mardi 28 janvier 2020

Le Mans 66

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Ford v Ferrari" de James Mangold. 2019. U.S.A. 2h32. Avec Christian Bale, Matt Damon, Caitriona Balfe, Jon Bernthal, J. J. Feild, Noah Jupe, Josh Lucas.

Sortie salles France: 13 Novembre 2019

FILMOGRAPHIEJames Mangold est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 16 décembre 1963 à New York, dans l'État de New York, aux États-Unis. 1995 : Heavy. 1997 : Copland. 1999 : Une vie volée. 2001 : Kate et Léopold. 2003 : Identity. 2005 : Walk the Line. 2007 : 3 h 10 pour Yuma. 2010 : Night and Day. 2013 : Wolverine : Le Combat de l'immortel. 2017 : Logan. 2019 : Le Mans 66.


Spectacle plus vrai que nature de courses automobiles pour l'enjeu d'une rivalité entre les entreprises Ford et Ferrarri (US vs Italia !), Le Mans 66 nous laisse groggy sitôt le générique de fin écoulé ! James Mangold s'épaulant du duo clinquant Christian Bale / Matt Damon au gré d'une intensité émotionnelle davantage éprouvée. Notamment eu égard de sa conclusion draconienne pour qui ignore l'improbable destinée du champion britannique Ken Miles réputé pour son franc parler et son caractère obtus. Transi de passion pour l'adrénaline de la vitesse et sa ferveur à relever les défis les plus burnés, Christian Bale crève l'écran de par sa force tranquille et de sûreté à défier ses adversaires autour de circuits à nous donner le tournis. Ainsi, doit-on souligner l'intensité des poursuites capiteuses s'enchaînant à un rythme effréné au point de nous plaquer au siège durant sa seconde partie ?! Mais à travers la rigueur du regard à la fois impassible et déterminé (en tous cas durant les courses de compétition filmées de manière lisible sur toutes les coutures et en dépit des aléas météorologiques !), Christian Bale nous interroge en filigrane sur la nécessité de se transcender pour l'enjeu d'une gageure professionnelle impartie à la passion. En somme, doit-on se sacrifier pour dépasser nos limites et ainsi laisser une trace identitaire dans l'histoire ? Et bien que son épilogue en demi-teinte nous laisse un goût inévitablement amer et mélancolique dans la bouche, on se rassure un peu des conséquences fructueuses des travaux de Ken Miles et de son acolyte Carroll Shelby communément victorieux d'avoir remportés les victoires à Daytona Beach et au Mans (même si Ken arriva second, faute d'un détail technique ubuesque).


Tant auprès de ce dernier intronisé au temple de la renommée américaine du sport automobile, que de Shelby devenant l'un des concepteurs automobiles les plus respectés et accomplis de l'histoire. Quand bien même la Ford GT 40 qu'ils eurent inventés gagna 4 victoires consécutives au Mans de 1966 à 1969. Et bien que le récit estampillé "fait divers" soit parfois romancé à des fins ludiques (notamment l'inimitié jubilatoire entre Ken et un des hauts dirigeants de Ford !), Le Mans 66 parvient à exister par lui même afin d'offrir au spectateur un moment de cinéma épique en apesanteur. Et ce sans se livrer à des démonstrations de force opportunistes quant à la sobriété de sa mise en scène éludée de fioriture car privilégiant l'ultra réalisme documenté. Qui plus est, James Mangold se permet d'étaler son intrigue sur une durée longiligne de 2h32 que le spectateur entérine sans jamais cligner de l'oeil sur sa montre. Car outre la digne complémentarité amicale de Ken / Shelby dénuée de bons sentiments (d'ailleurs sa conclusion concise - pour autant bouleversante - s'avère remarquable de pudeur humaine !), la réalisation virtuose de Mangold nous ensorcelle la vue (celle des courses à répétition) et la raison (ses réflexions sur l'élitisme, le profit des plus hauts commanditaires, l'ardeur de la passion et le dépassement de nos limites). Tant auprès de sa reconstitution historique issue des années 60, de ses seconds-rôles amiteux endossant sans complaisance une fraternité conjugale (les liens amoureux entre Ken et son épouse sont d'une vibrante sobriété, quand bien même leur fils s'écarquille des exploits de son père sans outrance expressive !) que de nos deux héros casse-cous communément en proie à la rage de vaincre les insultes italiennes à travers leur esprit d'émulation. 


Un grand moment de cinéma épuré, aussi tendre et poignant que furieusement tonique et palpitant, dépassant ainsi le cadre standard du divertissement grand public.

*Bruno

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