vendredi 29 octobre 2021

Les Damnés / The Damned

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joseph Losey. 1963. Angleterre. 1h27. Avec Macdonald Carey, Shirley Anne Field, Oliver Reed, Viveca Lindfors, Barbara Everest, Nicholas Clay. 

Sortie salles France: 30 Septembre 1964. Angleterre: 19 Mai 1963

FILMOGRAPHIE: Joseph Losey est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 14 janvier 1909 à La Crosse dans le Wisconsin et mort le 22 juin 1984 à Londres. 
1939 : Pete Roleum and His Cousins. 1941 : Youth Gets a Break. 1941 : A Child Went Forth. 1945 : A Gun in His Hand. 1947 : Leben des Galilei. 1948 : Le Garçon aux cheveux verts. 1950 : Haines. 1951 : Le Rôdeur. 1951 : M. 1951 : La Grande Nuit. 1952 : Un homme à détruire. 1954 : La bête s'éveille. 1955 : A Man on the Beach. 1956 : L'Étrangère intime. 1957 : Temps sans pitié. 1958 : Gipsy. 1959 : First on the Road. 1959 : L'Enquête de l'inspecteur Morgan. 1960 : Les Criminels. 1962 : Eva. 1963 : Les Damnés. 1963 : The Servant. 1964 : Pour l'exemple. 1966 : Modesty Blaise. 1967 : Accident. 1968 : Boom. 1968 : Cérémonie secrète. 1970 : Deux hommes en fuite. 1971 : Le Messager. 1972 : L'Assassinat de Trotsky. 1973 : Maison de poupée. 1975 : Galileo. 1975 : Une Anglaise romantique. 1976 : Monsieur Klein. 1978 : Les Routes du sud. 1979 : Don Giovanni. 1980 : Boris Godunov (TV). 1982 : La Truite. 1985 : Steaming. 


Découvrir pour la 1ère fois Les Damnés; oeuvre aussi méconnue que mal aimée alors qu'il s'agit d'une prod Hammer, est une expérience terriblement déconcertante selon mon propre jugement de valeur. Reconsidéré depuis son flop commercial et ses critiques timorées de l'époque, Les Damnés n'est nullement une oeuvre mineure vite vue vite oubliée, tant le réalisateur Joseph Losey fignole sa mise en scène auteurisante en dirigeant adroitement ses acteurs au détriment (d'une mécanique ludique) du cinéma de Genre. Le cinéaste ne cachant pas sa frilosité pour ce dernier, notamment auprès des composantes de la science-fiction et de l'horreur auquel la Hammer se fit une spécialité reconnue sur plusieurs décennies. Et cela se ressent fortement à mon sens au cours du récit apathique des Damnés filmé dans un magnifique scope monochrome tantôt envoûtant, tantôt baroque (ses statues en chiffon ou papier mâché). Le réalisateur scrupuleux prenant son temps à planter son (double) univers et ses personnages paumés au coeur d'un climat maritime éthéré sensiblement inquiétant. 


Récit d'anticipation langoureux abordant le drame, la romance et la violence à l'aide d'un parti-pris anti ludique, les Damnés est donc une oeuvre hybride difficile d'accès, de par son climat austère nonchalant et du peu d'empathie éprouvée pour les protagonistes en dépit d'un sujet brûlant stigmatisant le péril nucléaire. Ses enfants retranchés dans un labo top secret servant de cobayes pour la survie de l'humanité vouée à sa destruction. Et si sa première partie, peu à peu captivante, annonce fissa l'aura ténébreuse d'une romance à la fois désenchantée et éventuellement rassurante sur fond de règlements de compte machistes (les blousons noirs avec ce frère leader hyper protecteur envers sa soeur), la seconde partie s'avère un peu plus déroutante lorsque le couple et le frère sont contraints de s'allier au moment d'être hébergés dans une grotte par des enfants à la peau étrangement glacée. Et bien que 2/3 longueurs s'y font parfois ressentir, faute d'un rythme sporadique déstabilisant, son final nihiliste rehausse l'intérêt à travers sa dramaturgie escarpée offrant une ampleur à l'ensemble un peu plus dense et marquante. 


Remarquablement interprété (Oliver Reed en tête en blouson noir neurasthénique, la charmante Shirley Anne Field en marginale influençable) et mis en scène par l'auteur réputé Joseph Losey (Mr Klein, The Servant, le Garçon aux Cheveux Verts), Les Damnés demeure une oeuvre chorale aussi intéressante que glaçante à découvrir avec précaution faute de son climat austère limite antipathique. En tout état de cause il ne laisse pas indifférent pour les amateurs de raretés indépendantes si bien qu'un second visionnage y serait profitable afin de mieux l'apprivoiser et s'y approprier son essence hermétique. 

*Eric Binford.

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