(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
"Tu préfères crever ou survivre ?"
En comptant parfois sur son intuition, sans presque rien connaître du contenu, on tombe sur d'excellentes surprises - ce fut le cas ce soir avec Would You Rather, réalisé par l’américain David Guy Levy, alors qu’il ne signe ici que son second essai.
Bâti sur un concept de tortur' porn dans l’air du temps, Would You Rather avait pourtant tout pour laisser dubitatif, voire lasser l’amateur éclairé, s’il avait été pondu par un tâcheron opposant complaisance et précipitation, sans la moindre implication ni la sincérité du travail bien fait. Car si l’on craint, en cours de jeu de massacre, la redondance pointant le bout de son nez, David Guy Levy se montre suffisamment consciencieux et adroit dans sa démarche horrifique - honorablement tendue - pour ne jamais nous blaser.
Il s’appuie, entre autres, sur un casting de seconde zone (John Heard, Jeffrey Combs, Brittany Anne Snow, Lawrence Gilliard Jr.), sobrement crédible dans leur rôle de victimes démunies, contraintes de jouer au dilemme du "tu préfères" pour tenter d’échapper à l’agonie. Jeffrey Combs dirigeant au doigt et à l'oeil ses invités avec un aplomb désarmant de naturel dans son orgueil élitiste.
Constamment efficace, ce huis clos sardonique ne prête jamais à la rigolade. Le nombre d’hôtes y diminue à mesure qu’avance le chronomètre, et Would You Rather en profite pour dénoncer la nature lâche et cupide de l’être humain, prompt à compter sur son ego au prix de la survie filiale.
Renforcé par une photographie grège, insécure, et une nappe musicale admirablement angoissante et stylisée qui irrigue l’intrigue avec discrétion, Would You Rather parvient à ne jamais relâcher la tension. Son suspense modérément haletant et ses délires horrifiques, remarquablement mis en scène, s’extraient de l’outrance gratuite pour renforcer l’attrait réaliste de son odieux chantage criminel - dénué de vergogne mais résolument honnête quant à celui ou celle qui emportera la mise de cette nuit de cauchemar, aussi éprouvante que désespérée. Gare à sa conclusion tranchée dénuée de rédemption !
Et quand survient le générique de fin, une musique entêtante, presque dansante, vient clore la tragédie, rappelant les scores synthétiques et enivrants des années 80 - comme un dernier rictus glacé.
Une série B immersive, donc, qui imprime dans la mémoire du cinéphile aguerri des traces ludiques et acides - souvenirs persistants d’un jeu cruel inventif où les séquences chocs, parfois à la limite du soutenable, viennent malmener nos nerfs avec un réalisme parfois éprouvant mais jamais putassier.
— le cinéphile du cœur noir
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