vendredi 30 juillet 2021

J.F partagerait appartement

                                            
                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site grainandnoise.wordpress.com

"Single White Female" de Barbet Schroder. 1992. U.S.A. 1h48. Avec Bridget Fonda, Jennifer Jason Leigh, Steven Weber, Peter Friedman, Stephen Tobolowsky, Frances Bay

Sortie salles France: 16 Septembre 1992. U.S: 14 Août 1992

FILMOGRAPHIEBarbet Schroeder est un réalisateur et producteur, de nationalité française d'origine suisse, né le 26 Août 1941 à Téhéran (Iran). 1969: More. 1972: La Vallée. 1976: Maîtresse. 1984: Tricheurs. 1987: Barfly. 1990: Le Mystère Von Bulow. 1992: J.F partagerait appartement. 1995: Kiss of Death. 1996: Before and after. 1998: l'Enjeu. 2000: La Vierge des Tueurs. 2002: Calculs Meurtriers. 2007: l'Avocat de la terreur (Documentaire). 2008: Inju, la Bête dans l'ombre. 2009: Mad Men (série TV). 2015: Amnesia.


"Les années 90 et leur thriller domestique resté dans les mémoires." 
Surfant sur la vague du thriller érotique initié par Liaison Fatale puis Basic Instinct, JF partagerait appartement adopte le principe du psycho-killer hollywoodien avec efficacité et savoir-faire. Le pitchA la suite d'une annonce, Hedy se présente à l'appartement d'Allie pour s'y partager une collocation. Rapidement, les deux locataires parviennent à entamer une relation amicale en dépit de la nouvelle intrusion de l'ancien amant d'Allie. Mais peu à peu, Hedy éprouve des signes de jalousie envers leur réconciliation. Un pitch simpliste et prévisible que l'artisan Barbet Schroder parvient à imprimer sur pellicule au gré d'un percutant suspense toujours soutenu, et ce avant de se laisser chavirer vers les conventions lors d'un final sanglant pour autant intense, haletant et assez convaincant. Pour ce faire, il compte avant tout sur le jeu mesuré de son duo féminin pleinement convaincant à travers leur affrontement psychologique de longue haleine où l'une ne cesse de s'interroger sur l'ambiguïté morale de l'autre constamment fureteuse et envieuse. Hedy (Jennifer Jason Leigh) demeurant une fille solitaire profondément perturbée (pour ne pas dire traumatisée) depuis la mort accidentelle (?) de sa soeur jumelle. Ainsi, incapable de se pardonner sa culpabilité, Hedy, en mal d'affection et de rédemption, tente de renouer une amitié (amoureuse) indéfectible auprès de sa co-locataire Allison Jones. 


Trouble, malaisante, saisissante, voire parfois même épeurante, Jennifer Jason Leigh porte l'intrigue sur ses frêles épaules avec une force d'expression lestement dérangée. La jeune actrice insufflant un jeu taciturne et insidieux davantage malsain au fil d'un climat vénéneux agrémenté de morts quelque peu horrifiques. Barbet Schroder exploitant d'autant mieux les pièces de l'immeuble académique (façon Rosemary's Baby) auquel finira par s'y jouer une partie de cache-cache pour la survie entre victime et bourreau. Un ascenseur, une chambre ou un salon se déclinant en huis-clos étouffant lorsque les victimes se retrouvent prises au piège en tentant désespérément d'y invoquer de l'aide par l'entremise d'un téléviseur, d'internet ou d'un téléphone. Quant à Bridget Fonda, petite bout de femme gironde ultra sexy, celle-ci n'a rien à envier à sa rivale en proie autrement influençable un brin naïve à pardonner un trop facilement l'adultère de son amant et la folie meurtrière de sa rivale résolument amoureuse d'elle. De par sa personnalité assez sensible, son indulgence humaine et sa lucidité d'y cerner peu à peu la personnalité torturée de sa comparse, Bridget Fonda nous provoque une empathie méritoire, notamment auprès de son initiation héroïque à se mesurer à Hedy avec une détermination assez véloce, voire également retorse (son opposition dans l'ascenseur, sa planque dans un conduit). 


Psycho-killer grand public jouant habilement avec les nerfs du spectateur (tout du moins 1h30 durant avant la facilité des confrontations explicites pour autant percutantes), J.F Partagerait appartement  repose beaucoup sur les talents indiscutables de son duo féminin en y cultivant à terme une fascinante réflexion sur la dichotomie de la culpabilité et du pardon du point de vue d'une gémellité avilie par la jalousie, la rancoeur et la manipulation. Bon suspense psycho donc toujours aussi diaphane, inquiétant et captivant en dépit de scories téléphonées (bien qu'on a largement vu pire ailleurs avec beaucoup moins d'efficacité et de plausibilité).  

*Eric Binford
30.07.21. 4èx
27.10.16. 

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