Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Allan Moyle. 1980. U.S.A. 1h51. Avec Trini Alvarado, Robin Johnson, Tim Curry, Peter Coffield, Herbert Berghof, David Margulies
Sortie salles France: 23 Septembre 1981. États-Unis : 17 octobre 1980
FILMOGRAPHIE: Allan Moyle est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur canadien, né en 1947 à Shawinigan (Canada). 1977 : The Rubber Gun. 1980 : Times Square. 1990 : Pump Up the Volume. 1992 : The Gun in Betty Lou's Handbag. 1995 : Empire Records. 1999 : New Waterford Girl. 2000 : XChange. 2000 : Jailbait (TV). 2001 : Le Piège d'une liaison (Say Nothing). 2004 : Michael Jackson : du rêve à la réalité (TV). 2006 : Weirdsville.
"Je suis un fichu clébard. Je lèche le visage. Ou je mords la joue. J'ai aussi la rage. C'est mon cadeau pour vous. Nourrissez moi. Vous m'entendez hurler ? Je suis un fichu clébard. J'aime la chair fraîche. J'aime le danger. Alors je bave et je mords les mains des étrangers."
Parfois, il y a des OFNI surgis de nulle part, qui vous happent sur votre chemin aléatoire, vous prennent par la main au moment opportun, avec l’intuition troublante qu’un film a quelque chose à murmurer - oserait-il nous susurrer à l’oreille ? Times Square appartient à cette race inusitée : un petit film subversif, presque invisible chez nous, à la réputation maigre alors qu’il s’agit d’une œuvre contestataire comme on n’ose plus en faire aujourd’hui (la séquence des téléviseurs jetés du haut des toits serait, à coup sûr, censurée de nos jours). Brouillon, oui, improvisé, désordonné même - mais jamais péjoratif. Car il est surtout chaleureux, sémillant, intègre. Et finit par vous toucher au cœur, au fil d’un récit musical attachant malgré l’ombre tragique qui plane sur sa dramaturgie finale. Le duo méconnu Trini Alvarado / Robin Johnson fait des étincelles : spontanéité éclatante, complicité vibrante, énergie insoumise. Leur escapade folle, à se moquer de toute bienséance, devient contagieuse : on les éprouve comme de vraies amies qu’on aimerait côtoyer, emportées dans leur fureur irrépressible de vivre au jour le jour, en toute autonomie.

Elles bravent les interdits - mais sans pouvoir toujours éviter de s’y brûler. Nicky, surtout, vomit une haine incontrôlable envers une société grégaire, hostile à la différence et réfractaire à la tolérance.
Times Square décrit, avec un réalisme quasi documentaire (les figurants saisis dans l’improvisation), les tribulations de deux paumées en quête de rédemption existentielle, au sein d’une faune marginale étonnamment solidaire, décomplexée, libertaire. L’une, Nicky, punkette destroy dans l’âme ; l’autre, Pamela, fille d’un bourgeois conservateur et castrateur. Leur rencontre en psychiatrie scelle le pacte : fuir leur cellule médicale, rallier Times Square, survivre de petits boulots du moment qu’elles puissent danser, chanter, s’exprimer dans une liberté aujourd’hui proscrite. Une radio locale (animée par un
Tim Curry jubilatoire) leur ouvre les ondes : Pam et Nicky s’y déploient, y crachent leur punk / new-wave au point de devenir des icônes pour toute une jeunesse assoiffée de liberté et de provocation.
Allan Moyle revisitera d’ailleurs ce même chant de révolte dix ans plus tard, avec le cultissime
Pump Up the Volume.
Radio Rebel.Soutenu par une BO symptomatique des années 80, avec des morceaux enfiévrés et des scènes musicales exaltantes (le concert improvisé sur un toit, face à une police impuissante, reste inoubliable), Times Square s’impose comme une vibrante surprise. Expressif, attachant, il avance en équilibre fragile, mi-figue, mi-raisin, entre euphorie et désillusion, dans l’évolution de ses deux anti-héroïnes. Pour les amateurs de raretés indépendantes, de culture punk / new-wave vécue dans l’insouciance, ce petit film électrique et plein de charme est à découvrir sans hésiter.— le cinéphile du cœur noir
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