jeudi 13 janvier 2022

The Lost Daughter. Prix du meilleur scénario: Mostra de Venise, 2021

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Maggie Gyllenhaal. 2021. U.S.A/Grèce. 2h02. Avec Olivia Colman, Jessie Buckley, Dakota Johnson, Ed Harris, Peter Sarsgaard, Dagmara Domińczyk

Sortie salles France: 10 octobre 2021

FILMOGRAPHIEMargalit Ruth Gyllenhaal, généralement dite Maggie Gyllenhaal née le 16 novembre 1977 à New York, est une actrice et réalisatrice américaine. 2021: The Lost Daughter. 


"Les enfants sont une terrible responsabilité"
Superbe portrait de femme dépressive hantée de remords et de culpabilité de n'avoir pu chérir ses enfants en bonne et due forme lors de sa maternité, The Lost Daughter est illuminé du tact de sa mise en scène personnelle, pour ne pas dire auteurisante de la débutante Margalit Ruth Gyllenhaal. Une réalisation dépouillée, sans fioriture qui ne plaira pas à tous dans son refus d'une émotion trop facile ou programmée, qui plus est émaillée de quelques petites sautes de rythme (selon mon jugement de valeur)) principalement si je me réfère à la relation d'adultère que l'héroïne se remémore avec regret lors de langoureux flash-backs. L'intrigue ne cessant d'osciller passé et présent afin de mieux saisir les tenants et aboutissants de cette mère aujourd'hui quadra mais incapable de tirer un trait sur son passé galvaudé faute d'y observer de simples touristes en liesse familiale. Qui plus est, son climat austère et nonchalant, renforcé du jeu contrarié de la divine actrice britannique Olivia Colman nous suscite un sentiment aigre de désarroi au fil de son évolution morale quelque peu bipolaire. Celle-ci se fondant dans le corps de Leda Caruso avec une émotion souvent contenue, fragile et introvertie eu égard de sa pudeur à se confronter à son entourage étranger (une famille de touristes probablement marginaux, voirs carrément mafieux), particulièrement auprès d'une jeune donzelle versatile à travers ses sautes d'humeur d'y supporter les caprices de sa fille tout en se réconfortant dans les bras d'un inconnu. 


Leda s'identifiant inévitablement à cette jeune maman indécise de plus en plus gagnée par le doute et l'interrogation au gré de confidences intimes bâties sur sa solitude maternelle du fait de l'absence prolongée de sa fille. Ainsi, de par le jeu sans fard d'Olivia Colman en proie à ses démons internes d'une maternité teintée d'irresponsabilité, de questionnement et d'immaturité, The Lost Daughter nous plonge dans son introspection intime avec une dimension dramatique poignante au lieu de nous bouleverser de façon plus conventionnelle ou facile dans ce type de sujet pathétique. On peut également souligner l'atmosphère subtilement pesante qui se profile autour de l'héroïne en quête d'amour et d'amicalité, notamment par la faute de cette famille de touristes aussi équivoques qu'interlopes, car la reluquant avec une suspicion gênante, si bien que le climat s'assombrit peu à peu autour d'elle en nous remémorant finalement son préambulaire crépusculaire où pointait détresse et désillusion lors d'une scénographie à la fois mutique et feutrée. 


Drame psychologique intelligemment traité à travers le thème (si actuel !) de la responsabilité parentale, The Lost Daughter existe par lui même de par sa mise en scène autonome captant les émotions contradictoires des personnages complexes avec une pudeur anti voyeuriste. Olivia Colman illuminant l'écran avec une sobre expression mature mêlée de douceur, de fragilité et de névralgie. 


*Eric Binford

Ci-joint la chronique de mon amie Nine Rouffet :

Assurément, c'est un très beau film. Maggie Gyllenhaal a réussi à faire un film à la fois intimiste et universel en nous immergeant au sein des tourments intérieurs névrotiques d'une femme en quête de sens, en recherche de stabilité et surtout d'amour, dont elle ne se sent pas vraiment digne. La dernière demi-heure nous en donnera la raison. Le métrage est ponctué de multiples flasbacks permettant de mieux comprendre quels enjeux se jouent en elle lorsqu'elle est confrontée à des figures maternelles un peu paumées et à une fille "perdue". Face à la femme enceinte sur la plage, elle repense à sa propre grossesse puis à ses relations complexes avec ses filles. En effet, être mère alors qu'on est encore étudiante à la fac est loin d'être facile, et c'est bien ce que montre le métrage. Entre scènes familiales touchantes (moments de partage joyeux avec les filles et le père) et pics de stress virant au burn out, Leda était une âme un peu perdue, et la disparition de la poupée d'une petite fille sur la plage ravive des souvenirs encore + douloureux et enfouis. Certaines scènes sont très chargées dramatiquement parlant, mais le ton ne vire jamais au pathos car le spectateur sait à chaque fois ce qui sous-tend la crise morale de la protagoniste. Le métrage explore les symboliques, notamment cette poupée comme objet de "transfert" affectif cristallisant ses crises morales ( la poupée est à la fois un jeu et un objet de partage avec les filles), ainsi que la symbolique de la pelure d'orange, représentant un lien affectif indéfectible créé avec ses filles via ce fruit. La fin est très touchante, Olivia Colman est époustouflante de spontanéité et de fragilité. Et les seconds rôles sont loin d'être en reste. C'est le cas notamment de la discrète prestation d'Ed Harris, ayant notamment joué dans Apollo 13 ou The Truman show. Un petit bijou qui pousse à l'introspection et qui ramène à l'essentiel: les petits instants de bonheur et l'amour partagé, quelle que soit sa forme.  ♡♡♡☆

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire