mardi 19 août 2025

Les Proies / Moonlight de Paula van der Oest. 2002. 1h27.

                      (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

"L'innocence en flammes". 
Produit entre les Pays-Bas, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et le Luxembourg, Les Proies est un véritable OFNI, une sorte de Nuit du Chasseur en mode vitriolé - toutes proportions gardées. L’histoire : une fillette de douze ans croise par hasard un ado passeur de drogue, grièvement blessé d’une balle à l’estomac, qu’elle décide de soigner en secret dans une cabane, loin de la vigilance de ses parents huppés.

J’ignore quelles étaient les véritables ambitions de Paula van der Oest, ni ce qu’elle a voulu nous transmettre, mais en abordant les thèmes de la perte de l’innocence et de l'absence parentale, Les Proies nous entraîne dans un trip onirico-macabre, aussi bizarroïde que déconcertant. À tel point qu’on se demande souvent quel sens donner à ce que l’on voit, tant la réalisatrice, décomplexée, en roue libre, orchestre les 400 coups de ce duo d’ados en initiation délinquante avec une fantaisie irresponsable.

De ses audaces narratives - insolentes, malaisantes, délétères - naît un sentiment d’étrangeté prégnant qui irrigue tout le récit, sans jamais céder à une échappatoire salvatrice. Bien au contraire : jusqu’au-boutiste dans son parti pris réaliste, où l’insouciance demeure le maître mot, Les Proies malmène notre raison en refusant toute rédemption, jusqu’à une conclusion aussi hallucinée que vertigineuse. On en sort déboussolé, sans avoir jamais vraiment saisi les intentions de cette autrice franc-tireur, déterminée à pulvériser nos repères dans une narration anarchique et sciemment provocatrice.

Un dernier mot sur le tempérament brut de la jeune Laurien Van den Broeck, qui incarne Claire avec une maturité troublante, ambiguë, parfois désarçonnante. La réalisatrice ose la filmer en sous-vêtements, puis dénudée, avec une audace sans détour - peut-être discutable, surtout lors de cette étreinte sexuelle qui ne manquera pas de heurter les plus prudes - mais pleinement assumée.

Une œuvre indépendante, atypique donc, qui fait voler en éclats les codes avec une innocence perverse et avilissante car elle signe la fin des songes dans une mise en scène tendre et caustique difficilement conciliable.

— le cinéphile du cœur noir

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