mardi 9 août 2022

Elvis

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Baz Luhrmann. 2022. U.S.A/Australie. 2h39. Avec Austin Butler, Tom Hanks, Helen Thomson, Richard Roxburgh, Olivia DeJonge, Luke Bracey, Natasha Bassett.

Sortie salles France: 22 Juin 2022

FILMOGRAPHIEBaz Luhrmann est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 17 septembre 1962 à Herons Creek (Nouvelle-Galles du Sud). 1992 : Ballroom Dancing. 1996 : Roméo + Juliette. 2001 : Moulin Rouge. 2008 : Australia. 2013 : Gatsby le Magnifique. 2022 : Elvis. 


Biopic d'une légende du Rock sous l'impulsion d'un franc-tireur contestataire.
Spectacle de la démesure et de la frénésie sous l'impulsion de l'artiste solo le plus célèbre de tous les temps (il reste à l'heure actuelle inégalable en terme de vente de disques !), Elvis est un vortex émotionnel d'une durée substantielle de 2h39. Et si on peut déplorer quelques petits essoufflements durant le parcours musical de ce géant du déhanchement (sa 1ère exhibition est anthologique, MA séquence attitrée de tout le métrage !), l'émotion sensorielle ressentie à plusieurs moments (dont celle susnommée donc) emporte tout sur son passage. A l'instar également de son ultime demi-heure franchement bouleversante (alors que l'on connait l'issue mortuaire) parvenant à nous faire ressentir la détresse du King comme si nous étions à l'intérieur de son corps tuméfié par l'alcool, l'épuisement, l'isolement, les cachets. 


Outre l'incroyable fulgurance de la mise en scène retraçant le parcours d'endurance (euphémisme !) d'un chanteur révolutionnaire soumis à l'autorité véreuse de son impresario (que campe admirablement Tom Hanks dans une posture sournoise de paternel faussement prévenant), Baz Luhrmann en profite pour nous remémorer une page de l'histoire de l'Amérique à la fois puritaine (Elvis risque la prison uniquement à cause de ses déhanchements jugés trop provocateurs, violents et sexy et de ses paroles frondeuses !), complotiste (la mort de Kennedy) et ségrégationniste, comme le confirme la mort de Martin Luther King qu'Elvis voue d'admiration en tant que figure symbole de la communauté noire. Si bien que le Gospel qu'il accueillit étant enfant dans une église inspira largement son style musical et ses pas de danse dans une posture transie d'émoi que les fans contemplaient dans une fascination hystérico-obsessionnelle. On peut évidemment saluer à travers ses expression surmenées (de perles de sueur) la prestance du jeune Austin Butler se donnant à fond dans la peau fragile du King balloté tous azimuts par ses fans, son impresario et d'autres requins financiers durant toute sa trajectoire professionnelle. Tant et si bien que l'acteur parvient à nous conjuguer (sans déborder) ses euphories de la notoriété et son appréhension dépressive de perdurer dans les bravoures musicales lors d'un compromis quasi suicidaire (son ultime concertation avec son impresario lui sera 2 ans plus tard fatale). 


Dégageant une énergie pulsatile souvent impressionnante mais peu à peu destructrice au fil de l'évolution déclinante du King davantage isolé de sa famille (paternelle et conjugale) et plongé dans 
l'impasse d'une probable faillite, Elvis, le film, dégage un humanisme chétif résolument communicatif pour tenir compte de l'exceptionnel talent de ce mélomane manipulé par la plupart de son entourage (son propre père inconséquent peut d'ailleurs faire profil bas), des médias véreux et des fans faute de notre fanatisme égoïste à se figer d'admiration pour un super-héros intemporel. Du grand spectacle  épique incessamment vampirisé du montage capiteux qui laisse sans voix au générique en berne. Et probablement le meilleur film de son (inégal) auteur qui étrangement parvient ici grâce à sa traditionnelle outrance baroque à transplanter la fureur de sa réalisation habitée avec l'énergie instable d'Elvis Presley à la fois anticonformiste, novateur et ingérable à s'opposer durant toute sa carrière au diktat de la bien-pensance. 

*Bruno

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