lundi 20 octobre 2014

HOUSE OF 1000 CORPSES (la maison des 1000 morts)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Rob Zombie. 2003. U.S.A. 1h29. Avec Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon, Karen Black, Chris Hardwick, Erin Daniels.

Récompense: Prix des Meilleurs Effets-Spéciaux, Fantasporto 2004

    Sorties en France en Dvd le 12 Juillet 2006. U.S: 11 Avril 2003

    FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts.
    2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


    Premier coup de génie du chanteur Rob Zombie derrière la caméra, House of 1000 Corpses se veut un hommage semi-parodique aux oeuvres horrifiques des années 70, particulièrement à l'illustre Massacre à la Tronçonneuse dont il reprend ici la caricature d'une famille dysfonctionnelle éprise de folie meurtrière et de cannibalisme. A travers son intrigue sommaire 1000 fois traitées (après s'être égarés dans une boutique des horreurs, deux jeunes couples se retrouvent piégés dans la demeure d'une famille de psychopathes le soir d'Halloween), Rob Zombie prend donc parti de rendre "hommage" au genre avec beaucoup de dérision afin d'en justifier les conventions. 


    En sale gosse assumé d'autant plus indépendant, il privilégie surtout l'icone d'antagonistes extravagants évoluant dans un environnement aussi fantasque que morbide. Chaque personnage ayant une attitude bien définie dans leur show improvisé alors que d'autres impressionnent par leur attrait physique plutôt inquiétant (Spaulding et ses airs sournois d'aimable clown, Tiny Firefly, le valet de grande taille à la posture dégingandée, ou le leader Otis Driftwood, maître de cérémonie du satanisme et des messes noires). Quand à la compagne du cinéaste, Sheri Moon se taille la dégaine d'une effrontée aguicheuse avec une sensualité perverse ! Redoublant de sadisme, de cruauté et de gouaillerie envers nos otages, leur unique morale n'est donc que glorification au Mal symbolisée ici par la cérémonie du Dr Satan. Conçu comme un véritable train fantôme, House of 1000 Corpses s'édifie en carnaval horrifique parmi leurs exactions crapuleuses et parmi une scénographie funèbre chargée de couleurs flamboyantes. Que ce soit dans leur demeure familiale régie en véritable musée des horreurs, dans le refuge d'un cimetière aux teintes crépusculaires ou dans les recoins d'un souterrain ornée d'ossements humains et de créatures malfaisantes. Jamais avare d'idées délirantes, Rob Zombie exploite également ces situations éculées avec un ton sardonique chargé de références (les victimes déguisées en peluche de lapin, le braquage de l'épicerie façon "Tarantino", la séquence du dîner auquel les hôtes doivent s'affubler d'un masque grotesque pour aborder le dessert, ou celle de l'échappée vers le portail que des épouvantails vont contrecarrer au dernier moment  !). 


    La Petite Boutique des Horreurs
    Bête et méchant, fantaisiste et cruel, malsain et sanguinolent, House of 1000 corpses se porte en étendard parodique de l'horreur craspec parmi les références des Seventies. Totalement décomplexé dans sa liberté de ton vulgaire et grossier, cette immense farce macabre s'édifie en pochette surprise, sorte de Creepshow cartoonesque où Tex Avery aurait investi la peau d'un serial-killer ! Jouissif en diable, surprenant et débordant d'enthousiasme dans les péripéties morbides, House of 1000 Corpses est également une déclaration d'amour au genre horrifique le plus affranchi (ici, seuls les méchants occupent la première place et sortent vainqueurs de leurs exploits meurtriers !). Un petit chef-d'oeuvre d'humour noir rehaussé d'une BO d'enfer ! 

    Bruno Matéï
    2èx


    vendredi 17 octobre 2014

    Jeux Interdits. Oscar du Meilleur Film Etranger, 1952.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.film-cine.com

    de René Clément. 1952. 1h26. France. Avec Georges Poujouly, Brigitte Fossey, Lucien Hubert, Laurence Badie, Amédée, Suzanne Courtal, Jacques Marin.

    Sortie salles France: 9 Mai 1952

    FILMOGRAPHIE: René Clément est un réalisateur et co-scénariste français, né le 18 Mars 1913 à Bordeaux, décédé le 17 Mars 1996 à Monaco. 1946: La Bataille du rail. 1946: Le Père Tranquille. 1947: Les Maudits. 1949: Au-delà des Grilles. 1950: Le Château de verre. 1952: Jeux Interdits. 1954: Monsieur Ripois. 1956: Gervaise. 1958: Barrage contre le Pacifique. 1960: Quelle joie de vivre. 1960: Plein Soleil. 1963: Le Jour et l'Heure. 1964: Les Félins. 1966: Paris brûle-t-il ? 1969: Le Passager de la Pluie. 1971: La Maison sous les Arbres. 1972: La Course du Lièvre à travers les Champs. 1975: La Baby-Sitter.


    « Pour avoir su élever à une singulière pureté lyrique et une exceptionnelle force d’expression, l’innocence de l’enfance au-dessus de la tragédie et de la désolation de la guerre ». 

    Immense succès lors de sa sortie en France (4,9 millions de spectateurs), auréolé d'une pluie de récompenses à travers le monde, Jeux Interdits est reconnu comme l'un des chefs-d'oeuvre de notre patrimoine au même titre que la mélodie guitarisée de Narciso yepes. Témoignage douloureux sur l'horreur de la seconde guerre du point de vue de l'enfance, Jeux Interdits est un moment d'émotion aussi poétique que cruellement bouleversant. De par les moments de tendresse impartis à deux enfants réfugiés dans leur intimité et pour la situation précaire de l'un d'eux prochainement livré à l'adoption de l'orphelinat. 

    Synopsis: Après la mort brutale de ses parents et de son chien lors d'un bombardement, Paulette réussit à trouver refuge auprès de Michel, fils cadet de la famille Dollé. Ces paysans acariâtres en perpétuel conflit avec les voisins Gouard décident de la recueillir quelques temps avant d'avertir la gendarmerie. Alors que l'un des fils Dollé succombe à ses blessures d'un grave incident, le couple d'enfants se construit un cimetière afin d'omettre la guerre et dédramatiser leur deuil commun


    Hommage aux enfants orphelins de la guerre, illustration scrupuleuse de la vie paysanne à l'orée des années 40, Jeux Interdits nous fait partager une tranche de vie inoubliable parmi la complicité de Michel et Paulette. Deux jeunes enfants épris de compassion à travers leur confiance autant que leur douleur commune au moment même où un jeu morbide les rappellera à la raison de leur triste sort. La grande réussite émotionnelle du film émanant de cet attachement qu'on leur accorde auprès de leur solidarité comme celle de la famille Dollé, victime elle aussi d'un deuil improvisé en dépit de leur inflexibilité à refuser d'adopter la petite étrangère. Emaillé de cocasseries pour les chamailleries de jalousie exercées entre deux familles minées par la pauvreté, Jeux Interdits succède régulièrement à l'émotion prude lorsqu'une fillette est confrontée au désarroi de la solitude et à l'injustice de la mort. A ce titre, le prologue meurtrier au cours duquel elle assiste impuissante à la mort de ses parents est d'une intensité psychologique éprouvante. Quand bien même les séquences suivantes nous terrassent d'émotion dans son désespoir de se raccrocher au cadavre de son petit chien pour tenir lieu de son immense solitude. Trouvant réconfort auprès de l'espiègle Michel, Pauline se laisse ensuite embarquer dans un jeu morbide d'inhumations d'animaux et d'ornements de crucifix afin d'apaiser leur commun chagrin. Incarné par des comédiens plus vrais que nature dans leur charisme rural jusqu'aux seconds rôles pleins de spontanéité (je pense en priorité à la pétillante Violette Monnier dans le rôle de la fille cadette des Dollé ou encore à Jacques Marrin dans celui du fils aîné mourant), Jeux Interdit puise son intensité émotionnelle dans la fragilité humaine de la lumineuse Brigitte Fossey. Du haut de ses 5 ans, la comédienne insuffle expression d'innocence, émoi amoureux, stupeur anxiogène dans sa condition d'orpheline contrainte de côtoyer une famille paysanne draconienne mais trouvant réconfort auprès de l'amour tranquille de Michel. Secondé par Georges Poujouly, l'acteur infantile exprime la débrouillardise du garçon désinvolte à daigner voler les crucifix pour l'entreprise de son cimetière tout en suscitant bouffées de tendresse et de générosité pour la protection de sa nouvelle amie qu'il chérit. A eux deux, ils forment un duo souvent bouleversant de par leur condition d'enfants subitement opposés à la mort jusqu'à nous tirer les larmes de l'injustice lors d'une conclusion aussi précipitamment brutale que cruelle. 


    Moment de cinéma rare et précieux pour le témoignage douloureux imparti à la barbarie de la guerre où les enfants en sont les premières victimes, Jeux Interdits alterne plages de tendresse, d'humour et de cruauté avec une intensité psychologique si subtile que l'émotion nous traverse de plein fouet sans avertir. Inoubliable car inaltérable, à l'instar d'une Brigitte Fossey touchée par la grâce de son infinie innocence inscrite dans toutes nos mémoires.

    *Bruno
    17.03.25. 3èx
     
    Une analyse plus fouillée par Gilles Vannier: Jeux interdits - René Clément - Tortillapolis

    Récompenses: Oscar du Meilleur Film Etranger, 1952
    Lion d'or à la Mostra de Venise, 1952
    BAFTA du meilleur film, 1954
    Grand Prix Indépendant Festival de Cannes, 1952
    Prix Femina, 1952
    Meilleur Film français et étranger Critique Américaine, 1952
    Prix de la Critique Japonaise Tokyo, 1953
    Meilleur Film mondial Critique Anglaise Londres, 1953
     

    jeudi 16 octobre 2014

    NOS FUNERAILLES (The Funeral)

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    d'Abel Ferrara. 1996. U.S.A. 1h39. Avec Christopher Walken, Chris Penn, Annabella Sciorra, Isabella Rossellini, Vincent Gallo, Benicio Del Toro, Gretchen Mol, Victor Argo.

    Sortie salles France: 27 Novembre 1996. U.S: 1er Novembre 1996

    Récompenses: Meilleur Second Rôle pour Chris Penn au Festival de Venise
    Prix de l'organisation catholique internationale pour le cinéma.

    FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
    1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


    Drame criminel d'une noirceur absolue, Nos Funérailles renoue avec le sacre de la mafia sous un aspect totalement nihiliste, Ferrara auscultant la déroute d'une famille de gangsters des années 30 après la mort d'un des leurs. Alors que la famille Tempio pleure les funérailles du jeune Johnny, ses frères se promettent de retrouver le coupable afin de le venger. Entrecoupés de flash-back, Abel Ferrara nous remémore principalement le compromis du clan Tempio avec un gangster renommé malgré le désistement de Johnny. Quand bien même après sa mort, ses frères Chez et Ray vont nous dévoiler leur état d'âme partagé entre haine de rancoeur et désespoir d'une impossible rédemption. 


    D'une puissance psychologique éprouvante et d'une intensité dramatique aussi rigoureuse, Nos Funérailles s'édifie en cérémonial mortuaire lorsqu'une famille de mafieux se rendent à l'évidence de leur échec moral. Tyrannisés entre leur foi catholique où Dieu plane au dessus de leurs épaules et leurs exactions criminelles qu'ils perpétuent de sang froid, Chez et Ray s'embourbent dans le désarroi de la colère et le doute de leurs actes après le fardeau inconsolable d'un deuil familial. Tributaires de leur condition véreuse car habités depuis toujours par leurs pulsions d'orgueil, d'égoïsme, de haine et de meurtre, la vengeance et la folie seront les derniers catalyseurs de leur sombre déchéance. A travers le déshonneur de cette famille italienne contaminée par le poison du Mal, Abel Ferrara signe un requiem de la damnation lorsque l'engrenage de la violence dissout une famille catholique. Outre la virtuosité d'une mise en scène scrupuleuse reconstituant avec réalisme l'époque des années 30, l'intensité d'un score strident et le soin imparti à la photo ténébreuse tirant sur les teintes mauves et noires, Nos Funérailles est sublimé par la présence d'une poignée de comédiens à la mine désenchantée. Leur charisme viril et animal rappelant à l'occasion les gueules iconiques de gangsters issus du cinéma d'avant-guerre. Mais la palme de la révélation en revient indubitablement au regretté Chris Penn endossant ici le rôle de sa vie dans celui d'un époux violent, aussi torturé dans sa perversité désaxée et son incontrôlable colère qu'hanté de remords d'avoir sombré si bas dans l'avilissement. 


    Affliction de la contrition. 
    Chef-d'oeuvre de noirceur baignant dans un désespoir insoluble, Nos Funérailles transcende la dernière dérive meurtrière d'une famille de truands accablés par le deuil familial et incapables d'en tirer une leçon dans leur condition d'affranchis déchus. Epouvantablement nihiliste car sans aucune échappatoire, Ferrara nous plonge dans leur décadence avec une intensité psychologique affligeante. 

    A Chris Penn...
    Bruno Matéï
    3èx

    mercredi 15 octobre 2014

    E.T (E.T. The Extra-Terrestrial)

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    de Steven Spielberg. 1982. U.S.A. 1h55. Avec Pat Welsh, Dee Wallace Stone, Henry Thomas, Peter Coyote, Robert MacNaughton, Drew Barrymore.

    Sortie salles France: 26 Mai 1982 (Cannes). 1er Décembre 1982 (sortie nationale). U.S: 11 Juin 1982

    FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre.


    "Je refuse de dire: parmi tous mes films, c'est celui-là que je préfère. Cela revient à dire que, parmi tous mes enfants, j'ai un préféré. La Liste de Schindler est le film qui compte le plus pour moi, mais E.T. est mon film le plus personnel. Dire qu'un film s'adresse à l'enfant qui est en nous est devenu un cliché. Pourtant, je pense qu'E.T. s'adresse à ce que nous sommes, à ce que nous avons été, et à ce que nous voudrions redevenir". Steven Spielberg.

    Succès planétaire multi récompensé aux Etats-Unis, E.T est l'incarnation parfaite du divertissement féerique touché par la grâce. Car à travers la profonde histoire d'amitié d'un enfant et d'un extra-terrestre, Steven Spielberg a accompli un chef-d'oeuvre d'émotion, de fantaisie et de simplicité. Un conte merveilleux sur le droit à la différence, un message de tolérance pour la paix universelle, un message d'espoir pour l'existence extra-terrestre et une diatribe contre la vivisection animale (voire le châtiment des grenouilles pratiqué durant le cours scolaire qu'Elliot finira par libérer de leur condition d'expérimentation). L'art de narrer une histoire accessible à tous afin de nous replonger dans l'émerveillement de notre enfance, un alibi pour nous rappeler à quel point cette période virginale relevait de la magie existentielle !


    Indéniablement naïf chez l'attendrissement de nos héros en culotte courte épris d'affection pour un E.T en perdition, Spielberg transcende leur comportement et leur réaction face à l'inconnu avec une sensibilité prude. A l'instar de l'attitude toute aussi innocente de l'extra-terrestre féru d'affection pour leur bonhomie et de curiosité pour leur innocence immature. C'est grâce à cet accueil chaleureux qu'E.T va donc pouvoir se réfugier au sein de leur cocon familial et grâce à leur soutien qu'il tentera d'entrer en contact avec ses proches afin de rentrer chez lui. Outre l'intense amitié émise entre lui et le jeune Eliott débordant de compassion et de confiance, l'aventure haletante est également à l'appel lorsque les enfants vont user de stratagèmes afin de déjouer les ambitions orgueilleuses des scientifiques et de l'armée. Ainsi, à travers leur attitude mégalo pour la recherche et l'observation d'une vie extra-terrestre, E.T met en exergue le caractère menaçant du monde des adultes résignés instinctivement à tout contrôler, et leur manque de considération face à la sagesse de l'enfant. Car ici ces derniers sont bels et bien les héros du film afin de nous rappeler l'importance de leur morale inscrite dans les notions de tolérance, de respect d'autrui et d'assistance à personne en danger. 


    Sommet d'émotion dans les rapports amiteux échangés entre un garçonnet et un extra-terrestre, E.T transcende sa simplicité narrative avec une grâce enchanteresse et avec l'intimité d'un cinéaste à l'âme d'enfant marqué par le divorce de ses parents et de sa solitude prépubère. Outre la puissance lyrique des moments les plus émotifs que le score de John Williams harmonise, les effets spéciaux de Carlo Rambaldi ont surtout entrepris la prouesse de rendre expressive une créature animatronique à la fragilité humaine bouleversante. Une présence inoubliable pour un chef-d'oeuvre d'émotions candides. 

    Bruno Matéï
    4èx

                                               

    mardi 14 octobre 2014

    L'Horrible Invasion / Kingdom of the Spiders

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site exclamationmark.wordpress.com

    de John Bud Cardos. 1977. U.S.A. 1h37. William Shatner, Tiffany Bolling, Woody Strode, Lieux Dressler, David McLean.

    Sortie salles France: 31 Mai 1978. U.S: 23 Novembre 1977

    FILMOGRAPHIE: John 'Bud' Cardos est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 20 Décembre 1929 à Saint Louis, Missouri. 1970: The red, white, and black. 1971: Drag Racer. 1971: The Female Bunch (non crédité). 1977: L'Horrible Invasion. 1979: The Dark. 1979: Le Jour de la fin des temps. 1984: Mutant. 1988: Act of Piracy. 1988: Skeleton Coast. 1988: Les Bannis de Gor.


    En pleine vogue du film d'agression animale initié par Spielberg avec Les Dents de la Mer, John "Bud" Cardos reprend le même schéma catastrophiste en s'attardant ici à dépeindre l'invasion d'araignées mortelles au sein d'une bourgade de l'Arizona. Alors que les nanars numérisées prolifèrent sur nos écrans depuis quelques décennies, l'Horrible Invasion joue la carte de la série B artisanale. Ou plutôt de l'authenticité, nos monstres à huit pattes s'avérant ici de véritables mygales que le réalisateur aura recruté par milliers !!! Ainsi, les observer s'agripper sur l'échine des victimes instaure un indéniable malaise épidermique face à leurs attaques répétées, et ce sans que l'intrigue ne prenne le pas sur la surenchère. Avec la mise en cause des pesticides, les araignées se résignent aujourd'hui à dévorer le bétail d'élevage et les humains depuis que les insectes ont déserté les champs toxiques. Devenues résistantes et cinq fois plus venimeuses que la normale, elles décident de passer à l'offensive jusqu'à s'acheminer vers l'urbanisation de Verde Valley.


    Aussi incongru soit-il, cet argument alarmiste demeure crédible de par la structure intelligente de son intrigue bâtie sur les dangers de la pollution. Le cinéaste optant également sur l'attente de la menace à grande échelle afin de suggérer suspense exponentiel ainsi qu'une étude de caractérielle. La première partie s'attachant à nous décrire le fardeau d'un couple de fermiers lorsque l'une de leur génisse et leur chien sont retrouvés empoisonnés par un venin foudroyant. Dépêchés sur les lieux afin de rendre un rapport d'expertise, un vétérinaire et une entomologiste (en instance d'idylle) se rendent à l'évidence que les araignées ont décidé de modifier leur instinct de survie afin de subvenir à leur besoin nutritif. Par petites touches, les incidents meurtriers vont progresser au fil de leur investigation et du soutien d'un shérif avenant, jusqu'à ce que les mygales s'en prennent physiquement à l'homme ! C'est là qu'intervient la seconde partie beaucoup plus haletante auprès de son lot de péripéties horrifiques où les arachnides prolifèrent en masse au sein d'une ville en état de marasme ou dans le vase clos d'un bar occupé par une poignée de survivants. Outre le caractère véritablement impressionnant de leurs attaques communes, l'efficacité de l'Horrible Invasion émane de cette conviction à nous faire croire que de simples mygales ont décidé d'anéantir l'espèce humaine comme le souligne son épilogue cauchemardesque dans toutes les mémoires.


    En dépit de son aspect un tantinet télévisuel (renforçant par ailleurs son charme rétro), l'Horrible Invasion est une incroyable machine à frissons de par l'intervention d'authentiques arachnides et pour l'intensité viscérale de leurs exactions horrifiques. D'une intrigue simple mais efficace découlant également le caractère crédible d'une sobre interprétation et de la montée en puissance d'une menace aussi réaliste qu'insidieuse. Une référence toujours inégalée à ce jour. 

    P.S: Un grand coup de chapeau à tous ces comédiens qui ont su faire preuve de sang froid et de bravoure pour se laisser agripper par ces nombreuses Mygales !

    *Bruno
    4èx
    14/10/14
    02/03/11

    lundi 13 octobre 2014

    TORSO (I Corpi presentano tracce di violenza carnale)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.com

    de Sergio Martino. 1973. Italie. 1h33. Avec Suzy Kendall, Tina Aumont, Luc Merenda, John Richardson, Roberto Bisacco, Ernesto Colli, Angela Covello, Carla Brait.

    Inédit en salles en France.

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie).
    1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983:2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


    Inédit en France, que ce soit lors de sa sortie en salles ou en Dvd, Ecstasy of  Films nout fait aujourd'hui l'honneur d'exhumer Torso de son silence avec une édition Blu-ray de prestige ! Tant en en terme de qualité d'image au grain respecté que de bonus passionnants, les fans auront de quoi s'enthousiasmer pour le (re)découvrir et l'insérer scrupuleusement dans leur collection ! A Pérouse, des étudiantes sont retrouvées étranglées avec le foulard rouge d'un mystérieux tueur. Avec trois de ses amies, Daniela décide de se reculer dans une villa bucolique. Mais l'assassin rode aux alentours... En vogue giallesque, Sergio Martino reprend du service en 1973 pour entreprendre un thriller un peu plus violent et érotique que ces prédécesseurs, même si le gore n'intervient plutôt que dans la résultante des crimes. Les filles dénudées sont donc ici sévèrement molestées, strangulées puis démembrées par un tueur masqué jouant parfois à cache-cache devant leur témoignage. Précurseur du Slasher, Torso annonce clairement le renouvellement du thriller horrifique dont Halloween et Vendredi 13 en seront ses illustres modèles. Tant au niveau de l'apparition fantomatique du tueur, de sa physionomie occultée par un masque que de l'aménagement du huis-clos auquel la dernière victime tentera de déjouer ses agissements meurtriers. 


    Si la première partie de l'intrigue n'a véritablement rien de transcendant (meurtres en pagaille, jeu de suspicion envers quelques témoins, étreinte polissonne saupoudrée de saphisme et d'échangisme), Sergio Martino possède suffisamment de métier pour ne pas attiser l'ennui du spectateur. Principalement dans le stylisme alloué aux meurtres violents comme de sa réalisation chiadée où l'esthétisme des images (notamment l'éclairage soigné de la photo) importe beaucoup. Mais le clou du spectacle à suspense intervient lors de sa seconde partie régie en mode claustration puisqu'une survivante va se retrouver prisonnière malgré elle dans l'intimité de sa villa parmi l'intrusion du tueur ! Avec ses démembrements à la scie et ses quelques plans gores explicites, Torso tente de rivaliser d'audaces pour dépoussiérer le genre sans toutefois sombrer dans le racolage facile. Pour preuve, le meurtre des trois jeunes filles à l'intérieur de la villa nous est établi hors-champs, le réalisateur préférant se focaliser sur le voyeurisme du spectateur et celui de l'héroïne lorsque cette dernière s'efforce de guetter les agissements de l'assassin se débarrassant des victimes ! Cette deuxième partie peut même évoquer le fameux Bloody Bird de Michele Soavi dans le rapport de force du tueur et de la victime auquel figure notamment l'importance d'une clef, dans la facture baroque de l'ameublement de la maison, et dans l'inventivité de sa réalisation aux cadrages alambiqués. Si l'identité de l'assassin et la révélation traumatique de son mobile n'excellent pas dans la stupeur, elles s'avèrent suffisamment crédibles pour accepter son rituel morbide enfoui dans une réminiscence enfantine.  


    Avec sa réalisation inventive exploitant habilement les recoins d'une Villa et l'ambition de l'auteur à se démarquer du traditionnel Giallo, Torso ouvre la voie du Slasher des années 80 avec une modernité d'autant plus surprenante qu'il prend le parti de jouer avec la complicité voyeuriste du spectateur et de l'héroïne ! Ajoutez à cela un superbe score des frères Angelis et la facture exotique d'une campagne italienne souillée par le meurtre et vous obtenez un Giallo affûté. 

    Remerciement à Christophe Cosyns et Ecstasy of Films.
    Bruno Matéï
    2èx

    vendredi 10 octobre 2014

    Nuits de Cauchemar / Motel Hell

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemaknifefight.wordpress.com

    de Kevin Connor. 1980. U.S.A. 1h45. Avec Rory Calhoun Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce, Monique St. Pierre.

    Sortie salles France: 19 Novembre 1980. U.S: 18 Octobre 1980

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres. 

    "On ne revoit pas les classiques systématiquement par devoir ou par respect, mais plutôt par amour."
     
    "Amour, viande et tronçonneuse"
    Spécialiste de l’aventure fantastique tous publics (Le 6e Continent, Centre Terre, Le Continent Oublié, Les 7 Cités d’Atlantis, Le Trésor de la Montagne Sacrée…), alors qu’il s’était fait connaître avec l’excellente anthologie horrifique Frissons d’outre-tombe, Kevin Connor renoue avec son premier amour dans le cultissime Nuits de Cauchemar.

    Film d’horreur semi-parodique imprégné d’humour noir, cette farce macabre marqua toute une génération de cinéphiles par le truchement d’un concept insolite… culminant dans un duel à la tronçonneuse que personne n’attendait !

    Le pitch : propriétaires d’un motel et fermiers réputés pour leur viande fumée artisanale, Vincent et sa sœur kidnappent des touristes pour les enterrer vivants dans un jardin secret. Mais lorsque Vincent sauve la vie d’une jeune motarde et l’accueille chez lui, son quotidien bascule : la rescapée lui avoue ses sentiments, attisant la jalousie de sa sœur.

    Avec un point de départ aussi grotesque que débridé, Nuits de Cauchemar ne peut que ravir le fantasticophile en quête d’histoires insolites. Connor redouble d’ironie : les sarcasmes du duo psychopathe fusent, railleurs envers leurs victimes ; les seconds rôles, eux, rivalisent d’extravagance et de lubricité.

    Sur ce point, difficile d’oublier le couple de touristes venus louer une chambre pour s’adonner à leurs jeux sado-maso, sous l’œil goguenard des fermiers prêts à les cueillir. Ou encore l’omniprésent shérif du coin (le frère de Vincent), épris lui aussi de la rescapée, mais aussi empoté qu’inoffensif dans ses tentatives de séduction.
    Et c’est là l’une des forces du film : ce caractère résolument attachant des meurtriers anthropophages, dont la bonhomie hospitalière tranche avec la cruauté nocturne. Leur souci d’éluder la souffrance des victimes avant l’abattage, et la justification écolo de cuisiner leur chair, renforcent même une forme de déontologie aussi absurde qu’hilarante.

    Au cœur de cette farce morbide, la romance naissante entre la jeune femme et le sexagénaire Vincent suscite une réelle empathie. Leur relation improbable, empreinte de tendresse contrariée, évoque la pathologie régressive d’un Norman Bates en sommeil.

    Mais au-delà de cette galerie de doux dingues, c’est surtout dans ses fulgurances macabres que Nuits de Cauchemar atteint des sommets : ces scènes d’anthologie où les victimes enterrées, encore vivantes, gémissent leur condition de “légume” sont d’une étrangeté hallucinée, vues nulle part ailleurs. Rien que pour ces audaces génialement saugrenues – soutenues par une bande-son volontairement malaisante – le film mérite d’être vu. Et revu.


    "Les légumes crient la nuit".
    Porté par la mélodie suave de Lance Rubin, ancrée dans toutes les mémoires, Nuits de Cauchemar charme par l’exubérance de ses personnages hors-sol et par son concept meurtrier littéralement incongru (euphémisme). Ajoutez-y une ambiance macabre des plus insolites, une pincée de sang vers son point d'orgue belliqueux à contre-emploi, et un humour noir franchement corsé… et vous obtenez une farce sardonique d’une inépuisable fringance, impossible à égaler.

    *Bruno 
    5èx. Vost

    jeudi 9 octobre 2014

    Une Femme sous Influence / A Woman Under the Influence

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site gallerytheimage.com

    de John Cassavetes. 1974. U.S.A. 2h17. Avec Gena Rowlands, Peter Falk, Fred Draper, Lady Rowlands, Katherine Cassavetes, Matthew Laborteaux, Matthew Cassel, Christina Grisanti.

    Sortie salles France: 20 Septembre 1974. U.S: 14 Avril 1974.

    FILMOGRAPHIE: John Cassavetes est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 9 Décembre 1929 à New-York, décédé le 3 Février 1989 à Los Angeles.
    1959: Shadows. 1961: Too late blues. 1963: Un Enfant attend. 1968: Faces. 1970: Husbands. 1971: Minnie et Moskowitz. 1974: Une Femme sous Influence. 1976: Meurtre d'un bookmaker chinois. 1978: Opening Night. 1980: Gloria. 1984: Love Streams. 1985: Big Trouble.


    Drame erratique d'une intensité rigoureuse, Une Femme sous Influence traite de la crise conjugale lorsqu'une mère de trois enfants finit par sombrer dans la démence. Mariée à un contre-maître beaucoup plus présent sur le chantier qu'au foyer, Mabel finit par perdre pied avec sa réalité, faute d'une solitude trop lourde à gérer malgré la compagnie insolente de ses charmants bambins. Sans oser dévoiler à son mari sa réticence d'accepter au foyer ses collègues de chantier pour un dîner amical, Mabel réveille l'inconscience de sa rancoeur en adoptant l'attitude d'une femme effrontée aux penchants alcooliques. Spécialiste du cinéma-vérité, John Cassavetes nous autopsie l'intimité d'un couple à l'instar d'un documentaire pris sur le vif. Sa mise en scène méticuleuse auscultant les tourments des amants devant le témoignage familial avec une indiscrétion dérangeante. Car dévoués corps et âme pour retranscrire leurs émotions, les comédiens vivent plus qu'ils ne jouent leur expérience humaine sans jamais faire preuve de pathos tape à l'oeil.   


    Il faut dire que dans le rôle de Mabel, Gena Rowlands livre une interprétation viscérale aussi vertigineuse qu'éprouvante dans sa difficile convalescence à s'extraire de sa névrose. Bouleversante car sidérante de fragilité névralgique, l'actrice retransmet une telle vérité humaine que l'on éprouve le même malaise que les protagonistes observant de manière impuissante sa déchéance mentale d'une intensité rarement égalée au cinéma. Dans la peau d'un époux renfrogné trop irascible car agissant souvent sous l'impulsion avant de réfléchir, Peter Falk parvient à lui donner la réplique avec autant de rigueur d'une certaine façon secondaire dans sa posture de machiste lourdement contrarié. Un prolétaire courageux plutôt respecté par son entourage et débordant d'amour envers son épouse mais hélas sur la réserve lorsqu'il s'agit de lui communiquer ses sentiments ou lui offrir l'aplomb nécessaire afin d'assainir sa conduite morale. Etalé sur une durée de 2h27, cette confrontation rigoureuse d'un couple en perdition est entièrement dédiée à leur fracture psychologique alors que les témoignages amicaux et familiaux se contraignent de les soutenir en tant que simples spectateurs.


    Drame intimiste d'un couple en crise identitaire, Une Femme sous Influence dresse l'introspection d'une femme trop fragile de sa condition désaxée en nous dévoilant frontalement les conséquences de la solitude et de l'incommunicabilité lorsque deux amants atrabilaires sont incapables d'y canaliser leurs émotions. Un grand moment de cinéma-vérité porté par un réalisateur en acmé et un acte d'amour alloué à un duo de comédiens hors-pair gravés sur pellicule. 

    Bruno
    3èx

    PER UN PUGNO DI SPAGHETTI (Pour une poignée de Spaghettis). Court-Métrage.


    Un court-métrage de Pascal Frezzato. 2014. France. 10'14". Avec Bruno Dussart, Patrick Lalande, Adrien Erault, Christophe Masson, Dominique Botras

    FILMOGRAPHIE: Pascal Frezzato est un réalisateur français de court-métrage, né le 4 Décembre 1972.
    2010/11: Predator. 2012: Le Règne des Insectes. 2013: Memory of the dead. 2014: Pour une poignée de Spaghettis.


    Duel: combat par les armes soumis à des règles précises dans l'opposition de deux adversaires, l'un demandant à l'autre réparation pour une offense ou un tort.

    Après avoir traité de manière intimiste le drame post-apo (le Règne des Insectes) et l'horreur gore chère au zombie movie (Memory of the Dead), Pascal Frezzato change de registre pour rendre hommage au western spaghetti avec Pour une poignée de Spaghettis. D'une durée minimaliste de 10 minutes, l'intrigue se concentre uniquement autour d'un duel inéquitable échangé entre un Etranger et un quatuor de rebelles. L'intérêt de l'enjeu résidant dans l'éventuelle raison de leur confrontation, quand bien même le cinéaste s'entache à mi-parcours de bouleverser la donne par le biais d'un revirement culotté. Bien entendu, je tairais toutes traces d'indices pour ne pas déflorer son rebondissement imprévu mais la réussite du métrage émane également de cette démarche pittoresque à vouloir dépoussiérer un pitch éculé. Qui plus est, pour renforcer le caractère décalé de la situation, la plupart des protagonistes adopte une démarche tantôt maladroite, tantôt excentrique afin de provoquer amusement et hilarité.


    Si les comédiens amateurs cabotinent inévitablement, on peut vanter leur charisme viril tant Pascal Frezzato a pris soin de rendre crédible la posture distinguée de cow-boys hérités du western de Sergio Leone. Pour preuve, dans la peau de l'Etranger qu'incarne héroïquement Bruno Dussart, l'accoutrement du poncho qu'il porte avec flegme et une physionomie mal rasée sont volontairement calqués sur la stature de Clint Eastwood dans Pour une Poignée de dollars. Tous ces cow-boys font donc preuve d'un réel pouvoir attractif dans leur costume dissemblable et réussissent surtout à nous amuser dans leur mimique et gestuelle volontairement caricaturée. Pascal Frezzato faisant également appel à l'intensité de bruitages afin de renforcer la dérision de leur comportement mesquin. On peut aussi souligner le jeu crédible de Christophe Masson, en barbu à la gâchette facile, et celui d'Adrien Erault, en mexicain couard, tant ils parviennent à provoquer la facétie dans leur expression hébétée. Techniquement soigné, tant au niveau des cadrages, du champ contre-champs que des plans serrés, Pascal Frezzato est aussi adroit pour fignoler l'image d'une nature solaire, saturée ici de teintes ocres afin de coller au plus près de l'ambiance aride du western transalpin. Quant à l'influence musicale d'Ennio Morricone, non seulement elle harmonise instinctivement l'atmosphère d'insécurité mais se permet en outre d'en ébranler sans complexe les tons lors de l'ultime affrontement.


    Avec ce troisième court-métrage à budget extrêmement dérisoire (500 euros !), Pascal Frezzato honore le système Z dans sa volonté intègre de rendre hommage et de divertir parmi la complicité de comédiens amateurs au charisme plein de charme. La cocasserie qui émane de leur extravagance et l'incroyable revirement accordé à la chute de l'histoire risquent à coup sur de conquérir le public, partagé entre bouffonnerie et hilarité ! Scrupuleux dans sa mise en scène bricolée et plein d'affection pour ses personnages, on sent bien que l'auteur voue un indéniable amour à ses pistoleros bourrus et il le fait dignement savoir ici avec une fantaisie irrésistible !  

    Un grand merci à Pascal Frezzato, Philippe Blanc et toute l'équipe du film ! 
    Bruno Matéï

    P.S: Le court-métrage est disponible ici : http://www.dailymotion.com/…/x28si2w_per-un-pugno-di-spaghe…
    La seconde partie ici: https://www.dailymotion.com/…/x3eye27_per-un-pugno-di-spagh…

    La critique du Règne des Insectes (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/le-regne-des-insectes_13.html
    La critique de Memory of the deadhttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/memory-of-dead-court-metrage.html

                                           

    mercredi 8 octobre 2014

    ROMEO IS BLEEDING

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

    de Peter Medak. 1993. U.S.A/Angleterre. 1h49. Avec Gary Oldman, Lena Olin, Annabella Sciorra, Juliette Lewis, Roy Scheider, Michael Wincott.

    Sortie salles France: 2 Mars 1994. U.S: 4 Février 1994

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Peter Medak est un réalisateur et producteur hongrois, né le 23 Décembre 1937 à Budapest (Hongrie).
      1980: L'Enfant du Diable. 1981: La Grande Zorro. 1991: L'âge de vivre. 1993: Romeo Is Bleeding. 1998: La Mutante 2.


      En pleine vogue du polar rouge sang inauguré par Tarantino (Reservoir Dogs), Peter Medak, réalisateur attitré d'un authentique chef-d'oeuvre de l'épouvante (l'Enfant du Diable), nous propose avec Romeo is Bleeding une descente au enfers vertigineuse. Un film noir si cauchemardesque qu'il effleure parfois le genre horrifique avec un réalisme acéré. Jack Grimaldi, flic corrompu exerçant des transactions avec une mafia, va devenir la cible préférée d'une tueuse russe après avoir hésité de la supprimer sous l'autorité de ses malfaiteurs. Traqué et incessamment persécuté, il va devoir user de bravoure et subterfuge afin de déjouer la mafia et la criminelle lancés à ses trousses. Polar éprouvant s'il en est, Romeo is Bleeding est une farce vénéneuse imperturbable dans son cheminement macabre où les morts s'acheminent sous l'allégeance d'une redoutable criminelle. Portrait cinglant imparti à une misandre aussi dégénérée que perspicace, l'intrigue est majoritairement bâtie sur ses exactions crapuleuses où le masochisme pervers côtoie les étreintes sexuelles parmi la soumission de son amant.


      Pour incarner cette femme fatale au regard reptilien, Lena Olin transfigure l'une des mantes religieuses les plus terrifiantes jamais vues sur un écran ! Autant affirmer que l'actrice excelle dans son art (viscéral) de séduction à adopter la démarche d'une psychopathe cynique. Habitée par le fiel et l'arrogance pour railler la gente masculine, son parcours sanglant est établi en fonction de sa suprématie à berner les mâles infidèles et mafieux en tous genres ! En flic vénal multipliant les infidélités conjugales et les escroqueries financières, Gary Oldman lui partage la vedette avec une névrose toujours plus instable au fil de son parcours meurtrier. Sa partenaire l'incitant à l'occasion opportune de tuer certains rivaux gênants afin de lui faire porter le chapeau. Entre ses deux partenaires inflexibles, l'intrigue s'agence donc à la guerre des sexes, à l'épreuve de force, au défi du chat et de la souris qu'ils vont s'accorder avec sadomasochisme ! Au-delà de sa mise en scène parfaitement maîtrisée, Peter Medak fait appel aux dialogues ciselés afin de méditer sur l'influence du Mal, de la cupidité, des conséquences de la corruption, et sur l'idéologie précaire de l'amour ("nous appartenons à l'amour" et non l'inverse, évoquera Grimaldi en monologue !). Emaillé de rebondissements imprévisibles où la violence stylisée explose sans sommation, Romeo is Bleeding insuffle également une tension dérangeante dans la psychologie torturée de notre anti-héros sévèrement molesté. Cette traque sans répit échangée entre ces adversaires s'octroie par ailleurs de distiller un climat malsain proche du marasme, de par la perversité sadique octroyée à la dominatrice insatiable !


      Femme Criminelle
      Chef-d'oeuvre du polar malsain d'une cruauté insoupçonnée, Romeo is Bleeding fait aussi appel à la méditation pour dépeindre la dérive véreuse d'un flic à bout de souffle mais résolu à se raccrocher à l'absolution. Quant à la mécanique du thriller poisseux, Peter Medak transcende le portrait d'une criminelle narcissique avec une perversité viscérale aussi perturbante que terrifiante. 

      Bruno Matéï
      3èx

      mardi 7 octobre 2014

      Halloween 3, Le Sang du Sorcier / Halloween 3, Season of the Witch

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant à Cinemapassion.com

      de Tommy Lee Wallace. 1982. U.S.A. 1h38. Avec Tom Atkins, Stacy Nelkin, Michael Currie, Dan O'herlihy, Ralph Strait

      Sortie salles France: 9 Mars 1983. U.S:

      BIOGRAPHIETommy Lee Wallace (né le 06/09/1949) est un réalisateur, producteur, chef accessoiriste, monteur, chef décorateur et scénariste américain. C'est à lui que l'on doit la suite de Vampires, vous avez dit vampires ainsi que le télé-film Ca d'après Stephen King tandis qu'Halloween 3 était son premier essai derrière la caméra. Il a également été scénariste pour le film Amityville 2 et responsable du montage de Halloween de Carpenter.


      "Je vous demande de m’croire, je vous en prie, croyez-moi ! Arrêtez cette émission, je vous en supplie !
      Ça continue sur la 3e chaîne, regardez, regardez la 3e chaîne ! Elle continue !
      Arrêtez-la, je vous en prie, pour l’amour du ciel, coupez tout !
      Coupez ! Il n’y a pas de temps à perdre !
      Je vous en supplie, arrêtez l’émission ! Coupez, arrêtez, coupez… coooouuuuupeeeeeeeeeezzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"

      Troisième volet d’une franchise aussi emblématique que celles de Freddy ou Vendredi 13, Halloween III : Le Sang du Sorcier demeure paradoxalement le plus mal-aimé de la saga. Une injustice d’autant plus criante qu’il s’agit d’une variation brillante sur les racines celtiques d’Halloween. Produit avec un budget de 2 500 000 dollars, il n’en rapporta que 14 400 000 au box-office américain. Un score jugé répréhensible parmi les dix volets, renforcé par des critiques virulentes dénonçant son audace comme une trahison. Pourtant, à condition de laisser de côté le modèle Carpenterien, cet écart de conduite s’impose comme l’épisode le plus couillu de la série !

      Le Pitch: Un ancien fabricant de jouets, employé par la société Silver Shamrock, se réfugie paniqué à l’entrée d’un hôpital, un masque d’Halloween à la main. Quelques heures plus tard, un homme en costume noir lui perfore les orbites, avant de s’immoler dans sa voiture. Le lendemain, sa fille Ellie se confie à un médecin, Dan Challis, affirmant que son père se méfiait de la société Shamrock. Tous deux se rendent dans une bourgade californienne sous emprise, dominée par une usine gardée par des hommes étrangement silencieux, et dirigée par Conal Cochran, génial inventeur irlandais prêt à orchestrer… la plus grande farce meurtrière de l’histoire.

      Wallace et Nigel Kneale retournent aux origines sanglantes d’Halloween : fêtes païennes, rituels de mort, sacrifices humains. L’idée saugrenue d’un industriel voulant "purger" la jeunesse par une hécatombe planétaire devient proprement jouissive. Derrière chaque masque se cache une puce électronique, connectée à un signal télévisé déclenché le soir du 31 octobre. Résultat ? Des crânes d’enfants qui fondent dans une gerbe d’insectes et de serpents. Un délire narratif à la fois absurde, macabre et terriblement menaçant, porté par une ambiance glauque et poisseuse. La petite ville, figée dans un calme étrange, imposant le couvre-feu à ses habitants comme dans un cauchemar Orwellien.

      Le score électronique de Carpenter et Howarth injecte à la pellicule une énergie sourde, funèbre, hypnotique. Tandis qu’un jingle publicitaire d’une ironie cartoonesque vient hanter le spectateur. Wallace s’empare de son script avec rage et lucidité, enchaînant les péripéties dans un montage nerveux qui préserve les secrets des effets spéciaux jusqu’à leur explosion finale — notamment la mort sidérante d’un enfant, cobaye d’une démonstration funeste sous les yeux de ses parents.

      Dans le rôle du docteur désabusé, Tom Atkins est impeccable, incarnant la virilité fatiguée d’un homme traînant sa solitude entre deux verres, mais soudain happé par l’urgence d’un mystère. Stacey Nelkin, quant à elle, campe une jeune femme pugnace, mue par le deuil et la colère. Et que dire de Dan O’Herlihy, en génie cynique et glacial ? Terrifiant dans sa vision morbide d’un Halloween réenchanté par le sang des enfants.

      Malgré quelques facilités scénaristiques (notamment l’infiltration éclair du héros dans le système informatique), Halloween III reste une réussite totale. Parce qu’il ose. Parce qu’il dérape. Parce qu’il dézingue la société de consommation et la toute-puissance des médias dans un final nihiliste d’une force hallucinante. La télévision devient le vecteur d’une tuerie programmée. Le chaos s’invite sur toutes les chaînes.

      Attention véritable classique.

      *Bruno
      18.08.23. 5èx. Vostfr
      07.10.14
      01.11.10