mardi 22 mars 2011

NAVIGATOR (The Navigator: A Mediaeval Odyssey)

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinebisart.com

de Vincent Ward. 1988. Australie/Nouvelle Zélande. 1h31. Avec Bruce Lyons, Chris Haywood, Hamish McFarlane, Marshall Napier, Noel Appleby, Paul Livingston, Sarah Peirse, Mark Wheatley, Tony Herbert, Jessica Cardiff-Smith...

Date de sortie: U.S.A: Décembre 1988.

FILMOGRAPHIE: Vincent Ward est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur néo-zélandais né en 1956 à Greytown (Nouvelle-Zélande).
1984 : Vigil. 1988 : The Navigator: A Mediaeval Odyssey. 1993 : Map of the Human Heart. 1998 : Au-delà de nos rêves. 2005 : River Queen


Une décennie avant la guimauve Au delà de nos rêves (désolé pour les fans), le méconnu Vincent Ward s'était surpassé en 1988 pour mettre en boite un film maudit, chef-d'oeuvre d'aventures fantastiques inexplicablement condamné à l'oubli, voir l'indifférence depuis sa discrète sortie en salles. En 1348, dans un village anglais, la peste noire fait rage et terrorise les habitants. Mais un groupe d'aventuriers mené par un enfant prodige part à la quête d'une cathédrale située à l'autre bout du monde pour y déposer une croix. Pour cause, c'est à travers la vision d'un rêve prémonitoire que le jeune Griffin parvint à convaincre ses camarades que seule une icone religieuse pourrait les protéger de la maladie mortellement contagieuse. Mais en creusant un tunnel, ils se retrouvent projetés quelques siècles plus tard, en 1988, dans l'agglomération urbaine de la Nouvelle-Zélande ! Attention ovni immersif saisissant de réalisme historique, à situer quelque part entre Bandits, bandits de Terry Gillian et le (tristement) célèbre Les Visiteurs de Jean Marie Poiret ! L'oeuvre insolite s'avère d'autant plus captivante et dépaysante qu'elle est endossée par des comédiens méconnus criant de vérité tant et si bien qu'on les croiraient sortis de l'époque médiévale dans lequel ils évoluent ! Comme le sous-titre originel l'indique, cette odyssée médiévale conduite avec entrain par deux frères et quatre acolytes nous transporte au sein d'un périple fantastique à la fois baroque et délirant.


En effet, de manière récurrente, nombre de séquences impromptues vont interférer chez nos héros en herbe, comme celles de traverser prudemment une autoroute à la circulation intensive, s'opposer contre les grues d'un chantier industriel en travaux ou encore affronter à bord d'une barque, et accompagné d'un cheval blanc, un sous-marin s'extirpant brusquement de la mer déchaînée. Sans compter qu'un peu plus tard, l'un de nos héros affrontera un train en marche de manière suicidaire, bien avant qu'un autre n'escalade une gigantesque cathédrale pour y implanter la fameuse croix. Nombre de ces situations saugrenues transposées dans notre environnement contemporain auraient pu sombrer dans le ridicule (remember les pitreries des Visiteurs et de l'insupportable Clavier proférant à tout va ses répliques risibles !) si elles n'étaient pas mis en exergue avec autant de réalisme et de soin formel sous couvert du voyage temporel plus vrai que nature. Une escapade semée d'embûches rationnelles mais rendues extraordinaires sous l'impulsion effarée de nos héros confrontés à l'infrastructure de notre monde civilisé. Tel l'illumination féerique d'une métropole nocturne, l'apparence futuriste de nos véhicules routiers, la trajectoire outre-mesure d'un navire submersible ou celle rectiligne d'un convoi cheminant à grande vitesse. Outre son panel de cocasseries folingues, la force du récit émane aussi de son contexte médiéval illustrant, non sans humour, sensibilité et poésie, une période noire de pandémie via la transmission mortelle de la peste et d'y semer les thèmes de la peur de la maladie et du sens du sacrifice. Car à travers les songes d'un enfant aux pouvoirs divinatoires, Navigator entreprend notamment de nous conter le voyage initiatique d'une cohésion héroïque avec une candeur humaine fragile.


D'une fulgurance formelle alternant le noir et blanc et la couleur, et scandé de choeurs religieux, Navigator est un chef-d'oeuvre de fantaisies héroïques au pouvoir de fascination prégnant. Quand bien même on finit par se surprendre de sa dimension dramatique lors d'un final poignant prônant le sens du sacrifice et le code d'honneur familial. Une odyssée féerique inoubliable à découvrir d'urgence ! 

Note: Le film aurait été couronné de 21 récompenses à travers le monde dont le Meilleur Film à Sitges, au Fantafestival, au New Zealeand Film and TV Awards et à l'Australian Film Institute.

22.03.11
Bruno Matéï

lundi 21 mars 2011

RED ROAD. "Prix du Jury au Festival de Cannes 2006"

            


de Andrea Arnold. 2006. Angleterre. 1H53. Avec Kate Dickie, Andrew Armour, Tony Curran, Nathalie Press, Martin Compston...

Prix du Jury au Festival de Cannes 2006.

Sortie France: 06 décembre 2006, U.S.A: 13 avril 2007

FILMOGRAPHIE: Andrea Arnold, est une réalisatrice et scénariste britannique née le 5 avril 1961 à Datford dans le Kent en Angleterre. 2006 : Red Road. 2009 : Fish Tank
                                            

Trois ans avant le remarquable Fish Tank qui dépeignait avec vérité crue le portrait d'une adolescente en plein éveil sexuel et identitaire, Red Road, récompensé du Prix du Jury à Cannes, relate le douloureux parcours d'une femme esseulée, brisée par un destin meurtri, en quête désespérée d'une justice rédemptrice. Jackie est une trentenaire solitaire exerçant la profession d'opératrice d’une société de vidéo-surveillance. Chaque jour, elle scrute les faits et gestes d'invididus lambdas déambulant dans les ruelles d'une métropole anglaise. Un matin et de façon quotidienne, elle aperçoit un homme suspicieux commettant de petits larcins jusqu'au moment où il semble être en transaction avec une jeune fille marginale. Fascinée par cet homme méfiant, elle décide de partir à sa rencontre pour tenter d'en savoir plus à son égard.
                                             

Dans le même esprit de souci de réalisme filmé à la manière du documentaire, Red Road est un drame humain particulièrement inhabituel dans sa structure conditionnée à la forme d'un thriller laissant le spectateur perplexe en suspens durant les 2/3 tiers du film. En effet, les motivations de l'héroïne n'appartiennent qu'à elle seule durant la majeure partie du récit car nous ne savons rien ou si peu de ces agissements ordonnés, déraisonnés et contradictoires quand celle-ci décide d'aborder un homme suspicieux entr'aperçu à travers ses caméras de vidéo-surveillance. Cet individu marginal d'une quarantaine d'années vit reclus parmi un jeune couple dans une banlieue précaire, entre soirée arrosées et petits trafics avec délinquants de seconde zone. Jackie est une femme austère, distante et secrète vivant dans une solitude volontairement introvertie même si elle se permet de manière récurrente d'offrir son corps rigide en guise d'affection sexuelle pour les faveurs d'un collègue de travail. Après avoir aperçu cet homme mystérieux via ses caméras de vidéo surveillance, elle décide de pénétrer dans ce monde marginalisé qu'elle ne fréquentait pas et se laisse aguicher par l'homme sans indentité tout en faisant la connaissance occasionné d'un couple juvénile désorienté vivant communément en trio. Dès lors, elle n'aura de cesse de se contredire dans son état d'esprit tourmenté et hésitant voué à l'attraction / répulsion envers cet être socialement instable et inflexible cachant un pénible secret. C'est ce que nous allons enfin apprendre dans la dernière partie du métrage, au moment où un jeune fils ira se confronter physiquement avec son propre père dans un bar miteux que le récit va prendre une toute autre ampleur psychologiquement abrupte et salvatrice pour le spectateur délivré par les confidences subversives de nos personnages écorchés.
                                           

Dans son physique famélique et un regard austère étrangement attirant, Kate Dickie campe avec un naturel inné une femme bafouée, involontairement fustigée et violée au plus profond de son âme. Son parcours méticuleux et aride n'étant qu'une quête individuelle pour délivrer sa douleur insurmontable d'un épouvantable drame inéquitable. Alors que son instinct vindicatif va prendre une tournure inhabituelle en point d'orgue aléatoire pour lui permettre de renouer avec un semblant de vie normalisé. Entaché de quelques longueurs et d'un rythme langoureux qui pourrait rebuter certains spectateurs, Red Road est pourtant une remarquable introspection sur un personnage taciturne rongé par sa rancune dans son aigreur insurmontable pour cause d'une tragédie intimiste. Avec force, réalisme brut (la relation sexuelle entre les deux amants, à la limite de la pornographie, est sidérante d'authenticité viscérale !!!) et émotion sans esbroufe, ce faux thriller tourné à l'envers ne cesse d'intriguer notre questionnement avant les révélations justifiées vouées à l'humanité rugueuse de chaque personnage. Une seconde vision du film serait alors indispensable pour mieux capter et saisir toute l'essence dramatique enfouie dans le psyché intérieur de notre héroïne lamentée, obsédée par la quête de repentance potentiellement rédemptrice.
                                                                        

Récompenses:
. Festival de Cannes 2006 : Prix du Jury
. BAFTA 2007 : prix Carl Foreman du nouveau venu le plus prometteur pour Andrea Arnold
. BAFTA écossais 2006 : BAFTA du meilleur film, BAFTA du meilleur réalisateur, BAFTA du meilleur scénario, BAFTA du meilleur acteur dans un film écossais pour Tony Curran, BAFTA de la meilleure actrice dans un film écossais pour Kate Dickie
. British Independent Film Awards 2006 (BIFA) : prix du meilleur acteur pour Tony Curran, de la meilleure actrice pour Kate Dickie, nommé pour le prix du meilleur film, du meilleur second rôle pour Martin Compston et au Douglas Hickox Award pour Andrea Arnold
. Coup de cœur du jury au festival du film britannique de Dinard 2006
. London Critics Circle Film Awards 2007 : nommé pour le prix du meilleur film, du meilleur acteur pour Tony Curran, de la meilleure actrice pour Kate Dickie, du meilleur nouveau venu britannique de l'année pour Andrea Arnold
Festival du film de Londres 2006 : trophée Sutherland

21.03.11.
Bruno Matéï.
                                         

vendredi 18 mars 2011

LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS (el ataque de los muertos sin ojos) Uncut.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de Amando De Ossorio. 1973. Espagne. 1H35. Avec Tony Kendall, Fernando Sancho, Esperanza Roy, Frank Brana, Lone Fleming, Juan Cazalilla, Maria Nuria, José Canalejas, Ramon Lillo, José Thelman, Loli Tovar.
FILMOGRAPHIE: Amando de Ossorio (6 avril 1918 – 13 janvier 2001) est un réalisateur espagnol spécialisé dans le film d'horreur et connu plus particulièrement pour sa tétralogie dite « des Templiers ».
1956 : La Bandera negra (The Black Flag) ,1964 : La Tumba del pistolero,1966 : Massacre à Hudson River, 1967 : Pasto de fieras, 1967 : La Niña del patio,1967 : Arquitectura hacia el futuro, 1968 : Escuela de enfermeras, 1969 : Malenka, 1971 : La Révolte des morts-vivants , 1973 : La Noche de los brujos, 1973 : Le Retour des morts-vivants , 1974 : The Loreley's Grasp, 1974 : Le Monde des morts-vivants, 1975 : La Chevauchée des morts-vivants, 1975 : La Endemoniada,1976 : Las Alimañas (The Animals), classé S (= X en Espagne),1980 : Pasión prohibida (Forbidden Passion), classé S (-18 de ans) en Espagne, -18 puis reclassé -16 en France, 1984 : Hydra, le monstre des profondeurs.

                                             

Second volet de la célèbre saga des templiers créé par Amando De Ossorio, le Retour des morts-vivants est une forme de séquelle conventionnelle, à situer entre un épisode de Salut les musclés (sans la présence de Hilguegue bande de coquins !) et La Nuit des Morts-vivants. Alors qu'une fête au village de Bouzano bat son plein, nos templiers revanchards reviennent à nouveau d'entre les morts pour trucider tous les invités à coups d'épées pourfendeuses. Mais un groupe de survivants plus chanceux que les autres a réussi à trouver refuge dans une église prise d'assaut par nos zombies. En attendant que l'aube matinale revienne prendre ses droits sur l'emprise du surnaturel. Je ne vais pas m'attarder longuement sur cette pseudo suite à la Révolte des morts-vivants tant l'entreprise bricolée est dénuée d'une quelconque inspiration sachant que cette mascarade gentiment niaise sent sérieusement le réchauffé dans son impression déjà vu. Et ce n'est pas l'interprétation surjouée des comédiens qui va permettre de rehausser l'ensemble ! Pourtant, une attention esthétique est accordée à la photographie joliment saturée, notamment deux, trois images d'aube matinale à l'ambiance macabro poétique. Il y a aussi certains effets involontairement cocasses ou hilarants qui retiennent par moments intermittents l'attention, comme ce joyeux luron contraint de réanimer l'armée de morts-vivants alors qu'en guise de remerciement il se verra malencontreusement piétiner par les sabots de chevaux échevelés. La manière dont il se fera plus tard décapité vaudra également son pesant d'humour sardonique. Il y a aussi cette séquence mesquine avec nos héros se posant la question s'il faut venir en aide à une fillette égarée dans la nature, prise à partie au milieu des templiers, alors que sa maman décervelée se fera bêtement éventrer à coup d'épée après avoir tenté en dernier ressort de la sauver. Quelques effets gores typiquement latins dans leur graphisme morbide font également leur petit effet (du moins, dans la version Uncut !). Eventrations, main ou tête tranchée et seins percés égayent notre esprit voyeuriste dans leur tonalité cracra complaisamment étalée en zoom, de manière à bien insister sur les plaies ouvertes déversant des giclées de sirop de grenadine. Enfin, sachez qu'au niveau de la narration, l'intrigue se divise en deux parties. L'une s'oriente sur l'esprit familial d'une fête estivale célébrant dans leur village l'anniversaire des templiers avant le massacre annoncé. Tandis que l'autre privilégie un groupe de survivants enfermés dans le huis-clos d'une petite église rapidement assaillie par nos zombies rancuniers. S'ensuit une succession de tentatives d'évasions perpétrées par nos rescapés, sachant que l'esprit de solidarité leur sera rarement acquis et que chacun devra personnellement compter sur son égocentrisme pour tenter de s'échapper de cet endroit barricadé.


Pour conclure, bien que le rythme soit plus vigoureux et violent que son prédécesseur, le Retour des Morts-Vivants est un ersatz qui ne laissera pas un souvenir impérissable, car se révélant au bout du compte rapidement rébarbatif à cause de sa fâcheuse impression de déjà vu. Alors que les défaveurs du temps n'auront même pas permis de lui accorder un charme désuet dans sa nostalgie escomptée (à deux, trois scènes près). A voir éventuellement comme curiosité, en priorité pour ceux n'ayant jamais tenté le premier volet.

Bruno Matéï    
18.03.11


mercredi 16 mars 2011

Cauchemars à Daytona Beach / Nightmare


de Romano Scavolini. 1981. U.S.A. 1h39 (uniquement en blu-ray chez Pulse Video). Avec Sharon Smith, Baird Stafford, CJ Cooke, Mik Cribben, Kathleen Ferguson.

Sortie salles France: 9 Juin 1982 (Int - 18 ans) ou 23 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Romano Scavolini est un réalisateur italien né le 17 JuiN 1940.
2007 Two Families, 2005 L'apocalisse delle scimmie, 2004 Le ultime ore del Che (documentary), 1988 Dog Tags, 1981 Cauchemars à Daytona Beach, 1980 Savage Hunt, 1973 Servo suo, 1973 Cuore, 1972 Exorcisme tragique - Les monstres se mettent à table, 1969 Entonce, 1969 L'amore breve, 1968 La prova generale, 1966 A mosca cieca


Romano Scavolini est un réalisateur méconnu du public français, exception faite avec cette série B que l'amateur des années 80 s'était empressé de louer au vidéo-club, particulièrement attiré par l'ébauche du faciès ensanglanté illustré sur la jaquette ! Une oeuvre scabreuse surgie de nulle part car dépassant les frontières de la bienséance, au point d'en être bannie des écrans anglais et de rejoindre la liste des "video- nasty" invoquée par leur censure ! Suite à son internement en asile psychiatrique, un patient est relâché dans la nature après lui avoir prescrit un nouveau traitement médical. L'addiction à sa folie meurtrière ne tarde pas à se manifester... Dès le préambule cinglant, nous sommes frappés d'horreur face à un cauchemar éveillé ! Dans une chambre opaque, un homme en suée convulse sur son lit, faute d'un sommeil perturbé. Subitement réveillé d'un fantasme délirant, il ouvre les yeux pour empoigner violemment ses draps et apercevoir au bout du lit la vision ensanglantée d'une tête tranchée ! La caméra scrutant de manière furtive et régulière le regard noir de la dame décapitée afin de mettre en évidence l'inertie de son expression ! Hurlements acharnés de l'individu face à cette macabre mise en scène qu'une partition musicale vrombissante va accentuer pour nous éreinter les oreilles ! Mais ce prologue démarré en trombe n'était qu'un leurre, le songe cauchemardesque du patient Georges Tatum plongé dans sa folie interne !


La scène suivante nous révélant ensuite que nous sommes dans l'enceinte d'un centre psychiatrique parmi sa présence en camisole. Place ensuite à ces errances nocturnes après sa liberté surveillée sous contrôle médical. Au coeur de la ville de Daytona, le réalisateur s'attarde à fignoler une ambiance glauque à travers les recoins de peeps-show et de bars malfamés grouillant de pèlerins peu recommandables. C'est dans cet univers suffoquant et malsain que Georges Tatum souhaite d'abord s'y réconforter. Mais rapidement, ses pulsions meurtrières vont le rappeler à sa folie pour perpétrer un meurtre des plus crapuleux !!! A l'italienne s'il vous plaît, de par la natalité du réalisateur et par l'aspect graphique de l'égorgement rappelant les dérives complaisantes d'un d'Amato ou Fulci. Afin de crédibiliser la crudité du crime, les maquillages incisifs ont été soigneusement agrémentés par le spécialiste en la matière, Mr Ed French ! En intermittence d'un fondu au noir, le réalisateur nous mémorise le décompte journalier des errances du tueur jusqu'à l'ultime carnage escompté. Une manière expectative d'appréhender l'horreur et donc de suggérer une certaine tension.


Le cheminement indécis de Tatum prend ensuite une trajectoire plus posée lorsqu'il décide de surveiller les faits et gestes d'une famille ordinaire, hormis l'attitude mesquine d'un garçonnet adepte de blagues morbides. Quand bien même un nouveau meurtre (réalisé hors champ cette fois-ci !) va être découvert par la police non loin de la demeure. Cette seconde partie se déroule de manière traditionnelle mais reste assez prenante, notamment grâce à l'ossature de son ambiance lourde quasi documentée. Enfin, pour parachever, l'ultime point d'orgue culmine vers un bain de sang putassier à jamais gravé dans nos mémoires ! Un florilège de séquences gores au paroxysme de l'indécence et d'un réalisme toujours aussi acéré ! Afin d'amplifier le malaise, l'atmosphère fétide qui en découle est notamment exacerbée des râles moribonds que les victimes profèrent durant le supplice de l'arme plantée dans leur chair. Spoiler !!! Quand bien même l'épilogue caustique en rajoute une louche dans l'indisposition face à l'apparition d'un bambin au rictus mesquin ! Fin du  Spoiler. Si on peut regretter un certain manque de rythme auprès du cheminement langoureux des allées et venus du tueur, sa prestation laconique ne laisse pas indifférent ! Incarné par l'inconnu Baird Stafford, l'acteur réussit véritablement à imposer une stature ombrageuse par son faciès patibulaire avant d'extérioriser une posture erratique parmi ses crises d'angoisse épileptique (écume aux lèvres à l'appui !) et ses pulsions de démence incontrôlée !


Il torture, il tue, il souille !
Avec l'appui d'une mélodie entêtante, d'une bande-son dissonante et d'une distribution méconnue quasi improvisée, Cauchemar à Daytona Beach est aujourd'hui reconnu comme un classique (marginal) du psycho-killer des années 80. Un docu-fiction regorgeant de déviance car réellement impressionnant dans son alliage d'ambiance mortifère quasi indicible et d'effets gores complaisants. Hormis sa narration prévisible, le film de Romano Scavolini constitue un pavé dans la marre de l'horreur underground. Une descente aux enfers où la transgression n'a pas de tabous pour nous marteler d'images cauchemardesques autour d'une amnésie infantile à jamais souillée (image inoubliable du rejeton ensanglanté fixant hagardement son reflet dans le miroir, une hache à la main !).

Warning !!! En france, le Dvd édité par Neo Publishing est sortie dans une version entièrement censurée ! La Vhs d'époque publiée par Sunset Video est rigoureusement intégrale tout comme son édition Blu-ray commercialisée chez Pulse Video d'une durée d'1h39 ! (en lieu et place d'1h37 !).

01.07.16. 5èx
19.01.10. (850 v)

BM


                                         

LES DISPARUS (APARECIDOS)

                                      

de Paco Cabezas. 2007. 1H46. Espagne/Argentine. Avec Ruth Diaz, Javier Pereira, Pablo Cedron, Hector Bidonde, Luciano Caceres, Damaso conde, Isabela Ritto.

L'ARGUMENT: Malena et Pablo, une soeur et un frère qui voyagent en Argentine, découvrent un journal intime qui décrit des crimes commis vingt ans auparavant. Cette même nuit, une famille est assassinée selon les détails du journal. Malena et Pablo tentent de faire la part entre le réel et l’imaginaire...

                                                 

Premier long-métrage de Paco Cabezas, également scénariste et déjà acteur de diverses séries TV, voir de la récente comédie franchouillarde "Camping 2" de Fabien Onteniente, "Les Disparus" mélange les genres en narrant une enquête troublante et passionnante ancrée dans le pur fantastique pour affronter de manière réaliste l'horreur humaine sur fond de génocide politique.
Un frère et une soeur vont être amené à élucider la mystérieuse disparition d'une mère et de sa fille après que le mari fut sauvagement assassiné dans un hotel. Aidé d'un journal de bord et des fantomes du massacre de cette famille, Malena et Pablo oseront à peine imaginer quelle abominable vérité se cache derrière cette énigme sordide jamais résolue !
A la manière du "6è sens" ou de "l'orphelinat" pour l'emploi maternel et fraternel de fantomes aidants, "Les Disparus" se propose à la manière d'une enquête policière, confuse et quelque peu maladroite de prime abord mais qui va rapidement installer un suspense et une tension distillée avec assez de savoir-faire grâce à une trame complexe mais passionnante et réalisée de manière assez judicieuse pour l'emploi renouvelé d'apparitions fantomatiques ancrées dans notre réalité ou tout du moins à travers celle des 2 héros du film, en quête éternelle de la vérité et de la véracité d'un journal décrivant multiples rebondissements dramatiques et horribles méfaits à diverses horaires de cadran d'une montre et endroits précis fatidiques dans une région reculée naturellement photographiée de l'Argentine.
La force scénaristique de Paco Cabezas est également de dénoncer à travers une énigme fantastique un sujet politique, fasciste qui a eu cours en Argentine durant les années 1976-1986, une dictature militaire qui a entrainé une éradication systématique des opposants au régime (les desaparecidos), qui ont été plus de 30000. Des milliers d'êtres humains torturés, nettoyés, lapidés, expérimentés au nom de la haine et du pouvoir totalitaire rappelant aussi les pires atrocités commanditées par Hitler dans les divers camps de concentration créés en sa faveur durant la seconde guerre mondiale. "Les Disparus" renvoit une dête chère à l'humanité à travers ses fantomes emprisonnés sur eux-mêmes au plus profond de leur âme souillée devant l'horreur crapuleuse des dictatures, l'épouvantable supplice que des milliers d'innocents ont dû subir durant des journées interminables. Et si la dernière partie est assez éprouvante et crue dans ces quelques séquences de tortures infligées c'est pour mieux nous rendre conscience de l'agonie et de la souffrance de ces victimes commises durant le 20è siècle.
Paco Cabezas nous emmene donc à travers cette histoire parfois émouvante de fantomes errants sur un terrain boueux d'une triste actualité, sur un ignoble fait divers honteusement trafiqué et camouflé par les pouvoirs publics et les forces de l'ordre. Une histoire douloureuse d'autant plus sensible car fragilisé par l'amour fraternel, l'union familiale d'un frère et d'une soeur déterminés à résoudre ensemble deux disparitions pour les remettre au grand jour et responsabiliser, condamner, voir tuer le coupable présumé.
Malgré quelques légères incohérences et certaines facilités de ficelles éprouvées (la fille qui se délivre facilement de ses menottes où les victimes s'échappant par le trou d'une cave alors que le meurtrier cherchera bêtement à sortir par le grillage !), "Les Disparus" intrigue, interpelle et tient en haleine au fur et à mesure de la progression du récit davantage intense dans un suspense enthousiasmant mené avec entrain et le final superbement touchant, relevé d'images poétiques lacrymales dans sa pâle tonalité, émeut avec son constat alarmiste renoué grâce au moment de vérité et sa délivrance libertaire qui s'ensuit. .
Un discours final optimiste, idéalisé et emprunt de naiveté pouvant prêter à sourire pour souhaiter de nous convaincre de ne pas recommettre les erreurs et les horreurs du passé et vivre de manière plus pacifiste, harmonieuse pour le prochain siècle à venir et à subir. Evènement décrit de manière caustique car à l'aube du 11 Septembre 2001 !
Une bonne surprise intelligente venue à nouveau du pays de l'Espagne qui manque de maitrise dans sa réalisation mais se révèle pleine de bonnes intentions sans jamais nous indifférer devant la force d'un sujet aussi brulant, authentique, douloureux et humaniste.

                                               

01/06/10.

FRAGMENTS (WINGED CREATURES)

                                

de Rowan Woods. 2009. 1H37. US.A. Avec Forest Whitaker, Kate Beckinsale, Guy Pearce, Dakota Fanning, Jennifer Hudson, Jackie Earle Haley, Jeanne Tripplehorn, Embeth Davidtz...

L'ARGUMENT: Un groupe de personnes ont été témoins d'un acte meurtrier et suicidaire dans un fast food. Leur vie, leur destin va basculer à tout jamais...

                   

"Fragments" est la 3è réalisation du méconnu Rowan Woods après "The Boys" et "Little Fish". Honteusement inédit chez nous en salles, ce drame psychologique intense et bouleversant retrace les destins croisés de cinq personnages lourdement commotionnés et secoués après qu'une sanglante fusillade ait éclaté dans la convivialité et sérénité d'un Fast-Food. Après cette tragédie soudaine sans aucun mobile nous allons suivre la difficulté de réadaptation à la vie sociale autour de cinq personnes qui étaient présentes durant ce drame sanglant. De simples citoyens honnetes et respectables peu à peu consumés par l'idée dérangeante de l'expérience avec la mort saisie en estocade, le but inavouable de notre raison d'être, du sens de notre existence quand un être cher se retrouve blotti et glacial dans un cerceuil six pieds sous terre.
Une jeune mère seule, désespérée et affolée commencera à délaisser son bébé, un adolescent réservé et fragile, se renfermera sur lui même après qu'il ait eu l'expérience du revolver du meurtrier dirigé sur sa tempe, une jeune fille traumatisée du décès de son père mort sous ses yeux dans le restaurant se plongera aveuglement dans un fanatisme religieux, un médecin ira droguer volontairement sa femme et un homme divaguant condamné par le cancer ira se réfugier dans les jeux de casino.
Rowan Woods nous délivre avec réalisme et sensibilité un portrait de personnages blessés rendus à fleur de peau où un simple fait divers morbide aura fait basculer leur vie à tout jamais. "Fragments" traite du choc émotionnel post-traumatique, des conséquences psychologiques irrémédiables qui s'ensuivent quand un drame brutal d'une telle violence se transforme en véritable tragédie sous les yeux de ces innocents témoins.

                    

Selon la force de caractère et de mentalité de chacun, le tempérament et leur personnalité, nous allons suivre le temps des premiers jours de réadaptation le douloureux chemin tortueux de ces cinqs protagonistes livrés à eux-même, même si un psychologue de renom viendra les prendre en charge à la suite du drame pour cet évènement aussi soudain auquel ils n'auraient jamais penser subir.
Chacun à sa manière va tenter de retrouver une vie convenable et normale en s'extériorisant, tenter de se rattacher, s'épanouir à une idée autre sortie du psyché, une envie déraisonnée comme droguer celle que l'on aime pour ensuite recevoir l'affection désirée après l'avoir guéri, adopter une foi comme la religion catholique, opter pour un loisir comme s'épanouir dans les jeux d'argent, embraser la luxure pour renouer avec un plaisir et une forme d'ultime jouissance physique. Tandis que le jeune garçon faible et perturbé témoin de tant de haine et du fait de son jeune âge retournera sur les lieux du drame pour tenter une dernière fois de comprendre ce qui est véritablement arrivé à ce moment précis.
Durant tout le film des nombreux flash-back de la scène du massacre vont nous revenir et nous accorder successivement un élément nouveau qui prouvera plus amplement le choc traumatique auquel nos cinqs protagonistes auront dû faire face jusqu'au final bouleversant en apothéose. Une délivrance d'une belle force émotionnelle formidablement renforcée par des comédiens tous interprétés avec conviction et l'émotion exacerbée qu'il nous renvoit nous touche et nous émeut sans ineptie ni effet gratuit.
L'immense et trop rare Forrest Whitaker ainsi que la jeune Dakota Fanning (Man on Fire, Trouble Jeu, La Guerre des Mondes) crèvent littéralement l'écran dans leur rôle respectif de victimes profondément tourmentées et dérangées, au bord du néant.
"Fragments" est un drame social riche en émotion et de dignité humaine, un témoignage bouleversant au plus près des sentiments qui ne cède jamais à la grandiloquence ou à la larme facile. Il touche juste et humblement emporté par des acteurs tous remarquables dans une mise en scène délicate, toute en retenue, sans effet tapageur.

                   

03/06/10

Le Convoi de la Peur / Sorcerer

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site hexdimension.com

de William Friedkin. 1977. 2h01. U.S.A. Avec Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou, Ramon Bieri, Peter Capell, Karl John, Frederick Ledebur, Chico Martinez.

Sortie salles France: 15 Novembre 1978. U.S: 24 Juin 1977

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood.
1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Echec commercial cinglant lors de sa sortie (au moment même où Star Wars monopolise les écrans), Le Convoi de la Peur est une oeuvre maudite d'autant plus invisible sur nos chaines TV et banni du support numérique. Jusqu'à ce qu'un Blu-ray édité chez Warner l'exhume enfin de sa torpeur. Déclinaison (non pas un remake) du Salaire de la Peur de Clouzot, l'oeuvre sépulcrale de Friedkin se donne les moyens d'envergure pour y réaliser un récit d'aventures haletant tourné aux quatre coins du monde (Nouveau-Mexique, République Dominicaine, New-Jersey, Jérusalem, Mexico et Paris, excusez du peu !). Renforcé par moments du score envoûtant de Tangerine Dream offrant aux images une dimension quasi mystique, Le Convoi de la Peur y condense l'odyssée cauchemardesque de quatre escrocs transportant de la nitroglycérine à bord de deux camions afin d'endiguer un incendie de pétrole. Pour ce faire, il doivent traverser une jungle impénétrable où embûches et intempéries vont décupler leur calvaire. Richement rémunérés, ces hommes burnés tenteront donc de braver l'impossible en usant de bravoure afin de pouvoir regagner leur liberté. Car exilés en Amérique du Sud depuis leur ennui avec la justice, ils n'eurent d'autre choix que d'adouber cette mission suicide. Richement documenté et incroyablement réaliste, autant sa première partie privilégiant la mise en place des personnages puis leur fameux point de rencontre régi dans une raffinerie, que son deuxième acte illustrant leur périple insensé en pleine cambrousse, Le Convoi de la Peur y structure une ligne de conduite planifiée soucieuse du détail. 


Un travail géométrique donc que le réalisateur affine et maîtrise afin de mieux s'immerger dans les angoisses de nos personnages (la manière crispée dont ils livrent bataille contre les forces de la nature nous laisse les mains moites) et ainsi authentifier une scénographie étrangement hostile (la jungle naturaliste y transmet un souffle infiniment épique lors de son déchaînement climatique où les séquences anthologiques nous laissent les yeux écarquillés). A l'instar de la traversée du pont, séquence supra virtuose aussi intense que visuellement éprouvante (déluge pluvial à l'appui) que nos anti-héros vont tenter d'arpenter avec stoïcité désespérée ! Il faut le voir pour le croire tant les protagonistes et le réalisateur himself se transcendent pour atteindre un degré d'authenticité spectaculaire rarement vu au cinéma. Si bien que ce voyage au bout de l'enfer est filmé au plus près de leurs névroses car communément impliqués dans une épreuve de force où la folie n'est pas loin de les contaminer. Car confrontés à des situations toujours aussi risquées que disproportionnées, c'est donc ici une question de dépassement de soi, de retour à l'instinct primitif et du refus de rebrousser chemin afin d'y remporter un juteux butin. Par conséquent, cette traversée impossible au coeur d'un enfer vert redoutablement pernicieux (Victor Manzon / Bruno Cremer soudainement pris à parti avec les branches d'arbres qui enrobent son camion ) peut notamment s'illustrer comme une fable sur l'aliénation et le désir de rédemption héroïque lorsque l'homme use de ses capacités physiques/morales au-delà de la logique. Car tel un spectre livide, Jackie Scanion (Roy Scheider) est finalement hanté de visions d'horreur pour ressortir littéralement traumatisé de son expérience.


Dernière danse avant de mourir. 
Superbement réalisé et esthétiquement fascinant (Friedkin ausculte la jungle à la manière d'un dédale malfaisant), le Convoi de la Peur est un cauchemar à la fois sensoriel et implacable sous l'impulsion d'une intensité asphyxiante à perdre haleine. Une fascinante plongée de l'âme humaine au coeur d'un environnement indomptable pour ces fantômes stoïques gagnés par le surpassement mais rattrapés par leur corruption malfaisante. Un chef-d'oeuvre d'aventure naturaliste aussi crépusculaire qu'horrifique de par sa fulgurance sauvage difficilement égalable. Il faut le voir pour le croire au point de ne pouvoir en sortir indemne comme le souligne sa conclusion illusoire.
             
Note Wikipedia: William Friedkin souhaitait initialement confier le rôle principal à Steve McQueen. Ce dernier était d'accord pour l'endosser à la seule condition que sa femme, Ali MacGraw, se voit confier un des rôles principaux. Le cinéaste refusa et Steve McQueen quitta le projet. Par la suite, William Friedkin a annoncé avoir regretté ne pas avoir accepté ces conditions.

*Bruno
17.05.24. 4èx. Vostf
12.05.14. 
07/06/10.





THE NIGHT STRANGLER (La Nuit de l'Etrangleur)

                                 

de Dan Curtis. 1973. U.S.A. 1H30. Avec Richard Anderson; Scott Brady, John Carradine, Wally Cox, Margaret Hamilton, Simon Oakland, Jo Ann Pflug, Darren McGavin.

L'ARGUMENT: Une vague de crimes inexpliqués terrorise les habitants d'une région des Etats-Unis mais un journaliste fouineur et trop curieux va tenter de démasquer le responsable méthodique de ces meurtres à énigme.

                    

Producteur, scénariste et réalisateur américain, créateur de la série "Dark Shadow" en 1966, spécialiste discret de l'épouvante à l'ancienne comme "La Fiancée du Vampire" (1970), les télé-films "la poupée de la terreur" (1975) et "la malédiction de la veuve noire" (1977) qui aura marqué toute une génération d'ados au début des années 80 ! Mais c'est surtout en 1976 qu'il nous livrera son chef-d'oeuvre définitif: l'inoubliable et terrifiant "Trauma" récompensé de plusieurs prix dans divers festivals.
"The Night Strangler" est également un télé-film pilote faisant suite à "the night stalker" et créant ainsi la série T.V "Kolchak, the night stalker", réunissant 20 épisodes de 60 minutes chacun produits entre 1974 et 1975.

Un journaliste désinvolte et excentrique détesté par tous ses collaborateurs ainsi que la police du quartier enquête sur une série de meurtres étranges et inexpliqués. Des jeunes filles sont retrouvées étranglées tous les 21 ans au nombre commun et précis totalisant 6 victimes à chaque tentative renouvellée. Leurs points similaires: les victimes sont vidées d'une petite partie de leur sang orienté vers le crane, laissant aussi des marques mortifaires étranges sur leur cou, sorte de résidus cadavériques en exergue sur la peau !
Le tueur entame ses méfaits durant 18 jours de traque meurtrière et son nombre précis et limité d'homicides débuta depuis 1889 ! L'assassin serait alors un vieillard impotent !?
Kolchak, journaliste obtu et farfelu sera déterminé à résoudre le plus rapidement possible cette enquête aux frontières de l'irréel, stopper à tous prix l'assassin juste avant qu'il ne puisse commettre son 6è et dernier meurtre pour ensuite disparaitre subitement mais réapparaitre à nouveau 21 ans plus tard !

D'une nouvelle de Richard Matheson, Dan Curtis en tire un film passionnant entre enquête policière amenagée façon "Mike Hammer", l'humour débridé en sus et épouvante gothique traitée de manière très habile car tout en suggestion où l'on ne connaitra le mobile et la véritable identité de l'assassin qu'aux 10 dernières minutes. Autant dire que le suspense savamment mis en scène fonctionne à plein régime !
Quand au final à effet de surprise, il est inattendu, macabre, fantasmagorique dans son atmosphère subitement irréelle en véritable tour de passe-passe pour un retour dans le passé remodelé avec en prime un clin d'oeil amusé au mythe du "Dr Jekyll et Mr Hyde" matiné d'un portrait de Dorian Gray !

                    

La grande réussite de "The Night Strangler" viendra donc en priorité à ce scénario solide et surprenant, riche en surprises, passionnant de bout en bout de par sa maitrise subtile à révéler succintement de manière concise et brève chaque élément de l'intrigue tour à tour tortueuse et fascinante. Une trame policière qui débute de manière académique avec ces victimes retrouvées étranglées mais qui va vite bifurquer vers les cimes du fantastique et de l'épouvante dans une thématique pour la quête de l'éternelle jeunesse.
Le mélange polar / fantastique fonctionne ici à merveille dans une chaude et sombre ambiance à travers ses ruelles glauques nappées de mystère et de brume nocturne qui pourrait rappeler les grandes heures de "Jack l'Eventreur".
L'interprétation générale est un vrai régal pour les amateurs de trognes connues et célèbres des années 70 en particulier vers ces séries TV populaires ou certains films connus comme Simon Oakland (le Général Thomas Moore dans la série américaine Les Têtes brûlées), richard anderson (l'inoubliable Oscar Goldman dans la série l"homme qui valait 3 milliards"), Scott Brady (le shériff de "gremlins", "le syndromme chinois", "johnny guitare"), l'immense John Carradine qu'on ne présente plus et enfin Darren McGavin (vu dans "Mike Hammer", "l'homme au bras d'or", "les naufragés de l'espace" et la série inédite chez nous: "Kolchak, the night stalker").
"The Night Strangler" pourrait évoquer à la nouvelle génération le film "Jeepers Creepers" dans sa chronique des meurtres évolutifs et ses nombreuses surprises inopinées mais il se définit aussi comme le possible précurseur d'une série culte intitulée "X-Files" pour l'enquête policière irrationnelle évoluant dans le pur fantastique et l'épouvante inhabituelle rendue crédible grâce à une narration formidablement structurée et imaginée.

Ce télé-film méconnu chez nous est en tous cas un véritable bijou télévisuel se dégustant comme un bon cru que tout passionné puriste de vrai fantastique se doit de ne rater sous aucun prétexte !
Encore une belle preuve du talent indéniable de ce grand monsieur tout en modestie qu'était Dan Curtis.

                                            
                                             Darren McGavin

09/06/10.

LE MYSTERE ANDROMEDE (The Andromeda Strain)

                                   

de Robert Wise. U.S.A. 1971. 2H11. Arthur Hill, David Wayne, James Olson, Kate Reid, Paula Kelly, George Mitchell, Ramon Bieri, Peter Hobbs, Kermit Murdock, Richard O'Brien, Eric Christmas...

Date de Sortie: France, 19 avril 1972  U.S.A, 12 mars 1971

FILMOGRAPHIE: Robert Wise, né à Winchester (Indiana) le 10 septembre 1914 et mort à Los Angeles le 14 septembre 2005, est un réalisateur, producteur, metteur en scène et monteur américain.
1943 : La Malédiction des hommes-chats , 1944 : Guy de Maupassant; Mademoiselle Fifi 1945 : Le Récupérateur de cadavres,1945 : Un jeu de mort, 1946 : Cour criminelle, 1946 : Né pour tuer, 1948 : Mystère au Mexique, 1948 : Ciel rouge, 1949 : Nous avons gagné ce soir, 1950 : Les Rebelles de Fort Thorn, 1950 : Secrets de femmes ou Les Trois Secrets,1951 : La Maison sur la colline, 1951 : Le Jour où la Terre s'arrêta, 1952 : La Ville captive, 1952 : Something for the Birds, 1953 : Les Rats du désert, 1953 : Destination Gobi, 1953 : Mon Grand,1954 : La Tour des ambitieux, 1956 : Hélène de Troie, 1956 : La Loi de la prairie, 1956 : Marqué par la haine, 1957 : Ce peut être cette nuit, 1957 : Femmes coupables ,  1958 : L'Odyssée du sous-marin Nerka, 1958 : Je veux vivre ! , 1959 : Le Coup de l'escalier , 1961 : West Side Story, 1962 : Deux sur la balançoire , 1963 : La Maison du diable , 1965 : La Mélodie du bonheur ,1966 : La Canonnière du Yang-Tse , 1968 : Vedette !, 1971 : Le Mystère Andromède, 1973 : Deux personnes, 1975 : L'Odyssée du Hindenburg , 1977 : Audrey Rose, 1979 : Star Trek : Le Film, 1989 : Les Toits , 2000 : Une tempête en été (téléfilm).

Une partie du Nouveau-Mexique a été contaminé après le crash d'un satellite. Les scientifiques bataillent ferme afin de trouver l'origine du mal et d'y remédier au plus vite.

Les habitants d’une petite bourgade du fond de l’Arizona sont morts frappés d’un mal mystérieux, inconnu. Ils sont tous morts, sauf deux : un vieil alcoolique et un bébé. Quatre savants tentent de comprendre comment ces gens sont morts, pourquoi il y a deux survivants et quelle a été la cause du mal. Dans le cliquetis incessant des ordinateurs, sous la lumière irréelle des écrans où se projette ce que dévoilent les microscopes électroniques, trois hommes et une femme luttent pour percer le mystère de la « variété Andromède », ce micro-organisme ramené de l’espace par un satellite d’observation. Il s’agit d’une course contre la montre, car c’est la vie de l’espèce humaine toute entière qui, peut-être, est en jeu…









mardi 15 mars 2011

LOVELY BONES

                            

de Peter Jackson. 2009. 2H15. U.S.A. Avec Saoirse Ronan, Stanley Tucci, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Susan Sarandon, Rose McIver, Nikki SooHoo, Reece Ritchie, Amanda Michalka, Jake Abel...

L'ARGUMENT: Brutalement assassinée par un voisin dans sa demeure familiale, la jeune Susie Salmon observe de l'au-delà ses proches lutter contre leur chagrin, les policiers patiner dans leur enquête et son tueur, qui continue de sévir en toute impunité.

                    

MON AVIS: Après la colossale et monumentale entreprise de la mythique trilogie du "Seigneur des anneaux" ainsi que le superbe remake généreux de "King-Kong", notre néo-zélandais préféré revient à une forme de cinéma beaucoup plus intimiste, personnelle et posée, à la manière du magnifique "Créatures Célestes" qui savait associer avec subtilité et poésie, fantastique et drame psychologique tiré à la base d'un fait divers sordide.

Adapté du roman "La Nostalgie de l'Ange" d'Alice Sebold, "Lovely Bones" emprunte également le drame psychologique et la touche fantastique pour nous conter l'histoire tragique d'une jeune fille de 14 ans sans histoire, Susie Salmon (interprétée par l'étonnante Saoirse Ronan toute en fragilité) , issue de parents exemplaires dans l'union affective et l'amour paisible du cocon familial parmi son frère et sa soeur. Mais son destin va brusquement éclater pour chavirer du côté sombre et obscur de la mort brutale essentiellement gratuite à cause des agissements morbides d'un pédophile meurtrier campé par l'incroyable Stanley Tucci. La scène de séquestration bien que totalement suggérée incommode, dérange et affecte l'esprit dans son climat déviant et méprisant hautement malsain.
A cause de sa brutale disparition subite, ses remords envers son criminel et son refus d'accepter la réalité de sa propre mort, Susie va se retrouver dans l'attente de l'entre deux mondes, observant le douloureux chagrin de sa famille endeuillée et attendre éperdument que son assassin sera arrêté et condamné pour son impardonnable crime.

                   

Peter Jackson aborde la thématique du deuil familial, de la perte d'un être si cher et attendri, la difficulté de surmonter l'obstacle d'une disparition aussi innocente envolée en pleine adolescence.
L'impossibilité d'effacer ce pénible chagrin viscéral, de vivre continuellement sans être accompagné de celui ou celle que l'on a tant idolâtré, adulé avec l'apparition de cette douloureuse plaie mise en exergue dans notre coeur à tout jamais. Nos protagonistes fidèlement représentés et perdus dans les vagues de la mélancolie et l'injustice se seront plus jamais les mêmes mais c'est aussi dans la mort endeuillée que leur nouvelle raison d'être et de respirer pourra se réapprovisionner, réévaluer leur nouveau sens de l'existence. Continuer à persévérer, évoluer et aimer passionnément ceux qui nous entourent et nous approuve.
La thème du deuil sera aussi abordé du point de vue de cette chère disparue Susie et nous allons voir et comprendre à travers un récit fantasmagorique nimbé de poésie en état de grâce et d'apesanteur qu'il est tout aussi difficile pour la victime mise en cause d'accepter son inévitable départ à l'aube d'une liaison amoureuse. Il y a d'abord cette haine rancunière de refuser que son complice soit en totale liberté et continuer ainsi son immonde série de meurtres crapuleux. Susie va observer également la difficile et pénible évolution de sa famille en appel d'oxygène. Un père déterminé à retrouver l'ultime coupable présumé, une mère effondrée refusant d'être le témoin et se soustraire à ce jeu malsain du gendarme et du voleur et une soeur plus futée et couillue qu'elle ne parait pour oser pénétrer dans la demeure de l'enfer, se procurer un carnet personnel essentiel dans une séquence à haute tension d'anthologie que n'aurait surement pas renié le maitre Hitchcock.

                    

Peter Jackson réalise avec une acuité de sensibilité aigue un récit dramatique bouleversant mais florissant car débordant d'humanité et d'optimisme, contrebalancé par des fulgurances visuelles d'une poésie atypique qui nous remplit les yeux éclairés et lumineux.
"Lovely Bones est tout simplement un hymne à la vie terrestre et celle sensitive inidentifiable, une déclaration d'amour à ceux que l'on aime, à la liberté éternelle d'embrasser comme au premier baiser innocent au plus profond de l'âme ceux qui nous sont proches et digne de confiance.
Une raison de vie supplémentaire après la perte, un but atteint dans la création, la persévérance, l'envie de croire à notre étoile qui démontre aussi pour les plus malchanceux que la mort n'est qu'un passage dans un autre "ailleurs". Et même si les pince sans rire, les aigris, les bien pensants et les athées pourraient pouffer de rire et trouver l'ensemble un rien naif, puéril, voir désuet c'est peut-être aussi pour leur faire oublier à eux même que quelque part un coin de leur innocence, leur âme d'enfance, cette période d'émerveillement si féérique s'est envolée, dissoute, évaporée au profit d'un semblant de maturité surestimée et snobée, teinté d'une pointe d'orgueil.

Je répondrai en priorité à ceux qui ne veulent pas y croire : je vous souhaite simplement à tous une longue vie de bonheur. Comme le monde parfait d'un pingouin immobile dans une boule de neige.

A Barney et Pascal...

15.06.10

NOUVELLE CUISINE (Dumplings)

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Fruit Chan. 2004. Hong-kong. 1h31. Avec : Miriam Yeung, Bai Ling, Tony Leung Ka Fai, Mi Mi Lee, Pauline Lau, Miki Yeung...

L'ARGUMENT: Ching Lee, une ancienne star approchant la quarantaine est décidée à retrouver sa beauté d'autrefois afin de reconquérir son infidèle mari. Pour cela, elle s'adresse à Mei, une cuisinière charismatique qui a pour spécialité les jiaozi, raviolis à la vapeur, typiques de la cuisine chinoise sauf qu'ici la préparation dégustative possède sa propre particularité.

8è long-métrage du réalisateur de "3 Extrêmes", le hongkongais Fruit Chan aborde avec poésie macabre et formelle la thématique de l'élixir de jeunesse à travers le portrait de deux femmes adepte du cannibalisme, pratique ancestrale couramment étendue en Chine durant des siècles nous annoncera l'héroïne principale. Un acte frauduleux pour le sacrifice d'avortons au prix de la beauté éternelle. A cause d'un mari infidèle, une quadra sur le déclin va entretenir une rencontre impromptue avec une cuisinière possédant l'art culinaire de concocter des raviolis à la vapeur qu'on appelle en Chine les "jiaozi". L'irrésistible besoin de se sentir désirer et rajeunir pour pouvoir abolir les affres du temps va entraîner nos deux conquêtes dans un besoin irrépressible du plat culinaire quotidien. Dans une superbe photographie pastel et d'une recherche esthétique constamment inventive combinant l'horreur racée et la poésie sulfureuse, "Nouvelle Cuisine" s'amuse avec subtilité à se jouer du désir addictif de nos sens à travers nos aliments. C'est à dire affilier la cuisine modèle en fonction du "jiaozi" avec la chair humaine tendre d'un nouveau-né afin de retrouver l'éclat de notre épiderme. Par le biais de ce prétexte alimentaire macabre émane également un plaisir sensoriel des sens de l'odorat et du goût !
Jusqu'ou serions nous capable d'aller pour oser transgresser le plaisir interdit de l'anthropophagie, cette pratique ancestrale dénuée de moralité et ainsi nuire à l'atavisme de la vieillesse ? Nous sommes tous des consommateurs de chair semblerait nous dire Fruit Chan, que ce soit pour le besoin vital de la gastronomie car manger est un besoin naturel que l'homme doit faire pour assurer la vie de son corps animal ou pour le fantasme inconscient de mordre sa partenaire, l'idée fantasmatique de la dévorer pendant l'acte sexuel ! L'instinct du cannibale est en nous alors que ferions nous s'il nous était permis d'accéder au secret de la beauté éternelle par le biais de cette pratique ! Un rajeunissement dévoilant notre image hautaine de l'apparence à travers la galerie de personnages arrogants évoluant au sein d'une société de surconsommation.

NOTE: Prix du meilleur second rôle féminin (Bai Ling) lors du Golden Horse Film Festival 2004.
Prix du meilleur second rôle féminin (Bai Ling) lors des Hong Kong Film Awards 2005
Prix du film du mérite lors des Hong Kong Film Critics Society Awards 2005.

Bruno Matéï
21.06.10

DUPONT LAJOIE

                                   

d'Yves Boisset. 1975. France. 1H43. Avec Jean Carmet, Pierre Tornade, Isabelle Huppert, Jean Bouise, Michel Peyrelon, Ginette Garcin, Pascale Roberts, Robert Castel, Victor Lanoux, Jacques Villeret.

L'ARGUMENT: Un cafetier parisien parti en vacances avec sa femme viole et tue la fille d'un couple d'amis. Afin de maquiller sa culpabilité, celui-ci décide de faire porter le chapeau de son crime par un Maghrébin employé sur un chantier voisin.

                                           

MON AVIS: Ives Boisset est un réalisateur discret et talentueux qui ne connut pas la renommée qu'il méritait, un peu à la manière d'un autre grand du cinéma social: Serge Leroy.
Il réalise plus de 17 Films (et une plétore de métrages T.V) dont les plus essentiels resteront "Le saut de l'ange", "Folle à tuer", "Un Taxi mauve", "R.A.S", "Le Juge Fayard dit le Shériff", "La Femme flic", "Allons z'enfant", "Canicule" puis "Le Prix du danger".

"Dupont Lajoie", charge sociale brutale anti-conformiste est un puissant plaidoyer contre le racisme, une dénonciation brute sans effet de style qui n'ira pas par quatre chemin pour dépeindre à travers les vacances festives ensoleillées de paisibles citoyens venus s'évader le temps de leur congé une France profonde engluée dans ses préjugés, sa haine de l'étranger et sa médiocrité morale primaire autant pour ce triste tableau évoqué que la police permissive et ces politiciens lachement laxistes. Autant dire que tout le monde en prendra ici pour son grade.

Un cafetier (l'immense jean carmet dans un rôle monstrueux) parti en vacances avec sa paisible famille dans un camping populiste profitera de l'attention accordée aux jeux populaires traditionnels du village de la région pour se balader aux environs reculés campagnards et retrouver la jeune fille allumeuse de la famille des Colin (la débutante et naturellement belle Isabelle Hupert), allongée paisiblement demi-nue dans un discret coin de verdure.
Pris d'une pulsion sexuelle incontrolée, il décide de se lacher dans ses bas instincts pervers, voyeuristes et obsessionnels pour la violer et commettre un second acte irréversible: la tuer froidement par accident.
Il décide alors de se débarrasser du corps pour le déposer dans un chantier voisin, là ou des immigrés s'y sont récemment installés.

                                           

Yves Boisset dénonce avec réalisme et sincérité le portrait pathétique d'une poignée de vacanciers racistes, qui, épris de lâcheté, colère envahissante, langues de vipères déliées et rancune tenace vont se soumettre à une chasse à l'homme démesurée pour tenter de retrouver le fameux présumé coupable de ce meurtre crapuleux. Persuadés qu'il s'agit d'un des étrangers du chantier, à leur tour ils vont commettre l'impardonnable: lyncher violemment et aveuglément d'innocents maghrébins expatriés de leur pays d'origine et tuer froidement l'un des leurs dans un déchainement de violence commise en réunion.
Le metteur en scène alarmé et sensible aux problèmes raciaux décrit avec beaucoup de vérité dans cette période estivale chaleureuse et bon enfant du "camping du soleil" d'une France du début des années 70, l'assemblée de français moyens incultes, méprisants, autoritaires envers l'étranger.
Le moindre prétexte pour tenter de les condamner (la bagarre dans le bal) n'est qu'une astuce de plus pour enrayer la venue de ces paisibles algériens incapables de se combiner, se solidariser, se familiariser avec ces voisins enracinés dans leur pays natal. Le manque de communication, l'impossibilité d'être à l'écoute de celui que l'on ignore, l'incapacité à comprendre celui qui a osé pénétrer dans un pays étranger au sien. Toute cette agitation endoctrinée par la douleur d'un deuil soudain, cette contagion aveuglée par leur besoin de violence revancharde va mener cette ignoble farce dans une terrible impasse ou personne ne sortira victorieux mais vaincu. La vengeance n'étant qu'un acte supplémentaire pour se perdre dans les méandres du Mal et ainsi noircir, souiller l'âme de l'innocence dans une conclusion nihiliste indigne et radicale.

Servi par une mise en scène ancrée dans la réalité des années 70 et d'étonnants acteurs investis qu'on a l'habitude de voir dans un registre plus léger, "Dupont Lajoie" ne perdra malheureusement jamais de son impact pour une actualité si brûlante. Il reste une oeuvre essentielle, un témoignage fort et violent sur la montée progressive du racisme au début de cette décennie qui ne mènera au bout du compte qu'à la haine et la violence déployée, purement et pitoyablement gratuite.

                                    

NOTE: Ours d'argent spécial du jury au Festival international du film de Berlin de 1975 Prix du jury des lecteurs du Morgenpost au Festival international du film de Berlin de 1975 Recommandation Interfilm au Festival international du film de Berlin de 1975
Le film s’inspire en partie de la vague de meurtres racistes commis dans le sud de la France au début des années 70, notamment à Marseille durant l’été 1973.

22.06.10

POLICE PUISSANCE 7 (The Seven-ups)

                               

de Philip d'Antoni. 1973. U.S.A. 1H46. Avec Roy Sheider, Victor Arnold, Tony Lo Bianco, Larry Haines, Richard Lynch, Bill Hickman, Joe Spinell.

L'ARGUMENT: Pour lutter contre les gangs de la mafia, Buddy Manucci a constitué une brigade de policiers en civil, les "Seven Ups", qui procèdent selon des méthodes à la limite de la légalité. Mais un duo d'autres malfrats rançonnent les mafiosos jusqu'au jour où un flic est tué par inadvertance.

                                       

MON AVIS: Par le producteur de "French Connection" et "Bullit", Philip d'Antoni décide de s'atteler à la réalisation en 1973 au domaine du polar nerveux contemporain avec "Police Puissance 7" qui décrit le quotidien de flics obstinés vêtus en civil nommés les "seven-ups" pour mieux appâter les gangs les plus réputés de New-York. Mais une mystérieuse organisation usurpatrice exerçant à leur propre compte rançonne ces malfrats en les kidnappant un à un tandis qu'une taupe proche du chef des seven-up évitera d'être démasquée. Mais la mort d'un flic infiltré va bouleverser ce petit monde corrompu davantage irrité par ses perfides traquenards.

D'entrée de jeu, on est immédiatement frappé par l'ambiance urbaine, intense et réaliste, à la manière d'un doc et cette habile science du suspense présente pendant une enquête de routine ciblant un gangster venu négocier dans un magasin. On sent irrémédiablement l'influence de l'oeuvre référence de William Friedkin "French Connection" dans son climat au souci d'authenticité imprégné dans la réalité d'une métropole urbaine, dans ces banlieues bétonnées, ses hauts immeubles environnants, ses quartiers chauds, ses larges rues spacieuses avec ses longues voitures américaines roulant à vivre allure quand il s'agira de vouloir sauver sa peau. Et à cet égard, impossible de ne pas évoquer la longue poursuite automobile qui enchaine à mi-parcours du métrage totalisant au compteur une durée de 9 minutes de bobine affolantes. Un moment jouissif proprement anthologique, digne des figurer parmi les scènes de poursuites les plus impressionnantes et intenses du genre. Pas d'effet de vitesse à plus de 250 ou 300 kms/h dans les rues de New-York comme dans la série fadasse des "Fast and Furious" mais des voitures réelles identitaires et repérables durant l'action continue, vrombissantes et crachant à perdre haleine leur fumée de pot d'échappement, crissant leur pneu en plein centre-ville dans des virages inconscients, fonçant aveuglément parmi une foule d'enfants médusés et terrifiés et devant une agglomération bruyante semi-consciente du spectacle furieux mis en valeur devant leurs yeux ! un grand moment de cinéma terriblement efficace, débridé, violent, tenace dans son combat infernal entre deux véhicules conduits par des êtres acharnés à remporter coûte que coûte la mise sans jamais interpréter l'action à outrance pour épater les yeux ! Le final à bout de course s'arrêtera net pour l'un des 2 véhicules percuté dans l'embardée frontale extrêmement brutale d'un imposant camion !

                   

Le palmarès d'interprètes bien connus des années 70 allant de l'excellent Richard Lynch avec son étonnant faciès biscornu, le regretté Joe Spinell dans un excellent second rôle de racaille de bas étage, le traitre Tony Lo Bianco au regard fusionnel de renard indocile et surtout l'épatant Roy Scheider tout aussi investi que dans son interprétation enfiévrée et rancunière de "French Connection" renforce le caractère crédible de cette enquête criminelle passionnante mise en valeur grâce à un bon scénario méthodiquement structuré, fébrilement équivoque à la première entracte mais facilement indentifiable pour les suite des réparties à venir. L'accord musical sombre, immersif et haletant sorti tout droit du polar "French Connection" (encore lui !) adopte une ambiance hostile renforçant constamment l'intensité des nombreux épisodes.

Loin d'être un plagiat copie conforme de "French Connection", "Police puissance 7" possède aussi sa propre identité même s'il pourrait former une forme de suite au duo commandité par Popeye. Il fait malheureusement parti à tort de ces petits polars rapidement oubliés durant cette décennie seventie.
Il s'agit pourtant d'un des meilleurs démarquages du chef-d'oeuvre de Friedkin, un polar âpre, dense, nerveux et terriblement prenant à réhabiliter d'urgence.

                             

23.06.10. 2