de Sam Peckinpah. 1971. Angleterre/U.S.A. 1h57. Avec Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, T.P. McKenna, Del Henney, Jim Norton, David Warner,
Sortie salles France: 9 Février 1972. U.S: 29 Décembre 1971
Film classé R par le MPPA à sa sortie en salles aux Etats-Unis, classé X à sa sortie au Royaume-Uni, et interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles en France.
FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984. 1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.
"Ceux qui ont recours à la violence deviennent sourds au langage de la raison et aveugles aux réalités qui témoignent de sa nuisance." Logan Pearsall Smith.
Considéré comme le film américain le plus controversé des seventies en terme d'ultra violence parmi ses confrères Orange Mécanique et Délivrance, Les Chiens de Paille reste sans doute l'oeuvre la plus éprouvante du trio de par son intensité requise où la folie meurtrière atteint son paroxysme lors d'un point d'orgue de règlements de compte. Le pitch: Un couple de mariés s'installe dans une ferme anglaise, contrée natale de la jeune épouse. Afin d'arranger la toiture de leur grange, ils font appel à des ouvriers ne tardant pas à manifester leur attirance lubrique pour Amy, la femme du propriétaire.
Drame conjugal, survival et Vigilante movie se télescopent pour mettre en exergue le traitement de la discorde, de la violence et de l'instinct primitif enfoui en chacun de nous. Les Chiens de Paille s'édifiant en film "monstre", l'illustration radicale de la déchéance humaine lorsqu'une poignée d'insurgés sont soumis au rapport de force les poussant à commettre des actes irréparables. Profondément dérangeant et malsain (un sentiment trouble d'appréhension plane dans l'atmosphère jusqu'au carnage final), Sam Peckinpah nous entraîne ici dans une descente aux enfers, une dérive meurtrière jusqu'au-boutiste lorsqu'un mathématicien timoré et peu affirmé décide d'extérioriser sa colère afin de déjouer l'entêtement d'assaillants voulant pénétrer à l'intérieur de sa propriété.
Précédemment mis au défi par sa femme immature l'ayant sollicité à lui prouver qu'il serait apte à tenir tête à une bande de provocateurs, David profite de l'occasion pour lui démontrer son autorité et mettre en pratique une rébellion insoupçonnée afin de pouvoir gérer une situation de crise. Les conséquences de cet état de siège émanant de son soutien envers un villageois qu'il eut recueilli chez lui après l'avoir renversé avec son véhicule. En attendant le médecin et la police, il décide donc de le prémunir contre la menace d'alcoolos revanchards. Spoiler ! Mais le hic s'avère que cet individu déficient commis un meurtre accidentel auprès d'une adolescente. Fin du spoiler. Fermement persuadés qu'il s'agit bien du coupable, le père de cette dernière et ses acolytes décidèrent d'encercler la ferme afin de réparer justice. Si dans cette dernière partie on pouvait craindre que le récit allait bifurquer vers la vengeance expéditive du point de vue du mathématicien (son épouse ayant été préalablement violée par deux des ouvriers !), Sam Peckinpah renforce le malaise si bien que David se transforme en machine à tuer uniquement par esprit de défi afin de préserver Spoiler ! le meurtrier d'une adolescente. Fin du Spoiler. De par l'illustration crue du double viol commis précédemment, là encore le cinéaste impliqua un malaise trouble afin de souligner l'ambiguïté morale d'une jeune épouse instable et aguicheuse, partagée entre peur et dégoût d'une sexualité forcée et celui d'un soupçon de laxisme accordé à l'un de ces agresseurs (ce dernier s'avérant une de ses anciennes idylles). Ainsi, en illustrant le portrait de métayers alcoolos et pervers avec celui de la complicité d'une potiche puérile, notamment sollicitée à défier la virilité de son époux, Sam Peckinpah libère les conséquences dramatiques de leur bassesse humaine. Quand bien même l'intelligence du mathématicien (il élabore scrupuleusement des pièges mortels contre l'oppresseur !) renouera avec ses pulsions animales pour s'y défendre et leur prouver son assurance impérieuse.
Chef-d'oeuvre de suspense d'une intensité rarement égalée à travers son paroxysme d'une fureur animale, Les Chiens de Paille éprouve jusqu'au malaise de par son cheminement pervers irréversible. Avec une rare lucidité dans la puissance de ces images viscérales et pour ces thèmes traités, il nous interroge sur l'influence de la violence et l'engrenage de l'auto-défense lorsque l'instinct primitif y réveille nos pulsions les plus morbides.
La critique du Remake 2011: http://brunomatei.blogspot.com/2011/12/les-chiens-de-paille-2011-straw-dogs.html
Dédicace à Daniel Aprin
Bruno Matéï
4èx
Salut Bruno
RépondreSupprimerbelle analyse. Il se trouve que je l'ai regardé samedi dernier ,3ème fois en 20 ans, ce n'est pas le film qu'on regarde le plus souvent non plus et pourtant....quelle leçon de mise en scène de la part de Peckinpah dans ce home-invasion incroyablement moderne. La métamorphose du personnage interprété par Dustin Hoffman est totalement crédible et la composition de l'acteur est bluffante.
Salut Laurent, merci à toi et je rejoins autant tes impressions, mon 4è visionnage m'ayant fait l'impression d'un uppercut émotionnel !
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