lundi 13 septembre 2021

Malignant

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de James Wan. 2021. U.S.A. 1h52. Avec Annabelle Wallis, Jake Abel, George Young, Jacqueline McKenzie, Mckenna Grace, Maddie Hasson, Michole Briana White.

Sortie salles France: 1er Septembre 2021

FILMOGRAPHIE: James Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie). 2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013: Insidious 2. 2016: The Conjuring 2. 2021: Malignant. 


         Avertissement ! Sans toutefois spoiler, il est préférable d'avoir vu le film avant de lire ce qui        va suivre.

Quand James Wan se télescope à Bruno Mattei et Frank Henenlotter.
Peut-être lassé de s'adonner au film de Hantise (Conjuring / Insidious), James Wan détourne quelque peu le genre avec son nouveau métrage, Malignant transcendé d'un bouche à oreille plutôt euphorisant à défaut de rassembler les critiques assez partagées. Histoire de s'écarter des conventions du film de maison hantée commanditée d'un esprit frappeur, Malignant demeure donc efficacement troussé lors de sa première heure misant sur l'inquiétude (l'attente d'un éventuel danger, d'une menace incertaine), l'appréhension diffuse (via le silence) et l'expectative que le spectateur adoube avec une attention fureteuse quant à l'enjeu de cette énigme filiale. Le récit cumulant à rythme métronome quelques séquences chocs gratinées parmi le témoignage de Madison impuissante d'observer en direct des mises à mort surnaturelles que le tueur la contraint d'observer par télépathie (on peut aussi parler de téléportation de par l'invention de la mise en scène immersive substituant un décor domestique par un autre sans effet de coupe, sorte de fondu enchainé limpide). Alors que la police piétine, la soeur de Madison s'empare de l'enquête épineuse en se dirigeant dans l'ancienne clinique lorsque Madison fut sujette à diverses expérimentations médicales en 1993 (ce que nous suggérait le prologue déjà incongru lors de ses règlements de compte surnaturels). Celle-ci ayant été abdiquée par sa mère lors de sa naissance pour des motifs que nous ne connaîtrons que vers l'ultime étape apocalyptique. Ainsi, si le mode du thriller horrifique s'avère plutôt bien géré et formellement soigné 1 heure durant (à l'instar de son hallucinant plan séquence en surplomb dans une demeure ou de son onirisme macabre de l'extérieur d'une bâtisse ou d'un hôpital); la suite opte pour un virage à 180 degrés afin de relancer le mystère de cette vague de crimes à renfort de vendetta hyperbolique. 

Et c'est ainsi que Malignant dévoile tout son potentiel à la fois homérique et horrifique tout en rendant depuis le départ un sublime hommage au Giallo où plane l'ombre d'Argento. Et ce de la manière la plus épurée et saugrenue qui soit à travers le charisme iconique du tueur affublé d'un poignard en or massif. Le spectacle borderline, décérébré, décomplexé, frénétisé demeurant ultra jouissif auprès de ses affrontements dantesques entre le "diable" et nos héros déconcertés par une révélation aussi ubuesque qu'après tout bien réel. Bref, on marche à plein tube les yeux écarquillés en dépit de son concept totalement allumé, et c'est cela qui s'avère proprement jubilatoire. Car c'est justement ce qui fait que Malignant dégage une véritable puissance visuelle par sa folie improbable redoutablement adroite et percutante, notamment auprès de l'ultra dynamisme du montage, de l'agilité des plans s'enchainant sans répit. On peut également saluer à travers le jeu (bicéphale) de l'interprète très convaincant (dont je tairai le patronyme) sa manière éraillée de communiquer avec ses interlocuteurs par le biais du téléphone et de postes radios. Un tueur iconique donc infiniment fascinant auprès de son élégance hermétique alors que ses confrontations véloces techniquement soignées (j'insiste encore, c'est méritoire) auprès de l'inventivité des effets de caméra (parfois alambiqués) nous plaquent au siège de par son réalisme tranché. Quand bien même la jeune Annabelle Wallis dégage un véritable charme vénéneux aussi magnétique que fragilement sensuel en victime démunie tentant de s'extraire de sa prison mentale en concertation avec le tueur. Son attachante présence (quasi omniprésente) permettant notamment d'instaurer un certain suspense et une densité psychologique à travers ses fêlures morales frappées d'amnésie et de désir du dépassement de soi. Notamment pour la 1ère partie thérapeutique et ses rapports empathiques avec son entourage familial mais aussi policier (même si suspicieux du point de vue d'une lieutenant sur le qui vive quant à ses allégations farfelues). On peut enfin saluer ses crises d'hystéries horrifiées, ses hurlements stridents magnifiquement expressifs tant l'actrice insuffle un vénéneux charisme féminin de par sa tenue vestimentaire ténébreuse et son regard subtilement épeuré que Wan transfigure par la maestria de sa caméra scrupuleuse, à l'écoute de ses souffrances morales traduites dans l'impuissance. 


Basket Case.
A la fois efficacement étrange et inquiétant (en dépit de son classicisme liminaire pour autant maîtrisé avec savoir-faire comme de coutume chez Wan), puis complètement vrillé, singulier, alerte et incroyablement fascinant auprès de son imagerie horrifiante nous agressant les mirettes grâce au parti-pris décomplexé de Wan en totale roue libre (pour le plus grand bonheur des fans de Bis en ébullition), Malignant se décline en tour de montagne russe qu'il est impossible d'interrompre dès le rouage amorcé. James Wan parvenant comme par miracle par son degré de folie incorrigible à conjuguer délire saugrenu et réalisme brut de décoffrage à travers l'audace d'un twist anthologique érigé en bombe à retardement. Déjà culte, assurément, tout du moins chez les fans de délire insensé, qui plus est fier de l'être. 

*Bruno
27.08.22. 2èx

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