de Peter Jackson. 2009. 2H15. U.S.A. Avec Saoirse Ronan, Stanley Tucci, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Susan Sarandon, Rose McIver, Nikki SooHoo, Reece Ritchie, Amanda Michalka, Jake Abel...
Le murmure des âmes.
Il y a des films qui ne se regardent pas vraiment avec les yeux. Lovely Bones est de ceux-là. Il s’écoute comme une prière à peine formulée, un souffle suspendu entre deux mondes — celui des vivants, rugueux, désaccordé, et celui des morts, mouvant, mélancolique et pourtant étrangement lumineux. Peter Jackson, loin de ses épopées grandioses, nous livre ici une œuvre profondément intérieure, presque fragile, comme un poème murmuré depuis l’au-delà.
Saoirse Ronan, diaphane et magnétique, incarne Susie Salmon, jeune fille assassinée à l’âge où l’on commence à rêver. Son regard bleu, immense, nous guide à travers ce récit de perte, d’attente, d’amour figé. Elle est le cœur battant du film, à la fois présente et absente, ancrée dans les souvenirs de ceux qui l’aiment encore, mais déjà emportée dans un ailleurs insondable. Sa voix off n’est pas une explication : c’est une présence, une musique douce qui nous accompagne dans cette traversée du vide.
Le film est traversé d’images flottantes, parfois sublimes, parfois déroutantes — un champ de blés infinis, un navire en bouteille, des escaliers qui s’effacent. Jackson tente de donner forme à l’indicible, à ce lieu où les morts errent dans les limbes de l’inachevé. Parfois, il trébuche sur ses propres effets spéciaux, trop visibles, trop fabriqués. Mais souvent, il touche juste, et c’est dans ces instants suspendus que le film respire, comme une blessure qui palpite encore.
Stanley Tucci glace le sang dans le rôle du prédateur — un homme sans aspérités, banal et terrifiant. Jamais caricatural, il incarne cette monstruosité invisible qui rôde dans les rues tranquilles. À ses côtés, Mark Wahlberg et Rachel Weisz peinent à recoller les morceaux d’une vie explosée ; Susan Sarandon, en grand-mère flamboyante et maladroite, apporte une touche d’humanité chaotique, presque bienvenue dans ce drame étouffé.
Lovely Bones n’est pas un film parfait. Il hésite entre conte macabre et chronique du deuil. Mais c’est précisément dans ses failles que le film devient touchant. Car au fond, il ne s’agit pas de résoudre un meurtre, ni de rendre la justice. Il s’agit de laisser partir. D’apprendre à continuer, même avec un cœur ébréché.
Et dans le silence qui suit, quand l’écran devient noir, il reste quelque chose. Une sensation douce-amère, une tristesse belle. Comme un souvenir qu’on ne veut pas oublier.
15.06.10
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