mardi 1 septembre 2020

Dernier train pour Busan. Cheval noir du Meilleur Film, FanTasia 2016.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com 

"부산행 / Train to Busan" de Yeon Sang-ho. Corée du Sud. 2016. 1h58. Avec Gong Yoo, Kim Soo-an, Jeong Yu-mi, Ma Dong-seok, Choi Woo-sik, Ahn So-hee

Sortie salles France: 17 Août 2016.

FILMOGRAPHIEYeon Sang-ho (hangeul : 연상호) est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur sud-coréen, né en 1978 à Séoul. 2011 : King of Pigs. 2013 : The Fake. 2016 : Dernier Train pour Busan. 2016 : Seoul Station.


Précédé d'une réputation élogieuse auprès des critiques internationales, Dernier Train pour Busan fut considéré comme l'un des films d'horreur les plus marquants de l'année 2016. Et s'il ne demeure pas le chef-d'oeuvre escompté, il faut avouer que le divertissement très efficace ne nous laisse nul répit de par son enchaînement de scènes d'action aussi impressionnantes que lisibles (tout du moins dans la majorité des cas). Et ce en dépit d'une réalisation sciemment épileptique afin de renforcer la démesure apocalyptique d'une catastrophe nationale ouvertement horrifique. Il faut d'ailleurs louer l'originalité de son concept à huis-clos ferroviaire même si le Pont de Cassandra était déjà passé par là avec ce virus mortel s'en prenant au compte-goutte à d'autres passagers d'un train. Délibérément gore, sans non plus céder à une vulgaire surenchère, parfois angoissant (surtout sa première partie alertant doucement du danger à venir), et même terrifiant de par la vélocité des démons carnassiers confinés en masse, Dernier Train pour Busan nous dépeint donc une contamination de toute autre ampleur lorsque les voyageurs d'un train sont sauvagement assiégés par ses zombies d'une extrême contagieux. Et à ce niveau, le film demeure très expressif lorsque ces derniers se ruent tels des enragés cocaïnés sur leurs proies souvent démunies. Ainsi, à travers l'intensité de ses séquences de siège instaurées dans ce cadre aussi exigu, Yeon Sang-ho insuffle un climat claustro assez prenant, immersif et terrifiant de par l'enjeu de survie que les voyageurs sont contraints de transcender à travers leur différence caractérielle.


Fréquemment oppressant (sans toutefois sauter au plafond) auprès d'un suspense ne relâchant que rarement la pression, Dernier Train... se démarque intelligemment du produit lambda à travers l'épaisseur psychologique de ces portraits insidieux opposés entre l'esprit d'équipe et l'individualisme. Le réalisateur se focalisant principalement sur l'évolution morale d'un père embourgeoisé, un courtier en bourse trop occupé à parfaire ses affaires plutôt que d'éduquer et de chérir sa fille esseulée. Métaphore sur l'ensauvagement de nos sociétés modernes toujours plus égoïstes et orgueilleuses faute de leur confort matérialiste, Dernier train pour Busan ne cesse de prodiguer la cohésion héroïque pour contrecarrer cette violence triviale rendue incontrôlable. Et ce jusqu'à y injecter une dose d'intensité dramatique inopinée, tant auprès de sa cruauté escarpée (n'importe quel personnage peut trépasser à tous moments) que de sa dramaturgie mélancolique convergeant au sens du sacrifice et à la rédemption. Car outre l'attachement que l'on éprouve pour ces protagonistes de la dernière chance surpassant fréquemment leur courage,  c'est bien la petite Kim Su-an (le personnage le plus digne à travers son témoignage candide) qui bouleverse l'écran de par son expression naturelle à nous communiquer son désarroi, sa supplication et sa tristesse d'aider son prochain en dépit des situations de panique résolument erratiques (pour ne pas dire ingérables). Le final profondément émouvant demeurant toutefois sobre et bourru à travers la concision de séquences dramatiques d'une acuité fragile.


Excellent divertissement horrifique conçu sur la frénésie d'une action pulsatile rarement à court de carburant, Dernier train pour Busan ne manque pas d'émotions, à la fois fortes et fragiles, à travers la caractérisation de ses victimes de dernier ressort combattants leurs propres démons pour tenter d'y extérioriser le meilleur d'eux mêmes. Ce qui est loin d'être profitable lorsque l'on constate les dégâts du charnier, lorsque l'on établit le constat final de cette tragédie humaine à faible lueur d'espoir. 

*Bruno
2èx

Ci-joint le classique du film catastrophe d'infectés auquel Dernier Train... y fait implicitement référence.


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