lundi 5 juillet 2021

Trois Heures, l'heure du crime

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Three O'Clock High" de Phil Joanou. 1987. U.S.A. 1h29. Avec Casey Siemaszko, Annie Ryan, Richard Tyson, Stacey Glick, Jonathan Wise, Jeffrey Tambor

Sortie salles U.S: 9 Octobre 1983. Inédit en salles en France. 

FILMOGRAPHIEPhil Joanou est un réalisateur américain, né le 20 novembre 1961 à La Cañada Flintridge en Californie (États-Unis).1984 : Last Chance Dance (court métrage). 1987 : Trois heures, l'heure du crime. 1990 : Les Anges de la nuit. 1992 : Sang chaud pour meurtre de sang-froid. 1996 : Vengeance froide. 1988 : U2: Rattle and Hum (documentaire sur U2). 1999 : Entropy. 2006 : Rédemption. 2012 : Dirty Laundry (court métrage). 2016 : The Veil. 

Objet d'infortune s'il en est, de par son échec public aux States, sa privation de salle chez nous et la discorde entre Spielberg, producteur ayant soutiré son nom au générique, et Phil Joanou, réalisateur néophyte l'ayant trahi à concevoir une copie de Karaté Kid, Trois heures, l'heure du crime est une perle rare comme on en voit peu dans la comédie. Autrement dit un vrai film culte que ce teen movie décalé parvenant à imprimer sa propre personnalité afin de se démarquer de l'ornière codifiée. Le réalisateur demeurant scrupuleusement attentif à sa réalisation inventive, tant en terme de souci technique (avec des effets de style alambiqués ou saccadés annonciateurs de la série Parker Lewis !) qu'idées retorses parfois génialement décomplexées (la drague improvisée entre Jerry et sa prof en plein cours afin d'espérer bénéficier d'heures de colle et ainsi rejeter le compromis de buddy). Et s'il nous faut un petit temps d'adaptation durant les 20/30 premières minutes si bien que l'on a un peu de mal à discerner son ambiance décalée et ses persos pas si attachants que cela, Trois heures, l'heure du crime demeure peu à peu stimulant, voir toujours plus captivant au fil des vicissitudes de Jerry multipliant les stratagèmes de dernier ressort afin de faire annuler son R.V avec la terreur du lycée Buddy Revell (endossé par le monolithique Richard Tyson littéralement imperturbable dans sa carrure de mastard suffisant). Celui-ci ayant proposé à son adversaire une baston de rue à 15h de l'après-midi dans la cour du lycée que tout le monde s'empressera d'y assister en espérant la victoire de Jerry. 

Tout cela parce que ce dernier eut le malheur de toucher l'épaule de son adversaire avec son index lors de leur rencontre improvisée dans les toilettes du lycée. Sorte de After Hours scolaire si j'ose dire, Trois heures, l'heure du crime demeure diablement réjouissant à travers l'épreuve morale (et physique) de Jerry pétrifié à l'idée de se faire massacrer par cet étranger de triste renommée. Phil Joanou dirigeant habilement ses comédiens, pour la plupart méconnus, à l'aide d'un parti-pris dépouillé dans leur jeu contracté de ne point s'adonner à la franche rigolade. Aucun esprit potache donc et c'est justement ce qui fait le charme du film de par son climat discrètement débridé utilisant à bon escient nombre de séquences ubuesques réalisées avec une expression sérieuse pour chacun des personnages juvéniles et chacun des profs à la mine impassible. Son côté jubilatoire émanant notamment de la progression morale de Jerry s'attirant tout compte fait la sympathie de ses camarades, le soutien indéfectible de sa soeur et la curiosité d'une gente féminine attirée par son éventuel courage de se mesurer au dur à cuire. Or, durant toute la journée, Jerry tâchera en secret de trouver astuces et combines pour fuir son ennemi juré. Et ce quitte à y braver l'interdit ! Ce qui nous vaudra de façon paroxystique un pugilat final remarquablement troussé à travers ses rebondissements cocasses (que les protagonistes expriment toujours avec le plus grand des sérieux) et cette montée en puissance du suspense en crescendo à savoir qui emportera la mise. 

Si Trois heures, l'heure du crime affiche modestement un charme aussi irrésistible que subtilement décalé à travers ses attachants personnages sans fard issus des années 80, il demeure aussi drôle qu'envoûtant sous l'impulsion du score de Tangerine Dream (pour rappel, le meilleur groupe instrumental au monde !) insufflant parfois une émotion exaltée lors d'intimités oniriques. On s'attache enfin et surtout au jeu craintif de Casey Siemaszko au physique ordinaire parvenant à nous enjailler et séduire dans sa fonction de pleutre en initiation valeureuse. A ne pas rater ! 

*Eric Binford

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