jeudi 3 octobre 2024

Naïs

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Raymond Leboursier et Marcel Pagnol. 1945. France. 1h58. Avec Fernandel, Jacqueline Bouvier, Raymond Pellegrin, Henri Poupon, Germaine Kerjean, Henri Arius.

Sortie salles France: 22 Novembre 1945

FILMOGRAPHIE: Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français, né le 28 février 1895 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), et mort à Paris le 18 avril 1974 (à 79 ans). 1933 : Le Gendre de Monsieur Poirier. 1933 : Jofroi. 1935 : Merlusse. 1935 : Cigalon. 1936 : Topaze. 1936 : César. 1937 : Regain. 1938 : Le Schpountz. 1938 : La Femme du boulanger. 1940 : La Fille du puisatier. 1945 : Naïs. 1948 : La Belle Meunière. 1951 : Topaze. 1952 : Manon des sources. 1952 : Ugolin. 1954 : Les Lettres de mon moulin. 1967 : Le Curé de Cucugnan (téléfilm).

Quand un bossu en mal d'amour s'éprend de la belle paysanne Naïs avant de se raviser depuis le retour de Frédéric Rostand qu'elle ne peut s'empêcher d'aimer éperdument, cela donne un bien étrange drame romantico-criminel teinté de comédie de marivaudage que les dialogues fleuris de Marcel Pagnol transfigurent à travers sa poésie naturaliste où dévouement et abnégation demeurent les maîtres mots auprès d'un pygmalion à la fois cocasse, attachant et émouvant que Fernandel monopolise dans une discrète tendresse. 

Surprenant, personnel et déconcertant, notamment auprès de la caractérisation anti-manichéenne des personnages de Toine, le bossu, de Frédéric et du père de Naïs, ce très beau mélo provincial ne cible guère un public familial dans son refus de fioriture et de facilité. Faute de la complexité de ses personnages discutables (avec notamment un discours sensiblement frondeur sur le machisme et le patriarcat), de la pudeur de son émotion somme toute contenue et d'un climat champêtre doucereusement expressif dans sa facture monochrome d'après-guerre.

A redécouvrir avec une attention aussi exigeante qu'avertie.

*Bruno
2èx

mercredi 2 octobre 2024

Strange Darling

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  JT Mollner. 2024. U.S.A. 1h37. Avec Willa Fitzgerald, Kyle Gallner, Barbara Hershey, Ed Begley Jr.

Sortie salles France: ?. U.S: 23 Août 2024.

FILMOGRAPHIE: JT Mollner est un réalisateur , producteur de films , scénariste , entrepreneur et ancien acteur américain. 2016: Outlaws and Angels. 2024: Strange Darling. 

                                                                                                                                                                       
Coup de 💓 2024 ! Quand on oublie que l'on est au cinéma tant on est pris par la chimère ! 

Warning ! Afin de préserver tout effet de surprise, il est formellement déconseillé de regarder la bande-annonce et de lire le pitch. 

Folie A2 !
Sachez simplement qu'il s'agit d'une longue traque entre un serial-killer et sa victime 1h31 durant sous l'impulsion d'un mémorable duo que vous n'êtes pas prêts d'oublier. 
Et donc, afin de ne pas divulguer tous spoilers et twist à la renverse qui irriguent l'intrigue scindée en 7 chapitres (en comptant l'épilogue d'une inattendue rupture de ton confinant au sublime), sachez que le réalisateur néophyte JT Mollner (il s'agit de son second long après un essai standard passé inaperçu) s'y entend à point nommé pour faire voler en éclat tous les codes du thriller horrifique afin de mieux nous (dés)orienter vers des chemins de traverse vitriolés. Et cela fonctionne "davantage" à plein régime au fil d'une évolution narrative éclatée où la chronologie temporelle y est sciemment anarchisée. 
Ainsi donc, le premier quart d'heure a beau nous faire craindre la redite d'une situation convenue, Strange Darling ne fait que tabler sur le simulacre d'une confrontation psychologique au diapason, de manière à mieux nous piéger sur ce que nous étions entrain de voir plus tôt sans trop d'implication motivante. 


Alors que la séquence prochaine viendra remettre en question ce à quoi nous étions entrain d'assister en tant que témoin d'une drague improvisée. Et c'est tout le génie de cette vrombissante série B surfant sur un certain pilier Tarantinesque à travers sa violence tranchée, ses éclairs d'humour sardonique, ses répliques chiadées, sa chronologie désorganisée qu'il est impossible d'anticiper, que de compter sur son intrigue sournoise, réglée comme une horloge, afin de bousculer nos attentes de spectateur exigeant avec un art consommé de la roublardise. Le tout enrobé d'une photo saturée éclatante et d'un score romantique élaborés pour y séduire notre émotivité en dépit de l'immoralité du concept où les valeurs du Bien et du Mal s'y confondent dans un esprit sarcastique tout à la fois semi-parodique, semi-tragique, voir même semi-bouleversant (bordel ce final intime mélomane dénuée de paroles !). Tant et si bien que l'épilogue anthologique continuera sans doute d'hanter vos nuits (et/ou vos songes) avec l'étrange amertume d'avoir assisté à un OFNI faussement décalé, ludique, décomplexé. 


La Crise et la Lueur. 
Si après ça vous n'avez pas pigé que Strange Darling est une des meilleures cuvées de l'année 2024 en prime d'être inéluctablement culte de par ses audaces formelles/narratives qu'un jeu d'acteurs survitaminé (à marquer d'une pierre blanche j'vous dit, surtout auprès de ..... !!!) vient scander lors d'une confrontation singulière iconique, pour ne pas dire bipolaire, vous n'avez plus qu'à vous jeter par la fenêtre.  

*Bruno

mardi 1 octobre 2024

Les 7 Mercenaires / The Magnificent Seven

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Sturges. 1960. U.S.A. 2h08. Avec Yul Brynner, Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Robert Vaughn, Brad Dexter, Horst Buchholz, Eli Wallach, Jorge Martínez Hoyos, Vladimir Sokoloff, Rosenda Monteros, Rico Alaniz. 

Sortie salles France: 1er Février 1961. U.S: 23 Octobre 1960

FILMOGRAPHIE: John Sturges est un réalisateur et producteur de films américain né le 3 janvier 1910 à Oak Park (Illinois) et mort le 18 août 1992 à San Luis Obispo (Californie).1948 : Le Signe du Bélier. 1949 : Les Aventuriers du désert. 1950 : La Capture. 1950 : Le Mystère de la plage perdue. 1950 : Right cross. 1950 : The Magnificent Yankee. 1951 : Kind Lady. 1951 : Le peuple accuse O'Hara. 1951 : It's a Big Country. 1953 : Fort Bravo. 1953 : La Plage déserte. 1954 : Un homme est passé. 1955 : Duel d'espions. 1955 : La Vénus des mers chaudes. 1956 : Coup de fouet en retour. 1957 : Règlements de comptes à OK Corral. 1958 : Le Trésor du pendu. 1958 : Le Vieil Homme et la mer. 1959 : La Proie des Vautours. 1958 : Le Dernier Train de Gun Hill. 1960 : Les Sept Mercenaires. 1961 : Par l'amour possédé. 1962 : Citoyen de nulle part. 1962 : Les Trois Sergents. 1963 : La Grande Évasion. 1965 : Station 3 : Ultra Secret. 1965 : Sur la piste de la grande caravane. 1967 : Sept secondes en enfer. 1968 : Destination Zebra, station polaire. 1969 : Les Naufragés de l'espace. 1972 : Joe Kidd. 1973 : Chino. 1974 : Un silencieux au bout du canon. 1976 : L'aigle s'est envolé.


Chef-d'oeuvre absolu d'une classe impériale, les 7 Mercenaires prouve à quel point le cinéma d'antan (ou de papa comme on dit en langage courant) pouvait dégager une alchimie prédominante auprès d'une oeuvre aussi bien sincère et (si) attentionnée qu'ambitieuse et riche d'émotions à travers son récit initiatique culminant au baroud d'honneur (on peut d'ailleurs prêter une certaine allusion à l'autre chef-d'oeuvre la Horde Sauvage de Peckinpah à travers ses thématiques du temps qui passe, de la vieillesse et du devoir de sacrifice). Et ce en dépit de l'inspiration de John Sturges à imiter les 7 Samouraïs dans une personnalité propre. Si bien qu'Akira Kurosawa lui offrit un nihontô (arme blanche du Japon) tant il fut satisfait du résultat ricain. Mais outre le plaisir ludique d'y suivre une intrigue latente prenant largement son temps à développer son récit et ses personnages en proie aux fêlures morales, remises en question et doute, les 7 Mercenaires étincelle de mille feux grâce à son cast légendaire. 


Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Robert Vaughn, Brad Dexter, Horst Buchholz, Eli Wallach se disputant la vedette dans leur charisme iconique sous l'impulsion d'un Yul Brynner encore plus saillant à travers son charisme viril, sa force tranquille et rassurante, son flegme imperturbable, sa loyauté, son héroïsme studieux. Ainsi donc, magnifiquement mis en scène au sein d'un cadre sépia en format scope, les 7 Mercenaires confine à la grâce et au lyrisme, à l'expectative du suspense le plus jouissif (quelle mise en attente auprès des 2 conflits belliqueux !), aux gunfight chorégraphiés et au souffle épique d'une grande aventure militant pour le sens de l'amitié et la fraternité, le sens du sacrifice et la peur de la mort au profit d'une éloge à la famille, à l'amour et à la responsabilité paternelle. Le tout soutenu du score plein d'entrain d'Elmer Bernstein dans toutes les écoutilles. Inaltérable, pour ne pas dire imputrescible, notamment auprès de son raffinement visuel, les 7 Mercenaires prouve que le temps n'a aucune emprise sur les chefs-d'oeuvre à part entière destinés à perdurer à travers son acuité de fascination intergénérationnelle.  


*Bruno
2èx. Vostf. 4K

Budget : 2 000 000 $
Lieux du tournage: entièrement au Mexique.