Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Arabian Adventure" de Kevin Connor. 1979. Angleterre. 1h34. Avec Christopher Lee, Oliver Tobias, Puneet Sira, Milo O'Shea, Emma Samms, Mickey Rooney, John Wyman.
Sortie salles France: 18 Juillet 1979.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.
Encore une fois, Kevin Connor se plaît à exhumer les mirages de l'aventure pulp avec cette série B d’un autre âge, Le Trésor de la montagne sacrée, où l’archéologie de pacotille devient prétexte à l’évasion pure, brute, presque naïve. Si le film a vieilli, comme un artefact un peu éraflé dans la poussière du temps, il en conserve pourtant la patine d’un plaisir sincère — celui du dépaysement immédiat, de la promesse d’un ailleurs aux échos perdus.
Derrière cette quête de trésor enfoui dans les replis d’un désert hostile, Connor convoque les figures d’un exotisme un peu rêche, parfois caricatural, mais jamais cynique. Le récit se déroule comme un carnet de route bonnard, tâché de sable, de sueur, et de rencontres décomplexées. Les personnages, silhouettes exubérantes dans l’éternel mirage de la gloire ou de la richesse, se débattent entre trahisons et mirages mystiques. Mais l’enjeu véritable est ailleurs : dans ce souffle d’aventure un peu perdu, ce romantisme de la fin des grandes conquêtes, comme le souligne son final édénique.
La mise en scène, discrète mais appliquée, s’offre même quelques visions insolites, presque ésotériques, comme si la montagne sacrée elle-même bruissait d’un mystère ancien — un cœur minéral battant sous la roche. La musique, simple mais évocatrice, accompagne cette virée comme un murmure de vent parmi les ruines.
Christopher Lee, impassible comme une stèle oubliée, distille ici son autorité naturelle avec un calme menaçant. Même dans un rôle plus mineur, sa simple présence magnétise l’écran, comme si chaque mot pesait le poids des siècles. Oliver Tobias, en héros de circonstance, incarne avec une nonchalance racée cet aventurier amoureux parfois faillible, partagé entre bravade et résignation. Il ne surjoue rien, mais laisse filtrer, dans ses silences, une attachante noblesse d'âme et de loyauté. Puneet Sira, dans son jeune rôle, apporte une touche d’innocence vive, parfois un peu maladroite, mais jamais fausse. Il offre au récit une ancre émotionnelle simple, presque candide, au cœur d’un monde de dupes. Milo O’Shea, enfin, s’amuse visiblement dans son rôle de prêtre excentrique. Il en fait peut-être un peu trop, mais avec une verve généreuse qui n’est jamais déplacée — un contrepoint fantasque qui colore la poussière ambiante d’un éclat d’ironie. Emma Samms, quant à elle, irradie d’un éclat discret mais tenace. Son jeu, tout en retenue, mêle une grâce un peu mélancolique à une force intérieure inattendue. Elle semble parfois perdue dans cet univers d’hommes et de poussière, mais ses regards, ses silences, trahissent une volonté farouche, presque mystique. Elle incarne moins un personnage qu’un souffle d’énigme — une présence qui traverse le récit comme une brise venue d’ailleurs.
Le Trésor de la montagne sacrée n’a pas l’ampleur des grandes fresques du genre, mais il en garde l’ombre, le parfum. Une œuvre modeste, oui, mais animée d’une foi sincère dans le pouvoir du cinéma d’aventures à l’ancienne, celui qui, sans détour, regarde l’horizon comme on fixe un mirage — avec espoir, avec fièvre.
*Eric Binford
08.05.25. 4èx
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