mardi 15 mars 2011

Nouvelle Cuisine / Dumplings

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Fruit Chan. 2004. Hong-kong. 1h31. Avec : Miriam Yeung, Bai Ling, Tony Leung Ka Fai, Mi Mi Lee, Pauline Lau, Miki Yeung...

8è long-métrage du réalisateur hongkongais de "3 Extrêmes", Fruit Chan aborde avec poésie macabre la thématique de l'élixir du jeunisme à travers le portrait de deux femmes adeptes du cannibalisme, pratique ancestrale couramment étendue en Chine durant des siècles nous précisera l'héroïne. Un acte frauduleux pour le sacrifice d'avortons au prix de la beauté éternelle. Or, à cause d'un mari infidèle, une quadra sur le déclin va entretenir une rencontre impromptue avec une cuisinière possédant l'art culinaire d'y concocter des raviolis à la vapeur qu'on appelle en Chine les "jiaozi". L'irrésistible besoin de se sentir désirer et rajeunir pour pouvoir abolir les affres du temps va entraîner nos deux conquêtes dans un besoin irrépressible du plat culinaire quotidien. 
Ainsi, dans une superbe photo pastel à la recherche esthétique constamment inventive combinant horreur racée / poésie sulfureuse, "Nouvelle Cuisine" s'amuse avec subtilité à se jouer du désir addictif du goût alimentaire. C'est à dire affilier la cuisine modèle en fonction du "jiaozi" avec la chair humaine tendre d'un nouveau-né afin de retrouver l'éclat de notre épiderme. Par le biais de ce prétexte alimentaire macabre émane également un plaisir sensoriel de l'odorat et du goût !
Jusqu'ou serions nous capable d'aller pour oser transgresser le plaisir interdit de l'anthropophagie, cette pratique ancestrale dénuée de moralité et ainsi nuire à l'atavisme de la vieillesse ? 
Nous sommes tous des consommateurs de chair semblerait nous dire Fruit Chan. Tant pour le besoin vital de la gastronomie car manger est un besoin naturel que l'homme doit perpétrer pour assurer la vie de son corps animal, que pour le fantasme inconscient d'y mordre sa partenaire, idée fantasmatique de la dévorer pendant l'acte sexuel ! 
L'instinct du cannibale est en nous, alors que ferions nous s'il nous était permis d'accéder au secret de la beauté éternelle par le biais de cette pratique ? Un rajeunissement officieux dévoilant notre profil hautain pour l'apparence à travers une galerie de personnages arrogants dépendants de leur société de surconsommation.

Note: Prix du meilleur second rôle féminin (Bai Ling) lors du Golden Horse Film Festival 2004.
Prix du meilleur second rôle féminin (Bai Ling) lors des Hong Kong Film Awards 2005
Prix du film du mérite lors des Hong Kong Film Critics Society Awards 2005.

*Bruno 
21.06.10

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