mardi 31 mars 2020

Vivarium. Grand Prix Nouveau Genre, l'Etrange Festival.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Lorcan Finnegan. 2019. Irlande/Belgique/Danemark. 1h38. Avec mogen Poots, Jesse Eisenberg, Jonathan Aris, Danielle Ryan, Olga Wehrly.

Sortie salles France: 11 Mars 2020

FILMOGRAPHIE: 2019: Vivarium.  2016: Without Name


Conçu comme un épisode longiligne de la 4è Dimension, Vivarium demeure une expérience cauchemardesque proprement inusitée. Car que l'on adhère ou qu'on le rejette en bloc, faute d'un climat austère aussi pesant qu'irrespirable au gré d'une intrigue nonsensique irrésolue, Lorcan Finnegan parvient à nous déstabiliser en crescendo en y invoquant un malaise tangible davantage terrifiant. Dans la mesure où son climat lourdement anxiogène émane des réactions sentencieuses des victimes en proie à une impuissance morale davantage cafardeuse. Et ce au fil de leur routine plombante dénuée d'appui amical (aucun voisin à proximité, jusqu'au bout de l'horizon !) et des réactions versatiles de leur hôte apatride qu'ils sont contraints d'éduquer en guise de fonction parentale. Le pitch, satire caustique sur la famille modèle, nous illustrant la claustration quotidienne d'un jeune couple pris au piège dans leur nouvelle demeure après l'avoir visité en compagnie d'un agent immobilier. Perdu au coeur d'une bourgade aphone où les nuages semblent se figer dans le ciel de manière similaire, ils tentent de se recréer un semblant de vie au sein de leur nouveau lieu de résidence destitué de chaleur humaine. Quand bien même dehors, la faune, la flore et la météo n'ont plus lieu d'être ! Mais au fil de leur solitude, on leur dépose un matin sur le trottoir un nouveau-né qu'ils décident d'adopter dans leur instinct maternel.


Or, cet étranger surgit de nulle part s'apparente à une sorte de mutant difficilement domptable lors de ses crises de caprices littéralement criardes. Pendant ce temps, Tom, le concubin, creuse un trou dans le jardin afin de trouver une éventuelle issue de secours d'après l'écho de certaines voix inaudibles. Voilà donc en résumé ce qui vous attend dans cet indéfinissable Vivarium que l'on redoute avec une étrange fascination malsaine eu égard de l'évolution morale de ces protagonistes mis à rude épreuve dans leur enjeu de survie. Car dénués de raisonnement face à leur ubuesque condition de déréliction, ils doivent en prime se coltiner un rejeton détestable qu'ils sont contraints de chouchouter dans leur cocon domestique. Ainsi donc, de par la puissance de certaines images lestement cauchemardesques, Vivarium créé un véritable malaise horrifique sans l'ombre d'une outrance sanguine. Tant auprès du décorum champêtre étrangement stéréotypé (quel silence assourdissant !), du foyer domestique en carton pâte comportant une TV 16/9 aux émissions cryptées, que des réactions impassibles du rejeton sans vergogne quant à son idéologie mortifère. On peut d'ailleurs y voir à travers cette expérimentation existentielle désagréablement flippante, une réflexion contre la maltraitance à travers les valeurs de la résilience et de la patience ici destinées à perdurer jusqu'au trépas. Quand bien même le sentiment omniprésent d'incommunicabilité qu'ils endurent au péril de leur propre vie tend à prouver que nous ne sommes pas conçus pour se confiner dans une solitude suicidaire.


Attention, bad-trip métaphysique dont on ne sort pas indemne, à privilégier de préférence accompagné afin que le spleen y soit moins prononcé !

*Bruno

Récompenses: L'Étrange Festival 2019 : Grand Prix Nouveau Genre
Festival international du film de Catalogne 2019 : Prix de la meilleure actrice pour Imogen Poots

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