Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com
de Nicolas Winding Refn. 2013. France/Danemark. 1h30. Avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm, Tom Burke, Ratha Pohngam, Byron Gibson.
Récompense: Grand Prix au Festival du film de Sydney, 2013.
Sortie salles France: 22 Mai 2013. U.S: 19 Juillet 2013
FILMOGRAPHIE: Nicolas Winding Refn est un scénariste, réalisateur, producteur et acteur danois, né le 29 septembre 1970 à Coppenhague (Danemark).
1996: Pusher. 1999: Bleeder. 2003: Inside Job. 2004: Pusher 2. 2005: Pusher 3. 2008: Marple - Nemesis (télé-film). 2009: Bronson. 2010: Valhalla Rising. 2011: Drive. 2012: Only God Forgives.
Après le succès inattendu Drive et la révélation Ryan Gosling, Nicolas Winding Refn enchaîne avec Only God Forgives, récompensé du Grand Prix à Sydney. Trip métaphysique quasi expérimental, le réalisateur prend ici le contre-pied de son polar antécédent pour nous livrer un ovni beaucoup moins accessible pour le spectateur lambda peu habitué aux ambiances hermétiques. Car ici, le réalisateur utilise le thème de la vengeance pour fignoler avant tout une mise en scène hyper travaillée dans des décors stylisés et picturaux. A la suite de la mort de son frère, Julian voit débarquer l'arrivée de sa mère lui suppliant d'assassiner le responsable. Cette doléance intransigeante d'une mégère castratrice va être le théâtre d'un règlement de compte sanglant entre Chang, officier de police véreux et Julian, célibataire introverti en quête existentielle.
Pari audacieux que ce polar obscur noyé dans un rythme languissant mais transcendé par une ambiance envoûtante et des éclairs de violence soudains. Concerto emphatique sur la vengeance expéditive, Only God Forgives bouscule les habitudes du spectateur dans un spectacle onirique de sons et lumières. A l'intonation d'une partition musicale électrisante, les antagonistes ressemblent ici à des fantômes errants se provoquant communément par des regards mutiques puisque les bavardages laconiques laissent souvent place aux coups de sabres pourfendeurs et gunfights assourdissants ! Balade nocturne dans un Bangkok crépusculaire illuminé de néons polychromes où les prostituées ferment les yeux face à la barbarie, Only God Forgives chorégraphie la besogne de meurtriers renfrognés, ne cessant de se provoquer par des exactions vindicatives inutiles. La filiation, la paternité déchue sont ici abordés du point de vue de protagonistes meurtris d'un deuil infantile. En justiciers redresseurs de torts, ils souhaitent établir eux mêmes la sentence meurtrière afin d'apaiser leur rancoeur. Au milieu de cette confrontation sanglante, notre anti-héros Julian va devoir se mesurer à un ange de la vengeance indestructible. Compromis par la dictature tyrannique de sa mère (Kristin Scott Thomas est littéralement transie d'agressivité impassible !) et ayant vécu une enfance douloureuse (il avait préalablement assassiné son propre géniteur dans son pays natal !), Julian va devoir combattre la figure divine d'un ange exterminateur dans une éthique indécise en perte de repères. Car ici, notre gangster est un boxeur novice brisé par la solitude et la démission parentale mais néanmoins épris d'empathie auprès de la candeur des enfants martyrs.
Sauvage et cruel, monotone et concis mais d'une beauté contemplative ensorcelante, Only God forgives privilégie l'expérience atmosphérique et le lyrisme envoûtant au sein d'une intrigue tortueuse imprimant la quête impossible d'une plénitude et de la repentance. On adhère et on se laisse bercer par la mélodie baroque ou on rejette en bloc cette ambition auteurisante de prôner avant tout une mise en scène prodige. Pour ma perception sensorielle, la balade funeste m'a laissé une trace indélébile dans l'esprit !
L'hommage pour Drive: http://brunomatei.blogspot.fr/2011/12/drive-prix-de-la-mise-en-scene-cannes.html
L'hommage pour The Place beyond the Pines: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/the-place-beyond-pines.html
24.07.13
Bruno Matéï