Photo empruntée sur Google, appartenant au discreetcharmsandobscureobjects.blogspot.com
"Les Rues de l'enfer" de Danny Steinmann. 1984. U.S.A. 1h33. Avec Linda Blair, John Vernon, Robert Dryer, Johnny Venocur, Sal Landi, Scott Mayer.
Sortie salles France: 9 Janvier 1985. U.S: 5 Octobre 1984
FILMOGRAPHIE: Danny Steinmann est un auteur, producteur et réalisateur américain, né le 7 janvier 1942 à New York, décédé le 18 décembre 2012. 1985: Vendredi 13, chapitre 5. 1984: Les rues de l'enfer. 1980: Les secrets de l'invisible. 1973: High Rise.
Profitant du filon lucratif du Vigilante Movie en plein essor durant les années 80, Danny Steinmann y ajoute une louche de Rape and Revenge avec Savage Streets mystérieusement classé X Outre-atlantique ! Car si sa scène de viol un peu hard provoque encore un certain malaise et que le sort d'une jeune fille éjectée du haut d'un pont s'avère (selon moi) encore plus dérangeante, la vengeance criminelle escomptée par notre icone féministe (celle placardée sur l'affiche dans une posture héroïque impassible) fait office de bande dessinée si bien que Troma aurait bien pu le produire. A l'instar du quatuor de punks neuneus que l'on croirait issus d'un remake de Class 84 (notamment le jeune ado influant issue de famille respectable) déversant leurs insanités aux profs et à la gente féminine dans une position misogyne ballot. On s'amuse également (parfois même avec une hilarité nerveuse) du jeu si provocateur de Linda Blair surjouant sans complexe son rôle de justicière (un vrai garçon manqué de par son regard fielleux et sa combinaison d'un noir rutilant !) avec une dérision limite grotesque. Il faut dire qu'elle en fait des tonnes à travers ses expressions altières !
Au-delà de ses têtes d'affiche à la fois racoleuses et vulgaires que Danny Steinmann filme parfois complaisamment dans leur plus simple appareil (les scènes de douches avec ces lycéennes aux poitrines opulentes), Savage Streets se vautre dans la trivialité d'un script émaillé de séquences bizarrement ludiques. Si bien que le spectateur reluque ses séquences anodines avec un esprit second degré (les crêpages de chignon entre Brenda et sa rivale nunuche, la clientèle jouasse dans la boite de nuit se déhanchant sur du Rock de comptoir, le chahut communautaire des lycéens durant les cours ingérables). Et donc Savage Streets a beau être archi prévisible au point d'anticiper les évènements (notamment les confidences éplorées d'un des criminels auprès de sa victime hospitalisée parmi le témoignage de notre future justicière), on se distrait pour autant à suivre les vicissitudes de Brenda et sa bande malmenés par des punks erratiques. Danny Steinmann soignant en prime les lieux urbains hipsters à l'aide d'une photo criarde éclairée de néons.
Atomic College
A la fois benêt et primaire, ludique et pittoresque, Savage Streets exploite le rape and revenge avec un esprit BD aussi bien décomplexé que débridé (notamment ce final homérique fertile en pitreries dans l'expression gestuelle, qui plus est mal torché au niveau de la tension des affrontements et du montage). Ce qui nous permet malgré tout de quitter cette faune d'olibrius en crise identitaire sur un sentiment attractif à défaut de mémorable.
* Gaïus
2èx
"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
jeudi 26 juillet 2018
mercredi 25 juillet 2018
ENFER DE LA VIOLENCE (L')
Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com
"The Evil That Men Do" de Jack Lee Thompson. 1984. U.S.A. 1h27. Avec Charles Bronson, Theresa Saldana, Joseph Maher, Antoinette Bower, René Enríquez, John Glover.
Sortie salles France: 15 Mars 1984 (Int - 18 ans). U.S: 21 Septembre 1984
Un an après le succès du Justicier de Minuit, Jack Lee Thompson recrute à nouveau son acteur fétiche Charles Bronson afin de renchérir un Vigilante movie en bonne et due forme. D'une ultra violence inouïe (la séquence d'intro particulièrement crue est digne de rivaliser auprès d'un tortur'porn ressuscité par la saga Saw), L'Enfer des la Violence s'enrichit d'un climat malsain tantôt poisseux eu égard des exactions expéditives de notre justicier impassible non avare d'invention pour parvenir à ses fins. Ancien tueur à gage, Holland est sollicité par une vieille connaissance à renouer avec les armes afin de mettre un terme aux agissements d'un criminel nazi passé maître dans l'art de torturer ses victimes. Ayant préalablement sacrifié l'un de ses amis lors d'une (insupportable) séance d'électrocution (discours emphatique en sus prononcé plus tôt par lui face à une assemblée voyeuriste !), Holland se lie d'amitié avec la veuve du défunt. Notamment en lui promettant de mettre fin aux agissements du bourreau réfugié dans une forteresse en Amérique du Sud.
Et donc à travers ce pitch éculé parfaitement prévisible (même si l'idée délétère du nazi en activité y ajoute une certaine originalité), Jack Lee Thompson transcende la banalité des faits exposés par le biais d'une solide réalisation exploitant sans complexe action et violence (horrifique) avec une efficacité en roue libre. Outre la présence virile du vétéran Charles Bronson toujours aussi décontracté en exterminateur placide, l'Enfer de la violence exploite habilement le cadre solaire du Mexique, à l'instar d'une visite touristique, et à travers le genre westernien que sa dernière partie homérique (poursuite en bagnoles à l'appui) improvise autour d'une prise d'otage davantage intense puis insolite (notamment auprès de sa tournure morbide faisant écho à Freaks). Qui plus est, afin de parfaire le caractère obscur de l'intrigue criminelle semée de cadavres, son score ténébreux au tempo lourd y exacerbe un style percutant à sa réalisation déjà bien rodée. Tant auprès de sa direction d'acteurs (avec des gueules familières de seconds-rôles issus des années 80), du cadre urbain tropical oscillant ensuite avec un environnement rural desséchée que du jeu du chat et de la souris que Bronson arpente en fin limier réactionnaire. Et d'y ajouter durant sa macabre filature une tacite romance qu'il forme timidement avec Rhiana afin que celle-ci témoigne en personne de sa vendetta promue.
"Dans l'exécution de la justice, il n'y a pas meilleur exécuteur que BRONSON"
B movie fichtrement sympathique à travers son intrigue classique parfaitement rodée, cocktail vitriolé d'ultra violence épicée tant et si bien que son interdiction en salles aux - de 18 ans reste encore aujourd'hui méritoire auprès du public non averti, l'Enfer de la violence peut être considéré comme l'un des plus brutaux Vigilante Movies auquel Bronson collabora (sans abattement) pour parfaire ses exploits sanguinaires en justicier sexagénaire. Et on peut avouer sans ambages que le papy en question en avait toujours dans le pantalon au 3è cycle de sa carrière !
* Gaïus
3èx
Box Office France: 876 771 entrées
"The Evil That Men Do" de Jack Lee Thompson. 1984. U.S.A. 1h27. Avec Charles Bronson, Theresa Saldana, Joseph Maher, Antoinette Bower, René Enríquez, John Glover.
Sortie salles France: 15 Mars 1984 (Int - 18 ans). U.S: 21 Septembre 1984
FILMOGRAPHIE (comprenant uniquement les productions des années 80): Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). 1980 : Cabo Blanco 1981 : Happy Birthday. 1981 : Code Red (TV). 1983 : Le Justicier de minuit. 1984 : L'Enfer de la violence. 1984 : L'Ambassadeur : Chantage en Israël. 1985 : Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon. 1986 : La Loi de Murphy. 1986 : Le Temple d'or. 1987 : Le justicier braque les dealers. 1988 : Le Messager de la mort. 1989 : Kinjite, sujets tabous.
Un an après le succès du Justicier de Minuit, Jack Lee Thompson recrute à nouveau son acteur fétiche Charles Bronson afin de renchérir un Vigilante movie en bonne et due forme. D'une ultra violence inouïe (la séquence d'intro particulièrement crue est digne de rivaliser auprès d'un tortur'porn ressuscité par la saga Saw), L'Enfer des la Violence s'enrichit d'un climat malsain tantôt poisseux eu égard des exactions expéditives de notre justicier impassible non avare d'invention pour parvenir à ses fins. Ancien tueur à gage, Holland est sollicité par une vieille connaissance à renouer avec les armes afin de mettre un terme aux agissements d'un criminel nazi passé maître dans l'art de torturer ses victimes. Ayant préalablement sacrifié l'un de ses amis lors d'une (insupportable) séance d'électrocution (discours emphatique en sus prononcé plus tôt par lui face à une assemblée voyeuriste !), Holland se lie d'amitié avec la veuve du défunt. Notamment en lui promettant de mettre fin aux agissements du bourreau réfugié dans une forteresse en Amérique du Sud.
Et donc à travers ce pitch éculé parfaitement prévisible (même si l'idée délétère du nazi en activité y ajoute une certaine originalité), Jack Lee Thompson transcende la banalité des faits exposés par le biais d'une solide réalisation exploitant sans complexe action et violence (horrifique) avec une efficacité en roue libre. Outre la présence virile du vétéran Charles Bronson toujours aussi décontracté en exterminateur placide, l'Enfer de la violence exploite habilement le cadre solaire du Mexique, à l'instar d'une visite touristique, et à travers le genre westernien que sa dernière partie homérique (poursuite en bagnoles à l'appui) improvise autour d'une prise d'otage davantage intense puis insolite (notamment auprès de sa tournure morbide faisant écho à Freaks). Qui plus est, afin de parfaire le caractère obscur de l'intrigue criminelle semée de cadavres, son score ténébreux au tempo lourd y exacerbe un style percutant à sa réalisation déjà bien rodée. Tant auprès de sa direction d'acteurs (avec des gueules familières de seconds-rôles issus des années 80), du cadre urbain tropical oscillant ensuite avec un environnement rural desséchée que du jeu du chat et de la souris que Bronson arpente en fin limier réactionnaire. Et d'y ajouter durant sa macabre filature une tacite romance qu'il forme timidement avec Rhiana afin que celle-ci témoigne en personne de sa vendetta promue.
"Dans l'exécution de la justice, il n'y a pas meilleur exécuteur que BRONSON"
B movie fichtrement sympathique à travers son intrigue classique parfaitement rodée, cocktail vitriolé d'ultra violence épicée tant et si bien que son interdiction en salles aux - de 18 ans reste encore aujourd'hui méritoire auprès du public non averti, l'Enfer de la violence peut être considéré comme l'un des plus brutaux Vigilante Movies auquel Bronson collabora (sans abattement) pour parfaire ses exploits sanguinaires en justicier sexagénaire. Et on peut avouer sans ambages que le papy en question en avait toujours dans le pantalon au 3è cycle de sa carrière !
* Gaïus
3èx
Box Office France: 876 771 entrées
mardi 24 juillet 2018
JE SUIS VIVANT
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"La corta notte delle bambole di vetro" de Aldo Lado. 1971. Italie/Allemagne/Yougoslavie. 1h32. Avec Ingrid Thulin, Jean Sorel, Mario Adorf, Barbara Bach, Fabijan Sovagovic, José Quaglio.
Sortie salles France: 19 Novembre 1999 (Int - 16 ans). Italie: 28 Octobre 1971
FILMOGRAPHIE: Aldo Lado est un réalisateur italien, né le 5 décembre 1934 à Fiume (Croatie).
1971: Je suis vivant. 1972: Qui l'a vue mourir ? 1972: La Drôle d'affaire. 1973: Sepolta viva. 1974: La cugina. 1975: La Bête tue de sang Froid. 1976: L'ultima volta. 1978: Il prigioniero (TV). 1979: L'humanoïde. 1979: Il était un musicien – Monsieur Mascagni. 1981: La désobéissance. 1982: La pietra di Marco Polo (TV). 1983: La città di Miriam (TV). 1986: I figli dell'ispettore (TV). 1987: Sahara Heat ou Scirocco. 1990: Rito d'amore. 1991: La stella del parco (TV). 1992: Alibi perfetto. 1993: Venerdì nero. 1994: La chance.
Thriller transalpin où s'y télescopent enquête policière et horreur; Je suis vivant rebutera assurément une partie du public tant Aldo Lado se réfute à divertir par le biais d'une intrigue sinueuse dénigrant une haute bourgeoisie viciée. Amoureux de la jeune et belle Mira, le journaliste Gregory Moore s'attire la jalousie de son ancienne compagne Jessica. Or, un jour Mira disparaît mystérieusement sans laisser aucune trace. Durant son investigation de longue haleine s'attirant en prime les défaveurs de la police, Gregory est sujet à une agression au point de se retrouver dans une morgue en état de catalepsie. Impuissant à hurler sa survivance, il tente de se remémorer son passé morbide depuis la disparition inexpliquée de Mira. Si Aldo Lado se fit connaître auprès des fans de Giallo avec le sympathique Qui l'a vu mourir ? et le classique horrifique La Bête tue de sang froid (déclinaison poisseuse de la dernière maison sur la Gauche), sa première réalisation, Je suis vivant, demeure moins populaire.
La faute incombant à la personnalité atypique de l'auteur délibéré à expérimenter pour son 1er essai un thriller obscur peuplé de protagonistes interlopes et témoins cauteleux. Car si l'intrigue n'est guère passionnante, notamment par son manque de rebondissements, Aldo Lado parvient pour autant à y semer un mystère latent autour de la disparition de Mira et de la condition démunie de Gregory s'efforçant d'avertir le corps médical qu'il est toujours en vie. Jalonnés de séquences baroques à travers les déambulations nocturnes de celui-ci féru d'interrogations, Je suis vivant n'est pas conçu pour plaire, caresser dans le sens du poil le spectateur embarqué dans une nébuleuse intrigue au climat morbide quasi indicible. Et ce jusqu'à nous diriger vers une conclusion escarpée étonnamment couillue dans son refus du happy-end, notamment afin d'exacerber la nature hermétique de ce thriller davantage malsain. Un parti-pris à contre-emploi qu'Aldo Lado assume jusqu'au bout dans son ambition auteurisante de nous faire partager un thriller expérimental aussi bien intriguant que sensiblement envoûtant.
Difficile d'accès de par son ambiance austère et sa nature politique corruptrice, Je suis vivant est à découvrir auprès des amateurs d'étrangeté baroque, en étant également averti de son climat de stupre à la fois vénéneux et feutré. Intéressant et personnel à condition d'y être préparé donc.
* Gaïus
2èx
"La corta notte delle bambole di vetro" de Aldo Lado. 1971. Italie/Allemagne/Yougoslavie. 1h32. Avec Ingrid Thulin, Jean Sorel, Mario Adorf, Barbara Bach, Fabijan Sovagovic, José Quaglio.
Sortie salles France: 19 Novembre 1999 (Int - 16 ans). Italie: 28 Octobre 1971
FILMOGRAPHIE: Aldo Lado est un réalisateur italien, né le 5 décembre 1934 à Fiume (Croatie).
1971: Je suis vivant. 1972: Qui l'a vue mourir ? 1972: La Drôle d'affaire. 1973: Sepolta viva. 1974: La cugina. 1975: La Bête tue de sang Froid. 1976: L'ultima volta. 1978: Il prigioniero (TV). 1979: L'humanoïde. 1979: Il était un musicien – Monsieur Mascagni. 1981: La désobéissance. 1982: La pietra di Marco Polo (TV). 1983: La città di Miriam (TV). 1986: I figli dell'ispettore (TV). 1987: Sahara Heat ou Scirocco. 1990: Rito d'amore. 1991: La stella del parco (TV). 1992: Alibi perfetto. 1993: Venerdì nero. 1994: La chance.
Thriller transalpin où s'y télescopent enquête policière et horreur; Je suis vivant rebutera assurément une partie du public tant Aldo Lado se réfute à divertir par le biais d'une intrigue sinueuse dénigrant une haute bourgeoisie viciée. Amoureux de la jeune et belle Mira, le journaliste Gregory Moore s'attire la jalousie de son ancienne compagne Jessica. Or, un jour Mira disparaît mystérieusement sans laisser aucune trace. Durant son investigation de longue haleine s'attirant en prime les défaveurs de la police, Gregory est sujet à une agression au point de se retrouver dans une morgue en état de catalepsie. Impuissant à hurler sa survivance, il tente de se remémorer son passé morbide depuis la disparition inexpliquée de Mira. Si Aldo Lado se fit connaître auprès des fans de Giallo avec le sympathique Qui l'a vu mourir ? et le classique horrifique La Bête tue de sang froid (déclinaison poisseuse de la dernière maison sur la Gauche), sa première réalisation, Je suis vivant, demeure moins populaire.
La faute incombant à la personnalité atypique de l'auteur délibéré à expérimenter pour son 1er essai un thriller obscur peuplé de protagonistes interlopes et témoins cauteleux. Car si l'intrigue n'est guère passionnante, notamment par son manque de rebondissements, Aldo Lado parvient pour autant à y semer un mystère latent autour de la disparition de Mira et de la condition démunie de Gregory s'efforçant d'avertir le corps médical qu'il est toujours en vie. Jalonnés de séquences baroques à travers les déambulations nocturnes de celui-ci féru d'interrogations, Je suis vivant n'est pas conçu pour plaire, caresser dans le sens du poil le spectateur embarqué dans une nébuleuse intrigue au climat morbide quasi indicible. Et ce jusqu'à nous diriger vers une conclusion escarpée étonnamment couillue dans son refus du happy-end, notamment afin d'exacerber la nature hermétique de ce thriller davantage malsain. Un parti-pris à contre-emploi qu'Aldo Lado assume jusqu'au bout dans son ambition auteurisante de nous faire partager un thriller expérimental aussi bien intriguant que sensiblement envoûtant.
Difficile d'accès de par son ambiance austère et sa nature politique corruptrice, Je suis vivant est à découvrir auprès des amateurs d'étrangeté baroque, en étant également averti de son climat de stupre à la fois vénéneux et feutré. Intéressant et personnel à condition d'y être préparé donc.
* Gaïus
2èx
lundi 23 juillet 2018
LA FINALE. Grand Prix Festival de l'Alpe Duez, 2018.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Robin Sykes. 2018. France/Belgique. 1h25. Avec Thierry Lhermitte, Rayane Bensetti, Émilie Caen, Lyes Salem, Cassiopée Mayance.
Sortie salles France: 21 Mars 2018. Belgique: 28 Mars 2018
FILMOGRAPHIE: Robin Sykes est un réalisateur, producteur, scénariste et producteur.
2018: La Finale.
Estampillé "Coup de coeur" Strange Vomit Dolls !
Cure de bonheur et de tendresse anti-sinistrose alors que l'on aurait pu craindre une comédie sirupeuse volontiers pathos d'après un thème aussi grave, La Finale n'a pas volé son Grand Prix à l'Alpe d'Huez tant et si bien que le 1er long de Robin Sykes nous touche droit au coeur avec une émotion jamais programmée. Ce dernier abordant la maladie d'Alzheimer sous le pilier d'une comédie aigre douce (tournée efficacement à l'américaine !) que le tandem Thierry Lhermitte / Rayane Bensetti magnétise avec une spontanéité irréfragable. Le récit initiatique s'articulant auprès de la discorde de J.B, jeune passionné de basket ball délibéré à rejoindre Paris pour assister à sa finale en compagnie de son grand-père encombrant souffrant d'Alzheimer. Bien évidemment, durant leur périple houleux semé d'incidents, rencontres humaines, quiproquos et longs détours routiers que Lhermitte enchaîne en pagaille avec une innocence souvent poignante en malade sénile, Roland et J.B vont apprendre à se connaître de par l'empathie progressive de ce dernier partagé entre le questionnement parental, l'intérêt du souvenir et la réflexion comportementale.
Si le récit prévisible ne s'avère pas franchement inventif, Robin Sykes compte sur ce choc des générations en requête d'amour, de passion et de reconnaissance, ainsi que le réalisme de leur itinéraire infortuné pour nous faire constamment vibrer avec une bonhomie mesurée. Les séquences les plus émouvantes ou autrement cocasses emportant tout naturellement l'adhésion grâce au tempérament fougueux des comédiens parvenant à nous insuffler leurs sentiments sans tirer sur la corde sensible. Puis finalement de résolument nous surprendre lors de sa dernière partie à la dramaturgie beaucoup plus prononcée mais pour autant jamais racoleuse lorsque nous finirons d'en apprendre un peu plus sur le passé tragique de Roland, pour ne pas dire traumatique, faute des prémices de sa maladie cognitive. Et donc parmi son contexte de comédie légère menée tambour battant, Robin Sykes y cultive un témoignage à la fois humble, douloureux et plein de tendresse sur la maladie d'Alzheimer. Et ce en prônant sans voyeurisme (ni blagues acnéennes) les valeurs de l'amour, de l'amitié, de la cohésion familiale et surtout des effets fructueux de la "réminiscence" afin de mieux accompagner le malade incurable vers une certaine allégresse, aussi fallacieuse soit parfois la démarche. "La Finale" prenant dès lors tout son (second) sens lors d'une conclusion anthologique (préparez les mouchoirs !) faisant appel à un évènement sportif resté dans chaque mémoire, si bien que "quand on a vu ça, je crois qu'on peut mourir tranquille" !
Comédie pittoresque beaucoup plus tendre et douloureuse au fil de son initiation identitaire (tant auprès du personnage de J.B que celui de Rolland), la Finale arrachera sans aucun doute les larmes aux plus sensibles grâce à son intensité émotionnelle épurée que le bouleversant Thierry Lhermitte (Prix d'Interprétation indiscutable !) nous retransmet avec un naturel trouble (on croirait réellement qu'il est atteint de cette pathologie!). L'acteur soulevant donc le film du poids de ses épaules en compagnie du néophyte mais prometteur Rayane Bensetti en ado rebelle à la fringance jamais irritante. Après l'incroyable surprise Tout le monde debout d'après Dubosc, La Finale demeure assurément LA comédie de l'année 2018 si bien que Robin Sykes est un talent à surveiller !
* Gaïus
Récompenses:
Grand Prix, Prix d'interprétation masculine pour Thierry Lhermitte au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2018.
de Robin Sykes. 2018. France/Belgique. 1h25. Avec Thierry Lhermitte, Rayane Bensetti, Émilie Caen, Lyes Salem, Cassiopée Mayance.
Sortie salles France: 21 Mars 2018. Belgique: 28 Mars 2018
FILMOGRAPHIE: Robin Sykes est un réalisateur, producteur, scénariste et producteur.
2018: La Finale.
Estampillé "Coup de coeur" Strange Vomit Dolls !
Cure de bonheur et de tendresse anti-sinistrose alors que l'on aurait pu craindre une comédie sirupeuse volontiers pathos d'après un thème aussi grave, La Finale n'a pas volé son Grand Prix à l'Alpe d'Huez tant et si bien que le 1er long de Robin Sykes nous touche droit au coeur avec une émotion jamais programmée. Ce dernier abordant la maladie d'Alzheimer sous le pilier d'une comédie aigre douce (tournée efficacement à l'américaine !) que le tandem Thierry Lhermitte / Rayane Bensetti magnétise avec une spontanéité irréfragable. Le récit initiatique s'articulant auprès de la discorde de J.B, jeune passionné de basket ball délibéré à rejoindre Paris pour assister à sa finale en compagnie de son grand-père encombrant souffrant d'Alzheimer. Bien évidemment, durant leur périple houleux semé d'incidents, rencontres humaines, quiproquos et longs détours routiers que Lhermitte enchaîne en pagaille avec une innocence souvent poignante en malade sénile, Roland et J.B vont apprendre à se connaître de par l'empathie progressive de ce dernier partagé entre le questionnement parental, l'intérêt du souvenir et la réflexion comportementale.
Si le récit prévisible ne s'avère pas franchement inventif, Robin Sykes compte sur ce choc des générations en requête d'amour, de passion et de reconnaissance, ainsi que le réalisme de leur itinéraire infortuné pour nous faire constamment vibrer avec une bonhomie mesurée. Les séquences les plus émouvantes ou autrement cocasses emportant tout naturellement l'adhésion grâce au tempérament fougueux des comédiens parvenant à nous insuffler leurs sentiments sans tirer sur la corde sensible. Puis finalement de résolument nous surprendre lors de sa dernière partie à la dramaturgie beaucoup plus prononcée mais pour autant jamais racoleuse lorsque nous finirons d'en apprendre un peu plus sur le passé tragique de Roland, pour ne pas dire traumatique, faute des prémices de sa maladie cognitive. Et donc parmi son contexte de comédie légère menée tambour battant, Robin Sykes y cultive un témoignage à la fois humble, douloureux et plein de tendresse sur la maladie d'Alzheimer. Et ce en prônant sans voyeurisme (ni blagues acnéennes) les valeurs de l'amour, de l'amitié, de la cohésion familiale et surtout des effets fructueux de la "réminiscence" afin de mieux accompagner le malade incurable vers une certaine allégresse, aussi fallacieuse soit parfois la démarche. "La Finale" prenant dès lors tout son (second) sens lors d'une conclusion anthologique (préparez les mouchoirs !) faisant appel à un évènement sportif resté dans chaque mémoire, si bien que "quand on a vu ça, je crois qu'on peut mourir tranquille" !
Comédie pittoresque beaucoup plus tendre et douloureuse au fil de son initiation identitaire (tant auprès du personnage de J.B que celui de Rolland), la Finale arrachera sans aucun doute les larmes aux plus sensibles grâce à son intensité émotionnelle épurée que le bouleversant Thierry Lhermitte (Prix d'Interprétation indiscutable !) nous retransmet avec un naturel trouble (on croirait réellement qu'il est atteint de cette pathologie!). L'acteur soulevant donc le film du poids de ses épaules en compagnie du néophyte mais prometteur Rayane Bensetti en ado rebelle à la fringance jamais irritante. Après l'incroyable surprise Tout le monde debout d'après Dubosc, La Finale demeure assurément LA comédie de l'année 2018 si bien que Robin Sykes est un talent à surveiller !
* Gaïus
Récompenses:
Grand Prix, Prix d'interprétation masculine pour Thierry Lhermitte au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2018.
vendredi 20 juillet 2018
BLUE JAY
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
d'Alex Lehmann. 2016. U.S.A. 1h20. Avec Mark Duplass, Sarah Paulson, Clu Gulager. James Andrews, Harris Benbury.
Diffusé France: 6 Décembre 2016. U.S: 11 Octobre 2016
FILMOGRAPHIE: Alex Lehmann est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2016: Blue Jay.
"Un jour l'amour a dit à l'amitié : Pourquoi existes-tu puisque je suis là ?
L'amitié lui répond : Pour amener un sourire là ou tu as laissé des larmes."
Pour sa première réalisation, Alex Lehmann aborde la comédie romantique avec un budget très limité. Oeuvre indépendante tournée en noir et blanc durant 1 semaine de tournage avec uniquement en vedettes deux acteurs (si on écarte les 10 premières minutes), Blue Jay s'inscrit dans un cinéma vérité de par son authenticité émotionnelle sans fard que le casting nous retransmet avec une intensité vertigineuse. Outre le soin de sa mise en scène (notamment à travers la plénitude de la nature si flegmatique), la précision de sa bande-son (notamment lors des silences les plus placides), la sérénité de sa BO et l'épure de sa photo monochrome, Blue Jay est donc transfiguré par le duo scintillant Mark Duplass / Sarah Paulson (révélée par la série American Horror Story) incarnant avec une spontanéité fulgurante les amants infortunés d'une romance galvaudée.
Le récit nous relatant leur inopinée retrouvaille après 20 ans d'absence, et ce le temps d'une journée élégiaque à se remémorer certains souvenirs en toute improvisation. Romance intimiste traitée avec autant de pudeur que d'éclairs de fraîcheur (la soirée "déjantée" autour d'une danse de rap), Blue Jay nous immerge dans les psychés des amants éperdus avec un réalisme capiteux eu égard du jeu expansif du duo sentimental en perte de repère. Le réalisateur prenant soin au fil de leur aparté et confidences parentales à y capter l'humanité de leur expression (l'échange des regards complices s'avère parfois bouleversant quand l'amitié renoue avec l'amour) en tenant compte au terme des tenants et aboutissants de leur échec sentimental. Et donc à travers leur déception commune d'être passés à côté d'une liaison amoureuse autrement exaltante, Alex Lehmann amorce les thèmes de l'immaturité et de la culpabilité paternelle auprès des couples juvéniles tiraillés entre la passion des sentiments et le désagrément de la responsabilité filiale.
"L'une des plus grandes douleurs est d'aimer une personne que tu ne peux pas avoir."
Instant vérité d'émotions candides et de fraîcheur fringantes par le biais d'une désillusion amoureuse, Blue Jay dégage une sensibilité résolument ténue et charmante grâce à l'alchimie amoureuse que forment Mark Duplass et surtout Sarah Paulson communément habités par leurs états d'âme fébriles, nostalgiques et torturés, et ce à travers leur disparité caractérielle. La finalité du récit aussi bien douloureux que conciliant (ni happy-end, ni bad-end) nous interrogeant sur les lourdes conséquences de nos actes immatures lorsque le destin nous offrait l'opportunité de cristalliser l'amour de sa vie. Le récit plein de fragilité, d'émotions bipolaires et de vitalité d'esprit suscitant chez nous l'envie de renouer avec un amour de jeunesse, voir de rester attentif à l'éventuelle rencontre d'une inconnue entrevue au coin d'une rue.
Dédicace à Frederic Serbource.
* Gaïus
d'Alex Lehmann. 2016. U.S.A. 1h20. Avec Mark Duplass, Sarah Paulson, Clu Gulager. James Andrews, Harris Benbury.
Diffusé France: 6 Décembre 2016. U.S: 11 Octobre 2016
FILMOGRAPHIE: Alex Lehmann est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2016: Blue Jay.
"Un jour l'amour a dit à l'amitié : Pourquoi existes-tu puisque je suis là ?
L'amitié lui répond : Pour amener un sourire là ou tu as laissé des larmes."
Pour sa première réalisation, Alex Lehmann aborde la comédie romantique avec un budget très limité. Oeuvre indépendante tournée en noir et blanc durant 1 semaine de tournage avec uniquement en vedettes deux acteurs (si on écarte les 10 premières minutes), Blue Jay s'inscrit dans un cinéma vérité de par son authenticité émotionnelle sans fard que le casting nous retransmet avec une intensité vertigineuse. Outre le soin de sa mise en scène (notamment à travers la plénitude de la nature si flegmatique), la précision de sa bande-son (notamment lors des silences les plus placides), la sérénité de sa BO et l'épure de sa photo monochrome, Blue Jay est donc transfiguré par le duo scintillant Mark Duplass / Sarah Paulson (révélée par la série American Horror Story) incarnant avec une spontanéité fulgurante les amants infortunés d'une romance galvaudée.
Le récit nous relatant leur inopinée retrouvaille après 20 ans d'absence, et ce le temps d'une journée élégiaque à se remémorer certains souvenirs en toute improvisation. Romance intimiste traitée avec autant de pudeur que d'éclairs de fraîcheur (la soirée "déjantée" autour d'une danse de rap), Blue Jay nous immerge dans les psychés des amants éperdus avec un réalisme capiteux eu égard du jeu expansif du duo sentimental en perte de repère. Le réalisateur prenant soin au fil de leur aparté et confidences parentales à y capter l'humanité de leur expression (l'échange des regards complices s'avère parfois bouleversant quand l'amitié renoue avec l'amour) en tenant compte au terme des tenants et aboutissants de leur échec sentimental. Et donc à travers leur déception commune d'être passés à côté d'une liaison amoureuse autrement exaltante, Alex Lehmann amorce les thèmes de l'immaturité et de la culpabilité paternelle auprès des couples juvéniles tiraillés entre la passion des sentiments et le désagrément de la responsabilité filiale.
"L'une des plus grandes douleurs est d'aimer une personne que tu ne peux pas avoir."
Instant vérité d'émotions candides et de fraîcheur fringantes par le biais d'une désillusion amoureuse, Blue Jay dégage une sensibilité résolument ténue et charmante grâce à l'alchimie amoureuse que forment Mark Duplass et surtout Sarah Paulson communément habités par leurs états d'âme fébriles, nostalgiques et torturés, et ce à travers leur disparité caractérielle. La finalité du récit aussi bien douloureux que conciliant (ni happy-end, ni bad-end) nous interrogeant sur les lourdes conséquences de nos actes immatures lorsque le destin nous offrait l'opportunité de cristalliser l'amour de sa vie. Le récit plein de fragilité, d'émotions bipolaires et de vitalité d'esprit suscitant chez nous l'envie de renouer avec un amour de jeunesse, voir de rester attentif à l'éventuelle rencontre d'une inconnue entrevue au coin d'une rue.
Dédicace à Frederic Serbource.
* Gaïus
jeudi 19 juillet 2018
TULLY
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Jason Reitman. 2018. 1h36. Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Mark Duplass, Ron Livingston, Emily Haine, Elaine Tan.
Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 4 Mai 2018
FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 octobre 1977 à Montréal. 2005 : Thank You for Smoking. 2007 : Juno. 2009 : In the Air. 2011 : Young Adult. 2013 : Last Days of Summer. 2014 : Men, Women and Children. 2018 : Tully. 2018 : The Front Runner.
Juno, In the Air, Young adult, Last days of summer... Jason Reitman enchaîne les réussites à un rythme métronomique, ou tout du moins il ne laisse pas indifférent par son habile faculté à nous retransmettre une émotion épurée jamais démonstrative. Si bien qu'avec Tully, j'oserai même prétendre qu'il se transcende à dépeindre sans effet de manche, car de manière résolument prude, le portrait intimiste d'une mère de famille dépassée par son rôle maternel à la suite d'une troisième naissance. Puis un beau jour, et en dépit de sa réticence, elle se décide d'engager une assistante de nuit afin de se libérer de son désagrément, voir notamment de son épuisement physique. C'est alors que la jeune baby-sitter parvient à lui redonner goût à la vie à travers leurs apartés existentiels fondés sur l'avancement de l'âge (et donc le regret du passé libertaire), l'atavisme de la vieillesse, l'appétence sexuelle et la soif de liberté. Dit comme cela, on pourrait songer à une énième comédie bonnard aux thèmes universels tant éculés, notamment auprès de la filmo du réal himself si je me réfère à Young Adult, toujours incarné par Charlize Theron.
Seulement Jason Reitman possède suffisamment de caractère, d'ambition (sa mise en scène est pleine de tact et d'invention, le montage parfois même elliptique, à l'instar de la bande originale de Cindy Lauper qu'écoutent intégralement nos héroïnes en voiture pour y suggérer la durée temporelle de leur trajet) afin d'y imprimer sa personnalité avec une humilité étonnamment poignante (pour ne pas dire franchement bouleversante au final). Si bien que le spectateur se laisse sensiblement happer dans la banalité quotidienne des deux héroïnes avec une trouble acuité. Dans le sens où aux moments intimes les plus fortuits, l'émotion perce lestement à travers l'échange des sobres regards, la douceur des mots, leur flegme complicité, la fantaisie de certains actes (leur virée nocturne en ébriété, le fameux numéro érotique improvisé auprès de son époux) et la contrariété de leurs âmes (principalement cette mélancolie aigre-douce de regretter un passé juvénile). Et ce sans jamais verser dans un patho plombant que le duo Charlize Theron / Mackenzie Davis relève haut la main, entre tendresse fragile, chaleur humaine et petite rancune. Jason Reitman dirigeant à merveille ses interprètes avec une humilité pleine de retenue, tant auprès des non-dits que des expressions candides des regards complices.
Témoignant bouleversant d'une mère de famille en proie aux affres de la solitude, au doute, à la crainte de ne plus être chéri et à la peur de ne plus séduire, faute d'absence d'attention et de communication (l'époux est docile, timoré, introverti), Tully frappe juste et fort à travers son innocente émotion qu'on ne voit jamais arriver si bien que sa conclusion laconique d'une surprenante pudeur finit par nous ébranler le coeur avec une intensité à corps perdu. Une oeuvre magnifique donc qui laisse des traces dans l'encéphale parce qu'elle s'adresse aussi directement à notre propre psyché à travers l'identité anxiogène de Charlize Theron en remise en question existentielle, familiale et maternelle.
* Gaïus
de Jason Reitman. 2018. 1h36. Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Mark Duplass, Ron Livingston, Emily Haine, Elaine Tan.
Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 4 Mai 2018
FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 octobre 1977 à Montréal. 2005 : Thank You for Smoking. 2007 : Juno. 2009 : In the Air. 2011 : Young Adult. 2013 : Last Days of Summer. 2014 : Men, Women and Children. 2018 : Tully. 2018 : The Front Runner.
Juno, In the Air, Young adult, Last days of summer... Jason Reitman enchaîne les réussites à un rythme métronomique, ou tout du moins il ne laisse pas indifférent par son habile faculté à nous retransmettre une émotion épurée jamais démonstrative. Si bien qu'avec Tully, j'oserai même prétendre qu'il se transcende à dépeindre sans effet de manche, car de manière résolument prude, le portrait intimiste d'une mère de famille dépassée par son rôle maternel à la suite d'une troisième naissance. Puis un beau jour, et en dépit de sa réticence, elle se décide d'engager une assistante de nuit afin de se libérer de son désagrément, voir notamment de son épuisement physique. C'est alors que la jeune baby-sitter parvient à lui redonner goût à la vie à travers leurs apartés existentiels fondés sur l'avancement de l'âge (et donc le regret du passé libertaire), l'atavisme de la vieillesse, l'appétence sexuelle et la soif de liberté. Dit comme cela, on pourrait songer à une énième comédie bonnard aux thèmes universels tant éculés, notamment auprès de la filmo du réal himself si je me réfère à Young Adult, toujours incarné par Charlize Theron.
Seulement Jason Reitman possède suffisamment de caractère, d'ambition (sa mise en scène est pleine de tact et d'invention, le montage parfois même elliptique, à l'instar de la bande originale de Cindy Lauper qu'écoutent intégralement nos héroïnes en voiture pour y suggérer la durée temporelle de leur trajet) afin d'y imprimer sa personnalité avec une humilité étonnamment poignante (pour ne pas dire franchement bouleversante au final). Si bien que le spectateur se laisse sensiblement happer dans la banalité quotidienne des deux héroïnes avec une trouble acuité. Dans le sens où aux moments intimes les plus fortuits, l'émotion perce lestement à travers l'échange des sobres regards, la douceur des mots, leur flegme complicité, la fantaisie de certains actes (leur virée nocturne en ébriété, le fameux numéro érotique improvisé auprès de son époux) et la contrariété de leurs âmes (principalement cette mélancolie aigre-douce de regretter un passé juvénile). Et ce sans jamais verser dans un patho plombant que le duo Charlize Theron / Mackenzie Davis relève haut la main, entre tendresse fragile, chaleur humaine et petite rancune. Jason Reitman dirigeant à merveille ses interprètes avec une humilité pleine de retenue, tant auprès des non-dits que des expressions candides des regards complices.
Témoignant bouleversant d'une mère de famille en proie aux affres de la solitude, au doute, à la crainte de ne plus être chéri et à la peur de ne plus séduire, faute d'absence d'attention et de communication (l'époux est docile, timoré, introverti), Tully frappe juste et fort à travers son innocente émotion qu'on ne voit jamais arriver si bien que sa conclusion laconique d'une surprenante pudeur finit par nous ébranler le coeur avec une intensité à corps perdu. Une oeuvre magnifique donc qui laisse des traces dans l'encéphale parce qu'elle s'adresse aussi directement à notre propre psyché à travers l'identité anxiogène de Charlize Theron en remise en question existentielle, familiale et maternelle.
* Gaïus
mercredi 18 juillet 2018
LA FILLE EN LAISSE
Photo empruntée sur Google, appartenant au site i.pinimg.com
"Pets / Sessoribelle" de Raphael Nussbaum. 1974. U.S.A. 1h42. Avec Candice Rialson, Ed Bishop, Joan Blackman, Teri Guzman, Brett Parker...
Sortie salles U.S: Février 1974
FILMOGRAPHIE: Raphael Nussbaum est un réalisateur, scénariste et producteur allemand, né le 7 Decembre 1931, décédé le 23 Février 1993 en Californie. 1989: Speak of the Devil. 1988 Private Road: No Trespassing (Video). 1987 W.A.R.: Women Against Rape. 1976 The Amorous Adventures of Don Quixote and Sancho Panza. 1973 Pets. 1968 Kommando Sinai. 1963 Der Unsichtbare. 1962 Vom Zaren bis zu Stalin (Documentary). 1960 Sables brûlants.
Pur produit d'exploitation symptomatique des films de Drive-in originaires des Seventies, La Fille en laisse (Femme en cage aurait été idoine !) demeure un sympathique divertissement dans son alliage hybride d'érotisme soft, de thriller gothique et de comédie polissonne. Après avoir échappée à son compagnon abusif et avoir failli être violée par une bande de blacks, Bonnie se lie d'amitié avec Pat, une afro-américaine rencontrée le lendemain de son agression. D'un commun accord, et après avoir été prises en stop par un jogger, elles décident de le kidnapper en guise de rançon. Torturé par Pat qui parvient à lui soutirer les clefs de sa demeure afin de dérober son argent, l'individu profite de son absence pour supplier à Bonnie de le laisser en vie. C'est alors que celle-ci, gagnée par sa soif d'indépendance, de revanche et de sexe, décide de le violer. Ah ah ah ! Tant mieux pour lui me direz vous ! Voici donc le condensé de sa première partie exploitant tous azimuts séquences d'humiliations plutôt dociles, sévices timorés, streap-tease aguicheur et viol sans brutalité sous l'impulsion ardente de Candice Rialson illuminant l'écran de sa fraîcheur charnelle.
Rareté bonnard fleurant bon le Grindhouse avec un second degré badin, farce underground militant pour l'émancipation féminine, La Fille en laisse (il fallait oser un titre aussi librement racoleur que l'on croirait estampillé X !) est à découvrir pour tous les amateurs de curiosité barrée, notamment auprès de son dernier acte phallocrate donnant tout son sens à son titre (légèrement) fallacieux.
Remerciement à Cine-bis-art
* Gaïus
"Pets / Sessoribelle" de Raphael Nussbaum. 1974. U.S.A. 1h42. Avec Candice Rialson, Ed Bishop, Joan Blackman, Teri Guzman, Brett Parker...
Sortie salles U.S: Février 1974
FILMOGRAPHIE: Raphael Nussbaum est un réalisateur, scénariste et producteur allemand, né le 7 Decembre 1931, décédé le 23 Février 1993 en Californie. 1989: Speak of the Devil. 1988 Private Road: No Trespassing (Video). 1987 W.A.R.: Women Against Rape. 1976 The Amorous Adventures of Don Quixote and Sancho Panza. 1973 Pets. 1968 Kommando Sinai. 1963 Der Unsichtbare. 1962 Vom Zaren bis zu Stalin (Documentary). 1960 Sables brûlants.
Pur produit d'exploitation symptomatique des films de Drive-in originaires des Seventies, La Fille en laisse (Femme en cage aurait été idoine !) demeure un sympathique divertissement dans son alliage hybride d'érotisme soft, de thriller gothique et de comédie polissonne. Après avoir échappée à son compagnon abusif et avoir failli être violée par une bande de blacks, Bonnie se lie d'amitié avec Pat, une afro-américaine rencontrée le lendemain de son agression. D'un commun accord, et après avoir été prises en stop par un jogger, elles décident de le kidnapper en guise de rançon. Torturé par Pat qui parvient à lui soutirer les clefs de sa demeure afin de dérober son argent, l'individu profite de son absence pour supplier à Bonnie de le laisser en vie. C'est alors que celle-ci, gagnée par sa soif d'indépendance, de revanche et de sexe, décide de le violer. Ah ah ah ! Tant mieux pour lui me direz vous ! Voici donc le condensé de sa première partie exploitant tous azimuts séquences d'humiliations plutôt dociles, sévices timorés, streap-tease aguicheur et viol sans brutalité sous l'impulsion ardente de Candice Rialson illuminant l'écran de sa fraîcheur charnelle.
L'actrice s'exhibant tantôt demi nue, tantôt en tenue légère (jarretelles en sus) avec une décontraction pleinement assumée. La seconde partie, toujours aussi niaise et cocasse à travers ses situations gentiment improbables (Bonnie hébergée par une étrangère au moment de chaparder une pomme dans un marché, le kidnappeur finissant dans le lit de cette dernière en guise de compensation sexuelle), continue d'exploiter avec une dérision toute frugale les vicissitudes de l'insolente Bonnie abordant des rencontres aléatoires férues d'autorité et de soumission. Et ce afin de distraire le spectateur voyeur et de nous réserver un cocktail de séquences saphiques auprès d'une lesbienne possessive et d'échanges SM auprès d'un misogyne sévèrement dérangé du bulbe (Ed Bishop tout à fait charismatique en magnat cossu au regard implicitement pervers). Superbement photographié à travers des nuances flamboyantes et étonnamment soigné au niveau de ses images oniriques (coucher de soleil envoûtant sur la berge), voir également auprès de ses décors gothiques (la dernière partie confinée dans un manoir), La Fille en laisse ne cède jamais à l'ennui tant Raphael Nussbaum parvient à maîtriser le second degré des situations (limite grotesques) avec une décontraction en roue libre. Le climat insouciant, gentiment polisson, étant notamment renforcé du jeu ironique (limite semi-parodique parfois) des comédiens se prêtant aimablement au jeu de l'obédience / soumission (sachant que les rôles s'inversent) avec une provocation distanciée.
Rareté bonnard fleurant bon le Grindhouse avec un second degré badin, farce underground militant pour l'émancipation féminine, La Fille en laisse (il fallait oser un titre aussi librement racoleur que l'on croirait estampillé X !) est à découvrir pour tous les amateurs de curiosité barrée, notamment auprès de son dernier acte phallocrate donnant tout son sens à son titre (légèrement) fallacieux.
Remerciement à Cine-bis-art
* Gaïus
lundi 16 juillet 2018
A LA POURSUITE DE RICKY BAKER
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Hunt for the Wilderpeople" de Taika Waititi. 2016. Nouvelle-Zélande. Avec Sam Neill, Julian Dennison, Rima Te Wiata, Rachel House, Rhys Darby, Oscar Kightley, Tioreore Ngatai-Melbourne.
Sortie France uniquement en Dvd 5 Juin 2018. Salles: Nouvelle-Zélande: 31 Mars 2016
FILMOGRAPHIE: Taika Waititi est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur néo-zélandais, né le 16 Août 1975. 2002: John and Pogo. 2004: Two Cars, One Night. 2004: Heinous Crime. 2005: Tama Tu. 2007: A chacun sa chacune. 2008: Cinema 16: World Short Films. 2010: Boy. 2014: What we do in the Shadows. 2016: A la poursuite de Ricky Baker. 2017 : Thor: Ragnarok.
Une comédie intimiste super sympa due à la personnalité anti-conventionnelle du génial auteur de Vampire en toute intimité (what we do in the shadow) et au duo antinomique Sam Neill (en chasseur bourru) / Julian Dennison (en jeune maori rebelle) cheminant communément une initiation amicale à travers les magnifiques végétations néo-zélandaises. Leurs pérégrinations marginales toujours improvisées s'inscrivant dans une idéologie libertaire aussi bien mélancolique qu'exaltante. On apprécie enfin sa partition électro étrangement symptomatique des années 80 !
* Gaïus
"Hunt for the Wilderpeople" de Taika Waititi. 2016. Nouvelle-Zélande. Avec Sam Neill, Julian Dennison, Rima Te Wiata, Rachel House, Rhys Darby, Oscar Kightley, Tioreore Ngatai-Melbourne.
Sortie France uniquement en Dvd 5 Juin 2018. Salles: Nouvelle-Zélande: 31 Mars 2016
FILMOGRAPHIE: Taika Waititi est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur néo-zélandais, né le 16 Août 1975. 2002: John and Pogo. 2004: Two Cars, One Night. 2004: Heinous Crime. 2005: Tama Tu. 2007: A chacun sa chacune. 2008: Cinema 16: World Short Films. 2010: Boy. 2014: What we do in the Shadows. 2016: A la poursuite de Ricky Baker. 2017 : Thor: Ragnarok.
Une comédie intimiste super sympa due à la personnalité anti-conventionnelle du génial auteur de Vampire en toute intimité (what we do in the shadow) et au duo antinomique Sam Neill (en chasseur bourru) / Julian Dennison (en jeune maori rebelle) cheminant communément une initiation amicale à travers les magnifiques végétations néo-zélandaises. Leurs pérégrinations marginales toujours improvisées s'inscrivant dans une idéologie libertaire aussi bien mélancolique qu'exaltante. On apprécie enfin sa partition électro étrangement symptomatique des années 80 !
* Gaïus
samedi 14 juillet 2018
TOUT LE MONDE DEBOUT
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Franck dubosc. 2018. France. 1h47. Avec Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein, Caroline Anglade, Laurent Bateau, Claude Brasseur, François-Xavier Demaison.
Sortie salles France: 14 Mars 2018
FILMOGRAPHIE: Franck Dubosc, né le 7 novembre 1963 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), est un humoriste et acteur français. 2018: Tout le monde debout.
Souvent taxé par les critiques bien pensantes de comédien de pacotille à travers ses comédies populaires bon marché (la trilogie Camping, Disco, Boule et Bill 1 et 2, etc...), Franck Dubosc aurait peut-être décidé de prendre sa revanche contre ses détracteurs avec Tout le monde debout. Tant et si bien qu'il relève la gageure de passer devant et derrière la caméra avec une ambition étonnamment inspirée eut égard du soin de la mise en scène où rien n'est laissé au hasard, comme le confirme notamment son design esthétique taillé dans l'élégance (magnifique éclairages de l'architecture urbaine de Prague) et d'une étude de caractères finement brossée sous le pilier de personnages non dupes. Et le miracle de se produire car Tout le monde debout transfigure la comédie romantique sous l'impulsion du duo Franck Dubosc / Alexandra Lamy irradiant l'écran de leur accointances sentimentale de la 1ère à l'ultime seconde. Le pitch tour à tour cocasse et espiègle nous narre les tribulations d'un séducteur invétéré, Jocelyn, homme d'affaire dénué de vergogne lorsqu'il s'agit d'accoster une nouvelle proie, sa voisine de palier en lui faisant croire qu'il est infirme. Seulement, un beau jour, elle lui propose de rencontrer sa soeur Florence, une paraplégique plutôt radieuse et éloquente. Et donc, afin de mieux la séduire, il continue de se faire passer pour un handicapé jusqu'au jour où il en tombe amoureux. Hanté d'appréhension et de lâcheté, il retarde incessamment sa résolution de lui avouer la vérité en dépit des conseils avisés de sa secrétaire entêtée et de Max, son ami praticien.
Pétillant, féerique, exaltant, passionné, guilleret, féru de charme, de fraîcheur et de drôlerie, Tout le monde debout se déguste à l'instar d'une coupe de champagne comme le cinéma français n'ose plus en produire. Profondément humain, tendre et intelligent car jamais racoleur et encore moins moralisateur lorsqu'il s'agit de prôner un hymne à la différence à travers une liaison amoureuse extravertie que Dubosc, acteur, et Lamy communiquent avec tact et élégance fusionnels, Tout le monde debout télescope au fil de leur périple romantique rire et larme avec une sincérité intarissable. Le duo incroyablement expressif nous immergeant dans leur dérive sentimentale avec une vérité mise à nu, et ce sans céder aux sirènes d'une émotion programmée si bien que Dubosc jamais avare d'inventions (la piscine customisée) et de revirements (le double jeu de Florence !) relance sans cesse les audiences et bévues amoureuses avec une efficacité en roue libre ! Notamment dans son étonnante capacité à capter avec pudeur les sentiments de ces personnages, tant auprès des silences entre les mots que des réparties fougueuses ou autrement réservées que se partagent le duo singulier. Ajoutez également autour de leurs jeux de drague improvisés d'épatants seconds-rôles (l'irrésistible Elsa Zylberstein en secrétaire névrosée, Gérard Darmon en chirurgien prévenant) se prêtant au jeu du simulacre (feindre en dernier recours et d'un commun accord la condition estropiée de Jocelyn) avec une drôlerie parfois hilarante (principalement Zylberstein en célibataire borderline en diable !). Sans compter l'émouvante participation du grand (et si rare) Claude Brasseur en paternel sclérosé à la fois égoïste, gaillard et impudent.
A travers son hommage plein d'humilité aux infirmes nous prodiguant sans une once de pathos une leçon de vie, et à travers sa réflexion sur la solitude existentielle, le refus de grandir et la quête désespérée de cueillir l'Amour, Tout le monde debout nous frappe droit au coeur avec une émotion vertigineuse (les mouchoirs sont de rigueur à plusieurs reprises, notamment lors de sa dernière image iconique !). Et donc en prime de s'être surpasser face caméra (il s'agit du rôle de sa carrière !), Franck Dubosc a immortalisé de son empreinte son premier essai si bien qu'il s'agit de la meilleure comédie que le cinéma français nous ait offert depuis ces dernières années.
* Gaïus
Box Office France: 2 221 367 entrées
« Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela. D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? C’est une vision du futur un peu compliquée, certes. Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film1. »
— Franck Dubosc
de Franck dubosc. 2018. France. 1h47. Avec Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein, Caroline Anglade, Laurent Bateau, Claude Brasseur, François-Xavier Demaison.
Sortie salles France: 14 Mars 2018
FILMOGRAPHIE: Franck Dubosc, né le 7 novembre 1963 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), est un humoriste et acteur français. 2018: Tout le monde debout.
Souvent taxé par les critiques bien pensantes de comédien de pacotille à travers ses comédies populaires bon marché (la trilogie Camping, Disco, Boule et Bill 1 et 2, etc...), Franck Dubosc aurait peut-être décidé de prendre sa revanche contre ses détracteurs avec Tout le monde debout. Tant et si bien qu'il relève la gageure de passer devant et derrière la caméra avec une ambition étonnamment inspirée eut égard du soin de la mise en scène où rien n'est laissé au hasard, comme le confirme notamment son design esthétique taillé dans l'élégance (magnifique éclairages de l'architecture urbaine de Prague) et d'une étude de caractères finement brossée sous le pilier de personnages non dupes. Et le miracle de se produire car Tout le monde debout transfigure la comédie romantique sous l'impulsion du duo Franck Dubosc / Alexandra Lamy irradiant l'écran de leur accointances sentimentale de la 1ère à l'ultime seconde. Le pitch tour à tour cocasse et espiègle nous narre les tribulations d'un séducteur invétéré, Jocelyn, homme d'affaire dénué de vergogne lorsqu'il s'agit d'accoster une nouvelle proie, sa voisine de palier en lui faisant croire qu'il est infirme. Seulement, un beau jour, elle lui propose de rencontrer sa soeur Florence, une paraplégique plutôt radieuse et éloquente. Et donc, afin de mieux la séduire, il continue de se faire passer pour un handicapé jusqu'au jour où il en tombe amoureux. Hanté d'appréhension et de lâcheté, il retarde incessamment sa résolution de lui avouer la vérité en dépit des conseils avisés de sa secrétaire entêtée et de Max, son ami praticien.
Pétillant, féerique, exaltant, passionné, guilleret, féru de charme, de fraîcheur et de drôlerie, Tout le monde debout se déguste à l'instar d'une coupe de champagne comme le cinéma français n'ose plus en produire. Profondément humain, tendre et intelligent car jamais racoleur et encore moins moralisateur lorsqu'il s'agit de prôner un hymne à la différence à travers une liaison amoureuse extravertie que Dubosc, acteur, et Lamy communiquent avec tact et élégance fusionnels, Tout le monde debout télescope au fil de leur périple romantique rire et larme avec une sincérité intarissable. Le duo incroyablement expressif nous immergeant dans leur dérive sentimentale avec une vérité mise à nu, et ce sans céder aux sirènes d'une émotion programmée si bien que Dubosc jamais avare d'inventions (la piscine customisée) et de revirements (le double jeu de Florence !) relance sans cesse les audiences et bévues amoureuses avec une efficacité en roue libre ! Notamment dans son étonnante capacité à capter avec pudeur les sentiments de ces personnages, tant auprès des silences entre les mots que des réparties fougueuses ou autrement réservées que se partagent le duo singulier. Ajoutez également autour de leurs jeux de drague improvisés d'épatants seconds-rôles (l'irrésistible Elsa Zylberstein en secrétaire névrosée, Gérard Darmon en chirurgien prévenant) se prêtant au jeu du simulacre (feindre en dernier recours et d'un commun accord la condition estropiée de Jocelyn) avec une drôlerie parfois hilarante (principalement Zylberstein en célibataire borderline en diable !). Sans compter l'émouvante participation du grand (et si rare) Claude Brasseur en paternel sclérosé à la fois égoïste, gaillard et impudent.
A travers son hommage plein d'humilité aux infirmes nous prodiguant sans une once de pathos une leçon de vie, et à travers sa réflexion sur la solitude existentielle, le refus de grandir et la quête désespérée de cueillir l'Amour, Tout le monde debout nous frappe droit au coeur avec une émotion vertigineuse (les mouchoirs sont de rigueur à plusieurs reprises, notamment lors de sa dernière image iconique !). Et donc en prime de s'être surpasser face caméra (il s'agit du rôle de sa carrière !), Franck Dubosc a immortalisé de son empreinte son premier essai si bien qu'il s'agit de la meilleure comédie que le cinéma français nous ait offert depuis ces dernières années.
* Gaïus
Box Office France: 2 221 367 entrées
« Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela. D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? C’est une vision du futur un peu compliquée, certes. Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film1. »
— Franck Dubosc
vendredi 13 juillet 2018
SPASMO
Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr
de Umberto Lenzi. 1974. 1h34. Italie. Avec Robert Hoffmann, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Adolfo Lastretti, Monica Monet
Sortie salles Italie: 16 Février 1974
FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne. 1969: Orgasmo. 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.
Ayant déjà préalablement oeuvré à 4 reprises dans le giallo (Orgasmo, Si douces, si perverses, Paranoia, Le Tueur à l'orchidée), Umberto Lenzi poursuit le genre avec Spasmo réalisé en 1974. Plus proche d'un thriller parano que du Giallo à proprement parler, Spasmo relate l'odyssée schizophrène de Christian, un industriel pris dans les mailles d'une perverse machination parmi la complicité de charmantes et vénéneuses beautés italiennes. Ce dernier étant amené à côtoyer des personnages interlopes entre 2/3 visions irréelles, à l'instar d'un tueur mystérieusement disparu après avoir été mortellement blessé par Christian. Et le tueur de persévérer son harcèlement pour un mobile que nous ne connaîtrons qu'à partir de la dernière demi-heure fertile en rebondissements. Notamment auprès d'une bobine super 8 illustrant des enfants terriblement expressifs, surtout si je me réfère aux yeux bleus perçants de Christian résolument ensorcelant dans son expression figée ! Une des séquences les plus fortes par son pouvoir évocateur eut égard du poids dramatique qu'on nous suggère lentement sous nos yeux.
Transcendé par l'interprétation habitée de Robert Hoffmann criant de vérité en victime borderline en proie à la persécution morale, Spasmo déroute et fascine à la fois à travers son intrigue ramifiée volontairement nébuleuse afin de mieux nous perdre dans le dédale d'un esprit dérangé. Umberto Lenzi s'efforçant de nous faire ressentir la psychose de Christian grâce au jeu expressif de son acteur souvent empathique dans sa posture fragile, notamment lorsqu'il saisit en toute discrétion les tenants et aboutissants du fameux complot lors d'une conversation tenue secrète. Et donc à travers le thème de la folie héréditaire, Spasmo nous plonge dans un cauchemar anxiogène semé de séquences troubles et baroques (notamment ces mannequins de femmes disposées en intermittence aux 4 coins de la nature) à travers la rivalité de deux frères mutuellement rongés par la rancoeur d'un passé aussi inéquitable que traumatique. Le film esthétiquement soigné auprès de sa photo épurée amplifiant sa facture irréelle parmi la contribution d'Ennio Morricone épris d'une discrète mélodie.
Cruel, baroque et étrangement trouble par son climat d'angoisse dérangée surfant avec la désillusion, Spasmo met en exergue une douloureuse descente aux enfers psychotique qu'Umberto Lenzi s'efforce pour autant d'humaniser à travers la caractérisation fébrile de victimes incurables. Fascinant et terriblement pessimiste.
* Gaïus
2èx
de Umberto Lenzi. 1974. 1h34. Italie. Avec Robert Hoffmann, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Adolfo Lastretti, Monica Monet
Sortie salles Italie: 16 Février 1974
FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne. 1969: Orgasmo. 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.
Ayant déjà préalablement oeuvré à 4 reprises dans le giallo (Orgasmo, Si douces, si perverses, Paranoia, Le Tueur à l'orchidée), Umberto Lenzi poursuit le genre avec Spasmo réalisé en 1974. Plus proche d'un thriller parano que du Giallo à proprement parler, Spasmo relate l'odyssée schizophrène de Christian, un industriel pris dans les mailles d'une perverse machination parmi la complicité de charmantes et vénéneuses beautés italiennes. Ce dernier étant amené à côtoyer des personnages interlopes entre 2/3 visions irréelles, à l'instar d'un tueur mystérieusement disparu après avoir été mortellement blessé par Christian. Et le tueur de persévérer son harcèlement pour un mobile que nous ne connaîtrons qu'à partir de la dernière demi-heure fertile en rebondissements. Notamment auprès d'une bobine super 8 illustrant des enfants terriblement expressifs, surtout si je me réfère aux yeux bleus perçants de Christian résolument ensorcelant dans son expression figée ! Une des séquences les plus fortes par son pouvoir évocateur eut égard du poids dramatique qu'on nous suggère lentement sous nos yeux.
Transcendé par l'interprétation habitée de Robert Hoffmann criant de vérité en victime borderline en proie à la persécution morale, Spasmo déroute et fascine à la fois à travers son intrigue ramifiée volontairement nébuleuse afin de mieux nous perdre dans le dédale d'un esprit dérangé. Umberto Lenzi s'efforçant de nous faire ressentir la psychose de Christian grâce au jeu expressif de son acteur souvent empathique dans sa posture fragile, notamment lorsqu'il saisit en toute discrétion les tenants et aboutissants du fameux complot lors d'une conversation tenue secrète. Et donc à travers le thème de la folie héréditaire, Spasmo nous plonge dans un cauchemar anxiogène semé de séquences troubles et baroques (notamment ces mannequins de femmes disposées en intermittence aux 4 coins de la nature) à travers la rivalité de deux frères mutuellement rongés par la rancoeur d'un passé aussi inéquitable que traumatique. Le film esthétiquement soigné auprès de sa photo épurée amplifiant sa facture irréelle parmi la contribution d'Ennio Morricone épris d'une discrète mélodie.
Cruel, baroque et étrangement trouble par son climat d'angoisse dérangée surfant avec la désillusion, Spasmo met en exergue une douloureuse descente aux enfers psychotique qu'Umberto Lenzi s'efforce pour autant d'humaniser à travers la caractérisation fébrile de victimes incurables. Fascinant et terriblement pessimiste.
* Gaïus
2èx
jeudi 12 juillet 2018
PRIVATE PARTS
Photo empruntée sur Google, appartenant au site lupanarsvisions.blogspot.com
de Paul Bartel. 1972. U.S.A. 1h27. Avec Ayn Ruymen, Lucille Benson, John Ventantonio, Laurie Main, Stanley Livingston, Charles Woolf.
Sortie salles U.S: Septembre 1972.
FILMOGRAPHIE: Paul Bartel est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 6 août 1938 à Brooklyn, New York, et décédé le 13 mai 2000 à New York (États-Unis). 1968: The Secret Cinema (court-métrage). 1969: Naughty Nurse (court métrage). 1972: Private Parts. 1975: La Course à la mort de l'an 2000. 1976: Cannonball ! 1982 : Eating Raoul. 1984: Not for Publication. 1985: Lust in the Dust. 1986 : Les Bons tuyaux. 1989 : Scenes from the Class Struggle in Beverly Hills. 1993: Shelf Life.
Bien connu des amateurs de ciné Bis si je me réfère aux fameux Seigneurs de la Route, Cannonball et Eating Raoul, Paul Bartel fut également signataire de Private Parts, une première réalisation malencontreusement inédite sur notre territoire. Ovni inclassable dans son alliage de suspense, thriller horrifique et comédie caustique, Private Parts mélange efficacement les genres autour des va-et-vient de marginaux à la fois attachants et extravagants. Paul Bartel, plutôt inspiré à cultiver en interne du récit un climat d'inquiétude sous-jacent, nous retraçant l'initiation lubrique d'une jeune fille de 19 ans réfugiée dans l'hôtel de sa tante au lendemain d'une dispute avec sa colocataire. Chapardeuse, fureteuse et voyeuse autour des agissements interlopes d'une foule de locataires marginaux, Cheryl se laisse séduire par un photographe introverti plutôt sensible au charme de donzelles dénudées. Toujours plus attirée par l'interdit et dangereusement naïve en dépit des avertissements de sa tante, elle scrute chaque chambre de l'hôtel avec l'ardent désir de jouer avec le feu.
Grâce au charisme saillant des comédiens incarnant un jeu extraverti limite parodique (notamment l'illustre Lucille Benson en tante bipolaire !), Private Parts se savoure tel un bonbon acidulé sous l'impulsion d'une héroïne impudente avide de curiosité et de découvertes en tous genres. Ayn Ruymen irradiant l'écran de son physique poupon avec une fraîche spontanéité, notamment lorsqu'elle arpente, entre appréhension et excitation, chaque chambre de l'hôtel. Outre ses séquences burlesques assez inventives et déjantées (le sort du rat), l'intrigue davantage ombrageuse est entrebâillée d'étonnantes séquences chocs qu'on ne voit jamais venir. A l'instar du 1er meurtre étonnamment gore et surtout de l'incroyable expérience onirique tentant de donner vie à une poupée gonflable ! (je n'en dirai pas plus pour préserver l'effet de surprise esthétique !). Bref, tout un programme donc que Paul Bartel fignole avec un souci formel maîtrisé (la topographie "sépia" de l'hôtel est constamment envoûtante par son atmosphère gothique d'où plane l'ombre de Norman Bates !); quand bien même lors de sa dernière partie il ne manque pas de nous fasciner auprès du profil torturé du photographe en proie à une solitude névrotique. John Ventantonio s'avérant tout à fait convaincant dans sa posture ambiguë de voyeur à double personnalité si bien que Paul Bartel ne manque pas d'idées débridées pour parfaire sa résolution macabre lors d'un final en trompe-l'oeil inscrit dans le sarcasme.
Excellente (pochette) surprise que cette série B impertinente oscillant les genres avec une étonnante communion, Private Parts séduit et amuse sans racolage. De par sa galerie de personnages fantasques et l'efficacité de sa dérision horrifique constamment captivante.
* Gaïus
Remerciement à Lupanars Airlines ^^
de Paul Bartel. 1972. U.S.A. 1h27. Avec Ayn Ruymen, Lucille Benson, John Ventantonio, Laurie Main, Stanley Livingston, Charles Woolf.
Sortie salles U.S: Septembre 1972.
FILMOGRAPHIE: Paul Bartel est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 6 août 1938 à Brooklyn, New York, et décédé le 13 mai 2000 à New York (États-Unis). 1968: The Secret Cinema (court-métrage). 1969: Naughty Nurse (court métrage). 1972: Private Parts. 1975: La Course à la mort de l'an 2000. 1976: Cannonball ! 1982 : Eating Raoul. 1984: Not for Publication. 1985: Lust in the Dust. 1986 : Les Bons tuyaux. 1989 : Scenes from the Class Struggle in Beverly Hills. 1993: Shelf Life.
Bien connu des amateurs de ciné Bis si je me réfère aux fameux Seigneurs de la Route, Cannonball et Eating Raoul, Paul Bartel fut également signataire de Private Parts, une première réalisation malencontreusement inédite sur notre territoire. Ovni inclassable dans son alliage de suspense, thriller horrifique et comédie caustique, Private Parts mélange efficacement les genres autour des va-et-vient de marginaux à la fois attachants et extravagants. Paul Bartel, plutôt inspiré à cultiver en interne du récit un climat d'inquiétude sous-jacent, nous retraçant l'initiation lubrique d'une jeune fille de 19 ans réfugiée dans l'hôtel de sa tante au lendemain d'une dispute avec sa colocataire. Chapardeuse, fureteuse et voyeuse autour des agissements interlopes d'une foule de locataires marginaux, Cheryl se laisse séduire par un photographe introverti plutôt sensible au charme de donzelles dénudées. Toujours plus attirée par l'interdit et dangereusement naïve en dépit des avertissements de sa tante, elle scrute chaque chambre de l'hôtel avec l'ardent désir de jouer avec le feu.
Grâce au charisme saillant des comédiens incarnant un jeu extraverti limite parodique (notamment l'illustre Lucille Benson en tante bipolaire !), Private Parts se savoure tel un bonbon acidulé sous l'impulsion d'une héroïne impudente avide de curiosité et de découvertes en tous genres. Ayn Ruymen irradiant l'écran de son physique poupon avec une fraîche spontanéité, notamment lorsqu'elle arpente, entre appréhension et excitation, chaque chambre de l'hôtel. Outre ses séquences burlesques assez inventives et déjantées (le sort du rat), l'intrigue davantage ombrageuse est entrebâillée d'étonnantes séquences chocs qu'on ne voit jamais venir. A l'instar du 1er meurtre étonnamment gore et surtout de l'incroyable expérience onirique tentant de donner vie à une poupée gonflable ! (je n'en dirai pas plus pour préserver l'effet de surprise esthétique !). Bref, tout un programme donc que Paul Bartel fignole avec un souci formel maîtrisé (la topographie "sépia" de l'hôtel est constamment envoûtante par son atmosphère gothique d'où plane l'ombre de Norman Bates !); quand bien même lors de sa dernière partie il ne manque pas de nous fasciner auprès du profil torturé du photographe en proie à une solitude névrotique. John Ventantonio s'avérant tout à fait convaincant dans sa posture ambiguë de voyeur à double personnalité si bien que Paul Bartel ne manque pas d'idées débridées pour parfaire sa résolution macabre lors d'un final en trompe-l'oeil inscrit dans le sarcasme.
Excellente (pochette) surprise que cette série B impertinente oscillant les genres avec une étonnante communion, Private Parts séduit et amuse sans racolage. De par sa galerie de personnages fantasques et l'efficacité de sa dérision horrifique constamment captivante.
* Gaïus
Remerciement à Lupanars Airlines ^^
mercredi 11 juillet 2018
FOLIE MEURTRIERE
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Mio caro assassino/My dear killer" de Tonino Valerii. 1972. Italie. 1h36. Avec George Hilton, Salvo Randone, William Berger, Patty Shepard, Marilù Tolo, Manuel Zarzo.
Sortie salles Italie: 3 Février 1972.
FILMOGRAPHIE: Tonino Valerii est un réalisateur et scénariste italien né le 20 mai 1934 à Montorio al Vomano, décédé le 13 octobre 2016 à Rome. 1966 : Per il gusto di uccidere. 1968 : Le Dernier Jour de la colère. 1969 : Texas. 1970 : Une jeune fille nommée Julien. 1972 : Folie meurtrière. 1972 : La Horde des salopards. 1973 : Mon nom est Personne. 1975 : Vai gorilla. 1977 : Sahara Cross. 1985 : Senza Scrupoli. 1986 : La Sporca insegna del coraggio. 1987 : Sicilian Connection. 1997 : Una vacanza all'inferno. 1997 : Un bel dì vedremo.
Giallo de haute tenue tourné en 72 par l'auteur du Dernier jour de la colère et de Mon nom est personne, Folie Meurtrière captive sans temps mort de par son intrigue littéralement sordide délivrant au compte goutte les tenants et aboutissants d'une ancienne affaire criminelle confrontant une foule de présumés coupables communément interlopes. Si bien que le spectateur quelque peu dissipé au déroulement de l'enquête pourrait parfois s'y perdre, de par sa complexité un brin confuse que l'inspecteur nous détaille avec un bagout volubile selon mon jugement de valeur. Car suite à la décapitation d'un détective d'assurance par une excavatrice, l'inspecteur Luca Peretti parvient à faire remonter à la surface une histoire de rapt infantile ayant mal tournée quelques années plus tôt. Le père et sa fille ayant été retrouvés en état de putréfaction dans un bunker 2 mois après leur disparition.
Mais par la cause d'un indice capital pouvant dévoiler l'identité de l'assassin, ce dernier se résout à éliminer chaque témoin gênant avant que l'inspecteur Peretti ne délie les ficelles d'une machination cupide. Nanti d'une force tranquille et de sûreté en inspecteur retors féru de vérité, George Hilton porte le film sur ses épaules si bien que son omniprésence à l'écran fait mouche dans sa détermination à reconstituer un puzzle crapuleux d'où plane en arrière plan la pédophilie. On s'étonnera d'ailleurs lors d'une brève séquence l'apparition dérangeante d'une fillette entièrement nue face écran. Outre l'acuité de l'intrigue malsaine fertile en rebondissements et entrecoupée de moments d'angoisse atmosphérique (notamment parmi l'habile exploitation de décors rustiques), Folie Meurtrière est saturée d'une violence parfois incisive. A l'instar de l'impressionnante exaction à la scie circulaire ou du tabassage d'un vieillard par un objet sculptural. On peut également relever non sans une certaine ironie macabre une efficace séquence de décapitation à la pelle mécanique en scène d'ouverture.
Un cran au dessus de ses homologues La Queue du Scorpion, Qui l'a vue mourir et le Tueur à l'Orchidée (pour citer 3 brillants succédanés tournés la même période), Folie Meurtrière est à redécouvrir d'urgence tant Tonino Valerii parvient avec une efficacité métronomique à déranger et fasciner sous couvert d'un rapt innommable faisant resurgir la mémoire d'une fillette prodige. Avec la contribution musicale du maestro Ennio Morricone !
* Gaïus
2èx
"Mio caro assassino/My dear killer" de Tonino Valerii. 1972. Italie. 1h36. Avec George Hilton, Salvo Randone, William Berger, Patty Shepard, Marilù Tolo, Manuel Zarzo.
Sortie salles Italie: 3 Février 1972.
FILMOGRAPHIE: Tonino Valerii est un réalisateur et scénariste italien né le 20 mai 1934 à Montorio al Vomano, décédé le 13 octobre 2016 à Rome. 1966 : Per il gusto di uccidere. 1968 : Le Dernier Jour de la colère. 1969 : Texas. 1970 : Une jeune fille nommée Julien. 1972 : Folie meurtrière. 1972 : La Horde des salopards. 1973 : Mon nom est Personne. 1975 : Vai gorilla. 1977 : Sahara Cross. 1985 : Senza Scrupoli. 1986 : La Sporca insegna del coraggio. 1987 : Sicilian Connection. 1997 : Una vacanza all'inferno. 1997 : Un bel dì vedremo.
Giallo de haute tenue tourné en 72 par l'auteur du Dernier jour de la colère et de Mon nom est personne, Folie Meurtrière captive sans temps mort de par son intrigue littéralement sordide délivrant au compte goutte les tenants et aboutissants d'une ancienne affaire criminelle confrontant une foule de présumés coupables communément interlopes. Si bien que le spectateur quelque peu dissipé au déroulement de l'enquête pourrait parfois s'y perdre, de par sa complexité un brin confuse que l'inspecteur nous détaille avec un bagout volubile selon mon jugement de valeur. Car suite à la décapitation d'un détective d'assurance par une excavatrice, l'inspecteur Luca Peretti parvient à faire remonter à la surface une histoire de rapt infantile ayant mal tournée quelques années plus tôt. Le père et sa fille ayant été retrouvés en état de putréfaction dans un bunker 2 mois après leur disparition.
Mais par la cause d'un indice capital pouvant dévoiler l'identité de l'assassin, ce dernier se résout à éliminer chaque témoin gênant avant que l'inspecteur Peretti ne délie les ficelles d'une machination cupide. Nanti d'une force tranquille et de sûreté en inspecteur retors féru de vérité, George Hilton porte le film sur ses épaules si bien que son omniprésence à l'écran fait mouche dans sa détermination à reconstituer un puzzle crapuleux d'où plane en arrière plan la pédophilie. On s'étonnera d'ailleurs lors d'une brève séquence l'apparition dérangeante d'une fillette entièrement nue face écran. Outre l'acuité de l'intrigue malsaine fertile en rebondissements et entrecoupée de moments d'angoisse atmosphérique (notamment parmi l'habile exploitation de décors rustiques), Folie Meurtrière est saturée d'une violence parfois incisive. A l'instar de l'impressionnante exaction à la scie circulaire ou du tabassage d'un vieillard par un objet sculptural. On peut également relever non sans une certaine ironie macabre une efficace séquence de décapitation à la pelle mécanique en scène d'ouverture.
Un cran au dessus de ses homologues La Queue du Scorpion, Qui l'a vue mourir et le Tueur à l'Orchidée (pour citer 3 brillants succédanés tournés la même période), Folie Meurtrière est à redécouvrir d'urgence tant Tonino Valerii parvient avec une efficacité métronomique à déranger et fasciner sous couvert d'un rapt innommable faisant resurgir la mémoire d'une fillette prodige. Avec la contribution musicale du maestro Ennio Morricone !
* Gaïus
2èx
mardi 10 juillet 2018
LE SECRET DES MARROWBONE. Prix Goya du meilleur nouveau réalisateur, 2018.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site zickma.fr
"El secreto de Marrowbone" de Sergio G. Sánchez. 2017. Espagne. 1h50. Avec George MacKay,
Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton, Mia Goth, Matthew Stagg.
Sortie salles France: 7 Mars 2018. Espagne: 27 Octobre 2017.
FILMOGRAPHIE: Sergio G. Sánchez est un réalisateur et scénariste espagnol né en 1973 à Oviedo, Asturias. 2018: Le secret des Marrowbone. 2008: Las manos del pianista (Téléfilm).
"Il ne règne aucun mot d'esprit pour sentencier une réelle maltraitance. Même après condamnation pour maltraitance la dette n'est jamais payée."
Dans la lignée des Autres, l'Echine du Diable, Fragile, le Labyrinthe de Pan, Insensibles et l'Orphelinat, le cinéma ibérique nous offre à nouveau une perle de hantise avec le Secret des Marrowbone injustement reparti bredouille à Gérardmer en dépit de critiques fort enthousiastes. Pour autant, auréolé dans son pays natal du Prix goya du meilleur nouveau réalisateur, Sergio G. Sanchez n'a pas volé son trophée si bien qu'en tant que cinéaste néophyte, ce dernier particulièrement talentueux dans l'art de conter un récit charpenté voue un véritable amour pour le genre. Et ce tout en transplantant intelligemment le drame psychologique à la fois intense et bouleversant dans le cadre codifié du cinéma d'horreur. D'une fulgurance formelle quasi onirique au sein d'une nature champêtre où plane le conte de fée, Le secret des Marrowbone ravit les yeux et le coeur lorsque trois frères et une soeur se résignent à respecter le pacte de rester communément solidaires et ne former plus qu'un depuis la mort précipitée de leur mère. Mais traumatisés par un lourd passé, ces derniers doivent faire face à d'étranges phénomènes inexpliqués potentiellement liés à la disparition de leur père abusif.
Baignant dans un climat de mystère lattent que Sergio G. Sanchez maîtrise avec autant d'attention que de subtilité afin de ne pas précipiter le récit dans les clichés et effets-chocs racoleurs, le Secret des Marrowbone distille d'autant mieux une certaine plénitude en nous familiarisant avec nos protagonistes si désarmés car livrés à eux mêmes. De par la tendre cohésion familiale entamée entre ces 4 orphelins s'efforçant de taire la disparition de leur mère aux citadins, faute de leur jeune âge (ils sont tous âgés de - de 21 ans) et afin de préserver leur nouvelle propriété isolée du village local. Qui plus est, parmi l'arrivée aléatoire d'Allie, ravissante jeune bibliothécaire, Jack, le frère aîné, s'éprend rapidement d'affection pour elle en dépit de la jalousie de son frère Gamelle et d'un jeune notaire. Bref, le récit semé d'interrogations et d'indices en suspens parvient promptement à séduire et à inquiéter de par la profonde humanité des personnages juvéniles pris à parti avec des évènements irrationnels que Sergio Sanchez suggère plus qu'il ne montre. Et ce jusqu'à ce que l'intrigue davantage sombre et perfide ne bifurque dans son dernier acte vers un retournement de situation à la dramaturgie escarpée. Ce nouveau niveau de lecture adoptant dès lors une tournure tragique littéralement bouleversante en abordant avec une sensibilité prude les douloureux thèmes de la maltraitance, de l'innocence scarifiée et du traumatisme.
Les Enfants du Silence
Impeccablement convaincant auprès de son casting juvénile résolument investi dans leur fonction aussi bien soumise qu'héroïque, Le secret des Marrowbone tire-parti de son intensité émotionnelle grâce à sa dimension humaine inévitablement fragile évoluant au fil d'une intrigue criminelle en proie au surnaturel. Conte cruel sur la perte de l'être cher, histoire d'amour pure afin d'accéder à la sérénité, Sergio Sanchez joue subtilement avec les codes du film d'épouvante pour mieux nous ébranler. Entre appréhension et désagrément.
* Gaïus
Clin d'oeil à toi ami Seb ^^
"El secreto de Marrowbone" de Sergio G. Sánchez. 2017. Espagne. 1h50. Avec George MacKay,
Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton, Mia Goth, Matthew Stagg.
Sortie salles France: 7 Mars 2018. Espagne: 27 Octobre 2017.
FILMOGRAPHIE: Sergio G. Sánchez est un réalisateur et scénariste espagnol né en 1973 à Oviedo, Asturias. 2018: Le secret des Marrowbone. 2008: Las manos del pianista (Téléfilm).
"Il ne règne aucun mot d'esprit pour sentencier une réelle maltraitance. Même après condamnation pour maltraitance la dette n'est jamais payée."
Dans la lignée des Autres, l'Echine du Diable, Fragile, le Labyrinthe de Pan, Insensibles et l'Orphelinat, le cinéma ibérique nous offre à nouveau une perle de hantise avec le Secret des Marrowbone injustement reparti bredouille à Gérardmer en dépit de critiques fort enthousiastes. Pour autant, auréolé dans son pays natal du Prix goya du meilleur nouveau réalisateur, Sergio G. Sanchez n'a pas volé son trophée si bien qu'en tant que cinéaste néophyte, ce dernier particulièrement talentueux dans l'art de conter un récit charpenté voue un véritable amour pour le genre. Et ce tout en transplantant intelligemment le drame psychologique à la fois intense et bouleversant dans le cadre codifié du cinéma d'horreur. D'une fulgurance formelle quasi onirique au sein d'une nature champêtre où plane le conte de fée, Le secret des Marrowbone ravit les yeux et le coeur lorsque trois frères et une soeur se résignent à respecter le pacte de rester communément solidaires et ne former plus qu'un depuis la mort précipitée de leur mère. Mais traumatisés par un lourd passé, ces derniers doivent faire face à d'étranges phénomènes inexpliqués potentiellement liés à la disparition de leur père abusif.
Baignant dans un climat de mystère lattent que Sergio G. Sanchez maîtrise avec autant d'attention que de subtilité afin de ne pas précipiter le récit dans les clichés et effets-chocs racoleurs, le Secret des Marrowbone distille d'autant mieux une certaine plénitude en nous familiarisant avec nos protagonistes si désarmés car livrés à eux mêmes. De par la tendre cohésion familiale entamée entre ces 4 orphelins s'efforçant de taire la disparition de leur mère aux citadins, faute de leur jeune âge (ils sont tous âgés de - de 21 ans) et afin de préserver leur nouvelle propriété isolée du village local. Qui plus est, parmi l'arrivée aléatoire d'Allie, ravissante jeune bibliothécaire, Jack, le frère aîné, s'éprend rapidement d'affection pour elle en dépit de la jalousie de son frère Gamelle et d'un jeune notaire. Bref, le récit semé d'interrogations et d'indices en suspens parvient promptement à séduire et à inquiéter de par la profonde humanité des personnages juvéniles pris à parti avec des évènements irrationnels que Sergio Sanchez suggère plus qu'il ne montre. Et ce jusqu'à ce que l'intrigue davantage sombre et perfide ne bifurque dans son dernier acte vers un retournement de situation à la dramaturgie escarpée. Ce nouveau niveau de lecture adoptant dès lors une tournure tragique littéralement bouleversante en abordant avec une sensibilité prude les douloureux thèmes de la maltraitance, de l'innocence scarifiée et du traumatisme.
Les Enfants du Silence
Impeccablement convaincant auprès de son casting juvénile résolument investi dans leur fonction aussi bien soumise qu'héroïque, Le secret des Marrowbone tire-parti de son intensité émotionnelle grâce à sa dimension humaine inévitablement fragile évoluant au fil d'une intrigue criminelle en proie au surnaturel. Conte cruel sur la perte de l'être cher, histoire d'amour pure afin d'accéder à la sérénité, Sergio Sanchez joue subtilement avec les codes du film d'épouvante pour mieux nous ébranler. Entre appréhension et désagrément.
* Gaïus
Clin d'oeil à toi ami Seb ^^
lundi 9 juillet 2018
BLUE HOLOCAUST
Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com
"Buio omega/Beyond the Darkness/Folie Sanglante" de Joe D'Amato. 1979. Italie. 1h34. Avec Kieran Canter, Cinzia Monreale, Franca Stoppi, Sam Modesto, Anna Cardini, Lucio D'Elia, Mario Pezzin.
Sortie Salles France: 30 Juin 1982 (Int - 18 ans). Italie: 15 Novembre 1979.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980:Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.
Un an avant son scandaleux Anthropophagous, Joe d'Amato nous avait déjà bien secoué avec Blue Holocaust que beaucoup considèrent à raison comme sa pièce maîtresse. Tourné en quatre semaines avec un budget dérisoire, il s'agit d'un remake (au vitriol) du film Il Terzio occhio (Third Eye) de Mino Guerrini avec Franco Nero en tête d'affiche. Le jour où Francesco apprend la mort de sa fiancée, celui-ci plonge dans une détresse inconsolable à point d'en exhumer son cadavre pour le ramener chez lui. Vivant reclus dans une vaste demeure parmi sa gouvernante, celui-ci sombre peu à peu dans une folie meurtrière après avoir accosté d'innocentes jeunes filles. En 1979, pour la première fois de sa carrière, l'inénarrable Joe D'Amato se lance dans l'entreprise d'un pur film d'horreur repoussant les limites du montrable à travers une macabre romance en déliquescence morale. Grâce à son ambiance poisseuse indéfectible renforcée d'une photo blafarde, Blue Holocaust constitue un sommet d'horreur crapoteuse pour la relation immorale entretenue entre une domestique et son propriétaire.
Car à travers une trame sulfureuse traitant des thèmes de la nécrophilie, de la perversité et à échelle moindre du cannibalisme, Joe d'Amato en extrait un conte malsain d'une folie scabreuse. De par ses excès gores vomitifs très hard, son ambiance macabre saturée du thème hypnotique des Goblin et les profils licencieux réservés aux principaux protagonistes, Blue Holocaust oscille fascination et répulsion. Francesco et sa majordome Iris étant dépeints comme un duo dysfonctionnel dépravé puisque dénué de morale, voire aussi de raison. Pour cause, durant sa dérive meurtrière, on ne saisit pas vraiment pour quel véritable motif Francesco est subitement atteint de folie sadique ! S'autorisant à multiplier les maîtresses afin de mieux opérer ses fantasmes nécrophiles et subitement erratique (il arrache les ongles d'une auto-stop avec une haine aussi improbable que nonsensique !), il parvient pour autant à nous titiller une certaine empathie auprès de sa douleur mélancolique. Quand bien même Iris, manipulatrice sans vergogne car amoureuse de lui, usera de convoitise dans sa complicité meurtrière et ses intimidations afin de s'approprier son coeur.
Cette complicité transgressive entre eux fascine irrémédiablement de par son climat obsédant d'où émane l'effluve mortuaire (un peu à la manière cynique du maladif Baiser Macabre de Lamberto Bava si bien que D'Amato reprend d'ailleurs la même conclusion sardonique de manière subtilement rationnelle !). Scandé du score particulièrement atmosphérique des Goblin et relativement efficient à travers sa narration viciée, D'Amato, très inspiré par l'imagerie dégueulbif (zooms à l'appui), nous entraîne dans leur dérive obscène pour l'enjeu d'un amour éperdu. L'ambiance morbide tributaire de ses excès gores intolérables (l'éviscération de la défunte provoque la nausée avant que son coeur ne soit grugé à pleines dents par son amant !), le décor peu rassurant du pavillon rural orné de pièces froides ou lugubres et l'omniprésence du cadavre confiné dans la chambre insufflant une aura de souffre sensiblement capiteuse. Et si les seconds-rôles s'avèrent stériles comme souvent chez D'Amato, on peut heureusement se réconforter auprès de Franca Stoppi incarnant avec un charisme démonial une gouvernante possessive tour à tour jalouse, perverse, voire même hystérique au fil de sa déchéance criminelle. Peu expressive dans son vocabulaire concis mais sidérante d'austérité dans sa morphologie famélique, l'actrice se fond dans le corps d'une mégère avec beaucoup de magnétisme patibulaire ! Quand à Kieran Canter, son physique bellâtre de veuf aux yeux verts accablé par le chagrin diffuse un saisissant contraste auprès de ses saillies immorales et perverses lorsqu'il se contraint de se débarrasser des témoins gênants.
En dépit de dialogues prémâchés et de la psychologie expéditive des personnages, Blue Holocaust prône les mérites d'une horreur déviante avec un réalisme perturbant. L'audace putassière accordée aux dérives gores (l'éviscération susnommée, le cannibalisme de Francesco, le bain de soude sur l'auto-stoppeuse sont viscéralement écoeurants !) et l'ambiance de romantisme mortifère tournant autour des amants endeuillés laissent en mémoire une étreinte inusitée de par son aura purulente décomplexée.
* Gaïus
26.03.12
09.07.18. 5èx
Définition de Buio Omega (anecdote reprise sur le site devildead): La lettre "Omega" (relevée sur le véhicule des pompes funèbres) symbolise la fin, d'après la parole de Dieu "Je suis l'Alpha et l'Omega", je suis le début et la fin de toutes choses. "Buio" signifiant les ténèbres...
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