Photo empruntée sur Google, appartenant au site arte.tv
de Tobe Hooper. 1981. U.S.A. 1h39 (
Uncut). Avec Elizabeth Berridge, Shawn Carson, Jeanne Austin, Jack McDermott, Cooper Huckabee.
Sortie salles France:
24 Juin 1981. U.S:
13 Mars 1981
FILMOGRAPHIE:
Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.
"La foire aux monstres intimes".
À peine remis du succès scandaleux de Massacre à la Tronçonneuse et du non moins poisseux Crocodile de la Mort, Tobe Hooper replonge dans l’horreur avec son troisième long-métrage : un slasher hybride, au décor original et au titre significatif — Massacre dans le Train Fantôme. Derrière cette appellation française racoleuse se devine, en filigrane, une manière tacite de rappeler que l’auteur du film d’horreur le plus sulfureux des années 70 est de retour derrière la caméra.
Quatre étudiants décident de passer frauduleusement la nuit dans un train fantôme, sans se douter qu’ils seront les témoins d’un meurtre sordide. Traqués, ils doivent désormais sauver leur peau. À partir d’une trame plus finaude qu’il n’y paraît, Hooper exploite les codes du slasher avec une inventivité rare, multipliant les rebondissements et insufflant une tension dramatique palpable. Le tueur masqué, loin d’être un simple boogeyman, n’est ici que l’instrument d’un maître-chanteur — son propre père ! Après avoir étranglé une foraine au terme d’un rapport sexuel trouble (séquence d’une suggestion glauque, d’autant plus dérangeante si l’on suppose qu’il s’agit de sa propre mère), le meurtrier, affublé d’un masque de Frankenstein, implore l’aide paternelle pour faire disparaître le corps. Ayant assisté à la scène, nos quatre intrus deviennent les victimes désignées — sacrifiés pour avoir eu la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment. D’autant que le monstre lui-même, freak déficient en quête d’amour, s’avère aussi victime que bourreau, dominé par l’autorité écrasante d’un père sadique. Sa tendresse envers l’héroïne laisse poindre une lueur d’humanité dans ce carnaval de cruauté.

Esthétiquement flamboyant, sublimé par un format scope et une palette d’éclairages polychromes, Hooper accorde une attention méticuleuse à la scénographie foraine : manèges à sensations, spectacles de magie, shows érotiques. La première demi-heure s’érige ainsi en véritable déclaration d’amour à cet univers de foire, alors que les jeunes flânent entre les attractions dans une atmosphère de légèreté enfumée. Mais le ton sarcastique et bon enfant bascule vite vers l’angoisse, une fois nos protagonistes piégés dans l’antre du train fantôme. En jouant sur la théâtralité grotesque des automates ricanants, Hooper distille un climat en demi-teinte : aussi attractif qu’oppressant. L’irruption brutale des pièges et la multiplicité des menaces (deux tueurs s’ajoutent à la fête !) brisent les codes, jusqu’à détourner les clichés du genre : la blonde ne montre rien, la brune pudique s’expose. Le film, au fil de sa descente aux enfers, cultive un malaise diffus et adopte un rythme haletant, jusqu’à l’état de marasme mental de l’unique survivante. Impossible de ne pas songer à Massacre à la Tronçonneuse, quand l’héroïne, submergée de visions, semble vaciller aux portes de la folie.

"Les Rails de la démence".
Captivant, claustro, halluciné, Massacre dans le Train Fantôme réinvente le slasher en délocalisant l’horreur au cœur d’un parc d’attractions, réceptacle de nos peurs d’enfance. Si la psychologie des ados aurait mérité un surcroît de profondeur, ils n’en demeurent pas moins attachants dans leur lutte désespérée vers la sortie. Hooper orchestre une tension de tous les instants, flirtant avec le sordide dans une fable baroque sur la monstruosité héréditaire. Le regard ambigu du petit frère de l’héroïne — aussi moqueur que lâche, puis cruellement indifférent — ajoute une note de perversion domestique à cette fresque empoisonnée. Parsemé de clins d’œil aux classiques Universal, ce conte sardonique aux allures de film de monstres distille une atmosphère vénéneuse, où s’épanouissent les exactions d’une filiation dégénérée. Un bijou noir, encore plus scintillant qu’à l’époque de sa sortie.
Bruno
25.01.14. 5èx (127)
laurent4 mai 2014 à 13:18
RépondreSupprimersalut Bruno
Rien à ajouter, "Funhouse" est un film d'horreur comme on les aime, malin, tordu, humain, que l'on regarde pour pimenter son samedi soir d'un soupçon de frayeur mais qui ne fait rien d'autre que nous montrer une fois de plus le triste spectacle de la misère humaine.
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Une très belle collection qui met l'eau à la bouche, mais aucun lien ?
RépondreSupprimerNavré de te décevoir mais il n'y a aucun lien sur ce blog. Il s'agit tout simplement de rendre hommage à l'écrit aux films essentiels du cinéma Fantastique et d'autres genres.
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