mardi 13 juillet 2021

Comme un homme libre

                              Photo emprunté sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Jericho Mile" de Michael Mann. 1979. U.S.A. 1h37. Avec Peter Strauss, Richard Lawson, Roger E. Mosley, Brian Dennehy, Geoffrey Lewis, Billy Green Bush, Ed Lauter, Beverly Todd, William Prince, Miguel Pinero, Richard Moll, Edmund Penney.

Sortie salles France: 6 Mai 1981. U.S: 18 March 1979 (diffusion ABC)

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain né le 5 février 1943 à Chicago, dans l'État de l'Illinois, aux États-Unis. 1979: Comme un homme libre, 1981 : Le Solitaire, 1983 : La Forteresse noire, 1986 : Le Sixième Sens, 1992 : Le Dernier des Mohicans, 1995 : Heat, 1999 : Révélations, 2001 : Ali, 2004 : Collatéral,  2006 : Miami Vice - Deux flics à Miami ,2009 : Public Enemies. 2015 : Hacker 


“Tout ce que tu vois, derrière ou devant toi, tu dois le dépasser en te dépassant toi-même.”
Oublié de nos jours, Comme un homme libre est le premier long-métrage de Michael Mann réalisé pour la télévision. Sa diffusion programmée sur la chaine ABC le 18 Mars 1979 eut un tel écho médiatique qu'elle fut réexploitée dans certaines salles de cinéma (ce qui était déjà le cas 8 ans plus tôt avec Duel de Spielberg). Quand bien même sa diffusion TV chez nous aura marqua toute une génération de téléspectateurs fasciné par les talents athlétiques d'un taulard pas comme les autres. Le pitch: Rain Murphy est un détenu du pénitencier de Folsom condamné à perpétuité pour le meurtre sauvage de son père. Afin de palier sa routine, faute de sa privation de liberté, il court machinalement autour du terrain de la prison sans jamais y éprouver un sentiment de lassitude. Et ce face au témoignage médusé de la populace carcérale et de son directeur compatissant. Au point d'ailleurs que celui-ci lui propose de concourir aux jeux olympiques ! Avec un certain souci de réalisme proche du documentaire, le néophyte Michael Mann exploite son intrigue au coeur d'un véritable pénitencier de Californie, et ce parmi la présence d'authentiques prisonniers purgeant leur peine. Ainsi, durant le tournage parfois houleux, un meurtre fut hélas perpétré sans qu'un quelconque comédien n'y soit impliqué. Scrupuleusement dépeint, l'atmosphère étouffante du pénitencier éclairé d'un soleil écrasant n'a pas de peine à nous immerger dans cet environnement marginal où plane incessamment les provocations entre bandes rivales. 


Par conséquent, parmi cette foule peu recommandable aussi sournoise qu'arrogante, un détenu s'extirpe du lot. Il s'agit de Larry Murphy condamné à perpétuité mais aspiré à retrouver un semblant de liberté de par son enjeu d'une course à pied en interne de la cour de la prison surveillée par les géôliers. Ainsi, avec la permission du directeur accort et de l'aide fraternelle de prisonniers afros résolument reconnaissants pour son courage et son amitié indéfectible pour l'un des leurs, le terrain de l'établissement y devient une piste chevronnée afin de parfaire ses performances. Dès lors, Murphy va pouvoir s'entrainer dans des conditions idéales et ainsi envisager de participer aux fameux jeux olympiques bien qu'il préfère expier sa faute dans une solitude assumée. Au-delà de la sobriété des comédiens, connus et méconnus, assez attachants et au charisme assorti, Peter Strauss s'y détache haut la main dans celui du coureur aguerri rongé par une culpabilité morale irrévocable. Déterminé et acharné à accomplir un exploit afin de cultiver la rédemption, Peter Strauss se transcende corps et âme, mâchoire serrée, pour se donner un nouveau sens à sa vie dans sa condition recluse. Ainsi, grâce à sa force d'expression pugnace et à sa résilience communicative, l'acteur soulève le métrage du poids de ses agiles épaules avec une dignité poignante. L'intérêt de l'intrigue résidant dans son évolution morale à se pardonner sa culpabilité en affichant une résilience qui laissera pantois d'admiration tout le corps carcéral après un règlement de compte meurtrier et en dépit de la décision drastique d'un dirigeant impassible. 


Vivre libre.
En dépit d'un score obsolète plutôt inapproprié auprès de certaines actions romantisées (alors que paradoxalement son thème principal affiche une tonalité cadencée beaucoup plus idoine), Comme un homme libre reste un témoignage fort du surpassement de soi auprès d'un taulard en guerre contre lui même pour autant décidé à accomplir l'improbable en guise de catharsis. Humble et loyal, torturé et écorché la rage au ventre, spartiate et intransigeant auprès de son éthique, Peter Strauss imprimant de son empreinte un poignant portrait de forçat renouant avec la liberté (morale et corporelle) par sa passion du sprint. 

*Bruno
13.07.21. 3èx
21.02.11

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