Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Ken Russell. 1971. Angleterre. 1h52. Avec Oliver Reed, Vanessa Redgrave, Dudley Sutton, Max Adrian, Gemma Jones, Murray Melvin, Michael Gothard, Georgina Hale, Brian Murphy, Christopher Logue.
Sortie salles France: 29 Octobre 1971. U.S: 16 Juillet 1971
FILMOGRAPHIE: Ken Russell est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur, monteur et directeur de la photographie britannique né le 3 juillet 1927 à Southampton.
1967 : Un cerveau d'un milliard de dollars, 1969 : Love , 1970 : The Music Lovers, 1971 : Les Diables, 1971 : The Boy Friend, 1972 : Savage Messiah, 1974 : Mahler, 1975 : Tommy, 1975 : Lisztomania, 1977 : Valentino, 1980 : Au-delà du réel, 1984 : Les Jours et les nuits de China Blue,1986 : Gothic, 1988 : Salome's Last Dance , 1988 : Le Repaire du ver blanc ,1989 : The Rainbow ,1991 : La Putain, 2002 : The Fall of the Louse of Usher, 2006 : Trapped Ashes segment "The Girl with Golden Breasts".
"Les Diables : une messe noire pour la tolérance".
Chef-d'œuvre d'hystérie ecclésiastique, Les Diables relate, avec une provocation couillue, l’affaire de Loudun dans les années 1630. Cette chasse aux sorcières, fomentée par le cardinal de Richelieu, fut une manœuvre politique destinée à éradiquer le père Urbain Grandier, prêtre libertin et militant de la cause protestante. En 1634, à Loudun, Grandier devient la proie des convoitises de nonnes cloîtrées. Tandis que Richelieu souhaite abattre les remparts du temple religieux, Mère Jeanne des Anges, secrètement éprise de Grandier, fomente de graves accusations de sorcellerie à son encontre.
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. Œuvre frappadingue d’une audace incongrue, Les Diables est une spirale de folie pure où l’intolérance et le fanatisme religieux se nourrissent de superstitions démoniaques. Ken Russell, en pourfendeur furieux, pousse le délire et l’aliénation jusqu’à l’extrême pour mieux exposer l’absurdité des mentalités fondamentalistes. Sa mise en scène, démesurée, érige l’architecture baroque en théâtre de la démence. Il y narre le déclin d’un abbé, homme de foi mais sexuellement affranchi, emporté dans le chaos par la jalousie d’une religieuse bossue, mentalement égarée. Acculé devant un tribunal pour sorcellerie, Grandier devient l’agneau sacrificiel d’une mascarade inquisitoriale. Soumises à la torture, d’autres nonnes se laissent prendre au simulacre, trouvant là une étrange délivrance. Sauvées in extremis d’une mort certaine par un exorciste dévoré de zèle, elles sombrent dans une orgie furieuse pour s’affranchir de leurs frustrations charnelles. Tout autour, les badauds assistent, complices et voyeurs, à cette sarabande infernale.
Scènes scabreuses, psychés torturées, visions hallucinées :Les Diablesest une descente aux enfers sans filet. Un délire historico-emphatique où l’ombre d’un pouvoir théocratique pousse les êtres à leurs instincts les plus vils, pour mieux condamner un homme d’église porté par la tolérance. Cinéaste expérimental et téméraire, Ken Russell nous emporte dans un cauchemar frénétique, où l’hystérie collective secoue le spectateur sans jamais verser dans le racolage. Si certaines images heurtent par leur crudité, le film évite la complaisance, préférant dénoncer une réalité historique effrayante : celle d’un fanatisme qui consume tout sur son passage. Irrigué d’un florilège d’images scandaleuses, outrancières, subversives, Les Diables n’oublie jamais de révéler la dimension humaine d’un prêtre libéral. Le calvaire d’un homme de Dieu, fustigé par un État totalitaire et trahi par les siens, alors que sa seule éthique était d’offrir tolérance et charité.
Dans le rôle de Grandier,Oliver Reedincarne son personnage avec une vérité humaine, pugnace, désabusée, dans une quête rédemptrice pour prouver à un tribunal biaisé qu’il n’a jamais renié Dieu. Son courage inflexible face à la torture, sa dignité face au bûcher, élèvent sa foi en la liberté jusqu’à l’incandescence. Et Vanessa Redgrave, dans le rôle de Mère Jeanne — étrangement suave —, glace le sang en martyre estropiée rongée par la jalousie et les visions christiques. Son profil pathologique, tout en fêlures, nous terrifie autant qu’il nous émeut, emporté par une déchéance mentale nourrie par l’idéologie puritaine.
"La foi en flammes".
Pamphlet furieux contre l’intégrisme religieux et l’inquisition, Les Diables reste un témoignage sans fard d’une époque effrayée par la réforme. Hystérique, choquant dans sa représentation des « possédées de Loudun », ce chef-d’œuvre blasphématoire sacralise pourtant une chose essentielle : l’ode à la tolérance.
de Lucio Fulci. 1977. Italie. 1h40. Avec Giuliano Gemma, Sven Valsecchi, Ettore Manni, Gianni De Luigi, Cinzia Monreale, Licinia Lentini, Aldo Sambrell, Philippe Hersent.
Inédit en France. Sortie salles Italie: 20 Avril 1978
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.
Pas une grande réussite mais un sympathique western, jalonné de bonnes scènes d'action et suffisamment efficace pour maintenir l'intérêt jusqu'au bout.
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de Terence Fisher. 1958. Angleterre. 1h22. Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Michael Gough, Melissa Stribling, Carol Marsh, Olga Dickie, John Van Eyssen, Valérie Gaunt, Janina Faye, Barbara Archer.
Sortie Salles France: 4 Février 1959. U.S: 8 Mai 1958
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur, 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer. .
Un an après l’immense succès de Frankenstein s’est échappé, Terence Fisher renoue avec la même équipe technique (directeur photo, décoriste, scénariste, compositeur) et enrôle les deux vétérans de l’épouvante, Cushing et Lee, pour réactualiser sa version de Dracula, librement inspirée du roman de Bram Stoker. À l’arrivée, ce titre emblématique de la Hammer, concrétisé en 1958, demeure LE chef-d’œuvre absolu du mythe vampirique — maintes fois copié, jamais égalé !
Le pitch : Jonathan Harker se rend au château du comte Dracula sous couverture de bibliothécaire. Résolu à l’éliminer, il attend la tombée du jour pour le sacrifier dans son cercueil. Mais une jeune femme vampire, asservie par le comte, l’attaque et le mord. Le docteur Van Helsing part alors à sa recherche, craignant que son acolyte ne soit tombé à son tour sous l’emprise du prince des ténèbres.
Le Cauchemar de Dracula ! Titre culte qu’une génération de fantasticophiles découvrit, un mardi soir de 1985, dans La Dernière Séance d’Eddy Mitchell — il était 23h ! Que reste-t-il aujourd’hui de ce souvenir mythique, gravé dans le cœur des passionnés, où Van Helsing tentait encore de sauver le monde en traquant inlassablement le comte des Carpates ? Si les diamants sont éternels, le chef-d’œuvre de Fisher brille lui aussi d’un éclat immuable, porté par une mise en scène d’une rigueur géométrique, d’une pureté saisissante.
. Beauté gothique des décors architecturaux, environnement champêtre d’un onirisme tranquille, teinte sépia d’une photographie picturale, narration structurée avec un sens aigu du vraisemblable. Mais surtout: un affrontement légendaire entre deux gentlemans de l’horreur — Peter Cushing / Christopher Lee. En revoyant l’œuvre, encore et encore, on mesure à quel point la fascination que suscitent ses images flamboyantes tient de la sidération pure.
À travers une atmosphère gothique d’un érotisme brûlant, les femmes soumises deviennent l’objet du désir d’un prince des ténèbres en quête de revanche. Ici, à l’inverse du roman de Stoker ou des adaptations futures, Dracula n’est jamais épris — il violente, il contamine, il souille. Sa morsure est un acte de domination charnelle, sa mégalomanie : propager le Mal. Deux séquences magistrales montrent des femmes, alanguies dans leur lit de soie, gagnées par un vertige sexuel irrésistible, prêtes à accueillir leur bourreau. Cet érotisme rampant est exacerbé par leur posture : craintive ou extatique, elles redoutent, autant qu’elles désirent, l’irruption orgueilleuse du prince. Ce trouble de répulsion/attraction, cette impuissance face à un désir inextinguible, nous fascine — car il touche à l’obscène, à l’interdit, à l’éternel.
Mais au-delà de cette sensualité exaltée, le récit suit aussi la quête salvatrice de Van Helsing, épaulé par Arthur Holmwood, frère de la première victime, dans une traque semée d’embûches. Une maîtresse vampirisée rôde la nuit, cherchant à attirer la petite Tania dans un sous-bois brumeux. Dracula, bien décidé à contaminer la compagne d’Arthur, multiplie les subterfuges pour éliminer ses adversaires. Ce pouvoir d’envoûtement inaltéré, Le Cauchemar de Dracula le doit aussi à l’élégance virile de ses deux protagonistes.
Dans le rôle du vampire, Christopher Lee livre une performance insidieuse, en aristocrate glacé au regard noyé de perversité, son corps hiératique drapé d’une cape immense. Face à lui, Peter Cushing incarne un Van Helsing loyal et pugnace, imposant par sa prestance et sa ferveur héroïque à vouloir anéantir un damné.
Mis en scène avec une virtuosité fulgurante, alliance de gothisme funèbre et de sensualité torride, LeCauchemar de Dracula illustre la vision d’un créateur convaincu du pouvoir érotique de son mythe. Tandis que deux gentlemans, au charisme souverain, impriment leur duel dantesque dans la rétine du spectateur.
Quoi de plus belle déclaration d’amour au mythe de Dracula que cette version luminescente, vouée à nous hypnotiser ad vitam aeternam ?
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de Adrian Hoven. 1973. Allemagne/Royaume-Uni. 1h37. Avec Erica Blanc, Anton Driffing, Percy Hoven, Lukas Ammann, Jean Pierre Zola, Astrid Kilian.
FILMOGRAPHIE: Adrian Hoven est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste, né le 18 Mai 1922 en Autriche, décédé le 8 Mai 1981 en Allemagne. 1966: der Morder mit dem Seidenschal. 1968: Im Schlob der blutigen Begierde. 1970: La Marque du Diable (non crédité). 1971: Les Fantaisies amoureuses de Siegfried. 1973: La Torture. 1974: Pusteblume. 1983: Die Madchen aus der Peep Show
Un mot sur La Marque du Diable 2, retitré chez nous La Torture sur bande Vhs "VIP", tourné trois ans plus tard.
Pur produit d’exploitation, plus malsain encore, putassier, racoleur, complaisant jusqu’à la nausée. Les séquences de torture et de viol distillent leur répulsion attendue, sans vergogne.
Dommage que la réalisation, aseptisée et supervisée par Adrian Hoven (co-réalisateur du premier opus), et ce montage elliptique, ne laissent guère de place à la maîtrise. L’intrigue rachitique, elle, risque bien d’endormir les plus patients au bout d’une heure à peine.
Avec indulgence, La Marque du Diable 2 se regarde ou se redécouvre comme une curiosité vaguement sympathique, portée par une pléiade d’acteurs attachants (pour la plupart rescapés du premier volet), hélas mal exploités à travers des personnages prémâchés. Reste quelques beaux décors, domestiques ou naturels, à l’aura diffuse, et une reconstitution historique plutôt convaincante, fût-elle façonnée avec un budget de misère.
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d'Andrew Stanton. 2011. U.S.A. 2h13. Avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Willem Dafoe, Bryan Cranston, Mark Strong, Ciaran Hinds, Dominic West, Thomas Haden Church, Samantha Morton, James Purefoy.
Sortie salles France: 7 Mars 2012. U.S: 9 Mars 2012
FILMOGRAPHIE: Andrew Stanton est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 3 Décembre 1965 à Boston, Massachusetts. 2003: Le Monde de Nemo. 2008: Wall-E. 2012: John Carter. 2013: Monster and Cie 2 .
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D'après l'adaptation du roman d'Edgar Rice Burroughs (Une Princesse de Mars,publié en 1912) et réalisé par un spécialiste du film d'animation (Le Monde de Nemo, Wall-E de l'écurie Pixar), John Carter bénéficia d'une promotion désastreuse de la part des nouveaux dirigeants de Disney. Si bien que vendu comme un blockbuster mercantile conçu pour rameuter un public juvénile de moins de 12 ans, dévalorisé par une affiche puérile et d'un trailer compromis au simulacre, John Carter essuya finalement un échec commercial au box-office. Avec comme conséquence la démission de Rich Ross, président des Walt Disney Studios,le film étant un des plus gros budgets jamais enregistrés pour la compagnie (250 000 000 dollars !).
Le Pitch: John Carter, soldat de la guerre de sécession, se retrouve téléporté sur Mars après avoir manipulé un étrange médaillon. Débarqué sur une contrée désertique à gravité défaillante, il se surprend à se déplacer de manière furtive en perpétrant des bonds extraordinaires dans les airs. Rapidement, d'étranges créatures extra-terrestres affublées de quatre bras viennent à sa rencontre. Kidnappé de force, il se retrouve soumis à l'esclavage du peuple des Tharks. Dans une autre contrée, la princesse Dejah Thoris de la cité d'Helium est contrainte d'épouser contre son gré le roi de zodanga, Sab Thran, délibéré à éradiquer sa ville. John Carter se retrouve donc mêlé aux affrontements entre clans et devra user de bravoure pour contrecarrer les ambitions belliqueuses des guerriers de Zodanga. .
Epopée fantastique non dénuée de lyrisme et de souffle épique auprès de ses diverses batailles homériques, John Carter est un spectacle flamboyant comme on en savourait durant la sacro-sainte décennie 80. Le genre de divertissement familial intègre car entièrement voué à nous immerger dans une aventure échevelée hors du commun. Et si le scénario touffus, voir désordonné, peut parfois provoquer une certaine confusion dans l'esprit du spectateur, sa richesse formelle d'un univers dépaysant et la dimension humaine inscrite dans l'héroïsme des personnages y transcendent ses menus défauts. D'autant plus qu'en affiliant le western, le péplum, l'aventure et le space opéra, John Carter nous traduit sans excès d'esbroufe une planète rouge sur le déclin où des nations rivales se disputent un bout de terrain.
Au sein de ce conflit peuplé de guerriers pugnaces, de créatures humanoïdes et de monstres hybrides, un terrien se retrouve donc projeté sur leur galaxie en méditant sur l'intérêt à s'impliquer dans une guerre déloyale. Ses pouvoirs démesurés, permettant de se déplacer dans les airs à une vitesse vertigineuse attisera également la curiosité des clans en rivalité. Mais c'est surtout sa rencontre avec une jeune princesse asservie, livrée aux noces d'un odieux affabulateur qui lui permettra de redorer un sens à sa nouvelle existence en s'improvisant héros rédempteur.
Avec tempérance et refus de facilité spectaculaire, le réalisateur Andrew Stanton établit dans sa première partie une importance capitale à représenter ses personnages autoritaires, compromis à une guerre de clans pour la survie de la cité d'Helium. Ce florilège de protagonistes hétéroclites caractérisés par une hiérarchie drastique d'extra-terrestres opiniâtres et de leaders antinomiques renforcent son authenticité à daigner retranscrire un univers fantasmagorique plus vrai que nature ! Quand bien même des créatures extravagantes (la vaillance du chien-monstre royalement fidèle, les Thern, humanoides perfides ayant la faculté de changer d'apparence humaine ou encore les deux singes blancs déliés dans l'arène), participent autant à sa vraisemblance topographique. Et pour en revenir à la romance tourmentée entre notre héros Jet la princesse Dejah Thoris, elleaccentue également une certaine densité émotionnelle à travers leur psyché contradictoire dont l'enjeu est d'y favoriser une croisade guerrière au nom de la liberté. Or, c'est durant cette seconde partie échevelée, multipliant diverses rixes de bataille rangée (aériennes ou terriennes) que l'action intrépide s'y structure au sein de décors démesurés inscrits dans un environnement naturel non factice. .
. Dépaysant en diable, naturellement attachant, fertile en péripéties et truffé à rabord de personnages haut en couleurs, John Carter est le genre de divertissement déférent car entièrement voué à créer un univers atypique terriblement stimulant, expressif, endiablé, exaltant. En dépit de sa convention narrative néanmoins soutenue de quelques astuces judicieuses (l'alchimie du médaillon du 9è rayon, les véritables motivations des Therns et l'épilogue à rebondissements), ce spectacle familial rend honneur à l'intelligence du spectateur parce qu'il ne se complaît jamais dans une surenchère de caniveau. Suffisamment trop rare donc pour ne pas le surligner d'autant plus qu'une certaine réflexion sur la cause guerrière y est habilement dépeinte. On est donc très loin des baudruches de l'époque qui ont inondé sans vergogne notre box-office international (Battle Los Angeles, Prince of Persia, Transformers 3, le Choc des Titans, Battleship et consorts...).
de John Milius. 1973. U.S.A. 1h46. Avec Warren Oates, Ben Johnson, Harry Dean Stanton, Michelle Philips, Richard Dreyfuss.
FILMOGRAPHIE: John Milius est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Avril 1944 à Saint-Louis, dans le Missouri, aux Etats-Unis. 1973: Dillinger. 1975: Le Lion et le Vent. 1978: Big Wednesday. 1982: Conan le Barbare. 1984: l'Aube Rouge. 1989: l'Adieu au Roi. 1991: Le Vol de l'Intruder.
Petit coup de coeur pour un film de gangsters que Jérome Roulon m'avait offert dernièrement. Dillinger, première réalisation de John Milius avec Warren Oates et une pléiade de comédiens aux trognes viriles. Cette évocation à feu et à sang d'un des plus célèbres gangsters des années 30 est criante de vérité dans son aspect documentaire, non dénué d'une sobre romance (ça peut aussi rappeler Bonnie and Clyde par moments, avec entre autre une texture visuelle similaire). Et bon dieu, les scènes d'actions, cinglantes, défoncent tous sur leur passage. On sera aussi étonné de l'extrême violence de certains passages, notamment l'épilogue fatalement tragique. Encore une rareté oubliée de tous, à réhabiliter d'urgence ! Dans les bacs pour une poignée d'euros !
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de Burt Topper. 1964. U.S.A. 1h29. Avec Victor Buono, David McLean, Diane Sayer, Baynes Barron, Davey Davison.
FILMOGRAPHIE: Burt Topper est un producteur, scénariste, acteur et réalisateur américain, né le 31 Juillet 1928 à New-York, décédé le 3 Avril 2007 à Los Angeles.
1958: War Hero. 1958: Hell Squad. 1959: Tank Commandos. 1959: Diary of a High School Bride. 1963: War is Hell. 1964: Le Tueur de Boston. 1969: The Devil's 8. 1971: The Hard Ride. 1976: The Day the Lord Got Busted.
Un étrangleur sévit dans la région en s'en prenant à de jeunes infirmières. Solitaire et timoré, ce criminel à double personnalité a décidé de punir toutes les femmes qui auront décidé de le contrarier. Alors que la police piétine, l'homme semble épris d'affection pour une jeune foraine. .
Inspiré de l'affaire de l'étrangleur de Boston, Albert Henry DeSalvo (3 Septembre 1931 - 25 Novembre 1973), le réalisateur Burt Topper ose entreprendre un long-métrage inspiré de ces exactions, quelques mois seulement après sa véritable arrestation !
Tourné en noir et blanc avec un budget modeste, le Tueur de Boston est une rareté oubliée à découvrir pour l'amateur de thriller psychologique rugueux. Réalisé sans génie particulier mais bénéficiant d'une bonne interprétation et d'un intérêt constant dans le cheminement narratif, cette série B trouve son efficience dans la caractérisation de son personnage névrosé. Léo Kroll est un homme solitaire, inhibé par son physique particulièrement obèse et tributaire d'une mère castratrice. En effet, depuis son enfance, cette mégère lui aura inculqué que les femmes sont toutes des traînées et que seul, un coeur maternel vaut toutes les richesses du monde. Profondément perturbé par cette doctrine défaitiste et dévalorisé par sa personnalité aseptisée, Leo Kroll extériorise sa haine par la strangulation en s'en prenant à de jeunes innocentes infirmières. De ses méfaits crapuleux résulte une manière morbide et vindicative de pouvoir accéder à l'orgasme sexuel sous le coup d'une pulsion refoulée.
En ce qui concerne les meurtres sobrement réalisés, ils peuvent prêter à sourire dans la manière concise dont notre étrangleur s'emploie pour étouffer furtivement ses victimes. Mais la prestance de l'excellent Victor Buono (le Couloir de la mort, l'Etrangleur de Vienne, Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? ou encore la série TV: l'homme de l'Atlantide) vaut le détour dans sa physionomie bedonnante alourdie d'un petit regard indocile. Suintant la sueur des pores de son visage quand ses mains s'accaparent brusquement du cou de la victime, sa posture large et ténébreuse renforce une présence opaque de ce psyché galvaudé. Par ailleurs, en guise de trophée et pour se réconforter d'une vie morne et esseulée, Léo Kroll collectionne chez lui les petites poupées de plastique qu'il dénude ou démembre par utopie fantasmatique.
En dehors de l'attention psychologique mise en exergue sur notre tueur pathétique, le Tueur de Boston réussit également à insuffler une certaine notion de suspense quand celui-ci se voit épris d'affection pour une jeune foraine. Tandis que son épilogue fatalement tragique nous inspire également un semblant d'empathie pour le sort dérisoire réservé à cette victime schizophrène.
Dominé par la prestance de l'inquiétant Victor Buono et efficacement mené dans sa dramaturgie croissante, le Tueur de Boston est un petit thriller à découvrir pour l'amateur de curiosité. La dimension psychologique alloué au personnage marginal, son fétichisme déviant pour les figurines de Barbie et l'ambiance futilement obscure émanante de ses dérives meurtrières préfigurent d'une certaine manière un certain Maniac de William Lustig ! . Dédicace à ARTUS FILMS Un grand merci à divxturka.net 18.05.12 Bruno Matéï
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de Robert Fuest. 1971. Angleterre/U.S.A. 1h34. Avec Vincent Price, Joseph Cotten, Hugh Griffith, Terry Thomas, Virginia North, Peter Jeffrey, Derek Godfrey, Norman Jones, John Cater, Aubrey Woods, John Laurie.
Sortie salles U.S: 18 Mai 1971
FILMOGRAPHIE: Robert Fuest est un réalisateur et scénariste anglais, né le 30 Septembre 1927 à Londres, décédé le 21 Mars 2012. 1967: Just like a Woman. 1970: And soon the Darkness. 1970: Les Hauts de Hurlevent. 1971: L'Abominable Dr Phibes. 1972: Le Retour du Dr Phibes. 1973: Les Décimales du Futur. 1975: La Pluie du Diable. 1977: Three Dangerous Ladies. 1980: Revenge of the Stepford Wives (télé-film). 1981: The Big Stuffed Dog (télé-film). 1982: Aphrodite.
"L'Élégie du Vengeur Muet".
Pitch: Un docteur orchestre une vengeance diabolique pour punir les responsables de la mort de sa femme. S’inspirant des dix plaies d’Égypte, il perpétue une série de meurtres aussi horribles qu’ingénieux, dans l’espoir de rejoindre sa dulcinée dans les ténèbres. La police, impuissante, ne peut que compter les cadavres, déconcertée par la machination morbide.
Classique british des seventies, mondialement célébré, L’Abominable Dr Phibess’impose comme un jubilatoire jeu de massacre, directement nourri des textes bibliques. L’œuvre se distingue d’abord par l’interprétation mutique de l’extraordinaire Vincent Price, mais aussi par une narration sardonique, habilement charpentée. Par l’ingéniosité des crimes exécutés avec un cynisme froid par un docteur élégiaque, cette farce macabre oscille avec brio entre horreur railleuse et romance dévorante. Fou d’amour et de rage après la perte de sa femme sur une table d’opération, le Dr Phibes — ancienne vedette de music-hall — ourdit une vengeance improbable contre huit chirurgiens, en adaptant les châtiments sacrés à son dessein meurtrier. Au sein d’un décor baroque, inspiré du music-hall des années 30, il érige un temple en sa demeure, accompagné d’une assistante gracile et d’automates musiciens. Mélomane en diable, il compose à l’orgue un cérémonial funèbre, un appel ténébreux à son amour perdu, consumé par le souvenir et la haine. Ce décalage audacieux, entre romantisme éperdu et horreur vindicative, nourri de dérision, fonde toute la puissance séduisante de ce cher Abominable Dr Phibes.
Dans le rôle du savant fou, Vincent Price livre l’une de ses performances les plus caustiques, au gré de manigances morbides d’une inventivité incongrue. Les victimes sont sacrifiées de manière sadique, avec la complicité d’insectes (sauterelles, abeilles) ou de mammifères (chauves-souris, rats). D’autres fois, le Dr Phibes applique lui-même ses sévices, vides de sang par transfusion, masques de grenouille mortels, ou congélation à -50 degrés dans une voiture piégée. Défiguré et devenu muet à la suite d’un accident, toute son émotion passe par sa physionomie : un visage pétrifié de douleur romantique, empreint d’une revanche implacable. Sa silhouette, théâtrale et spectrale, renvoie aux figures mythiques du cinéma gothique : l’Homme au masque de cire, le Fantôme de l’Opéra…
Et voici le point d’orgue : une séquence qui, quarante ans avant Saw, en anticipe le sadisme méthodique. Spoiler : un médecin doit sauver son propre fils lors d’une opération d’urgence ! Mais chut, n'en disons pas plus face à cette tension maximale mêlée de suspense acide et de cruauté savoureuse.
"Le masque et la plaie".
Formidablement corrosif dans son humour noir british, précurseur du torture porn, L’Abominable Dr Phibesdemeure un chef-d’œuvre immuable, aussi frais et vigoureux qu’à sa sortie. Magnifiquement interprété par un Vincent Price aussi patibulaire qu’endeuillé, traversé par la romance et la rancune, le film brille par sa narration débridée et son esthétisme baroque flamboyant. Un canular funeste aux allures d'opéra gothique, où l'amour et la mort se donnent la main sous les rires grinçants des ténèbres.
*Bruno
Récompense: Prix du Meilleur Acteur pour Vincent Price au festival du film de Catalogne en 1971.
Un grand merci à Aaronpolson.net
17.05.12. 10.03.24. 6èx. Vost
Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com
de Richard Fleischer. 1968. U.S.A. 1h56. Avec Tony Curtis, Henry Fonda, George Kennedy, Mike Kellin, Hurd Hatfield, Murray Hamilton, Jeff Corey, Sally Kellerman, William Marshall, George Voskovec.
Sortie salle France: 30 Octobre 1970. U.S: 16 Octobre 1968.
FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn, et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.
"Voici l'histoire d'Albert DeSalvo qui a avoué être l'étrangleur de Boston. Les personnages et incidents que vous allez découvrir sont basés sur des faits réels."
En 1968, Richard Fleischer transpose à l'écran avec une ambition révolutionnaire (souci de réalisme, défi technique, casting iconique) le roman de Gerold Frank pour relater les méfaits meurtriers du célèbre étrangleur, Albert Henry DeSalvo. Si bien qu'entre le 14 Juin 1962 et le 4 Janvier 1964, ce père de famille aurait étranglé treize femmes à leur domicile. Il fut ensuite arrêté par la police et condamné à l'emprisonnement à perpétuité. Or, en 2001, les analyses d'ADN effectuées sur la dernière victime remettent en cause la culpabilité de DeSalvo. L'enquête reste ouverte...
Synopsis: Un étrangleur sévit dans la contrée de Boston. Une véritable psychose s'empare de la population face à l'impuissance de la police pour l'appréhender. Les meurtres s'enchaînent jusqu'au jour où un homme est arrêté pour tentative d'effraction chez une locataire d'immeuble.
Réalisé avec souci documentaire à travers sa scrupuleuse mise en scène novatrice, la première partie de l'Etrangleur de Boston est une captivante investigation criminelle régie par les forces de police mais récupérée ensuite par le procureur général Bottomly. Avec l'innovation du procédé "split screen" (écran scindé en diverses cases pour suivre en continu les actions simultanées des personnages et de leur environnement qu'ils arpentent indépendamment), le réalisateur nous relate une enquête minutieuse établie par la police pour tenter de contrecarrer le dangereux criminel. S'en prenant aux dames âgées ou aux jeunes femmes esseulées, l'étrangleur créé une telle psychose auprès de la populace que les forces de l'ordre renforceront une traque inlassable auprès des potentiels accusés. Dès lors, une jungle de déséquilibrés tous azimuts défilent sous nos yeux. Pervers, voyeurs, exhibitionnistes, gays (suspectés), fétichistes, violeurs et autres paraphiles sont systématiquement perquisitionnés à leur domicile, voirs parfois arrêtés pour être entendus lors d'une garde à vue. Alors que la liste des meurtres s'allonge inexorablement, la police désarmée est même contrainte de faire appel à un expert extralucide pour tenter vainement de recueillir des infos édifiantes sur le tueur en série. Cette première partie passionnante de par son aspect docu aussi richement fouillé qu'inquiétant nous plaque au siège sans céder au zèle ou au racolage à travers sa galerie de personnages peu recommandables.
Mais le second acte (inopinément) expérimental, beaucoup plus acéré, glaçant et proprement terrifiant, nous dévoilera enfin le véritable visage du tueur de Boston. Le portrait banal d'un aimable père de famille vivant sereinement dans l'harmonie du bonheur conjugal. Un époux aimant entouré de ses deux filles, confortablement installé dans son canapé pour s'émouvoir de la mort du président Kennedy retransmis en direct à la TV. Ainsi, après son arrestation d'une tentative d'effraction chez un particulier, nous suivrons le tête à tête cérébral entre le procureur John S. Bottomly et Albert DeSalvo, emprisonné dans un institut psychiatrique car reconnu mentalement dérangé. Ce face à face terriblement intense entre les deux rivaux décuple son impact fascinatoire pour observer scrupuleusement le portrait pathétique d'un serial killer victime de sa condition monomane. Et donc, en tentant de découvrir la véritable identité du coupable présumé par l'entremise du titulaire juridique, Richard Fleischer s'efforce d'y rationaliser les tourments schizophrènes de ce dangereux malade confiné dans ses souvenirs morbides, faute de son dédoublement de personnalité. Parmi le jeu infaillible de deux illustres comédiens pleins de charisme renfrogné, l'Etrangleur de Boston y transcende une "obsession cauchemardesque" par le biais d'une personnalité psychotique à personnalité multiple. Cette détresse humaine exprimée par ce père de famille dérangé, car incapable d'y distinguer la réalité de ses hallucinations, distillant un malaise tout à tour éprouvant, malsain, hypnotique, pour ne pas dire littéralement vertigineux. Des séquences d'anthologie que l'on percute de plein fouet à travers notre impuissance morale de venir en aide à l'assassin victime de sa schizophrénie criminelle.
Immortalisé par l'interprétation transie de Tony Curtis (saisissant de vérité torturée de par son regard impassible perdu dans le vide) et mis en scène avec une maestria toujours aussi impressionnante, l'Etrangleur de Boston se décline en chef-d'oeuvre du thriller psychotique. L'avant- garde de bon nombre de portraits de tueurs en série que le cinéma vérité se réappropriera plus tard avec souci de crudité (les Tueurs de la lune de miel, Henry, Schizophrenia, Maniac, etc...). Une oeuvre aussi fortement troublante que dérangeante provoquant également la controverse sur la culpabilité d'un maniaque inconscient de ses actes morbides. A savoir, le questionnement moral d'une société à défricher l'identité du meurtrier et entreprendre un traitement thérapeutique adapté aux personnes violentes. Pour parachever, la confrontation psychologique amorcée entre Fonda et Curtis donne lieu à un grand moment de cinéma où la charge émotionnelle demeure à son acmé, si bien que les âmes sensibles risquent d'en être psychologiquement ébranlées.
Les suites aléatoires de l'affaire DeSalvo (source wikipedia)
Albert DeSalvo est arrêté par la police et condamné à l'emprisonnement à perpétuité.
Le 25 Novembre 1973, Albert DeSalvo est retrouvé mort dans sa cellule de la prison de Walpole, Massachussetts, poignardé à plusieurs reprises dans le coeur. Le directeur de la prison évoque une bagarre et un trafic de drogue auquel Albert DeSalvo aurait été mêlé. On ne retrouva jamais son assassin.
Néanmoins, un doute persiste sur sa culpabilité.
Les analyses ADN faites en 2001 sur la dernière victime de l'Etrangleur écartent la piste DeSalvo. En effet, la police scientifique de Boston a trouvé des traces d'ADN de deux individus sous les ongles et le sous-vêtement de la victime, aucun des deux n'est Albert DeSalvo. L'affaire de l'étrangleur de Boston n'a jamais été élucidée et personne n'a été jugé pour ces meurtres.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site tvclassik.com
de Walter Hill. 1981. U.S.A. 1h44. Avec Keith Carradine, Powers Boothe, Fred Ward, Franklyn Sweales, T. K. Carter, Peter Coyote, Brion James. .
Sortie salles France: 9 Mars 1983. U.S: 25 Septembre 1981 . FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV) .
. Dans la lignée de Délivrance, Walter Hill signe en 1981 un survival racé et sauvage, radiographie nerveuse de l’ambition compétitive bien avant toute analogie guerrière avec le Vietnam.
Le pitch : neuf militaires partis en manœuvre dans les marais de Louisiane sont traqués par des rednecks revanchards après qu’un des leurs a joué les bravaches. Dans ce labyrinthe aquatique hostile, une chasse à l’homme s’enclenche — inéquitable — contre des soldats aux armes chargées à blanc.
Voyage au bout de l’enfer marécageux pour une poignée de troufions en exercice, violemment pris à partie par les autochtones d’une contrée qui suinte la défiance. Trois canoës volés, une provocation puérile, et la traque s’ouvre, inlassable, sinuant dans la vase, les ronces, et la paranoïa. .
. Au cœur de ce théâtre d’eaux stagnantes, Walter Hill orchestre un cauchemar dérisoire, une débâcle où des militaires sans cap sombrent dès que leur leader tombe sous les balles. Il dresse alors le tableau d’une coalition belliqueuse, incapable, livrée à ses failles, multipliant les bourdes à un rythme infernal. Déchus de toute autorité structurante, ces soldats dérivent, mus par leur égo, leur orgueil — refusant de plier face à un ennemi qu’ils ne comprennent pas. Arrogants, perfides, aveugles au terrain qu’ils foulent, ils s’embourbent dans un dédale sanglant. Hill expose, avec une aisance glaçante, la faillite humaine face à l’épreuve : inexpérience, opportunisme, paranoïa… Et bientôt, le poison s’infiltre : dissensions, affrontements internes, éclatement du groupe. La peur s'inverse en violence. Et la menace, invisible, les démonte, pièce par pièce. .
. Durant plus d’une heure quinze, le film laisse serpenter la terreur, tapie dans les ombres d’une forêt vaseuse. Aucune échappatoire pour ces anti-héros condamnés à errer dans leur propre charnier. Un à un, les membres de la garde nationale tombent, fauchés par les pièges et les tirs d’un chasseur vindicatif, bien décidé à effacer ces étrangers arrogants. Le climax, sauvage et abrupt, modèle de mise en scène et de tension viscérale, pousse jusqu’au bout son regard nihiliste : les agresseurs, déshumanisés, éliminent les derniers témoins. Et lors d’une kermesse hallucinée, les survivants, hallucinés eux aussi, cèdent à une violence nue, instinctive, à l’arme blanche, pour tenter de s’extraire du cauchemar.
Haletant, brutal, poisseux et captivant, Sans Retour s’impose comme un emblème du survival, porté par l’arrogance humaine gangrenée par l’orgueil. À travers les nappes visqueuses du bayou, cette chasse à l’homme hallucinée imprime dans la chair et l’esprit une épreuve de survie ravagée par la vengeance primale. Grand classique.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de John Hough. 1973. Angleterre. 1h34. Avec Clive Revill, Roddy McDowall, Pamela Franklin, Gayle Hunnicutt, Roland Culver, Peter Bowles.
Sortie salles France: 17 Avril 1974 FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia): John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres. 1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.
L'histoire de ce film, tout en étant imaginaire, expose une suite d'évènements et de phénomènes psychiques qui sont, non seulement dans le domaine du possible, mais pourraient fort bien être vrais.
Tom Corbett / Doué de clairvoyance et extralucide britannique renommé.
Dans la mouvance de La Maison du Diable et bien avant la saga Amityville, John Hough se livra en 1973 au thème de la demeure hantée avec la Maison des Damnés. Et de livrer sa plus belle réussite d'une carrière aussi passionnante que fluctuante épaulée ici d'un solide scénario du célèbre écrivain Richard Matheson.
Le Pitch: Quatre convives sont mis à l'épreuve pour participer à une expérience paranormale dans l'ancienne demeure du tyran Belasco. 5 jours durant, ils vont être les témoins d'évènements surnaturels et tenter de démanteler une potentielle supercherie avant de pouvoir potentiellement approuver une existence après la mort.
D'après une nouvelle de Richard Matheson, La Maison des Damnés est une oeuvre particulièrement ambitieuse de par son affectation assidue à renouer avec les ambiances gothiques éludées d'effets-chocs outranciers ou plutôt gratuits. Car à l'instar du modèle du genre, La Maison du Diable, John Hough utilise à bon escient le décor anxiogène d'un vieux manoir où d'étranges phénomènes vont se produire parmi le témoignage d'experts en parapsychologie. D'un côté, nous avons deux éminents médiums, Miss Taner et Benjamin Fisher, persuadés que des forces surnaturelles sont à l'origine des incidents meurtriers causés depuis des lustres par la demeure Belasco. De l'autre, le Dr Barret, spécialiste en parapsychologie accompagné de sa femme. Un cartésien réfractaire à l'idée qu'une potentielle puissance maléfique hanterait la maison. Ensemble, ils vont tenter de découvrir la vérité par l'entremise de la science et de l'occulte pour exorciser finalement la maison avec un appareil technique révolutionnaire. En effet, le Dr Barret est convaincu que le corps humain émet une forme d'énergie invisible à l'oeil nu en produisant des phénomènes mécaniques, chimiques et physiques (tels bruits et déplacements d'objets que nos protagonistes furent témoins lors de la première partie aussi trouble qu'inquiétante). Cette énergie étant un champ de radiations électro-magnétiques, Barret conçoit qu'une vigueur destructrice résiduelle serait emmagasinée à travers les murs. La maison serait donc de son point de vue rationnel un accumulateur géant régit par une force aveugle et sans but. Ainsi, avec l'aide d'un appareil à radiations, le Dr souhaite renverser la polarité de l'atmosphère afin de la dissiper et ainsi l'exorciser.
Mais bien avant cette tentative d'exorcisme peu commune, le réalisateur John Hough nous aura donc façonné avec une efficience quelque peu déconcertante nombres d'évènements perturbants et violents intentés aux invités de la maison. Des objets se déplaçant dans les airs pour les agresser, les portes s'ouvrant violemment sans raison, un chat noir devenant inexplicablement agressif, les femmes dénudées étant sous emprise de la luxure. Ces successions de péripéties troubles et délétères, remarquablement structurées dans une mise en scène géométrique ne sombrent jamais dans le ridicule, une fois n'est pas coutume. Elles sont en outre renforcées de la sobre conviction des comédiens, d'une atmosphère d'angoisse particulièrement tangible et d'un score monocorde discrètement envoûtant. Esthétiquement raffinée par son pouvoir d'étrangeté magnétique, la demeure des damnés est agrémentée de pièces picturales. Chambres de velours d'un pourpre flamboyant, immense salle de séjour azurée émaillée d'un mobilier aristocratique, tout comme ces longs corridors aux teintes sépia. Mais la salle la plus hermétique émane du refuge mystique d'une chapelle opaque, sombre lieu de tragédie érigé en interne de l'établissement et réponse à la clef d'un terrible secret ! Parmi la prestance notoire des comédiens, la charmante Pamela Franklin endosse à mes yeux le jeu le plus prédominant et extravertie. Son charisme de médium imperturbable, sa détermination à persister à ses confrères que la maison s'avère possédée par l'esprit du rejeton de Belasco s'avérant aussi incisive que tranchante auprès de son jeu d'expression littéralement déterminée. Enfin, par leur présence mature raffinée, le génial cabotin Roddy McDowall, la délicieuse Gayle Hunnicutt et le robuste Clive Revill (aux faux airs de David Warner !) renforcent communément l'attrait crédible des situations surnaturelles avec une autorité somme toute conflictuelle.
D'un gothisme rutilant à damner un saint, La Maison des Damnés est sans conteste un chef-d'oeuvre de l'épouvante aussi trouble et angoissant que passionnant et terrifiant (les agressions contre le Dr Barret, l'attaque du chat noir, l'épilogue révélateur confiné dans la chapelle est anthologique !). Un habile concentré d'appréhension et de fascination auprès de son thème spirituel dont l'ambiance ombrageuse et l'évolution psychologique des personnages importent plus que la facilité du gore mainstream ici quasi absent. Sans plisser d'une ride, il peut sans rougir entrer dignement au privilège des classiques incontournables du genre tant il continue d'ensorceler l'esprit (avec moult questions en suspens) sitôt le générique clos.
*Bruno
Un grand merci à Filesdrop.com
10.05.12. 23.11.23. 5èx