mardi 26 août 2025

Together de Michael Shanks. 2025. U.S.A/Australie. 1h42.

                                  (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

                                                     "Le vertige organique de Together"

Choc thermique !

Cette année déjà, l’horreur nous avait surpris par quelques éclats inattendus : The Ugly Stepsister, Bring Her Back, Évanouis, et dans une moindre mesure Dangerous Animals. Or voici qu’un dernier venu s’invite dans la danse macabre : Together. Le renouveau de l’horreur organique. Ni plus, ni moins.

Car si l’on pensait avoir tout vu en matière de body horror, depuis les dérives cliniques de Cronenberg, Carpenter ou encore Coralie Fargeat avec The Substance, Michael Shanks démontre qu’il est encore possible de réinventer l’horreur sensorielle, pour peu qu’on y croie avec une foi absolue. Together respire cet amour du genre : il nous invite à une expérience viscérale, hyper crédible dans sa mise en image, cherchant à nous terrifier de la manière la plus sensitive qui soit. Tant et si bien que, de mon point de vue subjectif (car tout cela reste affaire de ressenti), Together s’impose comme l’un des films les plus terrifiants que j’aie vus au sein d’une moisson de classiques imputrescibles.

Un concept à la fois simple et ravageur, derrière sa satire au vitriol sur les valeurs du couple, de la confiance à la fidélité en passant par la peur de l'engagement. Jugez plutôt : Tim, indécis face à la demande en mariage de Millie, vacille dans sa relation. Mais après une chute accidentelle dans une crevasse, leur quotidien bascule : Tim sombre dans un malaise physique et psychologique, en proie à des cauchemars de plus en plus violents.
L’efficacité de Together tient dans cette observation à la fois craintive, démunie, épouvantée de la lente dégénérescence d’un couple frappé par une maladie contagieuse. Huis-clos domestique au malaise croissant, le film nous cueille au plexus par des séquences chocs enchaînées avec un art consommé de la peur psychologique. Son intensité fulgurante, affolante, immersive surtout, doit beaucoup à la justesse de ses personnages, impeccablement habités, d’une expressivité spontanée. Alison Brie et Dave Franco forment un couple fusionnel au charisme saillant, assez humain pour permettre au spectateur de s’identifier sans délai à leurs gestes contradictoires.

Véritable descente aux enfers sans échappatoire, Together injecte en prime une dérision grinçante quant aux valeurs de l’amour et de la fidélité, sévèrement malmenées par une accoutumance incontrôlable des corps en étreinte sexuelle et sentimentale, malgré la perplexité amoureuse révélée dès le prologue. Pour une première œuvre, la maîtrise est sidérante : Shanks provoque peur et malaise avec une acuité psychologique rare, ses images réalistes insinuant une terreur rampante, comme si nous étions nous-mêmes contaminés par ce mal étrange.

Pur film de trouille exploitant son concept singulier avec une véracité troublante, Together nous enferme dans un cauchemar domestique abyssal. Ses visions tordues, fondées sur la communication des corps et la confrontation charnelle avec l’autre sexe, résonnent jusque dans l’héritage de Platon. Déjà un classique, et vive l'Australie. 

— le cinéphile du cœur noir



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