lundi 21 décembre 2020

Photo Obsession. Prix Spécial du Jury, Deauville 2002.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"One Hour Photo" de Mark Romanek. 2002. 1h36. Avec Robin Williams, Connie Nielsen, Michael Vartan

Sortie salles France: 18 Septembre 2002. U.S: 13 Janvier 2002

FILMOGRAPHIEMark Romanek est un réalisateur américain né le 18 septembre 1959 à Chicago. 1985 : Static. 2002 : Photo Obsession. 2010 : Never Let Me Go. 


                                "Celui qui ne devient pas père reste un enfant toute sa vie."
Formidable thriller psychologique que l'on a aujourd'hui tendance à occulter, Photo Obsession relate la quotidienneté esseulée de Sy Parrish, employé timoré dans un laboratoire de développement de photo d'un hyper marché. Car n'ayant ni famille, ni amis, ni enfants, Sy projette ses fantasmes sur la famille idéale des Yorkin si bien qu'il collectionne les photos de leur portrait après les avoir tirer en double. Idéale en apparence car l'époux infidèle va plonger Sy dans une rancoeur vindicative après s'être fait licencié de son boulot. De par sa réalisation très efficace et le jeu solide des comédiens (particulièrement Connie Nielsen pour un rôle secondaire attentionnée et maternel dans son naturel d'être à l'écoute de l'autre), Photo Obsession n'a aucune peine pour nous maintenir en haleine à travers son climat délétère dressant scrupuleusement le profil d'un solitaire à la fois taiseux et indicible quant à son comportement soudainement versatile. 

Par sa force d'expression humaine avenante où s'y tapi un désarroi affectif, Robin Williams se livre sans fard (à contre-emploi de son image de drille badin) en individu psychotique sur le point de passer à l'acte irréparable. L'acteur parvenant louablement à nous faire oublier sa notoriété en se fondant dans le corps de cet employé féru de photo en guise de solitude. Soutenu d'une partition lugubre au tempo métronome, Photo Obsession séduit d'autant plus par son rythme envoûtant dressant sans fioriture la dérive morale de cette homme obnubilé par le bonheur familial après avoir subi un passé traumatique. Ainsi, en s'attachant à suivre le houleux parcours conjugal de la famille Yorkin par le regard voyeur de Sy, nous nous immergeons dans ses fantasmes parfois malsains parmi l'inquiétude de ses prochaines motivations punitives. Le réalisateur prenant soin d'instiller un suspense latent qui ira crescendo au fil du stratagème illégal de Sy à s'autoriser d'y braver la loi.  

Drame de la solitude transplanté dans le cadre du thriller à suspense, Photo Obsession demeure aussi bien fascinant que passionnant pour y dresser, non sans une certaine émotion poignante (pourtant toute en retenue), le profil galvaudé de cet employé trop fragile pour pouvoir s'adapter dans cette société d'incommunicabilité, d'individualisme et d'intolérance.  

*Bruno 

Récompense: Festival de Deauville 2002 : Prix spécial du jury.

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