jeudi 24 novembre 2022

Armageddon Time

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Gray. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Michael Banks Repeta, Anne Hathaway, Jeremy Strong, Anthony Hopkins, Jaylin Webb, Ryan Sell

Sortie salles France: 9 Novembre 2022

FILMOGRAPHIE: James Gray est un réalisateur, scénariste et producteur américain né à New York en 1969. 1994 : Little Odessa. 2000 : The Yards. 2007 : La nuit nous appartient. 2008 : Two Lovers. 2013 : The Immigrant. 2016 : The Lost City of Z. 2019 : Ad Astra. 2022: Armageddon Time. 


"Contempler, tel des yeux d'enfant, les prodiges d'un cinéaste digne de ce nom, c'est comme tourner autour de son oeuvre tel un papillon de nuit attiré par la lumière des projos."
Immense réalisateur n'ayant plus rien à prouver auprès des cinéphiles et de la critique (son dernier chef-d'oeuvre remonte à 2016 avec The Lost City of Z, sorte de version adulte des Aventuriers de l'Arche Perdue si je peux me permettre ce raccourci), James Gray nous revient avec une magnifique autobiographie relatant sa propre jeunesse du point de vue de Paul Graff. Un ado dissipé (tant en classe qu'au cocon familial) passionné par l'art du dessin et vouant une admiration pour son grand-père prévenant (incarné par le dinosaure Anthony Hopkins du haut de ses 84 ans). Récit initiatique relatant l'évolution morale de ce jeune juif perturbé par les valeurs dichotomiques du Bien et du Mal que lui enseignent les adultes (il est constamment en éveil cérébral de par la curiosité de son regard candide), notamment en faisant face à l'antisémitisme et au racisme, comme le souligne son meilleur ami afro ricain Johnny davantage en proie à l'autodestruction à force de subir le discrédit de l'entourage de sa bourgade, Armageddon Time est un grand moment de cinéma aussi puissant, authentique et symptomatique de celui des Seventies. 


Alors que paradoxalement le récit s'esquisse à l'orée des années 80 au parti-pris d'une photo granuleuse à la fois immaculée et épurée, James Gray le transfigure avec son sens du cadrage géométrique où rien n'est laissé au hasard (parmi le refus de fioriture) et surtout avec l'extrême pudeur d'y radiographier ses personnages profondément humains, pour autant jamais démonstratifs. Tant et si bien que ce qui bouleverse ici n'émane pas d'une émotion programmée ou d'un quelconque pathos bon marché facilement décelable. Non, ce qui émeut autant et nous fait chavirer ou tant vibrer découle de sa capacité innée à sculpter ses personnages dans un cadre naturel si respirable. A les faire vivre face à nous entre noblesse et humilité des sentiments de par leur fragilité à observer le monde en subissant l'usure du temps au moment d'assumer un cher disparu. Mais encore relever la gageure de leur évolution personnelle à tenter de progresser au gré d'une mélancolie existentielle déteignant sur notre propre conscience. Le spectateur s'identifiant à cette famille juive et au jeune Paul en émettant un parallèle avec notre propre vécu (nos fameuses réminiscences restées enfouies dans l'inconscient) du point de vue de la précarité de notre adolescence et de l'amour porté pour nos parents en dépit de nos (graves) erreurs de céder parfois à la facilité de l'insolence, pour ne pas dire du mal au sein de notre condition rebelle en quête identitaire. 


Drame existentiel d'une digne beauté par sa rigueur dramatique si réservée, pudique, mesurée, Armageddon Time se décline en hymne à la vie, à l'amour et à l'amitié (quelle triste preuve s'ouvre à nos yeux vers sa dernière partie à la fois cruelle et exutoire !) à travers l'injustice de la vieillesse, du sens du sacrifice et de la persévérance. A condition toutefois d'ouvrir l'oeil le plus lucide, de s'élever aux valeurs les plus expressives et sincères, de mener notre chemin tortueux vers une forme de sagesse rédemptrice après avoir essuyé les expériences de la douleur menant à maturité. Tout bien considéré, Armageddon Time demeure donc à mes yeux probablement l'oeuvre la plus cinématographique de 2022, au sens large. Et c'est donc à ne rater sous aucun prétexte pour les amoureux de cinéma révolu. 

*Bruno

mercredi 23 novembre 2022

Ticks

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tony Randel. 1993. U.S.A. 1h28 (uncut version concernant uniquement des séquences de dialogues). Avec Rosalind Allen, Ami Dolenz, Seth Green, Virginya Keehne, Ray Oriel, Alfonso Ribeiro, Peter Scolari

Sortie DTV France: 10 Août 1994

FILMOGRAPHIE: Tony Randel, né le 29 mai 1956 est un réalisateur, scénariste et monteur américain. Il est parfois crédité sous le nom Anthony Randel. 2007 : The Double Born. 1998 : Assignment Berlin. 1996 : Morsures (Rattled). 1996 : Confiance aveugle (One Good Turn). 1995 : North Star : La Légende de Ken le survivant (Fist of the North Star). 1993 : Ticks (Infested). 1992 : Amityville 1993 : Votre heure a sonné (Amityville 1992: It's About Time). 1992 : Inside Out II. 1991 : Les Enfants des ténèbres (Children of the Night). 1988 : Hellraiser 2 (Hellraiser : Hellbound). 1985 : Def-Con 4. 

                         "Un des fleurons du genre du début des années 90". PSYCHOVISION

Dtv oublié des années 90 alors qu'il vient juste d'être commercialisé dans une splendide édition 4K, Ticks est effectivement, et à ma grande surprise à la revoyure, un des fleurons des années 90 en terme de série B du samedi soir impeccablement troussée. Tony Randel, réalisateur de l'inoubliable Hellraiser 2, s'en donnant à coeur joie dans sa moisson d'effets-chocs généreusement étalés à l'écran à renfort d'effets mécaniques du plus bel effet. Tant et si bien que l'attraction principale de cet Haribo acidulé que l'on croirait plutôt extirpé des années 80 émane de ses créatures carnivores redoutablement voraces et véloces afin de s'agripper aux victimes pour les piquer, ou mieux, les dévorer de l'intérieur sous l'impulsion d'effets gores d'un rouge saturé (en mode gélatineux). Comme de coutume dans ce genre de produit d'exploitation dénué de prétention, le scénario plutôt inepte n'est qu'un prétexte pour emprunter le cheminement du survival forestier lorsque un couple de sociologues accompagnent des ados difficiles au coeur d'une forêt insécure plutôt perméable et magnifiquement photographié. Outre la menace des créatures étonnamment convaincantes par leur réalisme artisanal, le réalisateur a la bonne idée d'introduire un duo de péquenots trafiquants d'herbe afin de renforcer le sentiment d'insécurité de nos jeunes héros molesté par 2 menaces aussi meurtrières. 

Tony Randel n'hésitant pas à injecter quelques doses de cruautés quant au sort précaire de nos touristes juvéniles à la fois écervelés mais attachants dans la mesure où l'on s'identifie à leur cauchemar improbable avec une certaine once d'empathie eu égard de la tournure dramatique de certaines situations fortuites. Tout cela étant miraculeusement efficace tant le cinéaste redouble de générosité à cumuler les agressions tous azimuts au sein d'une scénographie forestière immersive. Pour ce faire, il faut impérativement revoir Ticks en qualité 4K tant l'image contrastée, saturée, luminescente, nous en fout plein la vue 1h25 durant au sein de ce train fantôme constamment réjouissant. La cerise sur la gâteau émanant de son final en apothéose lorsqu'une créature soudainement géante apparait dans le chalet pour tenter d'y dévorer goulument ses occupants. Un hommage pittoresque aux films de monstres géants que l'on aurait peut-être toutefois mieux apprécié si son scénario linéaire avait su faire preuve de plus d'inventivité au niveau des clichés rebattus. Rien de préjudiciable toutefois tant l'aventure horrifique se suit sur un rythme d'enfer sous l'impulsion d'ados aimablement bonnards et de méchants qu'on adore détester. 

A revoir donc pour les fans de films de monstres bâtis sur l'aspect jouissif de ses agressions carnassières (ici) quasi ininterrompues. En précisant à titre subsidiaire que le producteur exécutif n'est autre que Brian Yuzna épaulé du directeur d'FX Doug Beswick (Terminator, Aliens) et des maquilleurs issus de l'écurie K.N.B (pour plus d'infos reportez vous sur la critique idoine du site Psychovision)

*Bruno
2èx

mardi 22 novembre 2022

100 Dollars pour un Shérif / True Grit

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Henry Hathaway. 1969. U.S.A. 2h08. Avec John Wayne, Glen Campbell, Kim Darby, Robert Duvall, Jeff Corey, Strother Martin, Jeremy Slate

Sortie salles France: 18 Février 1970 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEHenry Hathaway est un réalisateur et producteur américain né le 13 mars 1898 à Sacramento (Californie), décédé le 11 février 1985 à Los Angeles (Californie). 1932 : Heritage of the Desert. 1932 : Blanco, seigneur des prairies. 1933 : La Ruée fantastique. 1933 : Under the Tonto Rim. 1933 : Sunset Pass. 1933 : Man of the Forest. 1933 : Jusqu'au dernier homme. 1934 : Les Gars de la marine. 1934 : The Witching Hour. 1934 : La Dernière Ronde. 1934 : C'est pour toujours. 1935 : Les Trois Lanciers du Bengale. 1935 : Peter Ibbetson. 1936 : La Fille du bois maudit. 1936 : I Loved a Soldier (film inachevé). 1936 : Go West, Young Man. 1937 : Âmes à la mer. 1938 : Les Gars du large. 1939 : La Glorieuse Aventure. 1940 : Johnny Apollo. 1940 : L'Odyssée des Mormons. 1941 : Le Retour du proscrit. 1941 : Crépuscule. 1942 : Ten Gentlemen from West Point. 1942 : La Pagode en flammes. 

Réalisé par le spécialiste du genre, Henry Hathaway, 100 dollars pour un shérif (alors qu'il s'agit plutôt d'un Marshal) est un superbe western, l'un des derniers inscrit dans le classicisme en cette année 1969. Incarné par l'incorrigible John Wayne, récompensé ici pour la première fois de l'Oscar du Meilleur Acteur (alors qu'il s'agit  paradoxalement d'un rôle à contre-emploi, douce ironie !), l'intrigue à suspense est rehaussée de l'attachante présence de Glen Campbell portant le film à bout de bras dans sa fonction de justicière au caractère robuste à contrario de Rooster, shérif alcoolique plutôt cupide, égoïste et bourru. A eux deux ils forment un tandem contradictoire à la fois pittoresque, tendre et colérique eu égard de leur divergence morale à daigner traquer Tom Chaney responsable de la mort du père de la jeune Maty. Celle-ci étant délibérée à accompagner Rooster et son faire-valoir La Boeuf en dépit du rejet du premier à se laisser intimider par une fillette autrement intelligente et sensible. 

Glen Campbell s'extirpant à tous prix du cabotinage redouté en apportant un jeu nuancé à travers ses prises de position affirmées jamais outrées et son sens du devoir, d'amitié et de loyauté qu'elle tente d'inculquer en filigrane à ces deux machistes plutôt préoccupés par le gain. Magnifié de somptueux paysages aussi vastes que dépaysants dans un format 1.77, 100 dollars pour un shérif prend son temps à planter son histoire en privilégiant l'étude caractérielle de ses trois personnages en proie aux dangers impromptus entre deux/trois accalmies. Pour ce faire, le réalisateur parvient à se démarquer des clichés et de la routine en faisant vivre (ou plutôt en laissant respirer) son récit et ses personnages à travers son lyrisme et l'attrait épique de certaines situations de rebellions. Nos héros nous entraînant dans une aventure exaltante en dépit de quelques éclairs de violence remarquablement menés avec au bout du chemin un épilogue subtilement émouvant dans son refus de pathos. 100 dollars pour un shérif apportant au final un joli discours sur le sens de l'amitié après avoir essuyé l'injustice du deuil du point de vue d'une jeune femme militant pour le sens du partage et de la rédemption d'après sa foi en la pérennité. 

Un grand western donc indiscutablement solide et maîtrisé de par sa mise en scène technicienne, sa scénographie tantôt fantasmagorique et l'ampleur humaine de ses personnages aussi faillibles que stoïques. 

*Bruno

FILMO (suite): 1944 : Le Jockey de l'amour. 1944 : Le Porte-avions X. 1945 : La Grande Dame et le Mauvais Garçon. 1945 : La Maison de la 92e Rue. 1946 : L'Impasse tragique. 1947 : 13, rue Madeleine. 1947 : Le Carrefour de la mort. 1948 : Appelez nord 777. 1949 : Les Marins de l'Orgueilleux. 1950 : La Rose noire. 1951 : La marine est dans le lac. 1951 : 14 Heures. 1951 : L'Attaque de la malle-poste. 1951 : Le Renard du désert. 1952 : Courrier diplomatique. 1952 : La Sarabande des pantins. 1953 : Niagara. 1953 : La Sorcière blanche. 1954 : Prince Vaillant. 1954 : Le Jardin du diable. 1955 : Le Cercle infernal. 1956 : Le Fond de la bouteille. 1956 : À vingt-trois pas du mystère. 1957 : La Cité disparue. 1958 : La Fureur des hommes. 1959 : La Ferme des hommes brûlés. 1960 : Les Sept Voleurs. 1960 : Le Grand Sam. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1964 : Le Plus Grand Cirque du monde. 1965 : Les Quatre Fils de Katie Elder. 1966 : Nevada Smith. 1967 : Le Dernier Safari. 1968 : Cinq cartes à abattre. 1969 : Cent dollars pour un shérif. 1971 : Le Cinquième Commando. 1971 : Quand siffle la dernière balle. 1974 : Hangup. 

mercredi 16 novembre 2022

Smile

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Parker Finn. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Sosie Bacon, Kyle Gallner, Caitlin Stasey, Jessie T. Usher, Rob Morgan, Kal Penn, Robin Weigert, Judy Reyes.

Sortie salles France: 28 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Parker Fin est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2022: Smile. 

Plutôt alléchant, voir prometteur et même fascinant de par l'accroche de sa tagline, l'originalité de son titre concis et l'étrangeté de son affiche (même si à priori quelques youtubeurs n'y ont pas été autant charmés que moi); Smile est une excellente surprise à rajouter au palmarès des plus belles flippes à l'écran vues ces dernières années. Une série B adulte (et donc radicalement 1er degré) d'un jeune réalisateur néophyte féru du genre tant et si bien que Smile transpire la sincérité du travail bien fait lorsque celui-ci croit fermement en son projet. Et ce même si on peut déplorer un sentiment de déjà vu (The Ring, It Follows en tête à mon sens) et un final peut-être pas si surprenant que cela (à défaut d'être percutant, voir toujours terrifiant et malaisant), on croit à fond à cette histoire d'entité maléfique exprimant un rictus démonial au moment de s'adonner à l'horreur graphique (je n'en dis pas plus pour éviter de spoiler et dévoiler son pitch) face au témoignage impuissant d'une future victime condamnée à subir des hallucinations impossibles à contrôler. Mais outre l'idée géniale d'offrir au Mal une posture joviale "déconcertante" à travers ce fameux rictus oh combien gênant jusqu'au malaise, Parker Finn privilégie louablement durant les 2/3 tiers du récit la psychologie torturée d'une psychiatre à deux doigts de céder à la démence que le spectateur observe avec autant d'attention, de crainte, d'appréhension. 

Un peu comme le fut d'ailleurs l'héroïne Nancy Thompson des Griffes de la Nuit, l'héroïne de Smile ne parvient plus non plus à distinguer la réalité de ses hallucinations intempestives si bien que le spectateur lui tend la main dans sa psychose démunie avec une empathie quasi aussi dépressive. Ainsi, à travers le jeu nuancé de Sosie Bacon irréprochable en victime monomane s'efforçant vainement de trouver un appui amical pour s'extirper de son cauchemar paranormal au même moment d'y perpétrer son enquête officieuse, on s'identifie de plein gré à ce personnage soumis à travers le chemin de croix de son évolution morale davantage en porte à faux. Le réalisateur soulignant intelligemment son profil chétif sous l'impulsion d'une mise en scène studieuse prenant son temps à implanter autour d'elle un climat d'angoisse redoutablement palpable. Avec l'audace de cultiver entre autre quelques jump scare étonnamment percutants, notamment pour leur refus de gratuité, si bien que l'on plonge dans ce train fantôme avec une évidente fascination malsaine eu égard de la rigueur de ses scènes chocs souvent très impressionnantes (à l'instar de son prologue tétanisant). Et sur ce point frisonnant, Smile est une belle réussite coiffant au poteau 90% de la production horrifique en cette année 2022.

Talent à surveiller que cette oeuvre prometteuse plutôt maîtrisée dans le brio de sentiments d'angoisse et d'anxiété plutôt malsaines, Parker Finn accomplit avec cette modeste série B un formidable divertissement horrifique, adulte, intelligent, par moments effrayant et sans concession (jusqu'au générique final). En alternant notamment à bon escient un score dissonant et les silences pesants avec un art consommé de la tension dérangée si bien que la menace invisible n'aura jamais été aussi insécure qu'à travers le présage de ce rictus résolument morbide. 

*Bruno

vendredi 11 novembre 2022

Death Race / Course à la Mort

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

de Paul Thomas Anderson. 2008. U.S.A/Allemagne/Angleterre. 1h51 (version longue). Avec Jason Statham, Joan Allen, Tyrese Gibson, Ian McShane, Natalie Martinez

Sortie salles France: 15 Octobre 2008. U.S: 22 Août 2008 (int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Paul William Scott Anderson, né le 4 mars 1965 à Newcastle upon Tyne est un producteur, réalisateur et scénariste britannique. 1994 : Shopping. 1995 : Mortal Kombat. 1997 : Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. 1998 : Soldier. 2000 : The Sight. 2002 : Resident Evil. 2004 : Alien vs Predator. 2008: Death Race. 2010 : Resident Evil: Afterlife. 2011 : Les Trois Mousquetaires 3D. 2012 : Resident Evil : Retribution 3D. 2014 : Pompéi. 2016 : Resident Evil : Chapitre final. 2020 : Monster Hunter. 

« Ce n'est pas un remake du tout. Le premier film était une course à travers l'Amérique. C'était autour d'une course mondiale. Celui-là sera orienté vers l'avenir, donc les voitures sont encore plus futuristes. Donc vous aurez des voitures avec des fusées, des mitrailleuses, les champs de force ; des voitures pouvant se fractionner et se reformer, un peu comme les Transformers, les voitures qui deviennent invisibles... »

Paul W. S. Anderson

Déclinaison donc du cultissime Les Seigneurs de la Route (que j'ai eu l'opportunité de découvrir en salles), Death Race se révèle une bonne surprise pour l'amateur d'action bourrine que Paul Thomas Anderson (Event Horizon) rend (étonnamment) lisible en dépit de sa caméra épileptique inspirée des expérimentations pédantes de Michael Bay. Entre parenthèse, cela n'a rien à voir avec la saga  Transformers que le cinéaste ose comparer, peut-être afin d'influencer le grand public. Le récit se découpant en 3 courses endiablées alors que celui-ci a l'habileté d'éviter de se répéter afin de relancer l'action survitaminée des tôles froissées vers d'autres horizons à la fois délétères et fructueuses quant aux sorts de nos héros émérites redoublants de stratagèmes pour s'extirper de leur géôle au gré d'une intensité furibonde assez jouissive (surtout pour l'effet de surprise de la 1ère course). Car au-delà de l'efficacité de l'intrigue correctement menée, inventive et semée de petits rebondissements, Death Race impressionne formellement parlant à travers sa facture futuriste où aucun détail métallique ne nous est épargné. Le réalisateur décrivant parmi le réalisme d'une photo désaturée un univers dystopique au sein d'une prison officieuse si j'ose dire pour mettre en pratique une épreuve sportive létale inspirée des jeux du cirque romain dans la coure de l'enceinte. 

Les carrosseries customisées demeurant terriblement fascinantes, démoniales, clinquantes; de par leur aspect insalubre / rubigineux pour autant fiable, stable, tenace, notamment grâce aux sulfateuses implantées sur les capots de chaque véhicule et autres pochettes surprises. On songe clairement à la scénographie barbare de Mad-Max 2, impression renforcée lorsqu'intervient un "camion de la mort" impossible à alpaguer à travers ses nombreux gadgets meurtriers et son imposante stature quasi indestructible piétinant tout sur son passage. Quand bien même ses épreuves vertigineuses sont retransmises en direct à la TV face au voyeurisme d'une cinquantaine de millions de téléspectateurs (que nous ne verrons jamais pour se concentrer essentiellement sur le terrain de jeu strictement carcéral). On retrouve donc le personnage de Frankenstein qu'endosse avec sa virilité habituelle l'illustre Jason Statham parfaitement à l'aise en casse-cou routier s'efforçant de remporter la mise afin de retrouver sa fille hébergée chez un étranger à plus de 3500 kms. L'acteur dégageant un charisme idoine pour se glisser dans la peau (tatouée) d'un détenu stoïque, impassible, eu égard des nombreux pièges et subterfuges lancés à son encontre.

Parmi l'heureuse initiative de ne pas se prendre au sérieux, avec en prime 2/3 effets gores sardoniques et l'ultra violence de bastonnades et poursuites destroy souvent très impressionnantes, Death Race joue aimablement la carte de la série B du Samedi soir avec une perpétuelle efficacité. Aussi modestes soient ses enjeux éculés (habilement exploitées) et autres clichés sciemment assumés pour ne jamais reluquer sa montre (le film dure tout de même 1h51 dans sa version intégrale). Quant aux suites opportunistes rapidement torchées et expédiées, il n'y a rien à signaler.

*Bruno
2èx

La Fille de Dracula / Dracula's Daughter

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lambert Hillyer. 1936. U.S.A. 1h11. Avec Otto Kruger, Gloria Holden, Marguerite Churchill, Edward Van Sloan, Gilbert Emery, Irving Pichel, Halliwell Hobbes.

Sortie salles France: 17 Juillet 1936. U.S: 11 Mai 1936

FILMOGRAPHIELambert Hillyer est un scénariste et réalisateur américain né à South Bend, le 8 juillet 1889 et mort à Los Angeles le 5 juillet 1969, quelques jours avant son 80e anniversaire.1917 : La Révélation. 1918 : Riddle Gawne, coréalisé avec William S. Hart. 1919 : Le Shérif Carmody. 1919 : Le Frère inconnu. 1919 : La Caravane. 1919 : L'Enfer des villes. 1920 : Son dernier exploit. 1920 : Son meilleur ami. 1921 : L'Homme marqué. 1921 : Sa haine. 1922 : L'Homme aux deux visages. 1922 : The Altar Stairs. 1922 : Sur les grands chemins. 1923 : The Lone Star Ranger. 1923 : La Terre a tremblé. 1923 : La Brebis égarée. 1924 : Les Fraudeurs. 1925 : Un poing d'honneur. 1926 : Vagabond malgré elle. 1932 : L'Aigle blanc. 1934 : Once to Every Woman. 1934 : The Defense Rests. 1934 : Les Écumeurs de la nuit. 1935 : Les Hommes de l'heure. 1935 : À toute allure. 1936 : Le Rayon invisible. 1936 : La Fille de Dracula. 1938 : Détenues. 1941 : Hands Across the Rockies. 1943 : Batman. 1945 : Beyond the Pecos
1948 : The Fighting Ranger. 1948 : Song of the Drifter. 


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, La Fille de Dracula fait suite au chef-d'oeuvre de Tod Browning, Dracula tourné 3 ans au préalable. Dans la mesure où celle-ci tente en l'occurrence de se débarrasser de son fardeau filial en sollicitant l'aide d'un psychiatre puisque hantée par l'affres de pulsions vampiriques. Et ce en dépit de la mort du prince des ténèbres foudroyé d'un pieu dans le coeur par Mr Van Helsing (toujours incarné par Edward Van Sloan). Tourné dans un magnifique noir et blanc avec au passage 2/3 séquences d'un onirisme macabre proéminent, la Fille de Dracula propose l'intelligence d'éluder toute violence graphique au profit d'une intrigue à suspense soigneusement structurée. Or, là où le bas blesse, c'est que les rares situations horrifiques qui empiètent le récit (à base de somnambulisme) demeurent si timorées que nous n'avions jamais l'impression d'avoir affaire à un film d'épouvante en bonne et due forme de la Universal


Pour autant, le soin imparti à la réalisation et surtout le jeu irréprochable des acteurs (j'ai d'ailleurs été  surpris pour une oeuvre de cette époque) permettent de suivre le récit sans ennui auprès des afficionados (à contrario du grand public qui pourrait potentiellement s'ennuyer d'escompter le p'tit frisson attendu). Les protagonistes demeurant tout à fait attachants (la romcom versatile entre le docteur et la ravissante Janet en sous-intrigue ne manque pas de tendresse badine) quand bien même la présence ténébreuse et charnelle de Gloria Holden (qui détestait le genre horrifique !) nous instaure un sentiment fascinatoire plutôt convaincant en dépit de ses faibles intentions à nous susciter le sentiment insécure. On apprécie par ailleurs à travers cet âge d'or plutôt rigoriste son allusion au saphisme lorsque la comtesse semble éprouver une certaine attirance sexuelle auprès de l'une de ses proies transie d'émoi. 


Parfois gentiment amusant auprès de ses épisodes cocasses (surtout le prologue et les déconvenues dans le commissariat), La Fille de Dracula demeure une sympathique séquelle solidement réalisée et interprétée, mais à réserver cependant aux inconditionnels. 

*Bruno

jeudi 10 novembre 2022

Le Temps du Massacre / Tempo di massacro

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Lucio Fulci. 1966. Italie. 1h32. Avec Franco Nero, George Hilton, John M. Douglas, Nino Castelnuovo, Tom Felleghy, Rina Franchetti.

Sortie salles France: 27 Juillet 1967. Italie: 10 Août 1966

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1978: Selle d'Argent. 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantômes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


"La Colombe et le carnage". 
1966 marque un tournant dans la carrière de Lucio Fulci. Après une série de comédies, le maestro s’aventure sur les terres arides du western avec Le Temps du massacre, s’inspirant de Sergio Leone, deux ans après la sortie de Pour une poignée de dollars. Un western italien — « spaghetti » reste un terme trivial, aujourd’hui obsolète — d’une âpreté rare pour l’époque, au point que l’on demeure encore saisi par la cruauté horrifique de son prologue : un homme traqué, dévoré vivant par une meute de chiens, sous les regards voyeurs de témoins dont certains éclairs de perversion ne trompent pas. Et puis vient cette anthologie du lynchage au fouet, scène sadique dont Nino Castelnuovo s’empare avec une intensité dérangeante, son visage baigné de haine, de jouissance trouble, de lassitude fiévreuse. L’acteur se fait inquiétant, presque spectral, à la frontière d’une douce démence. Sa présence magnétique densifie l’atmosphère équivoque de ce western franc-tireur, revendiqué comme tel.

Franco Nero lui partage dignement la vedette, ses yeux azur brûlant d’intensité en héros malgré lui, redresseur de torts impliqué dans une sombre affaire familiale. L’intrigue, solidement charpentée, avance dans un suspense constant, rythmée de rebondissements inattendus qui nourrissent l’aura de souffre entourant les protagonistes, pris dans un engrenage de règlements de compte punitifs et oppressants. Jusqu’à ce massacre final, explosif, où l’action débridée — presque ininterrompue — ravira les amateurs de chorégraphies violentes, crues, décomplexées.

Au-delà de sa dramaturgie escarpée, Fulci stupéfie par la richesse visuelle de sa mise en scène : cadres soignés, photo scope baroque, antagonistes vêtus de blanc, vallées rocailleuses aux reflets nacrés… Il transfigure le classicisme du western dans un modernisme inattendu, une mélancolie diffuse émergeant peu à peu de cet amas de cadavres exécutés pour des enjeux terroristes, comme une brume de deuil sur le désert.


"Litanie pour un Fouet".
Flamboyant, dans une certaine mesure, par son onirisme baroque — ce plan final, magnifique : une colombe tachetée de sang fend le ciel, impose sa liberté — Le Temps du massacre s’élève dignement au rang de classique du western italien. Fulci y affirme déjà son goût pour une violence sadienne, viscéralement narrative, militante parfois, en faveur de l’honneur, de la justice, des valeurs familiales. Et ses personnages, tous, se débattent, rebelles et hargneux, dans un monde trop sale pour être sauvé.

*Bruno
3èx

mardi 1 novembre 2022

A l'Ouest rien de nouveau / All Quiet on the Western Front

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Edward Berger. 2022. Allemagne/U.S.A/Angleterre. France. 2h28. Avec Daniel Brühl, Albrecht Schuch, Felix Kammerer, Moritz Klaus, Aaron Hilmer, Edin Hasanovic.

Diffusé sur Netflix le 28 Octobre 2022

FILMOGRAPHIEEdward Berger est un réalisateur, producteur et scénariste allemand né en 1970 à Wolfsburg, Lower Saxony. 2001: Frau2 sucht HappyEnd. 1998 Gomez - Kopf oder Zahl. 1995: Wanderbread. 1994 Smelly Dinners. 1993 Sidewalk Hotel. 1992 Strait-Jacket. 2007: Windland (TV Movie). 2012: Mutter muss weg (TV Movie). 2011 Ein guter Sommer (TV Movie). 2014: Jack. 2019: All my loving. 2022: A l'Ouest rien de nouveau. 


Un message anti-guerre d'une puissance formelle et morale peu commune.
Impossible de sortir indemne d'un tel fiasco mortifié sitôt le générique mutique clos (parti-pris digne afin de rendre ultime hommage aux 17 millions de morts). Une descente aux enfers donc aussi immersive que vertigineuse eu égard de l'extrême réalisme des affrontements belliqueux d'une barbarie ad nauseam. Edward Berger relatant la fin de la 1ère guerre mondiale du point de vue germanique comme si vous y étiez (euphémisme si j'ose dire tant l'expérience s'avère éprouvante, pour ne pas dire écoeurante même si on m'avait prévenu que l'horreur était émétique). Et il faut sans doute remonter à Il faut sauver le soldat Ryan pour renouer avec un tel degré d'intensité dramatique, de tragédie électrisante et de folie paroxystique au gré d'affrontements primitifs aussi interminables qu'épuisants. Là où il n'y a ni bons ni méchants en cas de guerre internationale. Si bien que les Allemands sont tout simplement perçus comme des hommes aussi apeurés par la violence omniprésente (la leur et celle des autres) et sa contagion qui en émane inéluctablement. 


A l'instar du chemin de croix du jeune recrue Paul traversant les bombes, les balles et ses charniers de cadavres avec un humanisme inévitablement sentencieux quant à son fébrile témoignage d'assister impuissant à l'apocalypse des pièges à tranchées. La force du récit émanant de son apprentissage avec la déchéance morale. Son regard candide puis coupable à se substituer en animal sauvage comme le démontrent sans logique ses camarades et rivaux combattant armes à la main dans un élan patriotique résolument suicidaire (ou désaxé, c'est selon). D'une durée de 2h28, A l'ouest rien de nouveau ne nous laisse que peu de répit, entre scènes d'anthologie horrifiantes, aparté intimistes et compromis entre nos leaders militaires totalement déconnectés de la situation chaotique comme le souligne son final ubuesque lorsque le général Friedrichs décide de poursuivre une ultime guérilla en dépit de l'armistice fraîchement signée. 


Formellement sublime par son onirisme à la fois serein (le contraste établi avec la nature matinale ou crépusculaire), étrange puis mélancolique (surtout dès que l'armistice est adoubé), faute d'une aura morbide aphone planant sur les épaules de soldats épuisés de faim, de fatigue et de (dé)goût de se battre, A l'Ouest rien de nouveau dénonce sans ambiguïté l'absurdité de la folie guerrière auprès de l'exploitation outre-mesurée de ses recrues préalablement appâtés par l'héroïsme du patriotisme. Dénonçant sans ambages la guerre dans toute son insalubrité nécrosée au point que chaque détail nous agresse la vue parmi la fragilité d'un désespoir plus imposant lors de sa dernière demi-heure désarmante de non-sens, A l'ouest rien nouveau nous détourne le regard d'une imagerie horrifique jamais glorifiante (aucun héroïsme à l'horizon, que des visages livides martyrisés par la violence). De par son réalisme tranché aussi poisseux qu'intolérable. Si bien qu'un seul désir nous martèle l'esprit dès le générique clos: l'envie de prendre une douche, ou mieux, serrer longuement nos proches, avec amour, réconfort et beaucoup, beaucoup de tendresse. 
Pour public averti (mais à diffuser d'urgence dans tous les lycées du monde). 

*Bruno

lundi 31 octobre 2022

Don't worry Darling

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Olivia Wilde. 2022. U.S.A. 2h04. Avec Florence Pugh, Harry Styles, Olivia Wilde, Chris Pine, Gemma Chan, KiKi Layne. 

Sortie salles France: 21 Septembre 2022. U.S: 23 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Olivia Jane Cockburn, dite Olivia Wilde, est une actrice, réalisatrice et productrice américaine, née le 10 mars 1984 à New York. 2011 : Free Hugs (court métrage) - également scénariste. 2016 : No Love Like Yours (clip) du groupe Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. 2016 : Dark Necessities (clip) du groupe Red Hot Chili Peppers. 2019 : Booksmart. 2020 : Wake Up (court métrage). 2022 : Don't Worry Darling. en projet : Perfect. En projet : Olivia Wilde a signé avec Sony Pictures pour réaliser un film centré sur le personnage de comics Spider-Woman. 

Enorme surprise que ce Don't worry Darling aussi puissant, original et intrigant que Get Out et le génial les Femmes de Stepford (grand classique oublié des Seventies), en dépit de sa discrète sortie en salle. La réalisatrice Olivia Wilde parvenant promptement à susciter une irrésistible et constante curiosité eu égard du soin formel imparti à sa scénographie édénique native des années 50. Un microcosme solaire que l'on nous dépeint à travers les yeux d'Alice, jeune épouse fraîchement débarquée dans la cité ouvrière de Victory en Californie. Un projet tenu top secret que son époux a pour mission de ne point divulguer si bien que chaque épouse est contrainte de s'isoler dans leur demeure sitôt leurs maris partis au chantier pour la fabrication de matériaux avancés. Or, Alice souffre d'hallucinations récursives en s'inquiétant d'autre part de détails domestiques inquiétants et comportements insidieux, alors qu'une des épouses afro-ricaine, Margaret, lui avoue des propos malveillants incohérents qu'elle se refuse à dramatiser dans un premier temps. 

Fort de son ambiance d'inquiétude prégnante et d'une angoisse latente puis diffuse génialement fascinante, Don't worry Darling n'a aucune peine à nous embarquer tête baissée dans un épisode grandeur nature de la 4è Dimension sous l'impulsion d'un casting (faussement) fringant. En particulier la présence de Florence Pugh (révélée dans Midsommar) parvenant à nous communiquer ses sentiments de doute et d'appréhension, d'angoisse et de contrariété puis ses crises de panique avec une force expressive lestement dépressive. Si bien que sa moralité malaisante à la lisière de la folie paranoïaque et de la schizophrénie déteint sur notre conscience au gré d'une trajectoire dramatique redoutablement efficace. Olivia Wilde (ici également actrice de second-rôle en épouse modèle sciemment imberbe) maîtrisant admirablement son récit avec un sens aigu du suspense infaillible (on est tout le temps sur le qui-vive d'une éventuelle info afin de mieux nous éclairer sur son contenu bicéphale). Tant et si bien que dès qu'intervient le twist final on se désarme de stupeur à reconsidérer toute l'intrigue que nous avions vécues à travers les yeux dubitatifs d'Alice tout en s'alertant de sa condition de survie en porte-à-faux. 


Un monde Parfait.
En abordant les thèmes passionnants du matérialisme, du malaise existentiel et de la quête de perfection à daigner s'ériger un monde idéal sous une autorité patriarche, Don't worry Darling joue admirablement la carte du thriller psychologique avec un art consommé du suspense oppressant.  Florence Pugh monopolisant gracieusement l'écran avec un humanisme déconfit résolument contagieux (on se met réellement à sa place en vivant son aventure cauchemardesque avec la trouble fascination d'y vivre une seconde réalité). Son parcours à la fois épineux et précaire de quête de vérité demeurant terriblement attachant, haletant, inquiétant et magnétique sous la mainmise de sa réalisatrice très inspirée à nous ébranler l'encéphale au sein de son huis-clos trop conventionnel pour être honnête. Un régal permanent. 

Ci-joint la chronique des Femmes de Stepford: http://brunomatei.blogspot.com/…/les-femmes-de-stepford.html

*Bruno 

samedi 29 octobre 2022

Meurtres sans Ordonnance / The Good Nurse

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Tobias Lindholm. 2022. U.S.A. 2h04. Avec Jessica Chastain, Eddie Redmayne, Nnamdi Asomugha, Noah Emmerich, Kim Dickens 

Diffusé sur Netflix le 26 Octobre 2022

FILMOGRAPHIE: Tobias Lindholm né le 5 juillet 1977 est un réalisateur et scénariste danois. 2010 : R. 2012 : Hijacking (Kapringen). 2015 : A War (en danois : Krigen). 2022 : Meurtres sans ordonnance (The Good Nurse). 

Remarquable thriller psychologique transcendé du duo galvaudé Jessica Chastain / Eddie Redmayne soulevant le récit du poids de leurs épaules avec une dimension humaine aussi fébrile qu'équivoque, Meurtres sans Ordonnance relate l'histoire vraie du serial-killer Charles Cullen responsable de la mort de 29 patients dans le New-Jersey (le générique final nous révélera que ses aveux forcés émanent de sa crainte de la peine de mort alors qu'il afficherait peut-être à son palmarès plus de 400 victimes !). Et ce sur une période de 16 ans en tant qu'infirmier fréquemment muté dans divers centres hospitaliers à la suite de leurs suspicions criminelles. Dans la mesure où afin de préserver la réputation de leur entreprise, le corps médical n'osa jamais alerter la police en lieu et place de licenciement professionnel. Or, à peine muté dans un nouvel hôpital, Charles Cullen se lie d'amitié avec l'infirmière Amy Loughren, mère de 2 filles souffrant de problèmes cardiaques. L'intrigue soigneusement contée attachant autant d'importance à leur sincère relation qu'aux incidents criminels qui empiètent leur amitié au fil d'une investigation policière peu à peu prégnante. 

Dénué de complaisance et de racolage en éludant les codes du thriller horrifique pour un sujet aussi morbide, la réalisation à la fois chiadée et personnelle du danois Tobias Lindholm (l'excellent Hijacking avec sa prise d'otages maritime hyper documentée) privilégie le déclic affectif des personnages avec une appréhension subtilement inquiétante eu égard de l'évolution d'Amy partagée entre l'angoisse de sa pathologie, son rapport conflictuel avec sa fille aînée (Alix West Lefler, bluffante de maturité caractérielle du haut de ses 11 ans !) et sa frayeur morale davantage grandissante à s'opposer à son confrère potentiellement tueur en série. Eddie Redmayne endossant avec une retenue glaciale l'infirmier placide prêtant main forte à Amy avec une trouble attention réconfortante. Quand bien même Jessica Chastain se taille une carrure à la fois chétive, fébrile et résignée à daigner démasquer au fil de sa remise en question amicale l'imposteur criminel avec l'aide de 2 policiers infaillibles. Tout cela étant sobrement traité par cette poignée d'acteurs sans fard communément impliqué dans une affaire criminelle à l'aura de scandale (aucune procédure pénale contre la responsabilité hospitalière souvent confinée dans le mutisme et le déni de crainte de perdre leur autorité et leur emploi).  


"I can't !"
Récit vénéneux d'un amitié incongrue que Jessica Chastain et Eddie Redmayne endossent avec un humanisme poignant à la fois torturé et sentencieux, Meurtres sans Ordonnance captive et passionne sans l'ombre d'une esbroufe. Le réalisateur misant essentiellement sur la solidité de sa mise en scène vériste largement épaulée du duo susnommé habité par leurs démons infortunés. Sa dimension "fait-divers" demeurant d'autant plus singulière qu'elle s'avère irrésolue quant aux véritables mobiles de Charles Cullen plongé dans un insupportable mutisme, le regard grave impassible. 

*Bruno

mardi 25 octobre 2022

Barbarian

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Zach Cregger. 2022. U.S.A. 1h42. Avec Georgina Campbell, Bill Skarsgård, Justin Long, Matthew Patrick Davis, Richard Brake, Kurt Braunohler.

Sortie salles France: 9 Novembre 2022. U.S: 9 Septembre 2022

FILMOGRAPHIEZach Cregger est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 1er Mars 1981 à Arlington, Virginie, USA. 2009: Miss Mars. 2011: The Civil War on Drugs. 2022: Barbarian. 


                   Avertissement ! Evitez de reluquer tous trailers et synopsis trop explicatif.

Oubliez le titre, racoleur, inutile, injustifié (ou alors si peu) car derrière cet argument mercantile trivial se cache un excellent B movie comme on en voit trop peu de nos jours. Car de nos jours on ne les comptent même pas sur les doigts d'une main les métrages adultes parvenant à nous provoquer la frousse si on fait fi de la facilité de jump-scares souvent foireux et gratuits. Barbarian demeurant un pur divertissement horrifique entièrement dédié à la flippe du noir comme il en pullulait lors des sacro-saintes années 80. Ainsi donc, en prenant le genre au 1er degré au creux d'un esprit grand-guignol, Zach Cregger nous conçoit une sorte de train fantôme sarcastique d'une efficacité métronome quant à la gestion de sa montée de l'angoisse (formidable 1ère demi-heure basée sur la double interrogation du danger invisible et d'un éventuel suspect faussement affable !) et de ses rebondissements à ressort plutôt habilement gérés (sa seconde partie autrement intrépide et musclée) en dépit d'un final hélas paradoxalement improbable au gré de facilités dont on se serait bien passé. 


C'est d'autant plus regrettable, étonnant de sombrer soudainement dans les conventions alors qu'au préalable nous fumes constamment surpris de l'intelligence du cinéaste à se jouer des clichés pour mieux nous surprendre et relancer l'action imprévisible. L'intrigue scindée en 2 parties retraçant l'instance de survie d'une victime féminine piégée à l'intérieur d'une bâtisse de tous les dangers puis l'entrée en matière d'un nouveau personnage auquel nous ferons subitement connaissance. Zach Cregger exploitant intelligemment les décors caverneux avec un art consommé d'une tension anxiogène qui ne nous lâche pas d'une semelle (toute l'intrigue est quasi vécue en mode huis-clos nocturne). Tout du moins pour la première demi-heure formidablement contée et millimétrée car la suite autrement oppressante et haletante adoptera un virage autrement plus rythmé à travers cette folle course contre la mort que les protagonistes tentent de déjouer avec une appréhension difficilement gérable. Qui plus est,  impeccablement endossé par de jeunes comédiens se prêtant au jeu du "ouh fais-moi peur" avec une expressivité sans fard, Barbarian se décline en jubilatoire jeu de peur et de tension parmi la menace de l'innommable d'un point de vue principalement corporel j'entends (je n'en dirai pas plus). 


Le sous-sol de la Peur.
Abordant les thématiques paranoïdes de la peur de l'autre, (de l'inefficacité policière dépassée par le délitement sociétal) et du harcèlement sexuel en pleine culture Wok et du mouvement Me too, Zach Cregger accomplit avec Barbarian une immense farce macabre où l'humour noir, l'attente de l'angoisse et ses effets épeurants qui s'ensuivent défilent à un train d'enfer de par l'habile construction du récit à plusieurs segments (on peut même en compter 3). On pardonne donc ses 10 dernières minutes étonnamment risibles et incohérentes à relancer les affrontements horrifiques au gré d'une démarche insidieuse bienvenue quant à la nature humaine individualiste. Assurément l'un des meilleurs films d'horreur de 2022 que ce jeu de survie jubilatoire traité avec autant de sérieux que de dérision caustique.

*Bruno

lundi 24 octobre 2022

Jaula

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ignacio Tatay. 2022. Espagne. 1h47. Avec Elena Anaya, Pablo Molinero, Eva Tennear, Eva Llorach, Carlos Santos, Esther Aceb, Eloy Azorín

Diffusé sur Netflix le 24 Octobre 2022. Sortie salles Espagne: 9 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Ignacio Tatay est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol. 2022: Jaula. 


Produit par Alex De La Iglesia, Jaula est un excellent thriller à suspense hitchcockien qui doit beaucoup de son intérêt et de son intensité grâce à la conviction de son casting irréprochable (principalement Elena Anaya en mère investigatrice seule contre tous) et à l'intelligence de sa mise en scène retardant les rebondissements pour mieux nous piéger dans l'expectative d'une intrigue centrée sur l'interrogation d'une fille apatride. Dans la mesure où Clara vient d'être recueillie par le couple Paula / Simon en pleine nuit sur une route départementale. Incapable de parler et confinée dans un cadre restreint qu'elle dessine à la craie pour se préserver contre toute intrusion, Clara semble perturbée par son mystérieux passé que Paula tentera de démystifier en dépit des soupçons pesant contre elle à la suite d'incidents incriminant la fillette. Huis-clos inquiétant bourré de suspense quant à déchiffrer les secrets qui pèsent sur les épaules de Clara, Jaula est rehaussé de la caractérisation psychologique de ses personnages que symbolisent Paula / Simon avec une dimension humaine résolument communicative quant à leurs conflits d'intérêt maternel. 


Le réalisateur jouant dans un premier temps sobrement sur l'ambivalence de la fillette aux comportements aussi étranges que délétères si je me réfère aux incidents domestiques qui auront lieu dans la demeure. D'autre part, auprès de ce huis-clos familier, on apprécie également le design de sa demeure réconfortante plutôt bien exploitée (et éclairée) de par son réalisme naturaliste (notamment auprès de ses plantes ornementales qui ornent certaines pièces). L'ambiance rassurante de cette paisible demeure contrastant peu à peu avec les sentiments d'inquiétude qui tourmentent Paula / Simon à savoir qui tire les ficelles de cette étrange énigme filiale suggérant la maltraitance infantile. Eva Tennear endossant la fillette "sauvage" avec une retenue toute à la fois craintive, fragile et hostile eu égard de ses comportements parfois erratiques à tenter de se faire comprendre auprès d'un entourage davantage désarmé de solutions fructueuses. La seconde partie empilant sur le flash-back de divers rebondissements crédibles au gré d'une intensité toujours plus oppressante quant aux enjeux de survie des victimes en porte-à-faux. 


Solidement interprété et mis en scène, notamment auprès de l'utilisation très efficace d'un score lestement inquiétant (parfois même envoûtant pour rehausser la dimension humaine de certaines séquences intimistes bâties sur une fragilité réservée), Jaula est une excellente surprise de Netflix qui ne prend pas le spectateur pour un chaland facilement influençable. Captivant, intense et émotionnellement expressif dans une juste pudeur de ton. 

*Bruno