mercredi 14 novembre 2018

Natty Gann. Prix du Meilleur espoir féminin pour Meredith Salenger, Young Artist Award.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Journey of Natty Gann" de Jeremy Kagan. 1985. U.S.A. 1h42. Avec Meredith Salenger, John Cusack, Ray Wise, Lainie Kazan, Scatman Crothers, Verna Bloom, Barry Miller.

Sortie salles France: 5 Février 1986. U.S: 27 Septembre 1985

FILMOGRAPHIEJeremy Kagan est un réalisateur américain né le 14 décembre 1945. 1972 : Columbo - Le grain de sable (TV). 1974 : Unwed Father (TV). 1974 : Judge Dee and the Monastery Murders (TV). 1975 : Katherine (TV). 1977 : Scott Joplin. 1977 : Héros. 1978 : La Grande Triche. 1981 : L'Élu. 1983 : L'Arnaque 2. 1985 : Natty Gann. 1986 : Seule contre la drogue (Courage) (TV). 1987 : Conspiracy: The Trial of the Chicago 8 (TV). 1989 : Big Man on Campus. 1990 : Descending Angel (TV). 1991 : Par l'épée. 1994 : Roswell, le mystère (TV). 1997 : Color of Justice (TV). 1997 : Cœur à louer (TV). 2001 : La Ballade de Lucy Whipple (TV).2002 : Bobbie's Girl (TV). 2004 : Crown Heights (TV). 2007 : Golda's Balcony.


Une production Disney écolo et sociétale sous sa période la plus déférente.
Produit par Disney au milieu des années 80, Natty Gan est un récit d'aventures à la fois exaltant et haletant, l'épopée humaine d'une ado débrouillarde en initiation de survie, faute d'un contexte de crise sociale des années 30. Parce que son père dû précipitamment l'abandonner pour décrocher un emploi à 3000 kms de leur bercail, Natty s'enfuit du foyer d'une mégère surveillante afin de tenter de le retrouver. Constamment ballottée d'un train de marchandise à un autre, ses pérégrinations l'amènent à fréquenter des citadins intolérants et tantôt avenants, une police et une milice drastiques ainsi que de jeunes marginaux aussi désoeuvrés qu'elle. Quand bien même durant son itinéraire forestier elle se lie d'amitié avec un loup entraîné aux combats de chiens. Hymne à la nature et à l'amour du loup livré comme l'héroïne à la solitude, à l'autonomie et à l'exil, Natty Gann fait naître une sincère émotion au fil de leur parcours d'endurance semée de rencontres hostiles mais aussi amiteuses. Sans céder aux sirènes de la mièvrerie (suffit de prendre comme exemple les rapports timidement sentimentaux de Natty avec l'itinérant Harry et de s'émouvoir sans fard Spoil ! de leurs adieux sur le quai fin du Spoil), Jeremy Kagan  s'extirpe honorablement du produit imberbe de par son intégrité à illustrer une solide histoire d'amour et d'amitié nullement racoleuse. Celle envers la nature (véritable bouffée d'air frais), envers la faune et envers l'homme le plus loyal.


Tant auprès du loup protecteur humanisé par sa maîtresse, de l'étranger Harry en quête d'un toit, que du père, leader syndical rongé par le remord, le désagrément et l'affres de l'incertitude depuis la disparition inexpliquée de sa fille. Emaillé de péripéties, bévues, accalmies et rebondissements parfois étonnamment spectaculaires (le saut à haut risque pour accéder à un des wagons, l'emploi vertigineux du père de Natty enrôlé bûcheron dans des chantiers forestiers), Natty Gan fait vibrer la corde sensible sans se complaire dans le pathos ou une facilité lacrymale. Et lorsque les larmes tombent lors d'un final binaire à la fois émouvant et rédempteur, on reste accroché à la dignité, notamment grâce à la prestance dépouillée des comédiens. Particulièrement Meredith Salenger étonnamment simple, fraîche et naturelle en héroïne en herbe animée par l'espoir et sa tendresse pour son père. Magnifiquement photographié dans des paysages naturels édéniques alors que sa fidèle reconstitution historique nous remémore un dramatique épisode de crise sociale, Natty Gann se permet avec un réalisme parfois douloureux de rendre hommage à ces chômeurs démunis d'autant plus chassés de leur foyer sous une dictature bien-pensante (notamment auprès d'une milice sans vergogne).


Beau, simple et vibrant d'humanité à travers un périple bucolique flirtant avec le conte (prod Disney oblige sous sa période la plus révérencieuse !), Natty Gann se décline comme un superbe récit initiatique. Une leçon de tolérance tant auprès du domptage de l'animal sauvage que du prolétaire exploité comme du bétail lors d'un contexte historique de "grande dépression".  

* Bruno
2èx

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