Sortie salles France: 22 Février 1970
FILMOGRAPHIE: Pierre Granier-Deferre, né le 22 juillet 1927 dans le 9e arrondissement de Paris, ville où il est mort le 16 novembre 2007 dans le 16e arrondissement, est un réalisateur français.1961 : Le Petit Garçon de l'ascenseur. 1962 : Les Aventures de Salavin (sous-titré Confession de minuit). 1965 : La Métamorphose des cloportes. 1965 : Paris au mois d'août. 1965 : Histoires d'hommes TV. 1967 : Le Grand Dadais. 1970 : La Horse. 1971 : Le Chat. 1971 : La Veuve Couderc. 1973 : Le Fils. 1973 : Le Train. 1974 : La Race des seigneurs. 1975 : La Cage. 1975 : Adieu poulet. 1976 : Une femme à sa fenêtre. 1979 : Le Toubib. 1981 : Une étrange affaire. 1982 : L'Étoile du Nord. 1983 : L'Ami de Vincent. 1985 : L'Homme aux yeux d'argent. 1986 : Cours privé. 1987 : Noyade interdite. 1988 : La Couleur du vent. 1990 : L'Autrichienne. 1992 : La Voix. 1993 : Archipel. 1995 : Le Petit Garçon.
Flingué par la critique de l'époque (ce qui n'est guère surprenant) mais applaudi par le public français, La Horse ("l'héroïne" en terme argot) s'empare du film d'auto-défense sous la mainmise du solide artisan Pierre Granier-Deferre (le Chat, Adieu Poulet, l'Etoile du Nord, le Train). L'illustre Jean Gabin se fondant dans le corps d'un patriarche réac contraint d'arborer son fusil de chasse auprès de trafiquants de drogue zélés auquel y est mêlé son petit fils Henri. Délibéré à le protéger de la prison et de la mort par ces rivaux vénaux, Auguste Maroilleur défendra bec et ongle toute sa famille quitte à sombrer dans le criminalité parmi la complicité de certains des membres familiaux. Et ce qui semblait à la base un pitch éculé surfant sur le sous-genre du Vigilante Movie devient sous la houlette de Deferre un excellent divertissement autonome, inventif, inquiétant, anticonformiste de par son absence de moralité régie autour de cette famille paysanne en étroite concertation. Ainsi donc, le réalisateur parvient louablement à ne pas sombrer dans les clichés triviaux du film d'auto-défense que l'on connait par coeur. Au contraire, il parvient à se démarquer de ses concurrents de par l'adresse de sa mise en scène faisant vivre ses protagonistes ruraux sous l'égide du renfrogné Gabin motivé par sa droiture d'une hiérarchie familiale auquel il laisse s'exprimer ses réparties tranchées.
La densité de la mise en scène accordant notamment une grande attention aux décors domestiques et naturels afin de nous immerger dans cette scénographie rustique où les animaux y paieront parfois un lourd tribut. A cet égard, et pour rassurer les fervents défenseurs de la cause animale (dont je fais parti), l'incroyable traque mortelle contre les vaches n'est aucunement un snuf selon les allégations de Jean Gabin de par l'habileté du montage au réalisme saisissant pour nous faire croire à l'impensable. Même si personnellement je trouve que la séquence assez pénible par sa répétition brutale s'attarde un peu trop dans la temporalité à pourchasser les vaches sans relâche (anesthésiées aux médocs donc par des vétos ou préalablement mortes en dehors du tournage). On peut donc parler de films d'acteurs (entourés d'attachants seconds-rôles) solidement investis dans cette vendetta paysanne que Jean Gabin monopolise avec son bagout proverbial qu'on lui connait. Qui plus est, et il est primordial à mon sens de le souligner, la musique composée par Gainsbourg et Michel Colombier renforce cette aura singulière pour rendre compte de l'hostilité de son atmosphère feutrée instaurée en crescendo dès que les vaches trépassent de la manière la plus vile et sournoise.
La Horse demeure donc du cinéma à l'ancienne comme on n'en fait hélas plus depuis fort longtemps. Ou plus objectivement un moment de cinéma artisanal assez excitant, étonnamment baroque même dans la paysage français, et passionnant à traiter du thème d'auto-défense au sein d'une hiérarchie paysanne à la complicité contagieuse. Et ce tout en prônant, selon la doctrine du patriarche castrateur, des valeurs conservatrices issues de son époque révolue qu'il chérit tant. Solidement mis en scène parmi l'intelligence de l'auteur à ne jamais sombrer dans la surenchère et la facilité routinière, La Horse est un spectacle anticonformiste saturé de l'audace d'une conclusion déroutante qui plus est tourné subtilement en dérision.
*Bruno
Ci-joint l'interview de Jean Gabin rassurant les spectateurs de ne pas avoir sacrifié les vaches au moment du tournage.
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