"Une nuit pour tout perdre."
Voilà le genre de film perfectible qui, malgré un concept prometteur - un thriller psychologique filmé en temps réel, le temps d’une seule nuit -, finit par laisser un certain goût de frustration mêlée de contradiction. La faute à un manque de maîtrise, parfois entaché d’incohérences gênantes : l’anti-héroïne qui, sans méfiance, se rend chez un perceur de coffres infréquentable; ou cette course à pied freinée par un grillage, sans qu’elle songe à s’y agripper pour le franchir d’un geste.
Pourtant, de cette course contre la montre, plutôt bien photographiée, se dégage un étrange mélange d’envoûtement et de séduction, impulsé par Vanessa Kirby qui porte le film sur ses épaules avec une sobriété admirable. Elle insuffle un suspense à la fois latent et nerveux, suivant une trajectoire morale sinueuse, nourrie par un passé galvaudé que le réalisateur ne dévoile que dans une dernière partie familiale.
Sur fond de crise économique et de délinquance décomplexée, Lynette s’efforce de se frayer un chemin, malgré une corruption vénale assumée comme ultime recours. Night Always Comes parvient ainsi à susciter une sincère empathie, installant un climat anxiogène et souvent malaisant, qu'elle entretient au fil de son périple urbain constamment menacé.
Maladroit par instants dans son écriture, pas toujours assez poignant dans ses séquences les plus violentes, ni dans l’humanisme fragile de Lynette, souvent maintenu dans la réserve, le film n’en offre pas moins une conclusion réellement émouvante.
Jamais ennuyeux, atmosphérique dans sa scénographie nocturne inquiétante, il me laisse en mémoire l’image d’une œuvre tantôt malmenée, tantôt vibrante, tantôt pulsatile, portée par les ombres de la démission parentale et de la délinquance contrainte - des thèmes que le réalisateur aborde avec une sincère volonté de bien faire.
Or, je suis quand même un petit peu embarrassé de ne pas l'apprécier autant qu'escompté.
— le cinéphile du cœur noir
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