lundi 26 juillet 2021

The Visitor

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site buddy-movierepack.blogspot.com

"Stridulum / Le Visiteur Maléfique". de Giulio Paradisi (Michael J. Paradise). 1979. U.S.A/Italie. 1h48. Avec John Huston, Mel Ferrer, Glenn Ford, Lance Henriksen, Shelley Winters, Sam Peckinpah, Joanne Nail 

Sortie salles France: 21 Novembre 1980. Italie: 3 Août 1979.

FILMOGRAPHIEGiulio Paradisi (né en 1934 à Rome, Italie) est un acteur, scénariste et réalisateur italien. Il est aussi connu sous le nom de Michael J. Paradise. 1970 : Terzo canale (Avventura a Montecarlo); 1976 : Ragazzo di Borgata; 1979 : Tesoro mio. 1979 : Le Visiteur maléfique (Stridulum). 1982 : Spaghetti House. 

Quelle bien étrange curiosité que ce Visitor autrefois diffusé sur Canal + lors des années 80, si bien que j'en ai toujours préservé un souvenir assez séduisant à travers son alliage hybride des genres (Fantastique - Horreur - Science-Fiction se télescopent en mode psychédélique). Production italo-américaine dont on reconnait bien là la patte transalpine à travers le soin de sa partition musicale et de son inquiétante bande-son monocorde), The Visitor surfe sur le succès de la Malédiction à travers son synopsis référentiel lorsqu'une fillette, envoyée du Mal, tente d'asseoir sa réputation sur Terre en tourmentant sa famille et son entourage. Réalisé sans habileté (notamment au niveau du montage superficiel) avec parfois quelques incohérences narratives (également dans la posture de certains personnages, tel l'envoyé du Bien se substituant à la baby-sitter le temps d'une soirée, ou encore la mère de Katy devenue tétraplégique sans que cela ne la traumatise), l'intrigue militant pour l'affrontement entre le Bien et le Mal demeure sans surprise bien que le spectacle tantôt envoûtant (toutes les séquences onirico-mystiques épaulées d'une bande-son lancinante) ne manque pas de surprises. 

Tant auprès de certaines scènes chocs surgies de nulle part (la conduite erratique de Glenn Ford sur l'autoroute, la poursuite entre bambins sur la patinoire) et assez bien réalisées, de ses moments ésotériques planants (on peut parfois songer à La Forteresse Noire), de ses idées ou détails imprévisibles (l'utilisation symbolique des volatiles) que de son incroyable casting parmi lesquels s'y croisent John Huston, Mel Ferrer, Glenn Ford, Lance Henriksen, Shelley Winters, Sam Peckinpah et Franco Nero !). Une distribution oh combien surprenante d'avoir accepter de se compromettre à un projet aussi mineur bien que le réalisateur demeure tout à fait inspiré pour se démarquer de l'ornière en y alliant efficacement les genres au gré d'un climat d'étrangeté prégnant. C'est ce qui fait le charme désuet de The Visitor que l'on a plaisir à revoir (même si uniquement réservé aux afficionados d'ovni introuvable !) en dépit d'un schéma narratif approximatif, voir parfois même redondant (notamment auprès des moult tentatives de Katy à se débarrasser de sa mère).


Killing Birds
Réalisé sans habileté mais formellement baroque et souvent soigné à daigner se démarquer des convenances, The Visitor demeure une intéressante curiosité aussi déconcertante que surprenante (notamment auprès de la brutalité inopinée de certaines situations punitives que Katy impulse). 

Remerciement à buddy-movierepack

*Eric Binford
2èx

mercredi 21 juillet 2021

La Mante Religieuse

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Tang lang" de Liu Chia-liang. 1978. Hong-Kong. 1h36. Avec David Chiang, Cecilia Wong, Lily Li, Chia Yung Liu, Norman Chu, Frankie Wei. 

Sortie salles France: 6 Avril 1983. Hong-Kong: 28 Juin 1978.

FILMOGRAPHIELiu Chia-liang (劉家良 en chinois, Lau Kar-leung en cantonais) (né le 28 août 1936 à Canton et mort le 25 juin 2013 à Hong Kong) est un réalisateur, acteur et chorégraphe chinois.1975 : Wang Yu défie le maître du karaté. 1976 : Le Combat des maîtres. 1977 : Les Exécuteurs de Shaolin. 1978 : La Mante religieuse. 1978 : La 36e Chambre de Shaolin. 1979 : Les Démons du karaté ou Shaolin contre Ninja. 1979 : Spiritual Boxer 2. 1979 : Le Prince et l'arnaqueur. 1979 : Le Singe fou du kung-fu. 1980 : Retour à la 36e chambre. 1980 : Emperor of Shaolin Kung Fu. 1981 : Martial Club. 1981 : Lady Kung-Fu. 1982 : Cat Versus Rat. 1982 : Les 18 armes légendaires du kung-fu. 1983 : Les Huit Diagrammes de Wu-Lang. 1983 : The Lady Is the Boss. 1984 : Carry On Wise Guy. 1985 : Les Disciples de la 36e chambre. 1986 : Les Arts martiaux de Shaolin. 1988 : Tiger on the Beat. 1989 : Mad Mission 5. 1990 : Tiger on the Beat 2. 1992 : Opération Scorpio. 1994 : Combats de maître/Drunken Master 2. 1994 : Drunken Master 3 (Jui kuen III). 2002 : Drunken Monkey. 

Sans daigner concourir au chef-d'oeuvre du genre, La Mante Religieuse est un excellent divertissement revisitant Romeo et Juliette avec tendresse, espièglerie, cruauté et action virevoltante. Wei Fung ayant pour mission d'infiltrer la famille de la jeune Chi-chi afin d'y dénicher une liste secrète. Or, en tant qu'enseignant, celui-ci tombe amoureux d'elle si bien qu'ils finissent par se marier. Mais pour leur enjeu de survie, les deux amants auront à traverser 5 épreuves mortels avant de vouloir présenter Chi-chi à sa belle-famille. Si les 3 premiers quarts-d'heure imprégnés de suave légèreté cèdent place aux batifolages de nos amants en apprentissage martial, pédagogue et amoureux, la suite relève de la pyrotechnie estampillée "Shaw Brothers" eu égard des improbables combats s'enchaînant à coup de sabre, de lance, de poignard, de nunchaku ou à poings nus. Les affrontements ultra furtifs nous donnant le vertige à travers la lisibilité d'une action éclectique que se partagent 2, 3, voir 4 adversaires férus de soif de victoire. 

Tant auprès des 5 épreuves offensives d'une inventivité en roue libre que de la vengeance intime de Wei Fung s'inspirant des gestes de défense d'une véritable mante religieuse pour venir à bout de ses futurs ennemis. Ses séquences d'entrainement instaurées en pleine nature nous valant des moments de poésie à la limite de la féerie lorsque celui-ci s'efforce de reluquer consciencieusement les expressions et gestes de la mante pour reproduire son agilité héroïque. Ainsi donc, à travers le thème des valeurs familiales,  Liu Chia-liang y dénonce la tradition conservatrice sous couvert de rivalité engendrant à mi-parcours des bravoures toutes plus époustouflantes les unes que les autres. Et ce au risque de déconcerter à terme une partie du public lors de son épilogue d'une amère cruauté (si bien que l'on ne s'y attend pas vraiment tant le revirement demeure aussi soudain que beaucoup trop précipité). En tout état ce cause, le spectacle ébouriffant en vaut la chandelle pour tous amateurs de divertissement d'art-martial d'une fulgurance visuelle inégalable. Et ce plus de 40 ans après sa sortie, comme quoi les classiques (même les plus mineurs !) ont encore de belles soirées devant eux pour courtiser le fan. 

*Eric Binford.

mardi 20 juillet 2021

Le Trésor de la Montagne sacrée

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Arabian Adventure" de Kevin Connor. 1979. Angleterre. 1h34. Avec Christopher Lee, Oliver Tobias, Puneet Sira, Milo O'Shea, Emma Samms, Mickey Rooney, John Wyman.

Sortie salles France: 18 Juillet 1979

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


Inévitablement mineur, faute d'une intrigue faiblarde, de situations éculées ici rendues ringardes, de personnages mal développés (sans compter le charisme poussif du héros redresseur de tort) et du manque d'ambition de Kevin Connor peu épaulé de son modeste budget (bien qu'au niveau formel les décors de carton pate et la photo demeurent flamboyants), cette sympathique aventure des 1001 nuits est incontestablement à prioriser aux enfants. Ses points forts: toutes les scènes d'action se déroulant sur tapis volant font leur impression d'immersion féérique, et ce en dépit de trucages perfectibles pour autant charmants par leur attrait désuet. On apprécie enfin le jeu naturel de Puneet Sira en faire-valoir candide, le meilleur interprète de l'aventure affublé d'un charmant capucin agrippé sur son épaule. 

*Eric Binford
4èx

lundi 19 juillet 2021

Cop

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James B. Harris. 1988. U.S.A. 1h51. Avec James Woods, Lesley Ann Warren, Charles Durning, Charles Haid, Raymond J. Barry, Randi Brooks.

Sortie salles France: 25 Janvier 1989. U.S: 11 Mars 1988

FILMOGRAPHIEJames B. Harris est un producteur et réalisateur américain né le 3 août 1928 à New York. 1965 : Aux postes de combat. 1973 : Some Call It Loving. 1982 : Fast-Walking. 1988 : Cop. 1993 : L'Extrême Limite (Boiling Point). 

Si James B. Harris possède une si courte carrière à son actif, il eut au moins réalisé une oeuvre marquante des années 80, un thriller porté à bout de bras sur les épaules de James Woods, Cop d'après un roman de l'illustre James Elroy. Car sous ses faux airs de modeste série B du samedi soir, ce psycho-killer symptomatique des années 80 demeure un excellent suspense criminel tirant parti d'un cheminement narratif aussi imprévisible que délétère. Notre personnage majeur, un flic à la fois sournois, cynique et expéditif, évoluant autour d'un univers de corruption à travers la drogue, la prostitution et les flics ripoux qui empiètent son enquête. Si bien que Lloyd Hopkins s'efforce de mettre sous les verrous un dangereux serial-killer sévissant dans le quartier depuis 15 ans. Un tueur de prostituée adepte de poème et de gerbe de fleurs qu'il envoie à ses prétendantes. Avec l'aide de quelques témoignages féminins, Lloyd tente de démasquer l'assassin en usant et abusant de son insigne policier lors de ses ripostes tranchées. Bien que l'intrigue demeure un tantinet difficile à suivre si on fait preuve d'inattention, Cop s'avère aussi fascinant que captivant de par l'intelligence de James B. Harris réfractaire au conformisme et aux clichés pour se démarquer du produit standard. 

Cop affichant au rythme d'un score monocorde génialement opaque (tendance film d'horreur) une carrure de psycho-killer franc-tireur en nous dressant une galerie de portraits aussi fantaisistes que marginaux (surtout l'écrivaine godiche à deux doigts de se faire déssouder par le maniaque faute de sa posture sirupeuse). Et si l'action s'y fait discrète, lorsqu'elle frappe c'est au bon moment et vers la bonne cible d'après les légitimes défenses (discutables) de Lloyd acharné à éradiquer l'ennemi qui se présente face à lui. James Woods crevant à nouveau l'écran à travers ses expressions naturelles de flic en rut plutôt indépendant, rustre et parfois manipulateur afin de parvenir à ses fins. On apprécie également quelques touches d'humour émanant de réparties irascibles ou de comportements niais (l'interrogatoire de l'écrivaine vaut son pesant de cacahuètes, la 1ère rencontre entre Lloyd et la prostituée de luxe adepte des partouzes). 

Ponctué d'éclairs de violence froides, concises mais impressionnantes, au service d'une intrigue à suspense où plane un vénéneux climat d'insécurité sous-jacent, Cop joue finalement dans la cour des grands à charpenter sa narration auprès d'un schéma tortueux réfractaire à l'ornière. James Woods épaulé  de son adjoint, l'accort et bon-vivant Charles Durning, monopolisant l'écran avec une pugnacité imparable dans sa personnalité anti-manichéenne. De ce fait, Cop possède aujourd'hui une patine proéminente grâce à son emballage discourtois aucunement conçu pour plaire à tous.

Eric Binford.
3èx

vendredi 16 juillet 2021

Dans ma peau

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Marina de Van. 2002. France. 1h34. Avec Marina de van, Laurent Lucas, Léa Drucker, Thibault de Montalembert, Dominique Reymond, Bernard Alane, Marc Rioufol. 

Sortie salles France: 4 Décembre 2002 (Int - 16 ans avec mention: certaines scènes du film peuvent être difficilement soutenable).

FILMOGRAPHIEMarina de Van est une réalisatrice, scénariste, écrivaine et actrice française de cinéma, née le 8 février 1971 à Boulogne-Billancourt. 2002 : Dans ma peau. 2009 : Ne te retourne pas. 2011 : Le Petit Poucet (Téléfilm). 2013 : Dark Touch.


"La femme qui se mange elle même"
Oeuvre extrême flirtant avec l'horreur viscérale lorsqu'une jeune femme plonge dans l'automutilation après s'être incidemment blessée à la jambe, et ce sans y éprouver sur le moment une quelconque douleur, Dans ma peau est formellement déconseillé aux personnes sensibles si bien que certaines séquences sont difficilement supportables de par son réalisme cru (personnellement j'ai détourné le regard une poignée de secondes à 2 reprises). Autant prévenir d'entrée de jeu car ce premier film réalisé par l'actrice du film, Marina de Van, demeure une éprouvante expérience corporelle lorsque celle-ci s'adonne à la mutilation, la scarification et même l'anthropophagie à la suite de pulsions morbides incontrôlées, pour ne pas dire littéralement addictives. Dans la mesure où celle-ci, perturbée de n'avoir pu ressentir une quelconque douleur lors de sa première blessure, tente de renouer, de communiquer avec son corps en se martyrisant la peau. Un parti-pris névrotique d'y retrouver la souffrance dans son intimité secrète. 

Il s'agit donc d'un film d'auteur premier degré redoutablement malaisant et dérangeant à travers une incroyable mise en scène épurée si bien que l'on observe sa déliquescence morale avec une fascination répulsive (le sang, les cicatrices, les plaies béantes, les bouts de chair sont instaurés a une fréquence métronome). Mais bien au-delà de sa réalisation clinique étrangement poétique, documentée et vertigineuse, Dans ma peau est transcendé du jeu schizo de Marina de Van absolument épeurante en victime dépressive apprenant par le goût du sang à réinterpréter (remodeler ?) son corps tout en lui faisant intimement l'amour et ainsi s'offrir une nouvelle chair (le morceau de peau qu'elle se tanne pour le caler entre son sein et son soutien-gorge). Possible métaphore sur le malaise de nos sociétés modernes au sein d'une spéculation professionnelle avide de rentabilité dans leur enjeu d'émulation, Dans ma peau laisse également transparaître l'égoïsme, l'opportunisme de certains employés dans leur esprit  compétitif (la discussion rébarbative au restaurant entre confrères et consoeurs). Alors que Sandrine, amie envieuse d'Esther, s'endosse une nouvelle posture de rivale dans sa soif de revanche à la fois sadique et infantilisante à la suite d'un poste de leader.  


La nouvelle chair.
Que l'on adhère ou que l'on rejette en bloc cet objet inclassable rigoureusement autre et couillu, Dans ma peau ne peut laisser indifférent tout passionné de cinéma en requête d'expérience créative, aussi malsain et dérangeant soit son contenu extrême adepte de déchéance mortifiée. Et ce sans jamais se complaire dans une démonstration de force complaisante (un exploit pour un sujet aussi scabreux et déviant !). Etouffant et psychologiquement terrifiant à travers l'accoutumance pathologique de l'héroïne en proie à une solitude délétère (son cheminement en perdition semble irréversible auprès d'une conclusion néanmoins ouverte), Dans ma peau tire parti de son pouvoir de fascination grâce à sa puissance visuelle résolument sensorielle. Qui plus est transfiguré du jeu ambivalent de l'étrange Marina de Van franchement inquiétante d'expression faciale indicible lors de ses prises de conscience contradictoires, ses feintes et ses simulacres avec son amant contrarié (incarné par l'excellent Laurent Lucas !). Une attitude froidement érotisante fréquemment accompagnée d'un regard effacé dénué d'explication, de logique, de résolution. 
Pour public averti.

*Eric Binford
2èx

jeudi 15 juillet 2021

L'Anti-gang

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Sharky's Machine" de Burt Reynolds. 1981. U.S.A. 2h02. Avec Burt Reynolds, Charles Durning, Vittorio Gassman, Brian Keith, Bernie Casey, Rachel Ward, Darryl Hickman, Earl Holliman, Henry Silva. 

Sortie salles France: 7 Juillet 1982 (Int - 13 ans). U.S: 18 Décembre 1981 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Burton Leon Reynolds, dit Burt Reynolds est un acteur, producteur de cinéma et cascadeur américain né le 11 février 1936 à Lansing au Michigan, décédé le 6 septembre 2018 à Jupiter en Floride. 1976 : Gator. 1978 : Suicidez-moi docteur. 1985 : Stick, Le Justicier de Miami. 1993: La gloire oubliée (TV Movie). 1993: Harlan & Merleen (TV Movie). 1998: Hard time - Coup dur (TV Movie). 2000 : The Last Producer. 


Encore une oeuvre maudite, un polar urbain oublié des années 80, une perle rare que Burt Reynolds  réalisa avec inspiration somme toute consciencieuse. Tant et si bien qu'à la revoyure, l'Anti-gang peut se targuer d'être sa plus grande réussite (nulle hésitation possible !) à travers son lot d'actions sanglantes (peu de le dire !), de suspense latent surfant sur le principe du psycho-killer (il y plane parfois un climat délétère aux cimes de l'horreur; notamment de par la prestance hallucinée d'Henry Silva habité par son personnage de junkie psychotique), de romance suave et de policier investigateur. Le tout mis en scène avec une solide inventivité afin d'y détourner les codes de manière aussi finaude que narquoise (ah ce 1er baiser fallacieux que Sharky hésite à échanger avec Dominoe lors de regards mutiques !). Le pitch: à la suite d'une bavure ayant engendré la mort d'une victime par un preneur d'otage froidement abattu l'instant d'après, « Sharky » se retrouve muté à la brigade des moeurs pour prendre en filature une prostituée de luxe. Mais un mystérieux assassin poursuit sa série de meurtres auprès de jeunes catins en coït avec des sénateurs. Quand bien même Sharky est sur le point d'alpaguer un éminent macro en étroite connivence avec son frère toxico, le ténébreux "Billy Score". Clairement influencé par la saga l'Inspecteur Harry et son fameux 357 magnum, L'Anti-gang réexploite surtout le flingue et ses éclairs de violence encore plus incisifs (aux States le film est interdit aux moins de 17 ans) au sein d'une efficace intrigue minutieusement charpentée. 


Burt Reynolds
soignant autant la caractérisation de ses personnages, en prime de nous dresser un magnétique profil de flic à la fois stoïque, réac, studieux et empathique (sa relation naissante avec Dominoe donne lieu à des étreintes romantiques d'une élégance épurée, sans compter une splendide et mélancolique vision fantasmatique biaisée) que sa réalisation assidue où rien n'est laissé au hasard (décors high-tech parfaitement exploités à l'appui avec en sus un épilogue vertigineux en gratte-ciel). Burt Reynolds se fondant dans le corps d'un flic en faction au tempérament discret et laconique mais perspicace dans sa colère contenue lorsqu'il s'agit de mettre hors d'état de nuire un réseau de prostitution huppée. Et si Burt Reynolds monopolise l'écran sans jamais singer Harry Callahan pour imposer sa personnalité autonome, les seconds-rôles délétères, machiavéliques, ne sont pas en reste. Tant auprès du monstre sacré Vittorio Gassman en mac pédant injecté d'arrogance à travers ces petits yeux noirs viciés, que du monolithique Henry Silva absolument bluffant d'expression démoniale à travers ses hurlements hystérisés faute d'abus de coke. Probablement l'un de ses meilleurs rôles à l'écran, tout du moins le plus électrisant, se permettant d'ailleurs à un moment fatidique de larmoyer face écran avec un réalisme toujours aussi trouble que dérangeant. Qui plus est, le final homérique se permet d'y exacerber sa présence délétère en instaurant subitement un climat horrifique à la lisière du surnaturel ! Une démarche aussi couillue que convaincante grâce au talent de la réalisation profilant cet acteur charismatique en proie à une haine indécrottable. Quant à l'envoûtante Rachel Ward (à la carrière hélas concise mais fascinante),  elle illumine naturellement l'écran de sa présence charnelle aussi voluptueuse que rassurante. Aucunement potiche, elle livre une sobre prestance de prostituée au grand coeur en instaurant parfois des séquences intimistes quelque peu empathiques dans sa condition soumise sans échappatoire. 


Captivant et passionnant de par son enquête soigneusement brodée, cinglant et sans concession auprès de ses bravoures sanguinolentes impeccablement montées, surprenant et fréquemment imprévisible à travers ces rebondissements ou situations faussement éculées, L'Anti-gang se décline en polar de grande classe en prime d'y côtoyer le psycho-killer en mode thriller érotique. Si bien que De Palma s'en serait peut-être inspiré pour y parfaire Body Double (notamment auprès de la posture spectrale, assumée, du tueur sans pitié, comme extirpé d'un film d'horreur). A ne pas rater, ou à redécouvrir d'urgence sous l'impulsion d'un score génialement stylé oscillant Jazz, Funk and Soul ! 

*Eric Binford. 
3èx

mardi 13 juillet 2021

Comme un homme libre

                              Photo emprunté sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Jericho Mile" de Michael Mann. 1979. U.S.A. 1h37. Avec Peter Strauss, Richard Lawson, Roger E. Mosley, Brian Dennehy, Geoffrey Lewis, Billy Green Bush, Ed Lauter, Beverly Todd, William Prince, Miguel Pinero, Richard Moll, Edmund Penney.

Sortie salles France: 6 Mai 1981. U.S: 18 March 1979 (diffusion ABC)

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain né le 5 février 1943 à Chicago, dans l'État de l'Illinois, aux États-Unis. 1979: Comme un homme libre, 1981 : Le Solitaire, 1983 : La Forteresse noire, 1986 : Le Sixième Sens, 1992 : Le Dernier des Mohicans, 1995 : Heat, 1999 : Révélations, 2001 : Ali, 2004 : Collatéral,  2006 : Miami Vice - Deux flics à Miami ,2009 : Public Enemies. 2015 : Hacker 


“Tout ce que tu vois, derrière ou devant toi, tu dois le dépasser en te dépassant toi-même.”
Oublié de nos jours, Comme un homme libre est le premier long-métrage de Michael Mann réalisé pour la télévision. Sa diffusion programmée sur la chaine ABC le 18 Mars 1979 eut un tel écho médiatique qu'elle fut réexploitée dans certaines salles de cinéma (ce qui était déjà le cas 8 ans plus tôt avec Duel de Spielberg). Quand bien même sa diffusion TV chez nous aura marqua toute une génération de téléspectateurs fasciné par les talents athlétiques d'un taulard pas comme les autres. Le pitch: Rain Murphy est un détenu du pénitencier de Folsom condamné à perpétuité pour le meurtre sauvage de son père. Afin de palier sa routine, faute de sa privation de liberté, il court machinalement autour du terrain de la prison sans jamais y éprouver un sentiment de lassitude. Et ce face au témoignage médusé de la populace carcérale et de son directeur compatissant. Au point d'ailleurs que celui-ci lui propose de concourir aux jeux olympiques ! Avec un certain souci de réalisme proche du documentaire, le néophyte Michael Mann exploite son intrigue au coeur d'un véritable pénitencier de Californie, et ce parmi la présence d'authentiques prisonniers purgeant leur peine. Ainsi, durant le tournage parfois houleux, un meurtre fut hélas perpétré sans qu'un quelconque comédien n'y soit impliqué. Scrupuleusement dépeint, l'atmosphère étouffante du pénitencier éclairé d'un soleil écrasant n'a pas de peine à nous immerger dans cet environnement marginal où plane incessamment les provocations entre bandes rivales. 


Par conséquent, parmi cette foule peu recommandable aussi sournoise qu'arrogante, un détenu s'extirpe du lot. Il s'agit de Larry Murphy condamné à perpétuité mais aspiré à retrouver un semblant de liberté de par son enjeu d'une course à pied en interne de la cour de la prison surveillée par les géôliers. Ainsi, avec la permission du directeur accort et de l'aide fraternelle de prisonniers afros résolument reconnaissants pour son courage et son amitié indéfectible pour l'un des leurs, le terrain de l'établissement y devient une piste chevronnée afin de parfaire ses performances. Dès lors, Murphy va pouvoir s'entrainer dans des conditions idéales et ainsi envisager de participer aux fameux jeux olympiques bien qu'il préfère expier sa faute dans une solitude assumée. Au-delà de la sobriété des comédiens, connus et méconnus, assez attachants et au charisme assorti, Peter Strauss s'y détache haut la main dans celui du coureur aguerri rongé par une culpabilité morale irrévocable. Déterminé et acharné à accomplir un exploit afin de cultiver la rédemption, Peter Strauss se transcende corps et âme, mâchoire serrée, pour se donner un nouveau sens à sa vie dans sa condition recluse. Ainsi, grâce à sa force d'expression pugnace et à sa résilience communicative, l'acteur soulève le métrage du poids de ses agiles épaules avec une dignité poignante. L'intérêt de l'intrigue résidant dans son évolution morale à se pardonner sa culpabilité en affichant une résilience qui laissera pantois d'admiration tout le corps carcéral après un règlement de compte meurtrier et en dépit de la décision drastique d'un dirigeant impassible. 


Vivre libre.
En dépit d'un score obsolète plutôt inapproprié auprès de certaines actions romantisées (alors que paradoxalement son thème principal affiche une tonalité cadencée beaucoup plus idoine), Comme un homme libre reste un témoignage fort du surpassement de soi auprès d'un taulard en guerre contre lui même pour autant décidé à accomplir l'improbable en guise de catharsis. Humble et loyal, torturé et écorché la rage au ventre, spartiate et intransigeant auprès de son éthique, Peter Strauss imprimant de son empreinte un poignant portrait de forçat renouant avec la liberté (morale et corporelle) par sa passion du sprint. 

*Bruno
13.07.21. 3èx
21.02.11

lundi 12 juillet 2021

Alphabet City

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Amos Poe. 1984. U.S.A. 1h25. Avec Vincent Spano, Michael Winslow, Kate Vernon, Jami Gertz, Zohra Lampert, Raymond Serra. 

Sortie salles France: 27 février 1985. U.S.A: 4 Mai 1984

FILMOGRAPHIEAmos Poe est un réalisateur et scénariste américain né en 1949 à Tel-Aviv, Israël. Night Lunch (1975). The Blank Generation (1976). Unmade Beds[2] (1976). The Foreigner (1978). TV Party (1978). Subway Riders (1981). Alphabet City (1985). Rocket Gibraltar (1988) (screenplay)
Triple Bogey on a Par Five Hole (1991). Dead Weekend (1994). Frogs for Snakes (1998). 29 Palms (2001) (murchian engineering). Steve Earle: Just An American Boy (2003). When You Find Me (2004). John The Cop (2004). Her Illness (2004). Empire II (2007). La Commedia di Amos Poe (2010). Ladies & Gentlemen (2012). A Walk in the Park (2012). Happiness Is a Warm Gun (2015). 


Série B oubliée des années 80 (tournée en seulement 20 nuits), Alphabet City n'échappe pas aux poncifs et au personnages caricaturaux à travers un scénario prévisible beaucoup trop faible pour captiver le spectateur embarqué dans la virée nocturne d'un petit caïd de la drogue mis à mal avec sa hiérarchie après avoir refusé une mission. Si Vincent Spano demeure quelque peu attachant en mafieux en herbe au tempérament (gentiment) rebelle tentant de se fonder un semblant de vie familiale malgré sa marginalité criminelle, les autres seconds-rôles sont beaucoup trop outrés dans leur posture caricaturale à forcer le trait d'expressions surjouées. Et si l'ensemble s'avère éculé et que les situations effleurent la semi-parodie le rythme est bizarrement assez soutenu (épaulé de l'omniprésence de sa bande-son pop désuète), sa réalisation parfois stylisée et son climat nocturne quelque peu surréaliste (néons à dominante rouge, rose et bleue). Si bien que Alphabet City dégage un petit charme bisseux symptomatique des années 80 tout en étant largement dispensable. 


*Eric Binford
2èx

jeudi 8 juillet 2021

Frankie et Johnny

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

de Garry Marshall. 1991. U.S.A. 1h58. Avec Al Pacino, Michelle Pfeiffer, Hector Elizondo, Nathan Lane, Kate Nelligan, Jane Morris 

Sortie salles France: 5 Février 1992

FILMOGRAPHIE: Garry Masciarelli, dit Garry Marshall, né le 13 novembre 1934 à New York et mort le 19 juillet 2016 à Burbank (Californie), est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur américain. 1982 : Docteurs in love. 1984 : Le Kid de la plage. 1986 : Rien en commun. 1987 : Un couple à la mer. 1988 : Au fil de la vie. 1990 : Pretty Woman. 1991 : Frankie et Johnny. 1994 : Exit to Eden. 1996 : Escroc malgré lui. 1999 : L'Autre Sœur. 1999 : Just Married. 2001 : Princesse malgré elle. 2004 : Fashion Maman. 2004 : Un Mariage de princesse. 2007 : Mère-fille, mode d'emploi. 2010 : Valentine's Day. 2011 : Happy New Year. 2016 : Joyeuse fête des mères. 


Une ballade romantique férue de charme, d'humour et de tendresse à la faveur du couple fusionnel Pacino / Pfeiffer. 
Reconnu avec son succès planétaire Pretty Woman, Gary Marshall remet le couvert un an plus tard avec Frankie et Johnny. Une romcom pleine de bons sentiments que les midinettes raffolent prioritairement à travers un concentré d'humour frivole et de tendresse romantique. Inévitablement mielleux donc à travers 2/3 séquences triviales, caricatural au possible auprès d'une poignée de seconds-rôles forçant le trait, parfois maladroit de par sa réalisation classique exploitant des clichés gros comme des boules de billard, un peu trop gentillet aussi ou carrément improbable auprès de situations romancées (le type sortant de prison comme s'il revenait du club-med face à un géôlier mimant la mine impassible, arme à la main), Frankie et Johnny ne peut faire office de chef-d'oeuvre bien que les critiques et le public ne furent pas insensibles à la nouvelle contribution sentimentale de Gary Marshall. Et pourtant, 1h58 durant, le miracle opère comme par magie. Ou plutôt grâce au tempérament incandescent du couple Al Pacino / Michelle Pfeiffer, le film dégage un charme et une spontanéité aussi rafraichissantes que galvanisantes. Si bien que Franky et Johnny parvient haut la main à nous duper et à nous manipuler de par les échanges tantôt torrides, tantôt houleux du couple orageux en voie perpétuelle de contradiction. Et ce sans jamais nous lasser d'une scène de ménage en trop, notamment grâce à l'utilisation judicieuse d'un humour quasi omniprésent, voir parfois même très drôle.

On peut d'ailleurs évoquer l'exploit tant la recette habilement fusionnelle y porte ses fruits sans prétention. Johnny étant frappé du coup de foudre dès son embauche au snack de leur première rencontre, Frankie étant pétrie de trouille à l'idée de s'engager auprès de ce cuisinier éloquent fraîchement sorti de détention pour une fraude bancaire. Par conséquent, de par son intensité émotionnelle étonnamment pure, vertueuse et si scintillante, on peut rapprocher l'alchimie du couple à celui de Rocky et Adrian à travers leurs ballades romantiques (parfois crépusculaires) inscrites dans la simplicité des sentiments et la tendresse candide que Pacino provoque incessamment sans ambages. Les 2 acteurs se livrant corps et âme face caméra avec une redoutable efficacité eu égard de leurs étreintes et apartés romantiques qu'ils nous communiquent dans une modestie souvent intime si on épargne leur crépage de chignon en communauté amicale. Michelle Pfeiffer insufflant une prestance renfrognée nullement outrée et encore moins ridicule en femme blessée d'un passé résolument torturé. Taciturne et frigide mais curieuse et sensiblement attirée à travers ses sentiments et réflexions contradictoires où le chaud et le froid ne cessent de s'y télescoper, Michelle Pfeiffer crève l'écran de A à Z sans jamais nous susciter une émotion programmée préjudiciable. Al Pacino tentant d'y percer les causes de sa souffrance morale avec une verve aussi chaleureuse que loyale au gré de ses ardents sentiments pour elle qu'il chérit sans modération. Là aussi l'acteur viril demeure tout bonnement éclatant de sincérité dans sa fonction de Dom Juan empoté pour autant productif dans ses intentions de prétendant intègre. 


Je t'aime, moi non plus. 
D'une simplicité prévisible à travers l'universalité d'un amour en demi-teinte où l'un ne cesse d'y faire marche arrière par peur de l'engagement alors que l'autre emprunte un cheminement autrement optimiste à travers sa persuasion amoureuse, Frankie et Johnny se permet en outre d'y traiter en filigrane le thème de la violence conjugale du point de vue de la femme molestée incapable de se reconstruire passée l'épreuve traumatique. En dépit de ses maladresses précitées, de son manque de tact et de subtilité et de ses conformités trop aimables, Frankie et Johnny est un trésor d'émotions  gratifiantes en compagnie d'un couple d'acteurs au diapason de leur carrière. Rien que pour leur complémentarité démiurge (ils étaient vraiment fait l'un pour l'autre à travers le conte !), cette ballade romantique à la fois drôle, charnelle et attendrissante atteint haut la main son but: ensorceler le spectateur infiniment troublé, charmé, consumé par leur symbiose amoureuse !

Dédicace à Sonia. 

*Bruno
2èx

mardi 6 juillet 2021

Les Guerriers de l'Enfer

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Who'll Stop the Rai" de Karel Reisz. 1978. U.S.A. 2h06. Avec  Nick Nolte, Jonathan Banks, Michael Moriarty, Tuesday Weld, Anthony Zerbe, Richard Masur, Ray Sharkey, Gail Strickland.

Sortie salles France: ?. U.S: 2 Août 1978

FILMOGRAPHIEKarel Reisz est un réalisateur, producteur et théoricien du cinéma puis un metteur en scène de théâtre britannique d'origine tchécoslovaque, né le 21 juillet 1926 à Ostrava (ex-Tchécoslovaquie), décédé le 25 novembre 2002 à Londres. 1955 : Momma Don't Allow (court métrage documentaire). 1958 : We Are the Lambeth Boys (documentaire). 1960 : Samedi soir, dimanche matin. 1964 : La Force des ténèbres. 1966 : Morgan. 1968 : Isadora. 1974 : Le Flambeur. 1978 : Les Guerriers de l'enfer (Who'll Stop the Rain). 1981 : La Maîtresse du lieutenant français. 1985 : Sweet Dreams. 1990 : Chacun sa chance. 1994 : Performance - épisode The Deep Blue Sea (TV). 2000 : Act Without Words I (TV).


Découvrir pour la 1ère fois en 2021, et à titre de (grande) curiosité, ce drame guerrier totalement passé aux oubliettes prouve à quel point le cinéma des années 70 reste une source intarissable de classiques inoxydables de par son âpre réalisme dénué de fioriture. Car Les Guerriers de l'Enfer a beau être honteusement non reconnu, il demeure selon moi l'un des plus forts témoignages que le cinéma ricain nous ait offert sur la guerre du Vietnam. En tout état de cause le plus intègre, le plus authentique, le plus  sombre et désespéré à travers son climat fétide transpirant haine et avarice. Omettez cependant son titre fallacieux que les français ont osé singer afin sans doute de rameuter le grand public friand d'action belliqueuse, si bien que "Qui arrêtera la pluie" "Who'll Stop the Rai" est avant tout un puissant drame psychologique que Nick Nolte (certains critiques prétendent qu'il s'agit - à raison - d'un de ses meilleurs rôles), Michael Moriarty (toujours abonné aux seconds-rôles de paumé avenant avec un talent ici au diapason !), Tuesday Weld (superbe portrait de femme fragile en junkie en devenir) impriment de leur talent avec une force d'expression tacitement sentencieuse. Par conséquent, l'intrigue tourne autour de la rivalité latente entre des agents fédéraux vénaux (principalement une paire d'engeances ne reculant devant rien pour gruger 2 kilos d'héro) et 2 combattants du vietnam tout juste rentrés au bercail. Or, livré à lui même et traumatisé par les horreurs du passé, John Converse (Michael Moriarty) se permet de passer en contrebande de l'héroïne avec l'aide de son comparse Ray Hicks (Nick Nolte), jeune loup autrement stoïque. 


Mais au moment du R.V fixé au foyer conjugal, Ray se retrouve seul avec l'épouse de John ignorant tout de leur transaction alors que 2 flics y surveillent sa demeure. Voilà pour l'exposé brillamment mis en scène si bien que Karel Reisz affiche une circonspection à la présentation de ces personnages empotés impliqués dans un pathétique compromis avec des agents sans vergogne. C'est également ce qui fait la force de l'intrigue habilement structurée (puisque TOUJOURS imprévisible) car plus le méchant est réussi, meilleur le film sera ! Autant dire que l'oeuvre à la fois insidieuse et lestement malsaine captive dès le départ avec l'entrée en matière de tous ces personnages véreux ne comptant que sur leur indépendance pour venir à bout de leur désir. Anti-manichéen quant à ses anciens combattants fascinés par le nouveau marché juteux de la drogue dure, les Guerriers de l'Enfer laisse un goût de plus en plus âcre dans la bouche lorsque ceux-ci ont décidé de passer au front lors d'un final westernien d'une originalité audacieuse. Karel Reisz  injectant une dose d'ironie acide à travers sa sinistre farce de règlements de compte sanglants. Une mise en scène "pop rock opératique" détournant le symbolique "peace and love" peinturée sur une falaise, où l'action lisible s'y confine d'autant plus de nuit ! Intense et captivant, de par son suspense aléatoire et la posture couillue de ces protagonistes aussi entêtés que suicidaires, Les Guerriers de l'Enfer suscite une émotion à la fois trouble et poignante auprès de ces laissés pour compte se réfugiant dans l'illusion de la drogue en guise d'exutoire moral. 


Remarquablement interprété par un cast vibrant d'émotions dépouillées de par le brio de la mise en scène soumise à leurs actions acharnées, les Guerriers de l'Enfer nous laisse sur une mélancolique impression de défaite en dépit de sa lueur d'espoir de dernier ressort que l'on entérine facilement. D'une intensité dramatique sobrement instillée, ce grand film âpre, violent et pessimiste cultive un sentiment d'amertume poignant à travers son réquisitoire contre les conséquences morales de la guerre du Vietnam tout en égratignant ostensiblement le piège avilissant de la drogue. C'est donc évidemment à ne pas rater afin de tenter de lui offrir une seconde vie, bouche à oreille aidant si possible. 

*Eric Binford (immense merci à buddy-movierepack, en espérant voir débarquer un jour prochain une édition blu-ray digne d'éloges, on a bien le droit de rêver !)

Ci-joint sa superbe affiche ricaine :

lundi 5 juillet 2021

Trois Heures, l'heure du crime

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Three O'Clock High" de Phil Joanou. 1987. U.S.A. 1h29. Avec Casey Siemaszko, Annie Ryan, Richard Tyson, Stacey Glick, Jonathan Wise, Jeffrey Tambor

Sortie salles U.S: 9 Octobre 1983. Inédit en salles en France. 

FILMOGRAPHIEPhil Joanou est un réalisateur américain, né le 20 novembre 1961 à La Cañada Flintridge en Californie (États-Unis).1984 : Last Chance Dance (court métrage). 1987 : Trois heures, l'heure du crime. 1990 : Les Anges de la nuit. 1992 : Sang chaud pour meurtre de sang-froid. 1996 : Vengeance froide. 1988 : U2: Rattle and Hum (documentaire sur U2). 1999 : Entropy. 2006 : Rédemption. 2012 : Dirty Laundry (court métrage). 2016 : The Veil. 

Objet d'infortune s'il en est, de par son échec public aux States, sa privation de salle chez nous et la discorde entre Spielberg, producteur ayant soutiré son nom au générique, et Phil Joanou, réalisateur néophyte l'ayant trahi à concevoir une copie de Karaté Kid, Trois heures, l'heure du crime est une perle rare comme on en voit peu dans la comédie. Autrement dit un vrai film culte que ce teen movie décalé parvenant à imprimer sa propre personnalité afin de se démarquer de l'ornière codifiée. Le réalisateur demeurant scrupuleusement attentif à sa réalisation inventive, tant en terme de souci technique (avec des effets de style alambiqués ou saccadés annonciateurs de la série Parker Lewis !) qu'idées retorses parfois génialement décomplexées (la drague improvisée entre Jerry et sa prof en plein cours afin d'espérer bénéficier d'heures de colle et ainsi rejeter le compromis de buddy). Et s'il nous faut un petit temps d'adaptation durant les 20/30 premières minutes si bien que l'on a un peu de mal à discerner son ambiance décalée et ses persos pas si attachants que cela, Trois heures, l'heure du crime demeure peu à peu stimulant, voir toujours plus captivant au fil des vicissitudes de Jerry multipliant les stratagèmes de dernier ressort afin de faire annuler son R.V avec la terreur du lycée Buddy Revell (endossé par le monolithique Richard Tyson littéralement imperturbable dans sa carrure de mastard suffisant). Celui-ci ayant proposé à son adversaire une baston de rue à 15h de l'après-midi dans la cour du lycée que tout le monde s'empressera d'y assister en espérant la victoire de Jerry. 

Tout cela parce que ce dernier eut le malheur de toucher l'épaule de son adversaire avec son index lors de leur rencontre improvisée dans les toilettes du lycée. Sorte de After Hours scolaire si j'ose dire, Trois heures, l'heure du crime demeure diablement réjouissant à travers l'épreuve morale (et physique) de Jerry pétrifié à l'idée de se faire massacrer par cet étranger de triste renommée. Phil Joanou dirigeant habilement ses comédiens, pour la plupart méconnus, à l'aide d'un parti-pris dépouillé dans leur jeu contracté de ne point s'adonner à la franche rigolade. Aucun esprit potache donc et c'est justement ce qui fait le charme du film de par son climat discrètement débridé utilisant à bon escient nombre de séquences ubuesques réalisées avec une expression sérieuse pour chacun des personnages juvéniles et chacun des profs à la mine impassible. Son côté jubilatoire émanant notamment de la progression morale de Jerry s'attirant tout compte fait la sympathie de ses camarades, le soutien indéfectible de sa soeur et la curiosité d'une gente féminine attirée par son éventuel courage de se mesurer au dur à cuire. Or, durant toute la journée, Jerry tâchera en secret de trouver astuces et combines pour fuir son ennemi juré. Et ce quitte à y braver l'interdit ! Ce qui nous vaudra de façon paroxystique un pugilat final remarquablement troussé à travers ses rebondissements cocasses (que les protagonistes expriment toujours avec le plus grand des sérieux) et cette montée en puissance du suspense en crescendo à savoir qui emportera la mise. 

Si Trois heures, l'heure du crime affiche modestement un charme aussi irrésistible que subtilement décalé à travers ses attachants personnages sans fard issus des années 80, il demeure aussi drôle qu'envoûtant sous l'impulsion du score de Tangerine Dream (pour rappel, le meilleur groupe instrumental au monde !) insufflant parfois une émotion exaltée lors d'intimités oniriques. On s'attache enfin et surtout au jeu craintif de Casey Siemaszko au physique ordinaire parvenant à nous enjailler et séduire dans sa fonction de pleutre en initiation valeureuse. A ne pas rater ! 

*Eric Binford

vendredi 2 juillet 2021

L'Homme des Hautes Plaines

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Dvdfr.com

"High Plains Drifter" de Clint Eastwood. 1973. U.S.A. 1h45. Avec Clint Eastwood, Billy Curtis, Mitchell Ryan, Ted Hartley, Geoffrey Lewis, Verna Bloom, Walter Barnes. 

Sortie salles France: 23 Août 1973

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un  Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American Sniper.


"Les dieux de la vengeance exercent en silence."
Quel bien étrange western que cet Homme des Hautes plaines filmé et interprété par Clint Eastwood alors qu'il s'agit de sa seconde réalisation. Le pitch: un étranger sans nom arrive dans un village pour y semer meurtres et désordre à la suite de la flagellation mortelle de l'ancien shérif exécuté parmi la complicité des citadins. Si le prologue jubilatoire inspire le western spaghetti à influence Léonienne à travers ses visages impassibles, son climat laconique et sa violence percutante, l'Homme des hautes plaines bifurque ensuite vers un climat hybride détonnant où l'humour (assez cruel) et le baroque se dispute ensuite au surréalisme le plus feutré. Tant auprès de son ironie métronome parfois imprégnée de machisme anti-manichéen (l'étranger ira jusqu'au viol pour y châtier la garce du village sans une once de remord) que de sa progression dramatique davantage malsaine quant aux intentions vindicatives de l'étranger nullement empathique auprès des résidents de la ville hantés de honte et de culpabilité d'avoir laissé pour mort le shérif sans broncher d'un cil. 


Et sur ce point Eastwood ne lésine pas sur la violence sanguine (quitte parfois à s'y complaire à force d'insister à plusieurs reprises au châtiment extrême du shérif lors de flash-back d'un sadisme à rude épreuve) au point de mettre à mal le spectateur voyeur malgré lui de ce lynchage crapuleux imprimé dans la pénombre. Qui plus est, accompagné d'une bande musicale tantôt inquiétante, tantôt spectrale afin de renforcer le malaise auprès de ses félons observant l'agonie d'un homme par 3 bandits sans vergogne, l'Homme des Hautes plaine nous paraît davantage fétide au fil de son cheminement punitif dénué de concession. On peut également relever le traitement misogyne imparti aux femmes du quartier d'après la posture de l'étranger se raillant d'elles avec une ironie spécialement caustique. Autant dire que ce western pas comme les autres n'a pas froid aux yeux pour y exclure la bienséance à renfort de provocations et d'idéologie réactionnaire quant aux agissements impérieux de l'étranger asservissant toute la populace (ou presque) à renfort de métaphores (les maisons peinturées en rouge avec, en guise de prologue identitaire, le mot "hell" placardé à l'entrée du village en guise d'hospitalité !). 


Vengeance d'outre-tombe
Western sardonique davantage crépusculaire et inquiétant au gré d'un rythme vif, l'Homme des Hautes plaines laisse des traces dans l'encéphale de par son ambiance pestilentielle au confins du Fantastique. Avec comme maître à penser Clint Eastwood en exterminateur fraîchement décomplexé à accomplir sa marche funeste auprès d'une confrérie d'engeances aussi pleutres qu'insidieuses. 

*Eric Binford
2èx

jeudi 1 juillet 2021

Dans la ligne de mire

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Wolfgang Petersen. 1993. U.S.A. 2h08. Avec Clint Eastwood, John Malkovich, Rene Russo, Dylan McDermott, Gary Cole, Tobin Bell, John Heard.

Sortie salles France: 8 Septembre 1993

FILMOGRAPHIE: Wolfgang Petersen est un réalisateur allemand né le 14 Mars 1941 à Emden. 1974: Einer von uns beiden. 1977: La Conséquence. 1981: Le Bateau. 1984: L'Histoire sans Fin. 1985: Enemy. 1991: Troubles. 1993: Dans la ligne de mire. 1995: Alerte ! 1997: Air force one. 2000: En pleine tempête. 2004: Troie. 2006: Poséidon. 2016 : Braquage à l'allemande

Thriller tendu comme un arc à travers l'affrontement cérébral entre un agent secret sclérosé et un tueur, ex-agent de la CIA délibéré à assassiner le président des Etats-Unis, Dans la ligne de mire s'y décline en divertissement de haut calibre sous l'impulsion d'Eastwood et Malkovich se disputant la brimade avec une ironie génialement sournoise (les réparties fusant tous azimuts même aux moments les plus précaires). Jeu du chat et de la souris impeccablement mené par un Wolfgang Petersen circonspect si bien que l'on effleure le modèle d'efficacité, Dans la ligne de mire déménage en diable entre ses actions oppressantes d'une vigueur pulsatile (les poursuites sur bitume et celle sur le toit), son suspense ciselé aux influences Hitchcockiennes (quel final anthologique en doublon !) et sa romance attachante que se partagent sans effet de manche l'agent Horrigan et l'agent Lilly Raines qu'endosse avec charme suave René Russo toute en discrétion. Autant confirmer que les genres disparates se conjuguent aisément au gré d'une ossature narrative dénuée de temps morts, qui plus est accompagnée d'une action intermittente imprévisible et jamais gratuite. 

D'où l'intensité graduelle des diverses courses-poursuites exécutées avec un brio géométrique au point de s'accrocher au siège pour ne rater aucune seconde d'inattention. Rare pour ne pas le souligner dans ce type de production Hollywoodienne ne s'embarrassant guère de subtilité et d'originalité pour appâter le grand public (souvent friand d'action décérébrée). Si bien que Dans la ligne de mire demeure fréquemment retors auprès des stratégies morales d'Eastwood s'efforçant d'appréhender son pire ennemi avec une hargne toujours plus appuyée quant à l'arrogance du tueur particulièrement machiavélique à contredire son adversaire. Un duel psychologique de longue haleine également corporel puisque Petersen s'alloue d'un masochisme assumé à mettre l'épreuve notre garde du corps dépendant de son âge avancé mais délibéré à se racheter une conduite rédemptrice en tentant de sauver le nouveau président des Etats-Unis. L'intrigue y brossant donc ce joli portrait d'homme torturé par sa culpabilité de n'avoir pu empêcher l'assassinat de Kennedy en 1963. Quand bien même on en apprend autant sur le passé accablé du tueur sociopathe avide de rancoeur contre le système politique après avoir exercé dans l'une des agences de renseignement les plus réputées des États-Unis (j'ai nommé la CIA). 

Formidable machine à tension scandée des performances infaillibles de Clint Eastwood (encore impressionnant en héros à la traîne) et John Malkovich (au sommet de sa carrière avec son flegme tranquille !), Dans la ligne de mire demeure un jouissif affrontement entre ses monstres sacrés se disputant la mise à coup de répliques et pugilats génialement vaniteux. Du grand spectacle intelligent donc conçu avec un art consommé du savoir-faire si bien que le temps n'y accuse aucun préjudice. On peut donc sans rougir adouber qu'il s'agit d'un des meilleurs thrillers des années 90 à revoir urgemment.

*Eric Binford

P.S: l'édition 4K est d'une beauté renversante.

Box Office France: 924 875 entrées.