mardi 21 août 2018

La Fête est finie. Salamandre d'Or, Festival du film à Sarlat.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marie Garel-Weiss. 2017. France. 1h33. Avec Zita Hanrot, Clémence Boisnard, Michel Muller, Christine Citti, Marie Denarnaud, Pascal Rénéric.

Sortie salles France: 28 Février 2018

FILMOGRAPHIE: Marie Garel-Weiss est une réalisatrice, actrice et scénariste française.
2017: La Fête est finie.


                             "Tu t'en rappelleras toute ta vie d'ça. Et ça s'ra jamais plus pareil." 
Passé inaperçue à sa sortie salles, la Fête est finie est la première oeuvre indépendante de la réalisatrice Marie Garel-Weiss traitant du thème de la toxicomanie sans pathos ni sinistrose. J'insiste fissa à prévenir les indécis qui soupçonneraient le énième drame social se fourvoyant dans les bons sentiments et les conventions sur un sujet aussi tabou et rebattu. Le métrage parfaitement maîtrisé privilégiant l'hyper vérisme d'un cadre thérapeutique auquel les seconds-rôles aussi criants de vérité que les héroïnes cultivent une émotion névralgique tantôt poignante, à contre emploi du pessimisme outrancier. Décrivant le parcours ardu de deux filles toxicomanes comptant sur leur solidarité amicale afin de s'extraire de leur assuétude au sein d'un centre de désintoxication, La Fête est finie provoque une émotion candide sous l'impulsion névrosée du duo Zita Hanrot / Clémence Boisnard communément habitées par leurs postures d'écorchées vives. Zita Hanrot incarnant avec plus de retenue et de maturité une fille sentencieuse au tempérament contre-intuitif, quand bien même sa partenaire Clémence Boisnard crève l'écran lors de ses interventions spontanées en toxicomane instable et rebelle, en quête éperdue de sens existentiel et de fureur de vivre.


A travers leurs caractères contradictoires émaillés de prises de bec, de réconciliation,  de désillusion mais aussi de joie de vivre, d'espoir et de pugnacité, Marie Garel-Weiss nous entraîne dans un tourbillon d'émotions la plupart du temps délicates. Cette dernière n'appuyant donc jamais sur la corde sensible (j'insiste) afin de rendre dignement hommage à ces toxicomanes sur le fil du rasoir mais pour autant assez déterminés dans leur désir de s'extraire d'une sordide routine, aussi indécises et fébriles soient leurs projets et décisions. On peut d'ailleurs relever certaines séquences fortes, aussi concises soient-elles, lorsque Sihem et surtout Céleste éprouvent en intermittence un manque psychologique difficilement gérable dans leur centre d'une discipline drastique, ou leur défonce subsidiaire lors d'une rechute extatique. Leur cheminement bipolaire alternant le chaud et le froid avec une appréhension parfois inquiétante eut égard de leur humeur versatile et de leur furieux désir d'émancipation (surtout Céleste réfractaire à être exploitée en ouvrière). Et donc si la narration déjà vue n'accorde que peu de surprises (bien que l'esprit le plus résilient n'est pas celui que l'on pense au départ), la personnalité intègre de l'auteur et la force d'expression des deux comédiennes transcendent les facilités. Notamment à travers le pilier d'une redoutable histoire d'amitié de prime abord pointée du doigt par le corps thérapeutique mais finalement fructueuse eu égard de son dénouement précaire pour autant conciliant.


Que la fête commence !
Dirigeant admirablement ses comédiennes juvéniles mises à nu face à une caméra jamais voyeuriste, Marie Garel-Weiss nous livre dans son parti-pris optimisme un témoignage documenté sur la toxicomanie. A savoir, dresser sobrement les profils hétéroclites de malades quasi incurables animés par une étincelle de vie à arpenter un parcours du combattant, aussi endurant soit leur ultime périple. Doublé d'une superbe histoire d'amitié où pointe la tolérance du saphisme, La Fête est Finie se clôt magistralement sur la tendresse de deux sourires complices avec une acuité musicale capiteuse. Tant et si bien que cette dernière image, incandescente, aphone, candide, nous transperce  le coeur et la mémoire dans la pureté de leur lueur sentimentale. 

A Pascal et Poto...

* Bruno

Récompenses:
Salamandre d'or, Prix du Public, Double prix d'interprétation Féminine
Festival de Sarlat / Festival de Saint Jean de Luz

lundi 20 août 2018

JERSEY AFFAIR

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Beast" de Michael Pearce. 2017. Angleterre. 1h47. Avec Jessie Buckley, Johnny Flynn, Geraldine James, Shannon Tarbet, Trystan Gravelle.

Sortie salles France: 18 Avril 2018. Angleterre: 27 Avril 2018

FILMOGRAPHIEMichael Pearce est un réalisateur et scénariste anglais.
2017: Jersey Affair.


Superbe drame psychologique transplanté dans le cadre du thriller, Jersey Affair nous relate une romance vitriolée où la passion des sentiments s'oppose à l'appréhension du doute, de la colère et du désarroi. Issue d'une famille autoritaire, Moll profite de sa rencontre amoureuse avec le jeune marginal Pascal pour fuir le cocon. Alors que des meurtres en série ont lieu dans la région, les soupçons se reportent rapidement sur Pascal depuis son casier judiciaire à sinistre réputation. Pour une première mise en scène plutôt maîtrisée, Michael Pearce surprend beaucoup par sa faculté à instiller une atmosphère diaphane autour de deux amants communément épris de sentiments mais peu à peu gagnés par la crainte de l'échec suite à la potentielle culpabilité de celui-ci. Prenant beaucoup de soin à magnifier un superbe portrait de femme écorchée, faute de ses timides rapports avec sa famille condescendante et surtout de son passé perturbé (sa violente agression contre une de ses camarades de collège), Michael Pearce compte sur le jeu dépouillé de l'étonnante Jessie Buckley pour exacerber sa fébrilité ambivalente.


D'une beauté naturelle singulière auprès de sa rousseur et de son regard indicible, elle parvient à enrichir l'intrigue de par son indépendance pugnace à tenter de démêler le vrai du faux au moment d'y supporter les sermons de son entourage. Car outre l'expectative d'identifier le vrai coupable (et ce jusqu'aux toutes dernières minutes riches en rebondissements successifs), le réalisateur radiographie son portrait fragile sous couvert de l'intolérance d'une population réactionnaire adepte des préjugés. Superbement photographié autour des paysages ouatés d'une nature aphone, Jersey Affair distille une vénéneuse atmosphère d'inquiétude et d'amertume autour des échanges sentimentaux des amants en perdition. On peut également compter sur le jeu inévitablement équivoque de Johnny Flynn se fondant dans le corps d'un marginal braconnier à la fois discret, laconique et empathique, mais aussi instable, voir même violent. Tant auprès de l'entourage local lorsqu'il s'y montre un peu trop menaçant que de sa compagne éperdue se rattachant pour autant sur la valeur de la confiance afin de se préserver contre les esprits contradictoires.


Atmosphérique, envoûtant, cruel et désespérément noir, Jersey Affair nous évoque avec une intensité toujours plus dramatique la sombre romance de deux marginaux exclus de la société et du cocon familial. Un couple introverti qui plus est discrédité par toute une population, et donc communément contraint de se battre contre leur propre morale afin de ne pas céder au Mal. Ou plutôt afin de ne pas réveiller la bête qui est en soi ! Les démons du passé étant difficilement gérables et oubliables faute de pulsions fielleuses incontrôlées. Une oeuvre forte et douloureuse, remarquable de dimension psychologique scabreuse, car éludé de tout manichéisme!

* Bruno

La critique de Frederic Serbource.
Les derniers instants de "Jersey Affair" nous renvoient encore bien plus explicitement à son ouverture et à son monologue de départ sur la fascination pour les orques de son héroïne. En effet, ce premier film de Michael Pearce s'ouvre sur le jour de l'anniversaire de Moll sur l'île de Jersey. Juste avant de descendre rejoindre les convives, la jeune femme se scrute devant un miroir comme si elle recherchait un défaut susceptible de la trahir. Et il est bel et bien là, représenté par un poil qu'elle arrache, une dernière trace de son véritable "moi". Tout en rejoignant la fête en son honneur, Moll nous explique que les orques la passionnent depuis toute petite à cause de leurs sourires inscrits de façon permanente sur leurs visages mais aussi par leur volonté de l'effacer de la manière la plus brutale qu'il soit pour échapper à une captivité les conduisant à la folie.
Une fois parmis les invités et avec son entourage mis en relief, Moll nous apparaît effectivement comme ces orques qu'elle décrit : en captivité. Sous le joug d'une mère psychorigide et d'une soeur qui lui vole la vedette le propre jour de son anniversaire, prisonnière d'un père souffrant de démence et d'une nièce sur lequels on l'oblige à veiller en permanence, bridée par un job de guide qui la condamne à parler inlassablement d'un environnement qu'elle ne supporte plus et, enfin, subissant les avances d'un ami d'enfance policier pour qui elle n'a aucun sentiment, Moll est tout simplement au bord de la rupture. Elle décide alors d'effacer son sourire de façade et fuit soudainement de chez elle, de ce monde qui cherche à annihiler ses aspirations profondes...
Après une nuit libératrice dans une boîte de nuit, cette Alice des temps modernes fait la rencontre de Pascal, son Lapin Blanc, un artisan ironiquement adepte de la chasse aux lapins, celui-ci va la guider dans le Pays des Merveilles d'une liberté tant désirée et de l'amour, le grand, le vrai dans lequel Moll va enfin pouvoir s'épanouir pleinement... dans un premier temps du moins. Car, en parallèle, une affaire de meurtres de fillettes secoue Jersey et, dans la paranoïa ambiante insulaire, les soupçons se portent peu à peu sur Pascal...

Bien plus encore que le clin d'oeil évident à l'oeuvre de Lewis Caroll et comme son titre original "Beast" l'indique (également une référence à la célèbre affaire de "la Bête de Jersey"), "Jersey Affair" est avant tout une relecture moderne du conte de fée "La Belle et la Bête". Mais une relecture qui en reprend certains fondamentaux pour s'amuser à les tordre et les explorer dans leurs méandres psychologiques les plus noirs et inattendus à l'aune d'un contexte contemporain. Le côté thriller de "Jersey Affair" ne sera finalement en aucun cas le sujet principal, il s'agira plutôt d'une toile de fond ayant une importance capitale pour créer les enjeux bouleversant la relation Moll/Pascal, le véritable coeur du film.

En premier lieu, il y a évidemment cette Belle (la révélation Jessie Buckley, fantastique) qui nous est d'abord présentée aussi innocente que la figure du conte. Son besoin d'émancipation apparaît on ne peut plus logique au vu de l'étouffement permanent exercé par ses proches sur elle, la rencontre avec Pascal (Johnny Flynn, charismatique au possible) est donc cette éclaircie qu'elle attendait depuis si longtemps dans son existence. Même si l'ombre des meurtres reste pesante, l'amour naissant entre Moll et Pascal illumine la première partie du film (magnifiée par la caméra de Michael Pearce et la photographie de Benjamin Kracun), la jeune fille revit enfin au contact de ce que son entourage considère comme la fameuse Bête car non-conforme à leurs idéaux sociaux. L'intrusion de Pascal dans le quotidien de Moll se teint même de légèreté lorsque l'homme remet de façon rustre les membres de sa famille choqués par ses manières.À ses côtés, Moll s'affirme de plus en plus mais ne s'épanouit par pour autant totalement car, toute Belle qu'elle est, elle n'en est pas moins elle-même habitée par une noirceur de Bête, venue de son passé et qui ressurgit le temps de quelques rêves...

Lorque les accusations contre Pascal prennent des proportions de plus en plus importantes dans un deuxième temps, l'émancipation de la jeune fille rime désormais avec la lutte du couple contre la vindicte populaire (les habitants de l'île prenant les traits des villageois du conte prêts à condamner tout ce qui leur apparaît différent). La tempête dans laquelle se trouve prise Moll la fait plonger dans une quête de ses blessures les plus profondes pour comprendre sa véritable nature, son isolement à la fois voulu et contraint en devient ainsi jusqu'au-boutiste face la colère globale (à l'image, elle en viendra à se fondre à la nature elle-même pour se retrouver). L'acceptation de son passé par la jeune femme et leurs conséquences en viendront incidemment à nous faire remettre en perspective le comportement de ses proches depuis les premiers instants : au fond, n'étaient-ils pas le couvercle qui empêchait la cocotte-minute Moll d'imploser face à une introspection qu'elle ne pourrait supporter ou, même pire, dans le cas contraire ?

Lorsque l'émotion de la masse de la population insulaire retombera quelque peu, le fameux poil évoqué au début aura repoussé comme un symbole et, dans une dernière partie certes plus faible dans son déroulement (les rebondissements annexes sont toujours prévisibles) mais passionnante au regard de l'ampleur qu'elle fait prendre à la relation du couple, Moll devra faire un choix crucial.
La question sera de savoir si, en dehors d'un dépassement mutuel, une ombre peut en accepter une autre bien plus grande ou si elle doit nécessairemment s'en détacher pour ne pas s'y perdre ? Jusqu'à sa conclusion, "Jersey affair" fera douter le spectateur, pris sous le poids anxiogène de la décision de Moll à venir...

Michael Pearce revisite donc de manière quasi-psychanalytique "La Belle et la Bête" à travers la relation d'un couple mis au ban de la société pour sa différence. En détournant les ressorts du matériau de base pour en faire un duel littéral de noirceurs dans un cadre contemporain policier un poil prévisible (seule petite ombre au tableau sans mauvais jeu de mots), il livre un premier film réussi et simplement passionnant à suivre au vu du chemin parcouru par la mèche allumée du bâton de dynamite issue de la rencontre de ce couple fascinant.

vendredi 17 août 2018

Mutant / Forbidden World. Grand Prix du Public, Prix des Effets-Spéciaux au Rex de Paris.

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lesineditsvhs.blogspot.com

d'Allan Holzman. 1982. U.S.A. 1h17 (1h22, Director's Cut). Avec Jesse Vint, Dawn Dunlap, June Chadwick, Linden Chiles, Fox Harris. Produit par Roger Corman.

Sortie salles France: 15 Décembre 1983

FILMOGRAPHIEAllan Holzman est un réalisateur, monteur, producteur, scénariste américain né en 1946 à Baltimore, Maryland, U.S.A. 1982: Mutant. 1985: Out of Control. Grunt ! The Wrestling Movie. 1987: Programmed to kill. 1991: Intimate Stranger (télé-film). 1996: Survivors of the Holocaust (télé-film). 1998: Old Man River. 2002: Sounds of Memphis (télé-film). 2003: JonBenet Messages from the Grave. 2004: Invisible Art/Visible Artists. 2007: Gullah. 2009: C-C-Cut. 2009: My Marilyn. 2010:  Invisible Art/Visible Artists. 2011: Sheldon Leonard's Wonderful Life.

 
"Gore cosmique et tumeur salvatrice : l’amour fou de la série B".
1980/1981. Contamination et Inseminoid se disputent l’écran dans une course effrénée à l’imitation, pour détrôner le monstre sacré de Ridley Scott : Alien. En 1981, Roger Corman, déjà aux commandes de la très sympathique Galaxie de la terreur, revient à la science-fiction horrifique en dénichant un jeune réalisateur encore inconnu : Allan Holzman. Présenté au Festival du Film Fantastique de Paris, Mutant décroche le Grand Prix du Public ainsi que celui des Meilleurs Effets Spéciaux. Et, malgré son budget famélique et son casting de seconde zone, ce petit outsider gagne rapidement le cœur du public jusqu’à être sacré meilleur ersatz d’Alien.

Le pitch : Dans une galaxie lointaine, très lointaine… À bord d’un vaisseau spatial, une équipe de scientifiques tente de neutraliser un métamorphe carnivore, fruit de leurs expériences douteuses, destiné à éradiquer la famine sur Terre. Mais en changeant d’apparence au fil de son évolution, le spécimen Subject 20 devient incontrôlable. Les cadavres s’empilent, les couloirs se teintent de rouge.

 
Revoir Mutant aujourd’hui, dans une version HD immaculée, relève de l’aubaine inespérée tant cette production bricole, empile et transcende les situations cauchemardesques avec une énergie formelle ensorcelante. Comment réussir, avec trois francs six sous, un scénario éculé porté par des acteurs cabotins au charme presque involontaire ? En convoquant un melting-pot de références aux grands succès horrifiques des années 70/80, Mutant tire son épingle du jeu. Il impose un cache-cache insolent entre une poignée de scientifiques (au rabais) et un monstre hybride tapi dans les entrailles de leur cocon stellaire.

Avec des moyens dérisoires, Allan Holzman accomplit le petit miracle de tout magnifier : la photo flamboyante semble jaillie d’une BD psychotronique, les décors futuristes suintent l’imagination à bout touchant, les synthés entêtants signent des envolées quasi-érotiques, et les effets gore, soignés jusqu’à la moelle, n’ont rien à envier aux artisans transalpins. L’ambiance glauque s’épaissit au rythme des exactions d’un métamorphe affamé de chair humaine. Le résultat : un survival trépidant et faussement naïf, porté par une sobriété délicieusement cocasse.


Le scénario, certes basique, n’invente rien. Mais la mise en scène, à la fois maladroite et inspirée, scande chaque danger avec une jubilation macabre. Mention spéciale à cette idée démente : éliminer la créature avec… des cellules cancéreuses ! Il fallait oser. Le rythme, vigoureux, balance entre action, érotisme léché et horreur cradingue, porté par des protagonistes aussi attachants qu’ineptes. Et pour couronner le tout, un final hallucinatoire digne d’anthologie : spoiler alert — le savant azimuté (mon chouchou, tant sa verve et sa gestuelle flirtent avec le grotesque sublime) demande qu’on lui éventre l’estomac pour extraire sa tumeur et la jeter dans la gueule du monstre. Une séquence ubuesque, à la fois ignoble et hilarante, gore et tragique, grotesque et sacrée. Fin du spoil.

 
"Jeter sa tumeur à la gueule du monstre – ode à la série B".
Condensé d’influences SF, pillant joyeusement Alien comme Star Wars (dont le prologue est un clin d’œil malicieux), Mutant incarne l’archétype idéal de la série B du samedi soir. Avec ses comédiennes dénudées (anciennes gloires de Penthouse), son gore cracra, son casting aussi improbable qu’attachant et ses péripéties barrées, le film séduit par une beauté plastique un brin baroque. Holzman, avec passion et malice, transforme son bric-à-brac cosmique en fresque interstellaire bricolée avec amour. Pétri d’affection pour le genre, Mutant est un amour de série B comme on n’en fait plus à l’ère du tout-numérique. Et bon sang, que ce genre de pépite nous manque…
 
* Bruno
21.08.23. 5èx. Vostfr. 473
17.08.18. 
27.01.12. (387)

La Chronique de la Galaxie de la Terreurhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/la-galaxie-de-la-terreur.ht…
La Chronique des Monstres de la Merhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/06/les-monstres-de-la-mer.h…

RécompensesGrand Prix du PublicPrix des Effets-Spéciaux au festival du film fantastique au Rex à Paris en 1982.

jeudi 16 août 2018

PIRANHAS 2, LES TUEURS VOLANTS

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdtoile.com

"Piranha Part Two: The Spawning" de James Cameron et Ovidio G. Assonitis (non crédité). 1981. U.S.A/Hollande/Italie. 1h35. Avec Tricia O'Neil, Steve Marachuk, Lance Henriksen, Ricky Paull Goldin

Sortie salles France: 5 Janvier 1983 (Int - 13 ans). U.S: 5 Novembre 1982. Italie: Décembre 1981.

FILMOGRAPHIE: Ovidio Gabriel Assonitis est un homme d'affaires, scénariste, réalisateur et producteur indépendant, né le 18 janvier 1943. 1974 : Beyond the Door (co-réalisé avec Robert Barrett, scénariste). 1977 : Tentacules. 1979 : The Visitor. 1981 : Desperate Moves. 1981 : Piranha 2 : Les Tueurs volants (co-réalisé avec James Cameron, co-scénariste).
James Francis Cameron est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né le 16 Août 1954 à Kapuskasing (Ontario, Canada). 1978: Kenogenis (court-métrage). 1981: Piranhas 2, les Tueurs Volants. 1984: Terminator. 1986: Aliens, le Retour. 1989: Abyss. 1991: Terminator 2. 1994: True Lies. 1997: Titanic. 2003: Les Fantomes du Titanic. 2005: Aliens of the Deep. 2009: Avatar.


Si on excepte 2/3 séquences gores timidement sympas (avec une touche latine pour les gros plans sur les chairs déchiquetées), ses FX plutôt convaincants et un cadre édénique radieux (une station balnéaire jamaïcaine), il n'y a rien à sauver de ce naufrage aquatique d'une platitude exaspérante. Un navet démanché auquel James Cameron et Ovidio G. Assonitis s'y sont disputés la réalisation avec une inspiration en berne. Quand au scénario étique et son concept saugrenu, on ne peut que se lamenter de ses fariboles un brin décomplexées (seconds-rôles ballots en sus pour tenter d'amuser la galerie). En revanche, sa splendide affiche continue de nous faire fantasmer !

* Bruno
3èx

mercredi 15 août 2018

THE KEEPING HOURS

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Karen Moncrieff. 2018. U.S.A. 1h35. Avec Lee Pace, Carrie Coon, Sander Thomas, Ray Baker, Amy Smart, Julian Latourelle, Ana Ortiz co.

Sortie salles U.S: 24 Juillet 2018 (vod)

FILMOGRAPHIE: Karen Moncrieff est une réalisatrice, scénariste, productrice et actrice américaine, né le 20 Décembre 1963 à Sacramento, Californie. 2018: Escaping the Madhouse: The Nellie Bly Story (téléfilm).  2018: The Girl in the Bathtub (téléfilm).  2018: 13 Reasons Why (TV Series) (2 episodes).  2018: The Quad (série TV: 1 episode). 2017: The Keeping Hours. 2014: Les enfants du péché: Nouveau départ (Téléfilm). 2013 The Trials of Cate McCall.  2006: The Dead Girl. 2004 Touching Evil (série TV). 2003: Six feet under (série TV: 1 episode). 2002: Blue Car.


Synopsis: Après avoir divorcé, un couple tente de se reconstruire grâce au témoignage du fantôme de leur jeune fils disparu tragiquement 7 ans plus tôt dans un accident de voiture. 

Si un second visionnage s'avère tout à fait dispensable et que l'émotion s'y perd en cours de route, faute d'une intrigue sans véritable surprise (notamment au niveau de son final dramatique d'une intensité atone), The Keeping Hours est un honnête DTV jouant la carte de l'intimisme mystique  avec sobriété et sensibilité. On apprécie donc à travers ce parti-pris infiniment prude (absence de tension éprouvante et d'esbroufe horrifique au profit du drame psychologique) le jeu dépouillé du couple Lee Pace / Carrie Coon assez convaincant dans leur désagrément moral en quête de rédemption. Enfin, les fervents catholiques devraient beaucoup apprécier son message spirituel résolument optimiste, pour ne pas dire lénifiant.

* Bruno

mardi 14 août 2018

UPGRADE

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Leigh Whannell. 2018. U.S.A. 1h40. Avec Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Harrison Gilbertson, Richard Anastasios, Rosco Campbell, Richard Cawthorne.

Sortie salles France: Inconnue. Australie: 14 Juin 2018. U.S: 1er Juin 2018

FILMOGRAPHIE: Leigh Whannell est un réalisateur, scénariste et producteur australien né le 17 Janvier 1977 à Melbourne, Victoria. 2015: Insidious 3. 2018: Upgrade.


La nouvelle chair ! 
Si Leigh Whannell se fit connaître avec son premier essai, l'inoffensif Insidious 3 (ça n'engage que moi), il vient sacrément de redresser la barre en terme d'originalité, voir même de novation avec Upgrade. Tant et si bien qu'il vient d'inventer le "cyber vigilante-movie" avec autant de dérision caustique que de réalisme hardcore (les quelques séquences gores qui parsèment la vendetta s'avèrent incroyablement percutantes par le biais d'FX optimaux). Car à travers le schéma canonique d'une banale histoire de vengeance (à la suite d'une agression l'ayant rendu tétraplégique et après avoir assisté à l'assassinat de sa femme, Grey décide de se venger avec l'aide d'un savant lui ayant transplanté une puce informatique douée d'intelligence et de fonction motrice dans sa colonne vertébrale), Leigh Whannell ne cesse de renouveler l'action avec une inventivité jouissive.  Notamment au niveau de la surveillance aérienne des drones que les méchants contournent à l'aide de pare-feux, de deux poursuites - lisibles- en voiture et des gadgets électroniques de certains antagonistes transformés en arme humaine ! Alternant l'intensité dramatique d'une 1ère partie d'un réalisme poignant et la fulgurance d'images surréalistes d'une avancée technologique, Upgrade  crédibilise son univers dystopique pas si éloigné de Blade Runner (certains panoramas urbains nous le rappellent, et ce même si les moyens sont ici largement plus discrets et limités).


Ainsi, le cheminement criminel du justicier s'avère non seulement constamment captivant (il est habité d'une voix informatique lui dictant ses faits et gestes et aiguillant son corps doué de vélocité tout en l'incitant à mieux anticiper ses prochaines actions) mais il s'enrichit en prime d'une enquête policière afin de retrouver le véritable responsable d'un mystérieux contrat. Upgrade abordant les thématiques si inquiétantes de l'intelligence informatique, des univers virtuels (se confiner dans la fantaisie parce que la vie réelle, déshumanisée, est devenue un fardeau) et surtout de la fusion entre l'homme et la machine (façon Robocop, voir plus précisément Tetsuo) sous couvert de divertissement alarmiste. A l'instar de son étonnant épilogue d'une audace nihiliste qui risquera sans doute de déplaire à une frange de spectateurs trop habitués à la convenance du happy-end. Au niveau du casting, outre la photogénie d'un méchant chafouin assez détestable (Benedict Hardie) et la trouble présence du chercheur équivoque (Harrison Gilbertson provoque une inquiétude sous-jacente dans sa posture timorée), on retrouve avec bonheur l'excellent Logan Marshall-Green (sosie de Tom Hardy auquel il serait bien capable de lui voler la vedette un jour futur !) dans celui d'une victime vindicative se fondant dans le corps d'un humanoïde avec une gestuelle habilement irrégulière. Et si ses premières confrontations musclées semblent effleurer sur le moment le ridicule, le caractère jouissif de ces techniques de combat et surtout son profil de "cyber humain" expérimental parviennent au final à nous convaincre grâce à l'ingénieux alibi d'une intelligence informatique en voie d'indépendance.


"Quand l'homme devient machine, et vice-versa."
Mené sans temps mort au fil d'une investigation crépusculaire semée d'éclairs de violence tranchés, Upgrade détonne diablement dans sa combinaison d'action gore et d'enquête policière nous alarmant en background sur les dangers d'une cyber-intelligence (et des loisirs virtuels) en ascension d'asservissement. Un thriller d'anticipation rondement mené donc si bien que Leigh Whannell s'avère particulièrement inspiré dans sa fonction de visionnaire défaitiste et que Logan Marshall-Green porte le métrage sur ses épaules, entre pugnacité orgueilleuse et humanisme torturé en perdition morale. 

* Bruno

lundi 13 août 2018

UNE SI GENTILLE PETITE FILLE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site gigglepedia.com

"Cauchemares/Cathy's Curse" de Eddy Matalon. 1977. France/Canada. 1h31. Avec Alan Scarfe, Randi Allen, Dorothy Davis, Beverly Murray, Sylvie Lenoir, Roy Witham.

Sortie salles France: 3 Août 1977. Canada: 30 Juillet 1977

FILMOGRAPHIEEddy Matalon est un producteur, réalisateur et scénariste français, né le 11 septembre 1934 à Marseille. 1954 : À propos d'une star. 1966 : Le Chien fou. 1968 : Quand la liberté venait du ciel. 1968 : Spécial Bardot. 1970 : L'Île aux coquelicots coréalisé avec Salvatore Adamo. 1970 : Trop petit mon ami. 1975 : La Bête à Plaisir sous le pseudonyme de Jack Angel. 1977 : Une si gentille petite fille. 1978 : Teenage Teasers. 1978 : Black-Out à New York. 1979 : Brigade mondaine: La secte de Marrakech. 1980 : T'inquiète pas, ça se soigne. 1983 : Prends ton passe-montagne, on va à la plage. 1993 : Deux doigts de meurtre. 1994 : De Serge Gainsbourg à Gainsbarre de 1958 - 1991.


Production franco-canadienne réalisée par un cinéaste de seconde zone originaire de Marseille (on lui doit d'ailleurs le sympathique et oublié New-York Blackout et quelques comédies franchouillardes au rabais), Une si gentille petite fille se fit connaître auprès des vidéophiles lors de son exploitation Vhs à l'orée des années 80. Editée par IRIS télévision, sa jaquette locative à l'illustration maléfique accrocheuse m'avait d'ailleurs beaucoup fasciné durant mes premiers pas au vidéo du coin. Série B au budget limité surfant sur les succès de l'Exorciste et la Malédiction, l'intrigue relate la possession démoniaque d'une fillette après qu'elle eut découvert une poupée au fond d'un grenier. Venant d'emménager avec ses parents dans une vétuste demeure au passé tragique (le beau-père de sa mère et la fille de celui-ci périrent dans un incendie à la suite d'un accident de voiture), Cathy possède la faculté de déclencher des forces surnaturelles en intentant à la tranquillité de sa mère dépressive, d'un vieillard geôlier et d'une medium. Les forces démoniaques s'enchaînant autour d'eux dans une série d'humiliations, d'hallucinations et d'incidents criminels. 


En dépit d'un pitch minimaliste sans surprise exploitant à tout va nombre de péripéties grand-guignolesques, et du manque de cohérence de certains personnages (particulièrement la mère borderline parfois difficilement convaincante lorsqu'elle assiste aux pouvoirs occultes de sa fille), Une si gentille petite fille dégage pour autant un charme horrifique assez glauque (à l'instar de cette fameuse situation d'ébriété que le vieillard encaisse dans une série d'épreuves hallucinatoires). Son climat inquiétant et sa partition musicale aussi lugubre qu'atmosphérique appuyant l'aspect délétère de ce cas d'enfant diabolique que la petite Randi Allen retransmet avec un charisme assez magnétique. On peut d'ailleurs s'amuser de son insolence effrontée et de ses réparties grossières lorsqu'elle se met à insulter son entourage dans un esprit de provocation goguenard. Eddy Matalon se chargeant de cumuler ses exactions à rythme assez métronomique pour rendre le récit constamment divertissant, à défaut d'originalité narrative et de brio technique.


Prioritairement réservé à la génération 80 ayant été bercée par sa location Vhs, Une si gentille petite fille demeure un sympathique plaisir coupable, aussi mineur et facile soit son parti-pris racoleur. Outre quelques séquences saugrenues gentiment réussies (alors que d'autres effleurent parfois le ridicule sous l'impulsion d'une bande-son outrancière), on retient surtout le visage angélique de Randi Allen (assez dérangeante dans sa trouble innocence bafouée) et son ambiance horrifique malsaine symptomatique des années 70. Ses défauts précités lui ajoutant d'ailleurs un charme naïf assez attachant. 

Bruno
13.08.18. 3èx
25.11.16. 208 vues

vendredi 10 août 2018

Meurtres à la Saint-Valentin / My Bloody Valentine. Uncut Version.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cultreviews.com

de George Mihalka. 1981. Canada. 1h33 (Uncut). Avec Paul Kelman, Lori Hallier, Neil Affleck, Keith Knight, Alf Humphreys, Cynthia Dale, Helene Udy, Rob Stein, Thomas Kovacs, Terry Waterland, Carl Marotte...

Sorti en France le 10 Mars 1982. U.S.A: 11 Février 1981.

FILMOGRAPHIE: George Mihalka (1953 en Hongrie - ) est un réalisateur et producteur québécois.    
1980 : Pick-up Summer, 1981 : Meurtres à la St-Valentin (My Bloody Valentine) 1982 : Scandale, 1983 : Le Voyageur (The Hitchhiker) (série TV) 1985 : The Blue Man (TV) 1986 : Adventures of William Tell (TV)1988 : Hostile Takeover, 1987: Midnight Magic, 1988 : Le Chemin de Damas, 1988 : Crossbow (série TV) 1989 : Straight Line, 1990 : Wish You Were Here (série TV) 1991 : The Final Heist (TV) 1992 : Scoop (série TV) 1992 : Psychic, 1993 : La Florida, 1994 : Relative Fear, 1995 : Bullet to Beijing, 1995 : Deceptions II: Edge of Deception, 1996 : Windsor Protocol (TV) 1996 : L'Homme idéal, 1998 : Thunder Point (TV) 1999 : Omertà - Le dernier des hommes d'honneur (série TV) 2000 : Haute surveillance (série TV) 2000 : Dr Lucille - La remarquable histoire de Lucille Teasdale (Dr. Lucille) (TV) 2001 : Watchtower, 2001 : "Undressed" (1999) TV Series, 2002 : Galidor: Defenders of the Outer Dimension (série TV) 2005 : Charlie Jade (série TV) 2005 : Les Boys IV.
                                         

Sorti en pleine vogue du psycho-killer natif d'Halloween et de Vendredi 13Meurtres à la St-Valentin s'attelle à l'académisme pour emprunter le schéma du film de Sean S. Cunningham. Là encore, le succès en salles est au rendez-vous à la surprise générale des créateurs alors que Meurtres à la St-Valentin sort en version hélas tronquée de ses effets sanglants partout dans le monde. Pour autant, sa réputation d'honnête divertissement horrifique va gentiment accroître au fil des ans. Or, tant en France qu'Outre-Atlantique, ce fort sympathique whodunit n'eut jamais l'honneur de voir le jour dans sa version rigoureusement intégrale. Chose réparée aujourd'hui chez nos voisins ricains à l'occasion de ses sorties Dvd et Blu-ray certifiée Uncut. Et cela change la donne !

Le PitchLe jour de la St-Valentin, lors d'un bal local, cinq mineurs se retrouvent coincés dans leur carrière à la suite d'une violente explosion. Seul, un survivant, Harry Warden, est parvenu à s'extraire des décombres. Depuis, chaque année, il décide de se venger des jeunes étudiants qui auront l'audace de renouveler la fête des amoureux durant la sauterie promotionnelle. 


Lorsque l'on assiste pour la première fois à la version non censurée de Meurtres à la St-Valentin, on est heureux de constater avec une certaine stupeur la teneur malsaine de ces homicides graphiques ! Les nombreux meurtres qui émaillent l'intrigue s'avérant incisifs dans leur violence gore, non exempts d'inventivité dans l'art et la manière de décimer la prochaine victime. Pioche perforant un sein ou un gosier, femme empalée par la bouche d'un robinet, écorchement d'un coeur bien frais, pratique de cannibalisme, tranchage de bras en guise d'épilogue sardonique, tête vivante ébouillantée dans une marmite ou transpercée de clous, et enfin corps brûlé dans une lessiveuse. Ainsi, grâce à cette surenchère épique au stylisme morbide, Meurtres à la St-Valentin se pare d'une texture autrement plus insolente. Par cette occasion, on se rend compte que parfois un métrage bénéficie d'un ton racoleur pour rendre l'aventure plus sombre et délétère, de manière aussi à accentuer la crainte redoutée du tueur, faute de sa cruauté ostentatoire. En dehors de l'aspect fun des FX artisanaux, on retrouve les clichés habituels du psycho-killer routinier avec son meurtrier exterminant de manière méthodique une victime tous les quarts d'heure. Notamment la caricature impartie aux étudiants stéréotypés, du dragueur insolent au plaisantin farceur, de l'aguicheuse au rondouillard médiateur, du flic protecteur au fameux tenancier sollicité à mettre en garde tous ces garnements risquant un grave danger.

                                         

Pour autant, ces protagonistes s'avèrent moins superficiels que de coutume même si une sirupeuse amourette entre trois amants viennent légèrement ternir l'esprit mature de leur posture héroïque (notamment si je me réfère à sa formidable dernière partie claustro de plus de 30 mns). Ainsi, durant les 2/3 du récit, le cheminement balisé ne fera donc que dépeindre les réunions amicales et étreintes amoureuses de nos jeunes étudiants pendant qu'un tueur les décimera un à un lors d'exactions grands-guignolesques. Quand bien même ses 38 dernières minutes, plus vigoureuses à travers son suspense haletant et son atmosphère nocturne agréablement insécure, confinera l'essentiel de l'action dans l'environnement opaque d'une ancienne mine. Une dernière partie atmosphérique car utilisant judicieusement ses corridors lugubres à l'ambiance inquiétante tout en distillant un suspense latent aussi immersif que captivant. L'aspect patibulaire du meurtrier n'est pas non plus à négliger si bien qu'il ajoute un charme singulier à son accoutrement vestimentaire (alors qu'il aurait pu sombrer dans le ridicule). Affublé d'une combinaison de mineur, d'un casque de lampiste sur la tête et d'un masque à gaz constamment imposé sur son visage, sa présence obscure nous inspire fascination, appréhension et révolte, notamment de par sa détermination si fourbe à décimer un à un tous les étudiants en liesse sans faire preuve de concession.


Réalisé sans génie particulier mais honnêtement troussé et plein de charme car sincère, 1er degré et efficace si bien que l'action rebondit agréablement lors de sa dernière partie confinée dans un huis-clos caverneux, Meurtres à la St-Valentin mérite l'attention des fans, aussi mineur soit-il (jeu de mot à l'appui). Quand bien même ses effets-gores audacieux au sein de sa version Uncut vont permettre d'y insuffler une aura malsaine étonnamment couillue en guise de cerise sur le gâteau sanguin. Enfin, le concept inédit d'ironiser sur la fête sirupeuse des amoureux est savoureusement détourné au profit d'un humour noir caustique (rictus outrancier à l'appui en guise de clin d'oeil morbide faisant écho avant le lever de rideau). 

*Bruno
19.04.24. 4èx
10/08/18
19.03.11 (382 vues)

jeudi 9 août 2018

Le Justicier de Minuit / Ten to Midnight

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com
 
de Jack Lee Thomson. 1982. U.S.A. 1h41. Avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Geoffrey Lewis, Wilford Brimley, Robert F. Lyons, Bert Williams, Iva Lane, Ola Ray, Kelly Preston.
 
Sortie salles France: 13 Juillet 1983 (Int - 18 ans). U.S: 11 Mars 1983

BIO: Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). Avec 47 longs-métrages, le cinéaste aborda tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont qualifiés de chefs-d'oeuvre. Pour ses titres les plus notoires, on peut citer Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Il signera en outre une illustre série de films d'action particulièrement violents, le "vigilante movie" parmi son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).

 
"Justice à nu".
Un an après le second volet d’Un Justicier dans la ville, et en attendant son troisième opus cartoonesque toujours signé Michael Winner, Charles Bronson renfile le costume du vindicateur meurtrier dans Le Justicier de Minuit. Interdit aux moins de 18 ans à l’époque, cette solide série B fit son petit effet auprès d’un public friand de thrillers horrifiques, si bien que Jack Lee Thompson (Les Canons de Navarone, Les Nerfs à Vif) orchestre avec efficacité un savant dosage de suspense policier et d’angoisse sourde, jusqu’à un dénouement d’une rare brutalité.

Un psychopathe sème la terreur dans une contrée ricaine en assassinant de jeunes innocentes à l’arme blanche… dans son plus simple appareil. L’inspecteur Leo Kessler s’efforce de le coffrer, quels que soient les moyens. 

Après les éclairs de violence expéditive des Death Wish, Bronson perpétue la tradition d’une justice personnelle, incarnant cette fois un flic véreux prêt à tout pour envoyer dans la chambre à gaz un maniaque impuni.

Ça commence fort, avec un préambule poisseux clairement influencé par le psycho-killer : notre tueur, entièrement nu, épie par la vitre d’un camping-car un couple en plein coït avant de les trucider de sang-froid. Les meurtres, bien que hors champ, n’en restent pas moins saisissants de violence crue : poignardés, éventrés - la nudité du tueur accentue son caractère nauséeux, trouble, dérangeant.

Inspiré et habile, Jack Lee Thompson maîtrise son intrigue, nourrie par des personnages attachants et spontanés (le duo Laurie Kessler / Paul McAnn apporte une touche de fraîcheur sentimentale). L’enquête, captivante, est régentée par un Bronson implacable et son jeune collègue, Paul McCann, face à un tueur affublé d’un alibi en béton : lors de ses meurtres, Warren Stacey s’était réfugié dans une salle de cinéma, avec témoins à l’appui avant, pendant et après la projection… 

A travers une fraude couillue, Thompson interroge la légitimité d’une justice illégale, incarnée par un inspecteur notable prêt à tout pour neutraliser un monstre. Persécutions, pressions morales, preuves trafiquées… Le jeu du chat et de la souris peut commencer -  mesquin, cruel, avec la vengeance en point de convergence. Jusqu’à ce que le psychopathe récidive, une ultime fois.
Le massacre final : une séquence d’une intensité rare, horrifique, terrifiante, rehaussée par le réalisme sordide, les cadrages tranchants, la nervosité du montage. Et pour clore le tout sur un goût amer (le score tragique du générique pèse de tout son poids sur l’erreur morale de Kessler, aveuglé par la haine), le réalisateur enfonce le clou avec un épilogue radical.

Au-delà de l’affrontement tendu - parfois railleur - entre Kessler et le tueur, et de la dramaturgie implacable, notamment dans ses première et dernière parties aux relents tranchants de réalisme, Le Justicier de Minuit se distingue aussi par sa bande-son électro/pop/disco typique des eighties.

Réalisé avec une redoutable efficacité - rythme haletant, concept incongru (un gynophobe nu comme un ver), ambiance poisseuse et réflexion trouble sur la folie criminelle et les droits juridiques du coupable - Le Justicier de Minuit explore la figure du psycho-killer avec une brutalité frontale et une résonance réactionnaire : ce flic qui perd pied dans un dernier geste de bravade. Le charisme magnétique de Bronson se heurte à la présence ombrageuse de Gene Davis (frère de Brad Davis !), inoubliable psychopathe monolithique, silhouette sculptée dans l’acier, perversité glaciale en bandoulière.

Une morale douteuse, militante, prônant à demi-mot l’auto-défense... De quoi faire jaser — ou fantasmer - une frange du public déjà bien secouée par cet inhabituel cocktail de vigilante movie et de psycho-killer bien gras. Et pour les enfants des années 80, sachez-le : ce spectacle tendu comme un nerf n’a pas pris une ride, surtout du côté de son atmosphère viciée flirtant dangereusement avec le malsain.

P.S. : À noter la courte apparition de la chanteuse Jeane Manson dans le rôle d’une prostituée (poitrine dénudée à l’appui, s’il vous plaît !).

Box office France: 578 000 entrées

* Bruno
09.08.18. 5èx
20.03.12 (305 vues)

mercredi 8 août 2018

Le Sanctuaire / La Chiesa / The Church

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.fr

de Michele Soavi. 1989. 1h42. Italie. Avec Barbara Cupisti, Tomas Arana, Hugh Quarshie, Giovanni Lombardo Radice, Asia Argento, Feodor Chaliapin Jr, Antonella Vitale.

Sortie salles Italie: 10 Mars 1989

FILMOGRAPHIE: Michele Soavi est un réalisateur italien né le 3 Juillet 1957 à Milan, (Italie). 1985: The Valley (vidéo). 1985: Le Monde de l'horreur (Documentaire). 1987: Bloody Bird. 1989: Le Sanctuaire. 1991: La Secte. 1994: Dellamorte Dellamore. 2006: Arrivederci amore, ciao. 2008: Il sangue dei vinti.


Deux ans après s'être fait remarqué avec Bloody Bird, psycho-killer onirique récompensé à juste titre du Prix de la Peur à Avoriaz, le néophyte Michele Soavi aborde cette fois-ci l'horreur gothique avec Le Sanctuaire produit par son maître influent Dario Argento. Modeste série B entièrement conçue sur l'efficacité d'un florilège d'évènements horrifico-occultes que des protagonistes tentent (infructueusement) de déjouer au sein d'une cathédrale maudite, le Sanctuaire fait notamment appel au survival lors de sa seconde partie aussi fertile en péripéties morbides que Soavi met parfois en image avec stylisme pictural. Et donc si l'intrigue somme toute simpliste (à la suite d'une malédiction ancestrale, des victimes d'hérésie sont réveillés des siècles plus tard par l'inadvertance d'un bibliothécaire au sein d'une cathédrale en rénovation) n'est guère originale et s'influence même d'une certaine manière de la fameuse Forteresse Noire de Michael Mann lors du réveil des forces du Mal (un plan symbolique y est d'ailleurs carrément piqué au gré d'un éclairage bleuté !), Michele Soavi renouvelle l'action dans de multiples trajectoires sinueuses. 


Notamment en exploitant brillamment le cadre tentaculaire, si délétère, d'une cathédrale jonchée de souterrains et pièces secrètes en proie à l'influence du Mal. Véritable pochette surprise où horreur, gore et fantastique communient avec une insolence parfois abrupte (certaines scènes chocs sont d'une verdeur viscérale), le Sanctuaire fascine et inquiète mutuellement dans son panel de situations souvent hallucinatoires si bien que les protagonistes à la merci du Mal s'avèrent impuissants à départager la réalité de la chimère. D'une recherche visuelle pléthorique (notamment auprès de son prologue moyenâgeux volontiers cruel, malsain et épique lors de châtiments intentés contre des métayers sans défense), le Sanctuaire baigne dans un délire morbide idoine sous l'impulsion du score sépulcrale (et éclectique) du groupe Goblin accompagné de Keith Emerson (illustre compositeur d'Inferno d'Argento). 


En dépit du sentiment parfois foutraque qu'insufflent certains protagonistes monomanes et de son récit fourre-tout multipliant les séquences horrifiques ou ombrageuses avec une invention parfois incongrue (une des victimes mordues par un gros poisson carnassier, une autre violée par un bouc humain), le Sanctuaire embrasse l'épouvante gothique avec souci d'immersion crépusculaire. Soavi, très impliqué dans ses travaux formels (notamment à l'aide de sa réalisation tarabiscotée ou subjective), nous offrant une forme de trip émotionnel où la fascination morbide gagne toujours plus du galon. Et si le caractère brouillon de l'intrigue avait gagné à être plus substantiel, le spectacle bigarré décuplant les incidents meurtriers mérite largement le détour. Si bien que Soavi y imprime sa personnalité latine avec un goût prononcé pour l'onirisme morbide.

*Bruno
03.02.25. 6èx. Version anglaise 

mardi 7 août 2018

La Féline (Cat People)

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Paul Schrader. 1982. U.S.A. 1h58. Avec Nastassja Kinski, Malcolm McDowell, John Heard, Annette O'Toole, Ruby Dee, Ed Begley Jr, Scott Paulin, Frankie Faison, Ron Diamond, Lynn Lowry.

Sortie salle France: 8 Septembre 1982. U.S: 2 Avril 1982

FILMOGRAPHIEPaul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan). Blue Collar: 1978. 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected. 2013 : The Canyons. 2014 : La Sentinelle. 2016 : Dog Eat Dog. 2017 : Sur le chemin de la rédemption. 2021 : The Card Counter. 


"L'amour a fait d'elle une bête érotique". 
Etrange film que cette Féline, remake (ou plutôt variation !) du chef-d'oeuvre (contrairement éthéré) de Jacques Tourneur. Car en abordant avec une certaine ambiguïté les thèmes de l'inceste et du refoulement sexuel, Paul Schrader entreprend un film fantastique à la charge érotique invariante sous l'impulsion charnelle de Nastassja KinskiIrena retrouve son frère Paul après de longues années d'absence. Passées les retrouvailles, celui-ci tente rapidement de la convaincre qu'une malédiction les unis. Spoil ! Parce que leurs ancêtres accordaient le sacrifice d'enfants à des panthères, les âmes infantiles grandissaient dans le coeur et le corps de ces félins pour peu à peu devenir des humains. Ainsi, afin d'éviter la prochaine métamorphose, le frère et la soeur devaient avoir une relation incestueuse. Fin du Spoil. Irena, déconcertée par ces révélations improbables repousse les avances de son frère. Le lendemain, une jeune prostituée est sauvagement blessée par un animal dans une chambre d'hôtel. A la vue de cette version modernisée assez trouble et sulfureuse, voir parfois  spectaculaire, le cinéaste adopte un parti-pris démonstratif à contre-emploi de son modèle de suggestion. Si bien qu'en l'occurrence les quelques scènes chocs qui jalonnent le récit s'avèrent d'un réalisme intense à défaut du racolage bon marché (la métamorphose, l'arrachage du bras ou l'éviscération de la panthère concoctés par de superbes FX de Tom Burman !). Quand bien même l'érotisme qui en émane est décuplé par la posture électrisante d'une Nastassja Kinski mise à nu !


Sa silhouette lascive magnétisant l'écran dans une fragilité candide, de par sa personnalité timorée et torturée à s'éveiller aux autres puis tenter de percer le mystère qui entoure sa filiation maudite. Car en quête identitaire et de désir sexuel, Irena est profondément troublée par les allégations de son frère compromis par une étrange malédiction. Quand bien même sa romance toujours plus ardente et passionnelle auprès d'un vétérinaire de zoo l'accule à passer à l'acte sexuel afin d'y perdre sa virginité. Mais à quel prix ? Tant et si bien que cette troublante relation entre eux découle sur une étrange rédemption répressive où la passion des sentiments ne peut toutefois se résoudre à les séparer. Ainsi, à travers ses plages fantasmagoriques stylisées accentuées de l'entêtant score de Giorgio Moroder (les images chimériques s'avèrent d'une flamboyance ensorcelante), La Féline fascine et séduit parmi l'élément perturbateur de l'inceste et du désir torride qu'instille le triangle amoureux. La présence patibulaire du génial Malcolm McDowell (une fois de plus habité par son rôle équivoque de dominateur !) renforçant le climat insolite que Schrader parvient avec élégance à mettre en images (photo léchée en sus). Notamment auprès de sa première partie tantôt macabre illustrant ses virées nocturnes et exactions meurtrières avec machisme condescendant (ses nuits de débauche avec de jeunes prostituées). Le second acte aussi captivant se focalise enfin vers l'initiation sexuelle d'Irena prise entre le dilemme de son instinct primitif et son amour irrépressible pour son amant. Ce qui nous vaudra d'ailleurs une originale transformation de la belle en bête avant d'osciller entre le crépuscule d'une traque urbaine et d'un ultime coït mélancolique.


"Femme en cage". 
Troublante métaphore sur l'emprise sexuelle par le biais d'un amour interdit, réflexion sur la perte de virginité par le biais d'une angoisse du désir, de l'engagement et de la passion, La Féline transfigure le portrait névrosé d'une jeune vierge assujettie à sa malédiction ancestrale. Objet de désir et de fantasme, Natassja Kinski  irradie l'écran de sa beauté aussi bien virginale que concupiscente. Cette charge érotique constante, son climat diaphane inusité et l'efficacité de son script à la fois couillu et vénéneux élevant La Féline au Classique du Fantastique contemporain (quasi impénétrable).

Gaïus
07/08/18. 6èx
02.07.12. 5èx (209 vues)