Sortie salles France: 16 Juin 2021
FILMOGRAPHIE: Élie Wajeman est un auteur, réalisateur et scénariste français né le 21 août 1980. 2012 : Alyah. 2015 : Les Anarchistes. 2020 : Médecin de nuit.
"Dans chaque rue, il y a un inconnu qui rêve d'être quelqu'un. C'est un homme seul, oublié, qui cherche désespérément à prouver qu'il existe."
Probablement influencé par la série TV homonyme créée par Bernard Kouchner, Hervé Chabalier et Gilles Bression et diffusée entre le 22 septembre 1978 et le 27 juin 1986 sur Antenne 2, Médecin de Nuit en reprend le concept de base (la virée nocturne d'un praticien soignant ses malades à leur domicile le temps d'une nuit de labeur) sous un contexte contemporain de misère sociale (la toxicomanie juvénile) et de corruption professionnelle (trafic d'ordonnances pour la prescription de Subutex). Magnifique portrait d'un individu paumé victime de sa clémence, de sa fragilité morale et de son altruisme débonnaire, Vincent Macaigne porte le film à bras le corps au coeur de cette cité urbaine crépusculaire que l'on croirait extirpée des années 80 (alors que le film, très sombre et clinique, semble hors du temps par ce classicisme monocorde dénué de fioriture). Le réalisateur recourant avec certain souci documenté à l'ambiance anxiogène, davantage dépressive au fil des déambulations de Mickaël très attaché à prêter main forte aux plus précaires et démunis (surtout les jeunes toxicos) tout en tentant de sauver son couple en dépit de son attirance pour sa jeune maîtresse (plus lucide que lui car sans illusion).
Tous les interprètes, criants de naturel, jouant sobrement leur humanisme contrarié, empathique autour de ce médecin lunatique plongé dans un imbroglio vénal parmi la complicité du cousin Dimitri auquel il livre ces ordonnances. Riche d'intensité dramatique pour ce profil torturé se remettant sans cesse en question dans une posture contradictoire incohérente, Vincent Macaigne apporte une aspérité psychologique captivante à tenter de s'extraire maladroitement de sa besogne peu recommandable. Car anti-héros dénué de manichéisme, celui-ci cherche désespérément du fond de sa conscience démunie une main secourable puisque accablé par sa solitude et ses remords de s'être adonné à autant de charité se retournant au final contre lui. Homme enfant si j'ose dire probablement blessé par une démission parentale lors de son enfance (ça n'est que ma réflexion personnelle) et par une société arbitraire à 2 vitesses, Mickael arpente les rues parisiennes entre angoisse morale et cri de rage externe, notamment en tenant compte de ses ripostes physiques qu'il ose opérer contre ses antagonistes dénués de morale. Une manière expéditive d'y prouver son autorité au moment d'y essuyer moult menaces et chantages toujours plus draconiens.
*Eric Binford
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