vendredi 7 janvier 2022

L'Assassin a réservé 9 Fauteuils / L'assassino ha riservato nove poltrone

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Giuseppe Bennati. 1974. Italie. 1h43. Avec Rosanna Schiaffino, Chris Avram, Eva Czemerys, Lucretia Love, Paola Senatore, Gaetano Russo, Andrea Scotti 

Sortie salles Italie: 21Mai 1974. Inédit en salles en France. 

FILMOGRAPHIE: Giuseppe Bennati, né le 4 janvier 1921 à Pitigliano dans la province de Grosseto et mort le 26 septembre 2006 à Milan, est un réalisateur et metteur en scène italien. 1952 : Il microfono è vostro. 1953 : Marco la Bagarre. 1954 : Opération de nuit. 1955 : Non scherzare con le donne. 1958 : La mina. 1958 : L'Ami du jaguar. 1960 : Les Fausses Ingénues. 1961 : Congo vivo. 1970 : Marcovaldo (it), adaptation pour la télévision de Marcovaldo d'Italo Calvino. 1974 : L'Assassin a réservé 9 fauteuils. 

Quelle excellente surprise que ce Giallo inédit dans nos contrées que le Chat qui fume eut l'audacieuse idée d'exhumer de sa torpeur dans une copie HD irréprochable. Tant et si bien qu'en exploitant le mode du huis-clos gothique au sein d'un jeu du chat et de la souris entre victimes et tueurs, Giuseppe Bennati atmosphérise en diable sa scénographie flamboyante au sein d'un théâtre de tous les dangers. Les victimes communément félonnes, suspicieuses et épeurées se soumettant à un redoutable tueur masqué lors de l'anniversaire de Patrick Davenant les ayant invité pour des raisons plutôt équivoques. Visuellement sublime de par l'architecture baroque du théâtre médiéval où plane l'ombre du Fantôme de l'Opéra (le tueur est affublé d'une cape et d'un masque grotesque en accourant tous azimuts), on songe également à Bloody Bird auquel Michele Soavi s'est (fort) probablement inspiré tant les similitudes sont plutôt nombreuses. Tant auprès du cadre théâtral magnifiquement stylisé, de son schéma narratif itératif (mais jamais rébarbatif), des victimes chétives en perdition, de leur mort théâtrale substituée en mort réelle que de l'accoutrement du tueur passé maître dans l'art du camouflage en y piégeant ses proies avec un sadisme transalpin symptomatique.

Et ce sans que le réalisateur, peu habitué au genre (il s'agit de son unique incursion dans le giallo et l'horreur) ne cède à l'outrance si bien que le hors-champs s'infiltre de temps à autre. D'autre part, et selon mon jugement de valeur, la meilleure séquence de meurtre totalement suggérée (un poignard planté à 3 reprises dans le vagin d'une victime en catalepsie) demeure superbement impressionnante grâce à l'habileté du montage alternant violence rigoureuse des coups et visage exorbité de la victime, accompagné de bruitages intensifiant ainsi la mise à mort par son réalisme auditif. Et si le cheminement narratif s'avère somme toute simpliste, voir redondant (comptez un meurtre toutes les 15 minutes), la mise en scène très soignée de Giuseppe Bennati retient sans peine l'attention sous l'impulsion d'un cast à la fois crédible et modestement distingué. Tant auprès de la beauté des actrices italiennes communément névrosées (de véritables déesses raffinées), de la virilité des acteurs à la fois cyniques et interlopes que de son érotisme docile (une poignée de poitrines dénudés superbement filmées en intermittence et de langoureux baisers parfois mouillés) se disputant la mise entre saphisme, inceste (gros thème de l'intrigue !) et adultère. 

Pur film d'ambiance se permettant audacieusement d'y conjuguer horreur, giallo, érotisme, épouvante et fantastique quant au surprenant dénouement multipliant les rebondissements imprévisibles, l'Assassin a réservé 9 fauteuils (quel titre suprême ! ) demeure un divertissement épuré auprès de sa facture vintage étonnamment moderne. Tant et si bien qu'un demi-siècle plus tard, ce rutilant giallo (le rouge est magnifiquement mis en valeur à travers le velours des tissus, des fibres et du sang tacheté) resplendit de 1000 feux de par sa copie HD à la fois granuleuse et immaculée. A découvrir impérativement donc pour les afficionados d'horreur fastueuse.

*Eric Binford
vostf

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire