Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com
"Sharky's Machine" de Burt Reynolds. 1981. U.S.A. 2h02. Avec Burt Reynolds, Charles Durning, Vittorio Gassman, Brian Keith, Bernie Casey, Rachel Ward, Darryl Hickman, Earl Holliman, Henry Silva.
Sortie salles France: 7 Juillet 1982 (Int - 13 ans). U.S: 18 Décembre 1981 (Int - 17 ans)
FILMOGRAPHIE: Burton Leon Reynolds, dit Burt Reynolds est un acteur, producteur de cinéma et cascadeur américain né le 11 février 1936 à Lansing au Michigan, décédé le 6 septembre 2018 à Jupiter en Floride. 1976 : Gator. 1978 : Suicidez-moi docteur. 1985 : Stick, Le Justicier de Miami. 1993: La gloire oubliée (TV Movie). 1993: Harlan & Merleen (TV Movie). 1998: Hard time - Coup dur (TV Movie). 2000 : The Last Producer.
Encore une oeuvre maudite, un polar urbain oublié des années 80, une perle rare que
Burt Reynolds réalisa avec inspiration somme toute consciencieuse. Tant et si bien qu'à la revoyure,
l'Anti-gang peut se targuer d'être sa plus grande réussite (nulle hésitation possible !) à travers son lot d'actions sanglantes (peu de le dire !), de suspense latent surfant sur le principe du psycho-killer (il y plane parfois un climat délétère aux cimes de l'horreur; notamment de par la prestance hallucinée d'
Henry Silva habité par son personnage de junkie psychotique), de romance suave et de policier investigateur. Le tout mis en scène avec une solide inventivité afin d'y détourner les codes de manière aussi finaude que narquoise (ah ce 1er baiser fallacieux que Sharky hésite à échanger avec Dominoe lors de regards mutiques !).
Le pitch:
à la suite d'une bavure ayant engendré la mort d'une victime par un preneur d'otage froidement abattu l'instant d'après, « Sharky » se retrouve muté à la brigade des moeurs pour prendre en filature une prostituée de luxe. Mais un mystérieux assassin poursuit sa série de meurtres auprès de jeunes catins en coït avec des sénateurs. Quand bien même Sharky est sur le point d'alpaguer un éminent macro en étroite connivence avec son frère toxico, le ténébreux "Billy Score". Clairement influencé par la saga
l'Inspecteur Harry et son fameux 357 magnum,
L'Anti-gang réexploite surtout le flingue et ses éclairs de violence encore plus incisifs (aux States le film est interdit aux moins de 17 ans) au sein d'une efficace intrigue minutieusement charpentée.
Burt Reynolds soignant autant la caractérisation de ses personnages, en prime de nous dresser un magnétique profil de flic à la fois stoïque, réac, studieux et empathique (sa relation naissante avec Dominoe donne lieu à des étreintes romantiques d'une élégance épurée, sans compter une splendide et mélancolique vision fantasmatique biaisée) que sa réalisation assidue où rien n'est laissé au hasard (décors high-tech parfaitement exploités à l'appui avec en sus un épilogue vertigineux en gratte-ciel).
Burt Reynolds se fondant dans le corps d'un flic en faction au tempérament discret et laconique mais perspicace dans sa colère contenue lorsqu'il s'agit de mettre hors d'état de nuire un réseau de prostitution huppée. Et si
Burt Reynolds monopolise l'écran sans jamais singer Harry Callahan pour imposer sa personnalité autonome, les seconds-rôles délétères, machiavéliques, ne sont pas en reste. Tant auprès du monstre sacré
Vittorio Gassman en mac pédant injecté d'arrogance à travers ces petits yeux noirs viciés, que du monolithique
Henry Silva absolument bluffant d'expression démoniale à travers ses hurlements hystérisés faute d'abus de coke. Probablement l'un de ses meilleurs rôles à l'écran, tout du moins le plus électrisant, se permettant d'ailleurs à un moment fatidique de larmoyer face écran avec un réalisme toujours aussi trouble que dérangeant. Qui plus est, le final homérique se permet d'y exacerber sa présence délétère en instaurant subitement un climat horrifique à la lisière du surnaturel ! Une démarche aussi couillue que convaincante grâce au talent de la réalisation profilant cet acteur charismatique en proie à une haine indécrottable. Quant à l'envoûtante
Rachel Ward (à la carrière hélas concise mais fascinante), elle illumine naturellement l'écran de sa présence charnelle aussi voluptueuse que rassurante. Aucunement potiche, elle livre une sobre prestance de prostituée au grand coeur en instaurant parfois des séquences intimistes quelque peu empathiques dans sa condition soumise sans échappatoire.
Captivant et passionnant de par son enquête soigneusement brodée, cinglant et sans concession auprès de ses bravoures sanguinolentes impeccablement montées, surprenant et fréquemment imprévisible à travers ces rebondissements ou situations faussement éculées, L'Anti-gang se décline en polar de grande classe en prime d'y côtoyer le psycho-killer en mode thriller érotique. Si bien que De Palma s'en serait peut-être inspiré pour y parfaire Body Double (notamment auprès de la posture spectrale, assumée, du tueur sans pitié, comme extirpé d'un film d'horreur). A ne pas rater, ou à redécouvrir d'urgence sous l'impulsion d'un score génialement stylé oscillant Jazz, Funk and Soul !
*Eric Binford.
3èx
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