mercredi 13 août 2025

Alien Earth. Saison 1, Episode 1 / 2 / 3 / 5

                                                   
                                (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
 
"Premiers battements d’une terreur en apesanteur".
Premier épisode, plaqué au siège une heure durant (générique de quatre minutes exclu), incapable de détacher les yeux de l’écran.
 
Transpirant les Seventies dans un prologue de quinze minutes clairement nourri par l’Alien de Ridley Scott, l’épisode s’arrache vite à la redite pour imposer sa propre personnalité, déplaçant sa scénographie stellaire sur Terre à la faveur d’un incident majeur qui relance la franchise avec émoi galvanisant. Peu à peu, l’ombre de James Cameron s’esquisse, portée par l’irruption militaire, sans jamais sombrer dans le plagiat : l’univers qui se déploie devant nous possède une force de fascination dépouillée, tenue d’une main ferme.
 
Hypnotique, contemplatif, d’une beauté visuelle renversante, il distille à nouveau le parfum des années 70 au cœur d’une scénographie discrètement futuriste mais d’un réalisme coupant. Noah Hawley nous immerge dans cet univers singulier en nous attachant, avec une patience méthodique, à ses personnages venus d’horizons divers : militaires en mission de sauvetage, scientifiques et parents en concertation, humanoïde conçue par IA, et l’apprenti sorcier Kirsh. On suit de près l’évolution morale de Wendy, ado souffreteuse transplantée dans un corps androïde, conscience enfantine prête à se porter volontaire pour épauler l’armée lors d’une explosion meurtrière.
 
Ainsi s’ouvre ce premier épisode, soigné, ambitieux, passionnant, hypnotique, métaphysique aussi - le discours de la mortalité entre Wendy et Krish comme essence de l’humain. Il installe, sans qu’on s’en rende compte, un suspense larvé, redoutablement efficace, inquiétant, et surtout prometteur pour les horreurs à venir - bien que déjà, deux séquences de terreur nous aient saisis, viscérales, sournoises et sans issue.
 
L’épisode 2, plus nerveux encore, enchaîne avec une redoutable efficacité les agressions horrifiques, s’appuyant sur un suspense ciselé à la tension hypnotique. En contrepoint, Wendy avance à tâtons dans un immeuble en ruines, à la recherche de son frère. Chamarré d’une fulgurante cohérence visuelle, entre rétro et futurisme, Alien Earth demeure un régal pour les mirettes, nous plongeant plus avant dans un cauchemar dantesque où surgissent peu à peu d’innombrables créatures hybrides, avançant avec la même insidieuse lenteur que l’androïde afro, engagé dans une stratégie de survie studieuse mais ambivalente — à l’image de sa rencontre fortuite avec Jo, le frère de Wendy.
 
Troisième épisode, et toujours cette ivresse visuelle : chaque détail du rétro-futur s’impose avec une précision hypnotique, crédible pour nous happer, fascinant comme une hallucination tenue en laisse. L’univers palpite, charnel et métallique, un rêve fiévreux qui ne cesse de se densifier. Un régal d'immersion plus vrai que nature. 

Le coeur de l’histoire, enfin, se déploie et se scinde en deux horizons. D’un côté, le cyborg afro, lancé dans une traque implacable des créatures au nom de sa créatrice tout en s'imposant maître chanteur face à deux synthétiques au quotient infantile. De l’autre, Boy Kavalier, architecte mégalo, potentiellement prêt à sacrifier Wendy/Marcy sur l’autel de ses expériences avec ses spécimens extra-terrestres - ses chimères de chair et d’obsession.

Coup de force narratif : dès l’ouverture, Wendy terrasse un ennemi dans une confrontation brève mais foudroyante. Audace rare, qui brise les codes, même si la victoire la laisse exsangue, contrainte à la réparation par les mains froides d'une science avancée.
Puis surgit Curly, nouvelle synthétique dans l'ombre, avide de supplanter Wendy dans le cœur malade de Kavalier. Rivalité sourde, venin distillé tout en subtilité, jusqu’à ce final suspendu où Wendy pourrait rouvrir les yeux (?). 

Un épisode aussi passionnant qu’interrogatif, fidèle à la fièvre des précédents : il nourrit la fascination en imposant sa personnalité tout en creusant le mystère, nous laissant encore une fois suspendus entre vertige et envoûtement face à un récit plus éventé à travers 2 tenants et aboutissants délétères.
 
"Le souffle noir du cinquième acte".
 
Après le léger faux pas du 4ᵉ épisode, étonnamment languissant, on retrouve la force des trois premiers. Ce 5ᵉ segment transitoire rend un hommage digne au Alien originel de Ridley Scott, par un saut dans le temps renvoyant au massacre de l’équipage suggéré dès le tout premier épisode. À travers ce détour passéiste, se révèlent sous un jour nouveau les intentions du capitaine Morrow, chef de la sécurité du vaisseau, mais aussi celles de l’apprenti sorcier Kavalier, dont l’ambiguïté semble soudain s’inverser. Mais chut…

Dans la surprise de ce rebondissement impondérable qui rebat les cartes, l’épisode, toujours remarquablement maîtrisé, exploite à merveille un suspense larvé, tendu jusqu’à l’insoutenable - songeons à la fameuse “bouteille d’eau” qu’une protagoniste s’apprête à ingurgiter. Clin d’œil direct au chef-d’œuvre de Scott par une situation éculée, la séquence attendue se dérobe pourtant, imprévisible, pour mieux nous ébranler et nous précipiter dans un jeu de massacre où s’affrontent occupants, xénomorphe et autres créatures retorses, véloces, délétères.

On se retrouve ainsi devant un épisode haletant et inquiétant, nourri d’un suspense étouffant, où l’angoisse - admirablement transmise par les visages contrariés et ce sentiment de danger insidieux - croît jusqu’à la terreur d’un carnage fatal, n’offrant nulle échappatoire aux proies démunies, déjà rongées par l’affres du désespoir.

Un épisode mortifère, aussi passionnant que terrifiant, où certaines séquences - suggérées ou graphiques - déstabilisent et éprouvent avec une cruauté diabolique. Tout s’y déploie dans un art consommé de l’appréhension, où l’attente, l'interrogation devient intolérable. Et déjà se profile la promesse d’une tournure narrative nouvelle, cauchemardesque, annonciatrice d’abîmes probablement plus sombres.

— le cinéphile du cœur noir

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