Sortie salles France: 17 Novembre 2021 (Int - 12 ans). U.S: 29 Octobre 2021 (Int - 17 ans)
FILMOGRAPHIE: Scott Cooper est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né en 1970 à Abingdon, Virginia, U.S.A. 2009: Crazy Heart. 2013: Les Brasiers de la colère. 2015 : Strictly Criminal. 2017: Hostiles. 2021: Affamés.
Alors que Scott Cooper cumule avec succès les réussites à rythme métronome (Crazy Heart, Les Brasiers de la Colère, Hostiles), voilà qu'il s'essaie au cinéma d'horreur avec Affamés, modeste série B toute en ambiance diffuse et violence électrisante de par son réalisme cinglant plutôt impressionnant. Car en empruntant le mythe améridien du Wendigo (créature monstrueuse végétale affamée de chair humaine afin de préserver sa survie avant d'abriter un nouvel hôte), Scott Cooper nous offre une intéressante proposition d'horreur malsaine à la fois très sombre et dépressive. Les personnages, austères, reclus sur eux mêmes car hantés d'un passé traumatique, ayant comme point commun la famille dysfonctionnelle que le réalisateur rehausse auprès d'une ambiance malaisante qui ne lâchera pas d'une semelle l'attention du spectateur, et ce jusqu'au final ostentatoire à la fois cruel et dérangeant. Ainsi, en dépit d'un cheminement classique dénué de surprise, et de son rythme latent qui ne plaira pas à tous, Affamés rend dignement hommage au genre en s'efforçant d'y construire un climat de mystère prégnant à travers sa nature brumeuse ou nuageuse magnifiquement cadrée à l'orée d'un lac. Qui plus est renforcée d'une photo fastueuse saturée de teintes sépias et verts sombres.
Un parti-pris fructueux permettant d'y établir un contraste avec les morceaux de cadavres déchiquetés retrouvés dans la nature ou les endroits les plus insalubres ou caverneux que le réalisateur éclaire à travers une luminosité crue. Sans compter ses rares effets gores organiques parfois démonstratifs risquant de provoquer quelques haut le coeur auprès des plus sensibles. Mais si Affamés ne nous laisse pas indifférent à travers sa faculté de nous narrer un conte horrifique dans une étrange atmosphère de spleen, il le doit notamment à sa thématique de l'unité familiale lorsqu'un bambin s'efforce de suivre à la lettre l'histoire d'un conte Spoil ! en subvenant aux besoins de sa famille avide de chair humaine Fin du Spoil. Un concept aussi couillu qu'original renforçant constamment un malaise tangible auprès de cette innocence galvaudée qui déteindra sur le trauma moral de l'institutrice de la contrée autrefois abusée par son paternel. Ainsi, à travers son étude caractérielle plutôt bipolaire et sentencieuse, on reste surtout frappé par la très étrange prestance de l'acteur Jeremy T. Thomas endossant Lucas, enfant martyr doué d'un regard profondément inerte et meurtri à travers sa condition de vie désoeuvrée et sa besogne de sustenter sa famille de la manière la plus primale qui soit. Son physique indicible, limite patibulaire et maladif se prêtant à merveille à l'ambiance opaque du récit inscrit dans la désillusion. On peut d'ailleurs signaler le grand soin imparti aux effets-spéciaux, tant auprès des cadavres déchiquetés et lambeaux de chair qui émaillent le sol, de l'apparence décharnée d'un homme mutant livrée à l'état bestial que de sa créature dantesque ouvertement illustrée lors de son final paroxystique livrant quelques sueurs froides au spectateur par sa violence incisive dénuée de concession.
*Eric Binford
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