Sortie salles U.S: 25 Décembre 2006
FILMOGRAPHIE: Glen Morgan est un scénariste, producteur et réalisateur américain né le 23 mai 1967 à Syracuse (New York). 2003 : Willard. 2006 : Black Christmas. 2016 : X-Files (saison 10 épisode 4). 2018 : X-Files (saison 11 épisode 2).
Dès le prologue, le réalisateur tisse tension, mystère et appréhension en alternant habilement présent et flashbacks sur les origines d’un tueur élevé dans un cadre familial dysfonctionnel. Difficile alors de bouder cette pochette surprise, formellement somptueuse - photo rutilante à tomber à la renverse -, stylisée jusqu’à la moelle, semblable à un conte de Noël dégoulinant de fiel. Entre la brutalité glaçante des meurtres (brefs mais acérés, portés par un tueur teigneux, impitoyable), et une scénographie constamment transfigurée à l’aide de cadrages tarabiscotés et d’un montage ultra nerveux sans jamais perdre en lisibilité, Glen Morgan livre un exercice de style d’une rare maestria.
On flirte sans cesse avec la semi-parodie assumée - que les critiques n’ont sans doute pas su déceler - tant le réalisateur s’amuse à grossir le trait dans les réactions parfois cartoonesques des protagonistes (féminins comme masculins), courant à l’aveugle dans un décor devenu piège de fête foraine sadique. Le tueur, lui, règne en maître dans l’art de la planque, du camouflage et de la mise à mort festive. Et pour les amateurs de gore faisandé, le film ose sans détour : arrachages d’yeux en gros plans, festin de chair crue... L’horreur y devient grotesque, presque carnavalesque, dans un jeu du chat et de la souris dont le vrai but est de profaner la culture de Noël à grands coups d’humour noir corrosif.
Prototype déviant du slasher de fêtes, Black Christmas ne se prend que rarement au sérieux — et pourtant, son réalisme acéré contredit en permanence cette désinvolture, au fil de séquences brillamment stressantes. Détonnant et généreux, ce joyau maudit du psycho-killer 2000’s, fausse série B et vraie perle d’inventivité, mérite d’être réhabilité. Le portrait du tueur, marqué par une maladie corporelle aussi monstrueuse que charismatique, en impose. Tandis que son casting féminin - pêchu, charmant, déterminé - affronte cette tempête d’hémoglobine avec une vaillance qui force l’admiration.
En définitive, Black Christmas version 2006 demeure, ni plus ni moins, l’un des meilleurs psycho-killers de sa décennie.
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