX 1138 nous transcende une expérience cauchemardesque à la fois auditive à travers ses sonorités atonales et formelle de par son souci du détail technologique, urbain et architectural. Du cinéma d'auteur infiniment expressif et émotionnellement démoralisant si bien que son attrait de fascination quasi hypnotique demeure aussi inépuisable qu'inextinguible. 

*Bruno
2èx

Spielberg dira à l'occasion d'une interview: « C'était l'un des meilleurs films de SF que j'avais jamais vus ». 

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