mardi 7 décembre 2021

The Burrowers /Les Créatures de l'Ouest.

                                               
                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de J.T Petty. 2008. U.S.A. 1h36. Avec Clancy Brown, William Mapother, Laura Leighton, Sean Patrick Thomas, Doug Hutchison, Alexander Skarsgard.

Sortie en France directement en Dvd.

FILMOGRAPHIEJ.T. Petty est un réalisateur et scénariste américain, né le 28 Février 1976. 2001: Soft for Digging. 2002: Mimic: Sentinel (video). 2006: S and Man. 2008: The Burrowers. 2012: Hellbenders.


Le Pitch: En 1879, dans une région déserte et dénudée des Badlands, des fermiers et une troupe militaire s'associent pour partir à la recherche d'une famille disparue. Suspectant en premier lieu les indiens de l'avoir enlevé, ils vont découvrir une révélation cauchemardesque qui ne les lâchera pas d'une semelle durant leur houleux périple. 

Inédit en salles, tant Outre-Atlantique que dans l'Hexagone, The Burrowers est une excellente surprise injustement méprisée en dépit d'une poignée de défenseurs chez certaines critiques spécialisées. Tant et si bien qu'à la 3è revoyure, cette série B réfractaire aux conventions (car ne caressant jamais dans le sens du poil le spectateur) fascine irrémédiablement à travers la chevauchée rigoureuse d'une poignée de cow-boys tentant de survivre en s'en prenant aux indiens qu'ils croient responsables de la disparition de femmes et enfants. Avec ces personnages austères peu aimables, assez individualistes, méprisables et racistes, qui plus est jamais romantisés, le spectateur a bien du mal à s'identifier à eux si bien que le cinéaste J.T. Petty nous les présente comme des quidams rigides sans volonté de nous plaire mais en restant tout simplement eux mêmes avec leurs défauts respectifs précités. Pour autant, on suit avec un intérêt davantage croissant leur errance sinueuse au sein d'une nature redoutablement hostile implantée dans le cadre du western classique. Tout du moins en apparence puisque l'horreur s'y conjuguera rapidement de manière perfide à travers un climat solaire et crépusculaire lestement malsain. Tant auprès de la menace des indiens non avares de cruauté pour se venger (mais aucunement responsables des portés disparus) que de celle des monstres voraces que le cinéaste retarde au possible afin d'accentuer leur attrait fascinant. Et à cet égard, The Burrowers marque de nombreux points en jouant la carte d'une horreur à la fois adulte, insalubre et escarpée eu égard des victimes pouvant trépasser à tous moments, jusqu'aux rôles les plus majeurs et autoritaires. 


Mais revenons un peu à l'apparence hideuse de ces créatures de l'Ouest filmés hélas en CGI lors d'effets parfois ratés mais pour autant étonnamment crédibles de par leur aspect résolument repoussant, visqueux, rampant, et leur manière insidieuse d'alpaguer leurs victimes à l'aide d'un venin paralysant. Leurs proies étant ensevelies sous terre, le temps que le cadavre y pourrisse (pour ne pas dire fermente) afin de leur servir de garde manger et manger les morceaux les plus tendres. On peut d'ailleurs y relever de bonnes idées de mise en scène lors de cadrages alambiqués, de façon à entrevoir une victime moribonde par l'orifice d'un oeil entrouvert à la surface d'un sol terreux. Des séquences malaisantes renforcées de la respiration contenue de la victime puisque enterrée vivante en ayant l'incapacité d'y bouger leur membre (à l'exception de l'index d'une main grattant par réflexe nerveux la terre ou un doigt de pied !). Et si de prime abord, le récit destructuré peine à captiver; notamment faute du classicisme de son pitch initial (retrouver en vie une famille disparue en s'en prenant aux indiens durant leur expédition criminelle) et ses persos languides, son climat westernien à la fois malsain, étrange et inquiétant s'avère toujours plus prégnant au fil de rebondissements alertes d'une violence insidieuse. Là encore, le cinéaste adopte un parti-pris draconien à travers l'épreuve de force de nos anti-héros épuisés tentant de combattre les 2 menaces dans un sentiment de désarroi et d'incompréhension assez névralgique eu égard des pièges tendus contre eux qu'ils se coltinent de façon désabusée. Le tout étant exploité dans une mise en scène dépouillée et réaliste agrémentée de séquences chocs davantage fortuites au sein d'un vénéneux climat fétide. 


Le mariage réussi du western classique et de l'horreur faisandée.
Plaidoyer écolo en faveur de la cause des bisons (que les créatures eurent autrefois l'opportunité de sacrifier pour s'y sustenter), réquisitoire contre le génocide indien pointé du doigt comme la menace intrusive du sol ricain, The Burrowers fait office d'étrangeté horrifique au sein du western vitriolé que l'on reluque avec une fascination à la fois perverse, malsaine et viscérale. A découvrir avec une vive attention donc pour les amateurs de rareté rubigineuse en dépit d'une mise en place un tantinet laborieuse (notamment faute du caractère peu empathique des personnages orgueilleux - bémol tout de même payant puisqu'ils existent par eux mêmes sans déborder -). 

*Eric Binford
07.12.21. 3èx
18.12.14. 90 v

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