Sortie salles France: 8 Septembre 1993
FILMOGRAPHIE: Wolfgang Petersen est un réalisateur allemand né le 14 Mars 1941 à Emden. 1974: Einer von uns beiden. 1977: La Conséquence. 1981: Le Bateau. 1984: L'Histoire sans Fin. 1985: Enemy. 1991: Troubles. 1993: Dans la ligne de mire. 1995: Alerte ! 1997: Air force one. 2000: En pleine tempête. 2004: Troie. 2006: Poséidon. 2016 : Braquage à l'allemande
Thriller tendu comme un arc à travers l'affrontement cérébral entre un agent secret sclérosé et un tueur, ex-agent de la CIA délibéré à assassiner le président des Etats-Unis, Dans la ligne de mire s'y décline en divertissement de haut calibre sous l'impulsion d'Eastwood et Malkovich se disputant la brimade avec une ironie génialement sournoise (les réparties fusant tous azimuts même aux moments les plus précaires). Jeu du chat et de la souris impeccablement mené par un Wolfgang Petersen circonspect si bien que l'on effleure le modèle d'efficacité, Dans la ligne de mire déménage en diable entre ses actions oppressantes d'une vigueur pulsatile (les poursuites sur bitume et celle sur le toit), son suspense ciselé aux influences Hitchcockiennes (quel final anthologique en doublon !) et sa romance attachante que se partagent sans effet de manche l'agent Horrigan et l'agent Lilly Raines qu'endosse avec charme suave René Russo toute en discrétion. Autant confirmer que les genres disparates se conjuguent aisément au gré d'une ossature narrative dénuée de temps morts, qui plus est accompagnée d'une action intermittente imprévisible et jamais gratuite.
D'où l'intensité graduelle des diverses courses-poursuites exécutées avec un brio géométrique au point de s'accrocher au siège pour ne rater aucune seconde d'inattention. Rare pour ne pas le souligner dans ce type de production Hollywoodienne ne s'embarrassant guère de subtilité et d'originalité pour appâter le grand public (souvent friand d'action décérébrée). Si bien que Dans la ligne de mire demeure fréquemment retors auprès des stratégies morales d'Eastwood s'efforçant d'appréhender son pire ennemi avec une hargne toujours plus appuyée quant à l'arrogance du tueur particulièrement machiavélique à contredire son adversaire. Un duel psychologique de longue haleine également corporel puisque Petersen s'alloue d'un masochisme assumé à mettre l'épreuve notre garde du corps dépendant de son âge avancé mais délibéré à se racheter une conduite rédemptrice en tentant de sauver le nouveau président des Etats-Unis. L'intrigue y brossant donc ce joli portrait d'homme torturé par sa culpabilité de n'avoir pu empêcher l'assassinat de Kennedy en 1963. Quand bien même on en apprend autant sur le passé accablé du tueur sociopathe avide de rancoeur contre le système politique après avoir exercé dans l'une des agences de renseignement les plus réputées des États-Unis (j'ai nommé la CIA).
Formidable machine à tension scandée des performances infaillibles de Clint Eastwood (encore impressionnant en héros à la traîne) et John Malkovich (au sommet de sa carrière avec son flegme tranquille !), Dans la ligne de mire demeure un jouissif affrontement entre ses monstres sacrés se disputant la mise à coup de répliques et pugilats génialement vaniteux. Du grand spectacle intelligent donc conçu avec un art consommé du savoir-faire si bien que le temps n'y accuse aucun préjudice. On peut donc sans rougir adouber qu'il s'agit d'un des meilleurs thrillers des années 90 à revoir urgemment.
*Eric Binford
P.S: l'édition 4K est d'une beauté renversante.
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