mardi 21 avril 2015

Schizo

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Pete Walker. 1976. Angleterre. 1h49. Avec Lynne Frederick, John Leyton, Stephanie Beacham, John Fraser, Jack Watson.

Sortie salles 11 Novembre 1976

FILMOGRAPHIE: Pete Walker est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né en 1939 à Brighton. 1968: l'Ecole du sexe, For men only, 1970: Cool, c'est Carol, 1971: Man of violence, Die Screaming, Marianne, 1972: Quatre dimensions de Greta, le Théâtre de l'angoisse, 1973: Tiffany Jones, 1974: Flagellations, Frightmare, 1976: Mortelles Confessions, Schizo, 1978: Hallucinations, 1979: Home Before Midnight, 1983: House of the long shadows.


Modeste production du réalisateur Pete Walker, petit artisan d'un cinéma horrifique british dénué de prétention, à l'instar des sympathiques productions d'exploitation de Norman J. WarrenSchizo se fit connaître auprès des vidéophiles grâce à sa Vhs éditée chez Warner Home Video. Ainsi, s'il essuya un certain succès dans ce format aujourd'hui vermoulu, si bien qu'il s'agit probablement de son oeuvre la plus populaire parmi l'excellent Hallucinations, sa faible renommée auprès des critiques l'empêcha toutefois d'accéder au classique du psycho-killer, faute à une intrigue plutôt mal construite il est vrai auprès de sa thématique de la schizophrénie faisant référence à Psychose d'Hitchcock. Le PitchAlors que Samantha se marie, un étrange individu se rend à ces noces avec la volonté de la tourmenter. Perpétuellement épiée par ce dernier, elle commence à prendre panique lorsqu'elle croit reconnaître en lui le meurtrier de sa mère sauvagement assassinée durant son enfance. 


Jouant avec les codes du thriller horrifique dans sa plus conventionnelle expression avec son lot de clichés rebattus, Pete Walker accumule maladresses techniques (montage parfois dégingandé, faux-raccords, intervention d'un technicien en arrière plan d'un miroir) / narratives et redondances sans sourciller de par sa volonté infatigable de retarder l'éventuelle agression puis de nous convaincre que le potentiel tueur est lancé aux trousses de notre frêle héroïne. Le problème, c'est qu'au bout de 20/30 minutes on devine aisément que ce dernier, particulièrement cabotin, ne pourrait être l'auteur de ces exactions à venir tant il accumule brimades et intimidation avec une apathie un peu trop ombrageuse, voire parfois grotesque (ses grimaces derrière la vitre pour terroriser sa victime). L'intronisation du suspense étant désamorcée par ce profil inexpressif et d'un arc narratif aux faibles ressorts dramatiques. Quand bien même la psychologie superficielle (mais heureusement attachante) des protagonistes enfonce un peu plus cette série B au rayon de la Bisserie bonnard. Loin d'être désagréable donc auprès de sa modeste efficacité et de son attachante naïveté à valoriser la contrariété des protagonistes au fil d'un climat gentiment inquiétant, le second acte narratif épouse d'autant mieux un parti-pris autrement haletant et complaisant à travers la prolifération des meurtres sanguinolents que l'entourage de l'héroïne subit de plein fouet. Sans compter la révélation stridente d'un flash-back traumatique, meilleure séquence horrifique du métrage auprès de son aura poisseuse, vulgaire (langage cru à l'appui), couillue (mais chut !), insolente. 


Exclusivement réservé à la génération 80, Schizo ne pourra aujourd'hui que contenter d'un oeil à la fois ludique et amusé les nostalgique de cette époque révolue si bien que la sincérité (empotée) du réalisateur croyant dur comme fer à son sujet déviant n'est point à remettre en cause pour son amour immodéré du sous-genre: le psycho-killer apparu sur nos écrans au milieu des Seventies.  

*Bruno
5èx. Vo

lundi 20 avril 2015

L'EMMUREE VIVANTE (Sette note in nero)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site caveofcult.co.uk

de Lucio Fulci. 1977. Italie. 1h35. Avec Jennifer O'Neill, Gabriele Ferzetti, Marc Porel, Gianni Garko.

Sortie salles Italie: 10 Août 1977

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996.
1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Echec commercial lors de sa sortie malgré l'enthousiasme favorable des critiques, l'Emmurée Vivante s'allouait pourtant d'une certaine originalité à exploiter les codes du giallo à partir d'un argument surnaturel, la prescience. Au moment de traverser sous plusieurs ponts en véhicule, Virginia Ducci renoue avec sa clairvoyance pour entrevoir des fragments d'indices vis à vis d'un homicide crapuleux, une victime emmurée vivante. Arrivée dans l'ancienne demeure de son mari, elle reconnait le même endroit familier préalablement identifiée durant ses visions. Intriguée par la ressemblance frappante du mur de salon et motivée par son intuition, elle s'empresse de l'abattre à coups de pioche pour y découvrir le cadavre d'un squelette. 


Conjuguant l'investigation policière avec l'inconscient surnaturel d'une femme médium, l'Emmurée Vivante agence adroitement ces genres afin de consolider un suspense exponentiel convergeant vers une dernière partie aussi haletante qu'anxiogène. Sur ce dernier point, on peut saluer la maîtrise technique à laquelle Fulci fignole une longue course-poursuite entamée entre l'héroïne et le potentiel tueur à travers les bâtiments gothiques d'une chapelle et de demeures vétustes. Epaulé d'un score ombrageux et d'une mélodie entêtante de Franco Bixio, Fabio Frizzi et Vince Tempera, cette traque de longue haleine s'imprègne d'une atmosphère d'angoisse diffuse par le biais d'une héroïne en proie à l'affres de la survie. Jouant avec les indices en trompe l'oeil et l'éventail des faux coupables, Lucio Fulci cultive notre attention pour l'ossature d'une intrigue charpentée bâtie sur une énigme aussi nébuleuse que sournoise. L'identité d'un squelette et celui d'un suspect à la démarche boiteuse, la valeur notoire d'un tableau, un miroir brisé et le visage ensanglanté d'une sexagénaire s'avérant les vecteurs du puzzle à reconstituer sous l'impulsion de notre héroïne et d'un adjoint en paranormal. Par le biais de ces indices scrupuleux émanant d'une démarche irrationnelle de prémonition, Fulci les exploitent avec un sens trompeur du faux-semblant. 


Epaulé de la facture solide de comédiens au charisme buriné et surtout dominé par la présence vénéneuse de Jennifer O'Neill (son regard azur nous magnétise à chacune de ses interventions !), l'Emmurée Vivante empreinte le profil du giallo parmi le pivot surnaturel d'une prescience, de manière également à mettre en appui un poème sur la relativité du temps. Un thriller machiavélique dont l'atmosphère latine participe autant à son pouvoir d'inquiétude !

Bruno 
07.01.24. Vistf. 4èx

vendredi 17 avril 2015

LA FAMILLE BELIER

                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Eric Lartigau. 2014. France. 1h45. Avec Louane Emera, Karin Viard, françois Damiens, Eric Elmosnino, Roxane Duran.

Sortie salles France: 17 Décembre 2014

FILMOGRAPHIE: Eric Lartigau est un réalisateur français né en 1964.
2003: Mais qui a tué Pamela Rose ? 2006: Un Ticket pour l'Espace. 2006: Prête-moi ta main. 2010:! L'Homme qui voulait vivre sa vie. 2012: Les Infidèles (segment Lolita). 2014: La Famille Bélier



Enorme succès au box-office français ayant cumulé 7 336 297 entrées, remise du César du Meilleur Espoir Féminin à Louane Emera, La Famille Bélier est la nouvelle comédie familiale célébrée en grande pompe par la majorité de nos critiques. Traitant du handicap de la surdité et du mutisme chez une famille de métayers normands, l'intrigue oppose le cheminement indécis de la fille aînée entendante lorsque son professeur de musique lui propose de postuler pour un concours de chant. Peu sûr d'elle, contrariée par une discorde sentimentale et démotivée par la réticence de ses parents (ils sont incessamment privés de ses performances vocales), Paula est sur le point de renoncer quand bien même son instituteur va tenter de lui prouver sa capacité à braver la gageure.


Moment d'émotion et de simplicité dans sa leçon d'apprentissage impartie à la confiance en soi et à la constance, plaidoyer pour le droit à la différence en faveur des sourds (Rodolphe Bélier se présentant aux élections municipales pour prouver ses compétences politiques en dépit de son mutisme), la Famille Bélier relate le parcours initiatique d'une adolescente en crise identitaire devant le témoignage de parents bouleversés par son indépendance d'un choix professionnel. En évitant intelligemment toute forme de pathos et sans sombrer dans le misérabilisme pour la caricature adressée à cette famille de sourds coexistants en harmonie malgré leur privation d'audition, Eric Lartigau nous brode un joli conte sur l'accomplissement de soi, notamment par le biais soudé de cette cohésion parentale. Alternant instants pittoresques, balades musicales, moments de tendresse et querelles intermittentes dans les rapports familiaux puis l'émoi amoureux, la Famille Bélier célèbre avec sincérité souvent poignante les valeurs de l'amour sous un engouement libertaire. Outre l'humilité des comédiens formé par le trio Karin Viard François Damiens / Lucas Gelber, le film repose surtout sur la révélation Louane Emera. Bluffante de naturel dans sa fonction candide d'adolescente timorée mais pétillante de spontanéité et de volonté de fuir sa peur, la jeune actrice dégage une palette d'émotions souvent intenses dans sa faculté à nous susciter ses interrogations et son anxiété du passage à l'âge adulte.


Pittoresque, tendre, émouvant et parfois bouleversant, à l'instar de son point d'orgue incandescent régi autour d'une chanson de Sardou (préparez les mouchoirs pour cet immense moment d'émotion !), La Famille Bélier fait intelligemment preuve d'humilité pour dépeindre avec sensibilité le destin d'une famille de prolétaires en crise filiale mais réconciliés par leur esprit de fraternité, d'amour et de tolérance. Outre la bonhomie attachante des illustres comédiens et de certains seconds-rôles (en professeur de chant castrateur, Eric Elmosnino évite pourtant la caricature dans son tempérament endurant), c'est la présence lumineuse de Louane Emera qui crève l'écran et fera chavirer le coeur des plus sensibles !

Bruno Matéï



jeudi 16 avril 2015

Génération Protéus / Demon Seed

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com

de Donald Cammell. 1977. U.S.A. 1h34. Avec Julie Christie, Fritz Weaver, Gerrit Graham, Berry Kroeger, Lisa Lu, Larry J. Blake, John O'Leary.

Sortie salles France: 8 Février 1978

FILMOGRAPHIE: Donald Cammell est un réalisateur écossais, né le 17 Janvier 1934, décédé le 24 Avril 1996. 1968: Performance (co-réalisé avec Nicolas Roeg). 1977: Génération Proteus. 1987: White of the Eye. 1995: Wild Side.


Réalisateur méconnu uniquement responsable de 4 longs-métrages puis déshérité d'un destin tristement tragique (il se suicida d'une balle dans la tête après une grave dépression et des problèmes familiaux), Donald Cammell réalise en 1977 son film le plus connu auprès des fantasticophiles, Génération Proteus. Un film d'anticipation à connotation horrifique préfigurant Alien, Saturn 3la Galaxie de la Terreur et Inseminoïd dans son brassage audacieux des genres. Pour les nostalgiques de l'époque, on peut aussi rappeler qu'il fit les beaux jours de l'émission scientifique, l'Avenir du Futur lors d'une diffusion le lundi 23 Mars 1981 dans le cadre de sa thématique accordée aux "ordinateurs doués de raison". Si aujourd'hui, Génération Proteus est malencontreusement occulté des cinéphiles au profit d'autres classiques notoires, il reste une excellente curiosité particulièrement déroutante, un ovni tirant parti de son étrangeté et de son originalité dans l'ossature d'un scénario aussi improbable que délirant. Ainsi, en dépit d'une réalisation académique, du jeu cabotin des comédiens et d'une première demi-heure un tantinet laborieuse, le cheminement de l'intrigue en mode huis-clos s'avère pour autant stimulant. 


Imaginez donc la conception révolutionnaire d'un ordinateur supra intelligent délibéré à séquestrer à distance l'épouse du créateur scientifique au sein de sa demeure familiale afin de l'enfanter et accéder à l'immortalité. Ce pitch insensé multipliant agressions domestiques (la maison high-tech étant entièrement sous contrôle électronique et mécanique de Proteus !), intrusions de visiteurs inopportuns et expériences médicales en vue d'une procréation réussit tout de même à rendre crédible les motivations de l'ordinateur doué de parole. Entièrement soumise à son allégeance, Susan est donc contrainte de subir maltraitances physiques et sexuelles afin de parfaire la naissance d'un enfant hybride prochainement apte à dominer le monde (Akira n'est pas loin !). Pour un peu, et avec ironie, on pourrait aussi suggérer que Donald Cammell préfigura la saga Terminator et tous ces thrillers alarmistes auquel l'ordinateur doué d'intelligence artificielle s'empressa de supplanter l'homme afin d'y prendre sa place. Par le biais de trucages artisanaux, on est également surpris de l'aspect convaincant de certaines séquences spectaculaires, à l'instar de la morphologie cuivreuse du nouveau-né ou lorsque Proteus réussit à se matérialiser sous la structure amovible d'un losange métallique capable d'alpaguer ses proies (petit effet gore à l'appui lorsqu'un quidam finit décapité au creux du quadrilatère !). 


Pourvu d'une ambiance horrifico-baroque et d'un suspense assez soutenu dans la situation de claustration que l'héroïne impuissante est contrainte de tolérer, Génération Proteus réussit à divertir et à inquiéter sur les dérives de nos technologies modernes. Particulièrement la robotisation auquel l'informatique s'avère la matrice responsable ! A redécouvrir donc d'un oeil aussi attentif et curieux qu'amusé, le point d'orgue halluciné valant notamment son pesant de cacahuètes.

Bruno Matéï
24/05/2011
16/04/2015
3èx

mercredi 15 avril 2015

MAY. Prix "Première", Gérardmer 2003.

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site kinobomba.net

de Lucky Mc Kee. 2002. U.S.A. 1h34. Avec Angela Bettis, Jeremy Sisto, Anna Faris, James Duval, Nichole Hiltz, Kevin Gage, Merle Kennedy, Chandler Hecht, Norwood Cheek, Rachel David, Roxanne Day...

Sortie en salles en France le 10 Mars 2004. U.S: 6 Juin 2003.

FILMOGRAPHIELucky Mc Kee est un réalisateur américain né le 1er Novembre 1975 à Jenny Lind (Californie). 2002: All Cheerleaders Die (court). May. 2006: Master of Horror (un épisode). The Woods. 2008: Red. Blue Like You. 2011: The Woman.


« La tristesse assèche le cœur de qui n'a plus de larmes pour pleurer. »
Première réalisation et coup de maître du débutant Lucky Mc KeeMay n'aura laissé personne indifférent dans les festivals où il fut projeté et en dépit de sa sortie confidentielle en salles. May est une infirmière introvertie, jeune employée dans un cabinet vétérinaire. Solitaire et refoulée dès son enfance à cause d'un léger strabisme, elle n'a que pour seule compagnie une poupée. Cette dernière étant confinée à l'intérieur d'une boite de verre auquel May lui confesse quotidiennement ses états-d'âme, ses désirs ainsi que ses éclats de colère. Livrant également sa bonhomie à de jeunes enfants aveugles, sa vie va soudainement basculer lorsqu'elle aborde par le fruit du hasard un charmant inconnu. Outre le brio technique de son auteur particulièrement assidu à illustrer non sans onirisme (meurtres stylisés à l'appui !) le cheminement schizophrène d'une fille noyée dans sa solitude, le magnétisme trouble qu'Angela Bettis extériorise doit beaucoup à l'intensité fragile qui irrigue les pores du scénario. Un magnifique portrait de femme meurtrie d'où pointe l'exutoire de l'automutilation, une interprétation à fleur de peau que l'actrice endosse dans sa posture filiforme de petit bout de femme avide d'amour et de reconnaissance.


De prime abord timide mais pétillante pour affronter l'accointance d'un inconnu puis finalement écorchée vive lorsque cette défaite sentimentale va lui rappeler l'injustice de sa différence aux yeux des autres (son fétichisme pour les mains, sa relation intime avec sa poupée, son attirance pour le macabre et l'indifférence que la mort lui représente), May symbolise en sa discrète présence les souffres-douleurs de l'exclusion, de la marginalité et de la solitude. Qui plus est, la trahison d'une amie lesbienne et l'incident de sa poupée démembrée finissent un peu plus par l'isoler dans une rancoeur punitive au point de confectionner elle-même un nouvel ami de chair et de sang. Variation moderne de Frankenstein où la Fiancée se morfond dans une détresse psychotique avant d'endosser le rôle fantasque du Docteur, plaidoyer pour le droit à la différence dans sa condition de femme soumise en perte identitaire (car isolée de toute présence amicale depuis son enfance, en dépit des poupées décorant sa chambre, en particulier celle offerte par sa mère en démission parentale), May transcende avec une grande sensibilité une histoire d'amour fou où seule la mort peut éclipser la souffrance.


Magnifique portrait de femme désabusée de son inépuisable solitude et d'un échec amoureux, May emprunte finalement le sentier tortueux du slasher en confrontant la passion d'un cinéphile (le compagnon de May est un mordu d'Argento !) avec la relation ambiguë d'une asociale trop vulnérable pour être désirée. Il en émane un drame psychologique d'une sensibilité ardue, un bouleversant poème funèbre sur l'isolement de l'âme et la quête éperdue du besoin d'être aimé.

*Bruno 
3èx
14/06/10. 2
15/04/15. 3

Récompenses: Prix du Meilleur Scénario et Meilleure Actrice (Angela Bettis) au Festival du film de Catalogne 2002. Corbeau d'Argent de la meilleure actrice (Angela Bettis) au Festival du film Fantastique de Bruxelles en 2003. Prix Première au festival de Gérardmer en 2003. Prix du Meilleur Film, Meilleur Scénario et Meilleure Actrice (Angela Bettis) au cours de la semaine du film Fantastique de Malaga en 2003.


mardi 14 avril 2015

JOHN RAMBO (Rambo)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site pixshark.com

de Sylvester Stallone. 2008. Allemagne/U.S.A. 1h31. Avec Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze, Graham McTavish, Matthew Marsden, Reynaldo Gallegos.

Sortie salles France: 6 Février 2008. U.S: 25 Janvier 2008

FILMOGRAPHIE: Sylvester Stallone est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 6 Juillet 1946 à New-York.
1978: La Taverne de l'Enfer. 1979: Rocky 2, la Revanche. 1982: Rocky 3, l'Oeil du Tigre. 1983: Staying Alive. 1985: Rocky 4. 2006: Rocky Balboa. 2008: John Rambo. 2010: Expendables: Unité Spéciale.


Après avoir brillamment clôturé la saga Rocky avec Rocky Balboa, Sylvester Stallone, acteur et cinéaste, décide d'en faire de même pour la trilogie Rambo, 20 ans après le semi-échec du 3è épisode. Renouant un peu avec l'état d'esprit du premier film pour la dimension humaniste du vétéran replié sur lui même (on le retrouve reclus en Thailande entrain de chasser les cobras pour les vendre à un dresseur), John Rambo s'engage tout de même à renouer avec la voie du spectacle homérique à grand renfort d'ultra-violence jusqu'au-boutiste. C'est bien simple, jamais un film de guerre n'était allé aussi loin dans la barbarie pour dénoncer les horreurs du pays le plus totalitaire au monde (la Birmanie reste en guerre depuis plus de 60 ans en dépit de l'indifférence des médias !) et pour nous divertir de scènes d'action décoiffantes à l'efficacité optimale. Un peu comme si Rambo 2, la mission s'était incidemment retrouvé la tête plongée dans une bassine de vitriol ! Exit donc la caricature d'une bande dessinée décérébrée apte à divertir son public de 7 à 77 ans, Stallone misant sur l'ultra réalisme d'un contexte de guerre animé par l'emprise de la folie et de la haine.


A l'instar des exactions crapuleuses (et parfois diaboliquement inventives) quotidiennement perpétrées par les soldats birmans sur une population précaire d'où aucun enfant n'est épargné (Stallone refusant même le hors-champs dans ses séquences les plus innommables !). Outre le caractère poignant des états d'âme torturés de Rambo à nouveau compromis par son sens du devoir à rempiler une mission à haut risque (sauver la vie d'un groupe de missionnaires religieux pris en otage dans un village), John Rambo assume le spectacle épique d'un film de guerre habité par la frénésie de la violence. Qu'elle soit purement gratuite du point de vue des soldats Birmans ou justifiée du côté des mercenaires héroïques notamment impliqués dans une cause de survie. Dans ce maelstrom d'images apocalyptiques d'où s'extrait une sauvagerie à l'instinct primitif (Rambo arrachant de ses mains la gorge d'un geôlier !), l'intrigue conjugue mission d'infiltration, stratégies d'attaques et de défense et survival de dernier ressort avec une vigueur imperturbable ! Son pouvoir de fascination, son réalisme immersif et son sens jouissif de l'action explosive étant notamment véhiculés par l'autorité iconique de notre baroudeur une fois de plus contraint de reprendre les armes pour se donner une raison d'exister (celle de sauver la vie de son équipe et des missionnaires, en particulier un couple religieux). Et par cette occasion quasi suicidaire retrouver son blason de héros face à la considération des survivants puis peut-être renouer avec sa paix intérieure.


Un spectacle monstrueux, à feu et à sang.
Pur divertissement d'action belliqueuse où les bravoures anthologiques se succèdent à une cadence effrénée, John Rambo réussit néanmoins à justifier sa barbarie graphique (corps déchiquetés, broyés, explosés, décapités, éventrés !) pour dénoncer le contexte historique de la dictature Birmane (le film reste chez eux officiellement interdit en salles et en video au risque d'encourir 10 ans de prison ou la perpétuité pour ceux qui en braveraient le règlement). Rehaussé du score intense de Brian Tyler et de la célèbre reprise de Jerry Goldmisth, Sylvester Stallone en profite pour redorer la stature écorchée de sa machine à tuer, à l'instar de son épilogue bouleversant auquel Rambo renoue avec la civilisation de sa patrie.

Rambo: http://brunomatei.blogspot.com/2011/08/rambo-first-blood.html
Rambo 2: http://brunomatei.blogspot.com/2011/12/rambo-2-la-mission-rambo-first-blood.html

Bruno Matéï
(2èx)



    lundi 13 avril 2015

    ANTARCTICA (Nankyoku Monogatari)

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-sanctuary.com

    de Korayoshi Kurahara. 1983. Japon. 1h45 (version courte). 2h23 (version intégrale). Avec Ken Takakura, Tsunehiko Watase, Eiji Okada, Masako Natsume.

    Sortie salles Japon: 23 Juillet 1983. France: 20 Mars 1985

    FILMOGRAPHIE: Korayoshi Kurahara est un réalisateur, scénariste, producteur, éditeur japonais, né le 31 Mai 1927 à Kuching (Sarawak), décédé le 28 Décembre 2002.
    1957: J'attends. 1958: L'homme au milieu du brouillard. 1959: La femme qui vient du fond de l'océan. 1960: Kyonetsu no kisetsu. 1961: Arashi o tsukkiru jetto-ki. 1962: Nikui an-chikushō. 1962: Mekishiko mushuku. 1964: Kuroi Taiyo. 1966: Ai to shi no kiroku. 1966: Ai no kawaki. 1969: Eiko e no 5,000 kiro. 1971: Furyō shōjō Mako. 1973: Hi wa shizumi, hi wa noboru. 1975: Ame no Amsterdam. 1978: Kita-kitsune monogatari. 1980: Zou monogatari. 1981: Seishun no mon. 1982: Seishun no mon: Jiritsu hen. 1983: Antartica. 1985: Haru no kane. 1986: La Route. 1988: Umi e, See You. 1991: Sutoroberi rodo. 1995: Hiroshima (TV).


    "Les chiens n'ont qu'un défaut: ils croient aux hommes."

    Enorme succès à travers le monde ayant traumatisé des générations de spectateurs, Antartica relate l'histoire vraie d'une troupe de chiens de traîneau, 15 Huskys livrés à eux-mêmes au coeur de l'Antarctique après qu'une équipe japonaise eut été forcée de les abandonner. Alors qu'une deuxième équipe devait rejoindre la base scientifique pour les récupérer, les conditions climatiques d'un hiver rigoureux empêchèrent in extremis leur mission. Enchaînés et affamés mais pourvus d'un instinct de survie indéfectible, les chiens vont essayer de parcourir le continent sous une température pouvant descendre jusqu'à - 50°.


    Transfiguré par le score envoûtant de Vangelis, Antarctica symbolise l'épopée de la survie du point de vue de l'animal mais aussi l'hymne à la beauté de la nature sauvage dans lequel il évolue. Privilégiant l'aspect documentaire d'une situation géographique extrême, le tournage ardu s'étala d'ailleurs sur plus de trois années auquel l'équipe dut parcourir des centaines milliers de kilomètres à travers le Pole-Sud. L'incroyable sentiment d'évasion et d'abandon que véhicule le film émane de la photogénie réfrigérante de cet environnement aussi grandiose que dépaysant. Par le biais de plans aériens vertigineux, Korayoshi Kurahara en profite pour souligner l'immensité du continent le plus froid de notre globe où la faune et la flore s'avèrent une denrée précieuse pour celui qui oserait s'y aventurer. Car ce désert de glace dont la superficie en recouvre 98% regorge de traquenards et pièges mortels selon les températures fluctuantes de chaque saison. Au sein de cet enfer de glace, 15 Huskys épuisés par la marche, le froid et la faim vont multiplier risques et bravoures pour tenter de faire front à la mort. Sans user de pathos, Korayoshi Kurahara décrit cette odyssée animale avec souci de réalisme, de par sa scénographie dépaysante et la pugnacité crédible des chiens parcourant inlassablement des centaines de kilomètres à travers les plaines glacières. En parallèle, et avec modestie d'une émotion dépouillée, les remords de deux scientifiques nous sont dépeints avec humilité pour leurs aveux de culpabilité accordés à la population et avant d'élever ces animaux au statut héroïque. Par le biais de cette race sibérienne repoussant les limites de la survie, le cinéaste leur rend vibrant hommage avec une émotion parfois rigoureuse quand on présage l'issue tragique qui semble se dessiner ou lorsque l'on se porte témoin de retrouvailles inespérées.


    De cette aventure humaine et animale hors du commun, Korayoshi Kurahara en extrait un poème mélancolique (score sensitif de Vangelis à l'appui !) sur la beauté sauvage de la nature et la légendaire fidélité que peuvent entretenir l'homme et le chien. A travers ce récit authentique d'une première expédition japonaise apte à franchir le continent le plus méridional, Antarctica s'élève en bouleversant témoignage pour le destin singulier honoré à leurs Huskys. 

    A Goro, Kuma, Pesu, Moku, Aka, Kuro, Pochi, Riki, Anko, Shiro, Jack, Deri, Kuma, Taro et Jiro...

    Dédicace à Julien Fleury.
    Bruno Matéï

    vendredi 10 avril 2015

    '71

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site uthmag.com

    de Yann Demange. 2014. Angleterre. 1h39. Avec Jack O'Connell, Sam Reid, Sean Harris, Paul Anderson, Richard Dormer, Martin McCann, Charlie Murphy, Barry Keoghan.

    FILMOGRAPHIE: Yann Demange est un réalisateur et scénariste anglais.
    2014: '71


    Dans une reconstitution modeste mais avec souci de réalisme, l'action du film prend pour cadre la guerre civile de Belfast en 1971. Parmi sa patrouille, le militaire anglais Gary Hook est enrôlé pour maintenir l'ordre entre civils protestants et catholiques. Alors qu'une émeute éclate, l'un de ses collègues meurt d'une balle par un membre de l'Ira. Contraint de s'échapper précipitamment au milieu de la foule, il va tenter de sauver sa peau parmi l'appui de certains civils durant une nuit de traque inlassable.


    Réalisateur de plusieurs séries TV, Yann Demange s'essaie pour la première fois au format long avec '71. Un thriller à suspense remarquablement tendu et atmosphérique dans la photogénie de son urbanisation crépusculaire (on peut même prêter allusion au sens cinégénique de Carpenter, score électro à l'appui !), quand bien même quelques séquences d'action vertigineuses viennent nous ébranler de plein fouet (je songe à la première poursuite à pied après le drame de l'émeute). Notamment la manière documentée dont le cinéaste fait preuve pour filmer caméra à l'épaule une chasse à l'homme à bout de souffle dans une bourgade de tous les dangers. La densité du récit résidant principalement dans la fonction de survie que notre recrue britannique doit transcender avec constance et paranoïa affluente. L'intrigue impliquant délibérément la confusion pour les rencontres hostiles (et)ou amicales qu'il fréquentera entre catholiques, protestants et membres de l'Ira. Par ailleurs, et avec une ironie implacable, le cinéaste n'hésite pas asservir notre héros lorsque d'aimables collabos finissent en désespoir de cause par le trahir, faute de l'intimidation meurtrière des partisans de l'Ira. Employant l'unité de temps d'une interminable nuit de cauchemar, Gary devra donc faire face à des péripéties insensées opposant riverains tantôt bienfaiteurs, tantôt imposteurs, alors qu'une stratégie d'attentat est sur le point de se concrétiser. Qui plus est, face à cette prise d'otage imprévue, sa propre armée impose de prime abord le profil bas sous l'autorité insidieuse d'un lieutenant condescendant. Révélé dans Les Poings contre les murs, Jack O'Connell faut une nouvelle fois preuve de son tempérament viscéral dans sa stature d'apprenti soldat compromis entre ses sentiments de paranoïa et de bravoure de dernier ressort.


    Pourvu d'un suspense à couper au rasoir, de séquences d'action cinglantes et émaillé de péripéties alertes impressionnantes de réalisme, à l'instar de ses épisodes dramatiques particulièrement rigoureux (la séquence improvisée de chirurgie s'avérant d'une intensité quasi insupportable !), '71 transfigure le thriller haletant dans une mise en scène aussi fluide qu'incisive. 

    Bruno Matéï

    RécompensesFestival du film britannique de Dinard 2014 : Prix du public
    Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2014 : Chistera du meilleur réalisateur pour Yann Demange
    British Independent Film Awards 2014 : meilleur film


    jeudi 9 avril 2015

    LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE (The Last house on the Left)

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Denis lliadis. 2009. U.S.A./Afrique du Sud. 1h54 (version non censurée). 1h49 (version salles). Avec Garret Dillahunt, Riki Lindhome, Aaron Paul, Sara Paxton, Monica Potter, Tony Goldwyn.

    Sortie salles France: 22 Avril 2009

    FILMOGRAPHIE: Denis lliadis est un réalisateur, scénariste et acteur né à Athènes en Grèce.
    2004: Hardcore. 2009: La Dernière Maison sur la Gauche. 2013: + 1


    "S'il est vrai que le recours à la violence contre la violence risque de la perpétuer, il est vrai aussi que c'est l'unique moyen de la faire cesser.
    Je reconnais que la violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec. Mais c'est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence.
    Parce que, pour comprendre la violence, il faut la faire entrer en soi, et elle se répand doucement, elle infecte tout le système de pensée, elle colore les sentiments, teinte les fantasmes, c'est une vraie saloperie, vous comprenez ?"

    Remake du célèbre classique de Wes Craven, La Dernière Maison sur la Gauche tente de remettre au goût du jour le Rap and Revenge dans une facture honnête puisque la démarche de l'auteur réussit la plupart du temps à se démarquer de l'esbroufe hollywoodienne (si on élude la bêtise affligeante de l'épilogue sardonique en totale contradiction avec la brutalité malsaine qui irrigue l'ensemble !). Ainsi, grâce à la maîtrise de la mise en scène jonglant dans un premier temps avec l'onirisme d'une photo pastel afin de mettre en relief la fragilité de l'innocence, et par le biais du jeu éprouvé des comédiens (même si le charisme des antagonistes s'avère ici plus policé quand lors de la version de 72), cette relecture détonne à renouveler le concept de la vengeance meurtrière doublée d'une position de survie.


    Et donc, si le cheminement narratif emprunte à peu de choses près le même schéma que le film de Craven, la dimension humaine des personnages reclus et l'expectative de la vengeance redoutée parviennent à préserver l'intérêt d'une situation binaire à double-tranchant. Qui plus est, et fructueusement, un retournement de situation implanté à l'épicentre réussit à rehausser le caractère dramatique d'une situation névralgique. Spoil ! De par les efforts draconiens des parents à tenter de maintenir en vie leur fille grièvement blessée, et ce sans que les meurtriers réfugiés dans une maison annexe ne s'aperçoivent de l'improbable présence de leur souffre-douleur. Fin du Spoil. Ainsi, dans un concours de circonstances malencontreuses et par le biais de la découverte d'un collier, les parents vont finalement s'improviser quelques stratégies de défense afin de préserver la vie de leur rejeton mais aussi pour se venger de ces tortionnaires lors d'une révolte désaxée. Cette seconde partie remarquablement gérée par l'ossature du suspense latent sait distiller la tension avant de succéder aux furieux éclairs de violence d'une brutalité ordurière. L'intelligence qu'à su faire preuve le cinéaste est notamment d'avoir éviter la trivialité du tortur'porn, à l'instar de sa première partie d'une intensité dramatique particulièrement rigoureuse. Pour autant, sans atteindre les sommets de bestialité et de violence crapuleuse imposées par le classique de Craven, les châtiments d'humiliations et de viol perpétrés sur les deux filles s'avèrent d'un réalisme clinique. De par la cruauté lâchement exécutée par les assassins sans vergogne et la notion de tragédie qui en découle auprès de la fonction démunie des victimes-objets. Ainsi donc, ce mélange d'effroi et d'affliction qui transparaît de leurs regards après les exactions, se silence dérangeant régi parmi la complicité de la nature et l'amertume suicidaire que la dernière survivante nous retransmet avec pudeur nous bouleverse jusqu'aux larmes.


    Eprouvant et douloureux pour l'intensité impartie à la tragédie humaine, intelligent de par la démarche du réalisateur à esquiver la glorification de la violence et la redite d'une horreur reportage, La Dernière maison sur la Gauche, nouvelle mouture, privilégie l'onirisme de l'innocence martyr tout en infligeant au spectateur une nouvelle épreuve morale impartie à la barbarie vindicative en compromis avec la survie. 

    Bruno Matéï
    2èx


    HAMMER FILM PRODUCTIONS

    1 Million d'années avant J.C: https://brunomatei.blogspot.com/2020/04/un-million-dannees-avant-jc.html
    2 Visages du Dr Jekyll (les): http://brunomatei.blogspot.fr/…/les-2-visages-du-dr-jekyll.…
    Baiser du Vampire (le): http://brunomatei.blogspot.com/2020/08/le-baiser-du-vampire.html
    Capitaine Kronos, tueur de Vampires: http://brunomatei.blogspot.fr/…/capitaine-kronos-tueur-de-v…
    Cauchemar de Dracula (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2012/05/le-cauchemar-de-dracula-dracula.html
    Empreinte de Frankenstein (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/…/lempreinte-de-frankenstein.…
    Fanatic: https://brunomatei.blogspot.com/.../fanatic-die-die-my...
    Fantôme de l'Opéra (le) 1962: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/09/le-fantome-de-lopera-phantom-of-opera.html
    Fille de Jack l'Eventreur (la): http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-fille-de-jack-leventreur…
    Paranoiac: https://brunomatei.blogspot.com/2019/11/paranoiac.html
    Peuple des Abîmes (le): https://brunomatei.blogspot.com/2019/06/le-peuple-des-abimes.html
    Raspoutine, le moine fou: http://brunomatei.blogspot.fr/…/raspoutine-le-moine-fou.html
    Retour de Frankenstein (le): http://brunomatei.blogspot.fr/…/le-retour-de-frankenstein-f…
    Revanche de Frankenstein (la): http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-revanche-de-frankenstein…

    mercredi 8 avril 2015

    DRACULA ET LES FEMMES (Dracula Has Risen from the Grave)

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

    de Freddie Francis. 1968. Angleterre. 1h32. Avec Christopher Lee, Rupert Davies, Véronica Carlson, Barry Andrews, Barbara Ewing.

    Sortie salles Angleterre: 7 Novembre 1968

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni).
    1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


    Quatrième volet de la saga vampirique et plus gros succès commercial de la prestigieuse firme Hammer, Dracula et les Femmes s'avère à mon sens le plus emblématique si on occulte l'inoxydable Cauchemar de Dracula. De par sa structure narrative lestement conçue, l'efficacité des situations alarmistes et surtout le développement de personnages iconoclastes auquel l'un d'eux, profondément mécréant, finira par se laisser influencer par la cause divine. Succédant à Terence Fisher pour la réalisation, Freddie Francis ne démérite pas à émuler son congénère dans ce chapitre trépidant axé sur le questionnement de la foi religieuse. Le jeune héros interprétant un athée affirmant son incrédulité face à l'autorité d'un évêque obscurantiste, quand bien même le prêtre local d'une chapelle ira se corrompre dans les bras du vampire après l'avoir incidemment ressuscité. 


    L'enseigne catholique est donc sévèrement malmenée durant le cheminement narratif face à la suprématie du Mal toujours plus insidieuse et perfide à parfaire son dessein (Dracula et son adjoint multipliant les stratagèmes pour alpaguer Maria). Tourné durant la période contestataire de 1968, l'intrigue scénarisée par Anthony Hinds cultive un goût pour le libéralisme dans sa galerie de personnages émancipés, notamment par le biais d'une tenancière effrontée cumulant les aventures d'un soir et secrètement amoureuse de Paul, le fiancé de Maria. Quand au chasseur de vampires couramment incarné par le gentleman Peter Cushing, Freddie Francis laisse place à la stature religieuse d'un dignitaire avant que le fiancé lui dérobe sa fougue héroïque pour sauver sa muse des griffes de Dracula. Après son absence remarquée dans les Maîtresses de Dracula, Christopher Lee répond à l'appel pour reprendre son rôle notoire dans une posture plus convaincante que celle entrevue à mi-parcours dans Dracula, Prince des Ténèbres. Par sa présence aussi longiligne que monolithique, l'acteur réactive son charisme diabolique dans la stature du vampire habité par l'orgueil. Ses victimes étant ici réduites à des objets de soumission par volonté capricieuse, à l'instar de sa nouvelle dulcinée (la plantureuse Veronica Carlson ensorcelle l'écran à chaque apparition !) humiliée devant le seuil de son château. Quand à l'attrait de sa scénographie formelle, Freddie Francis innove encore pour se démarquer du gothisme traditionnel en préconisant des éclairages surréalistes (filtres jaunes, orangers, rouges, et par intermittence, roses) autour de l'icone ténébreuse de Dracula. 


    Rondement mené par son intrigue charpentée se raillant des principes conservateurs du catholicisme et servi par une galerie de personnages en révolution libérale, Dracula et les Femmes fait également preuve d'esthétisme baroque et de dramaturgie appuyée (le traitement infligé à deux seconds-rôles !) afin de redorer le blason d'un vampire profondément vil. 

    Bruno Matéï
    3èx