mercredi 1 octobre 2014

The Crazies / La Nuit des Fous-vivants

                                            
               (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site silverferox.blogpost.com. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

de Georges A. Romero. 1973. U.S.A. 1h43. Avec Lane Carroll, Will MacMillan, Harold Wayne Jones, Lloyd Hollar, Lynn Lowry, Richard Liberty.

Sortie salles France: 5 Juillet 1979. U.S: 16 Mars 1973

FILMOGRAPHIE: George Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead.


"L’Amérique sous quarantaine : folie blanche sur fond de nappe phréatique"

Réalisé cinq ans après La Nuit des Morts-Vivants, The Crazies annonce déjà la couleur — blafarde — d’une apocalypse imminente, prémices de celle déployée dans Dawn of the Dead.
Tourné dans l’urgence avec un réalisme quasi documentaire, le film déploie cette même vigueur de montage, cette même violence sèche, où une poignée de survivants se retrouve à lutter, non contre des zombies, mais contre la brutalité aveugle de militaires en combinaison blanche. Un chaos qui évoque immanquablement le prologue de Zombie, lorsque la milice enfonce les portes d’un ghetto afro-américain et portoricain, ravagé par les morts-vivants.

Le pitch : placée en quarantaine, la ville d’Evans City passe sous la coupe de la loi martiale, après qu’un virus a contaminé une partie de la population. Très vite, la situation dégénère. Certains refusent de se plier à l’autorité, et cinq résistants prennent la fuite, réfugiés dans une campagne aussi vaste que toxique.


Tourné avec un budget dérisoire et porté par des comédiens souvent inconnus, The Crazies souffre de sa mise en scène fauchée, mais c’est précisément ce qui renforce son aspect docu-vérité. Ses défauts se fondent dans une atmosphère réaliste de crise sanitaire erratique, où les habitants deviennent tributaires d’une contamination invisible. Le récit, fertile en rebondissements, repose moins sur le spectaculaire que sur la tension brute : celle d’une quarantaine bâclée, imposée par des militaires irascibles à une population laissée dans l’ignorance, errante dans un brouillard d’incompréhension et de peur. Les victimes sombrent subitement dans la folie, puis dans le meurtre, après qu’un avion militaire s’est écrasé en relâchant un agent chimique dans la nappe phréatique.

Encore une fois, George A. Romero capte avec un réalisme mordant la folie latente d’un monde contaminé, et montre comment la peur, la panique, et la paranoïa mènent les hommes à leur propre ruine. Méfiance, incommunicabilité, défiance : chacun se replie sur soi, seul face au chaos. En prime, le mensonge politique s’invite : l’armée, pour se couvrir, évoque un accident nucléaire plutôt qu’un échec d’arme chimique — dont elle est pourtant l’instigatrice.


Une satire mordante sur la peur de l'autre et de l'inconnu
Efficace, psychologiquement terrifiant, subversif, The Crazies déploie un pamphlet acide contre l’autoritarisme et les armes chimiques. Le sang coule, mais il souille autant les mains des militaires que celles des résistants, corrompus à leur tour dans une violence d’autodéfense. En dépit de sa maladresse et de son manque de rigueur formelle — qui, paradoxalement, lui donnent sa puissance brute —, le film reste une fascinante étrangeté aussi glaçante que désespérée. Un portrait sans fard de l’hypocrisie humaine, où l’individualité se désagrège dans la peur, et où l’inconnu devient le reflet terrifiant de soi-même.

*Bruno
4èx. 14.05.25. Vostf

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