
(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
"Dernier round pour Aldrich".
Formidable success story que symbolisent ces catcheuses au grand cœur - sorte de Rocky au féminin, toute proportion gardée - Deux filles au tapis est le dernier film de Robert Aldrich, qui se solda par un échec critique et commercial. Alors qu’une suite était envisagée, le cinéaste ne put mener à terme son ultime projet : il rendit l’âme le 5 décembre 1983, à l’âge de 65 ans.
Comédie sportive teintée de mélancolie, de tendresse, et d’une rasade d’action culminant dans un final anthologique, aussi fou que délirant, Deux filles au tapis prend son temps pour nous attacher à Iris et Molly, surnommées les "California Dolls", accompagnées de leur manager Harry Sears, que Peter Falk incarne avec une force tranquille, bienveillante malgré ses quelques accès de violence machiste envers l'une d'elles.
Sorte de road movie grisonnant au sein d’une Amérique profonde gangrénée par la misère, la vulgarité et la corruption des matchs parfois truqués, Deux filles au tapis prône les valeurs d’amour, d’amitié et de résilience pour s'extraire de la sinistrose, avec un courage communautaire qui ne faiblira jamais. Iris, Molly et Harry forment un trio habité par la reconnaissance, en dépit de l’angoisse rampante de l’échec.
Imprégné d’une ambiance bonnard, typiquement eighties, où frissons et émotions se confondent avec un réalisme parfois affecté (comme ce match dans la boue, devant un public en liesse, abruti d’hilarité), Deux filles au tapis insuffle un esprit de fraternité qui portera ses fruits lors d’une ultime demi-heure rigoureusement larvée, tendue, puis explosive (euphémisme !) où la confrontation vindicative contre leurs ennemies jurées, les "Toledo Tigers", atteint son paroxysme.
Qu’on se le dise : rien que pour ce final absolument mémorable, porté par une puissance émotive que Rocky n’aurait sûrement pas reniée, Deux filles au tapis mérite d’être (re)découvert - pour son aura jouissive, qui finit par irradier un match possiblement truqué… mais vital, car il scellera peut-être leur avenir.
— le cinéphile du cœur noir
Récompense: Meilleur film en langue étrangère au Hochi Film Awards.
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