jeudi 16 mai 2019

Les Désaxés

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site vertical-story.com

"The Misfits" de John Huston. 1961. U.S.A. 2h05. Avec Marilyn Monroe, Clark Gable, Montgomery Clift, Eli Wallach, Thelma Ritter, James Barton, Estelle Winwood, Kevin McCarthy.

Sortie salles France: 19 Avril 1961. U.S: 1 Février 1961

FILMOGRAPHIE: John Huston est un réalisateur et acteur américain, né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri, et mort le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island aux États-Unis.1941 : Le Faucon maltais. 1942 : L'amour n'est pas en jeu. 1942 : Griffes jaunes. 1943 : Report from the Aleutians. 1945 : La Bataille de San Pietro. 1948 : Le Trésor de la Sierra Madre. 1948 : La Folle Enquête. 1948 : Key Largo. 1949 : Les Insurgés. 1950 : Quand la ville dort. 1951 : La Charge victorieuse. 1951 : African Queen. 1952 : Moulin Rouge. 1953 : Plus fort que le diable. 1956 : Moby Dick. 1957 : Dieu seul le sait. 1958 : Le Barbare et la Geisha. 1958 : Les Racines du ciel. 1960 : Le Vent de la plaine. 1961 : Les Désaxés. 1962 : Freud, passions secrètes. 1963 : Le Dernier de la liste. 1964 : La Nuit de l'iguane. 1966 : La Bible. 1967 : Casino Royale. 1967 : Reflets dans un œil d'or. 1969 : Davey des grands chemins. 1969 : Promenade avec l'amour et la mort. 1970 : La Lettre du Kremlin. 1971 : Les Complices de la dernière chance. 1972 : La Dernière Chance. 1972 : Juge et Hors-la-loi. 1973 : Le Piège. 1975 : L'Homme qui voulut être roi. 1976 : Independence. 1979 : Avec les compliments de Charlie. 1979 : Le Malin. 1980 : Phobia. 1981 : À nous la victoire. 1982 : Annie. 1984 : Au-dessous du volcan. 1985 : L'Honneur des Prizzi. 1987 : Gens de Dublin.


Echec public et critique lors de sa sortie si bien que l'on peut évoquer le "chef-d'oeuvre maudit" alors que ce soir je le découvris pour la 1ère fois, Les Désaxés dégage une chétive puissance dramatique sous l'impulsion de la radieuse Marilyn Monroe accompagnée de ses partenaires virils Clark Gable,  Montgomery Clift, Eli Wallach, communément époustouflants de force tranquille et de cynisme dans leur orgueil machiste. Illustrant les virées effrontées de 3 ploucs et d'une potiche décervelée qu'ils tentent insidieusement de courtiser en catimini, les Désaxés est à mon sens un choc émotionnel inusité eu égard de son âge avancé plus vivifiant que jamais (il date de 1961) et de la fragilité de Marilyn Monroe irradiant l'écran à chaque seconde (c'est peu de le dire !). Connaissant mal sa filmographie, je ne serai pour autant nullement surpris qu'il s'agisse en l'occurrence du rôle de sa vie alors qu'elle hésita dans un premier temps à s'y laisser convaincre selon le scénariste Arthur Miller  (son propre époux à la ville). D'ailleurs, Marilyn décédera quelques mois après ce tournage à l'âge de 36 ans, quand bien même son partenaire Clark Gable (davantage émouvant en amant autoritaire naïf mais en voie de réflexion introspective) succombera à un infarctus quelques semaines plus tard.


De par sa douceur de miel inscrite dans la générosité, son ultra sensibilité et émotivité (notamment pour la cause animale lors d'une ultime partie de chasse d'une intensité grave parfois insupportable) et son hyper naïveté à se laisser berner par ses alcoolos du samedi soir, chasseurs de chevaux en lieu et place d'indépendance professionnelle, Marilyn porte le film sur ses épaules avec une grâce démiurge. Pathétiques, dérisoires, car affligeants de médiocrité à travers leur inculture, leur égoïsme et leur lâcheté, ces 3 énergumènes nous sont représentés comme les derniers cowboys de la mythologie de l'ouest se vautrant dans la facilité, l'ennui et les beuveries, reflets de leur ignorance intellectuelle. Pour autant, depuis leur rencontre avec la pin-up de leur rêve qu'ils dupent à leur guise; deux d'entre eux vont parvenir à s'assainir, se remettre en question puis finalement éprouver regret et tolérance envers la révolte de Roslyn traumatisée par leurs actes de brutalité. Un rodéo de longue haleine car y traquant des chevaux sauvages pour les revendre au chaland en guise de victuaille. Poignant, voir même bouleversant, à travers les yeux si émotifs de la candide Marilyn en proie à un tourbillon émotionnel de rude épreuve (elle est constamment ballottée par ses partenaires lubriques avant de témoigner, le regard horrifié, de leur traque aux chevaux en plein désert solaire), Les Désaxés dégage un sentiment constant d'amertume, de désespoir et de désillusion à travers les postures lâchement héroïques de ses cowboys perfides ne comptant que sur leur propre ego. Et pourtant, c'est à travers la rébellion de celle-ci que ces derniers (tout du moins 2 d'entre eux !) devront se jauger à une prise de conscience, une réflexion sur leurs actes de violence lâchement perpétrées sur l'animal.


Chef-d'oeuvre d'élégie romantique que la fragile Marilyn tente désespérément de solliciter auprès de la posture virile de Clark Gable, Les Désaxés demeure finalement un périple initiatique sur la rédemption, la loyauté de la fidélité et la remise en question morale à travers les thèmes épineux de la violence, l'ignorance, la marginalité et l'innocence. Mythique et éprouvant. 

*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire